Chapitre 3 : N'ai pas peur, je ne te ferrai aucun mal

Ce touché sur ma clavicule ne transmettait pas d'animosité. Mais la terreur ne m'avait pas quitté et elle s'exprimait dans tous mes membres. Quand une voix au timbre éraillé chercha à me rassurer.

— N'est pas peur, je ne te ferrai aucun mal.

J'ouvris les paupières en face de moi, se trouvait un jeune au visage angélique. Ses yeux percèrent mon âme et je me noyai dans leurs profondeurs. Cela dura juste un instant, mais je crus que la terre s'était arrêtée de tourner.

Ses iris bruns me captivaient, me laissant dans l'incapacité de bouger ou d'émettre un son. Voyant mon absence, il me saisit la main à fin de m'aider à me relever. Une fois sur mes pieds, sa voix revint à mes oreilles et je repris mes esprits.

— Il faut y aller et vite ! Il ne vaut mieux pas, trainer ici plus longtemps.

J'observai tout autour de moi, quand je me rendis compte que tous les alphas se trouvaient au sol. Ma surprise était complète, je lançai un regard intrigué à mon sauveur.

C'est vraiment lui qui a battu tous ces hommes ?

Pourtant, sa taille correspond à la mienne...

Mon bon samaritain commença à courir, je fis de même. Nous arrivâmes sur le trottoir, la ruelle et ces occupants, enfin derrière moi. 

Je repris brièvement mon souffle, avant de le talonner pour quitter le quartier des bars.

Ce n'est pas le chemin du squat ?

Pourquoi, je le suis ?

Quand soudainement, mes forces me manquèrent et mes jambes se dérobèrent. Je tombai sur la neige, mon visage collait à cette dernière. Ma conscience m'abandonna.

À chaque fois que je reprenais pied, j'avais la sensation que quelqu'un me portait sur son dos. Puis je m'évanouissais à nouveau.

Est-ce que ça pouvait être lui ?

Rien ne répondait à ma question, me laissant juste dans le flou.

Je ne ressentais aucune malveillance, plutôt du bien-être et de la sécurité. Je ne connaissais pas cette personne, mais je la remerciai mentalement de ne pas m'avoir abandonné à la portée du premier venu.

Je me réveillai dans une pièce inconnue.

Mon corps se redressa d'un coup sec, mes yeux scrutèrent la moindre parcelle de ce lieu. L'angoisse me gagna peu à peu, alors que tout m'était mystérieux.

Pourquoi, m'avait-on amené ici ?

Quand, je vis arriver mon sauveur. Un soulagement s'empara de moi, puis la gêne prit sa place dans mon être, me laissant muet. Il rompit ce moment embarrassant avec un bol de soupe.

— Tien, tu dois avoir faim ! C'est l'ami qui me prête cet endroit qui a préparé ça pour moi. Si tu n'as pas confiance... J'en mange une cuillère devant toi.

Sa première phrase m'interpella et mon esprit chercha à la comprendre.

Donc il m'a porté et c'est mon poids qui lui fait penser ça.

Une question me brûlait les lèvres, les mots s'échappèrent de ma bouche dans un murmure.

— Comment sais-tu que j'ai faim ?

— Disons que ton ventre s'est plaint, pendant que mon dos se fatiguait. Ses bruits ont continué sur mon lit, me taquina-t-il en me regardant droit dans les yeux.

Mes joues s'empourprèrent sur-le-champ.

Je baissai la tête en m'emparant du récipient entre mes mains. Les premières cuillères me rappelèrent un plat de ma mère. Je mangeai la gorge nouée, la tristesse au cœur.

Mon samaritain s'assit sur une chaise en face de moi. Il m'observait, en silence, m'alimenter.

— Tes vêtements sont mouillés ! Tu peux aller prendre une douche et m'emprunter des habits secs. On fait la même taille, donc ça ne devrait aller.

— Merci pour tout, répondis-je avec timidité.

— Ne me remercie pas. Ah, en fait, mon nom est Min Yoon-gi. Mais tu peux m'appelle Suga, me suggéra-t-il en posant son bol sur la table.

— D'accord... Je me prénomme Park Ji-min, bafouillai-je sous l'emprise de ses yeux.

Je finissais mon repas sous son regard intrigué.

À quoi, il peut bien songer ?

J'espère que ce n'est pas mon manque de bonne manière qui le captive.

Plus je gambergeai et plus des milliers d'élucubrations me passèrent par la tête. Une phrase me revint.

Cet appartement n'est pas à lui. Il résiderait dans la rue ?

Mes pensées se bousculèrent dans mon esprit, je me voyais mal l'interroger.

Son timbre rauque me sortit de mes réflexions, on aurait dit qu'il distinguait mon trouble.

Mais pour moi, Suga était une page blanche.

— Si tu as fini, tu peux poser ton bol dans le mien. Je vais te chercher des vêtements et une serviette.

Mon sauveur se leva et marcha quelques pas, avant de se retourner.

— Tu veux dormir ici ?

Un doute me travailla sur ses intentions à mon égard.

Il attend de moi, ce que les autres espéraient tout à l'heure ?

Je répétai bêtement deux mots avec angoisse.

— Dormir ici ?

— Oh non, ne te méprends pas... Je coucherai sur le canapé, répliqua-t-il mal à l'aise de ne pas l'avoir précisé plutôt.

— D'accord, soufflai-je de soulagement de m'être trompé.

Suga se dirigea dans un coin de la pièce, vers un grand sac de sport. Il fouillait dedans pour dénicher des affaires à ma convenance. C'était la première fois qu'on se comportait humainement avec moi.

Je dois répondre à ses attentions ?

Je ne sais plus, interagir avec les autres.... Je suis seul depuis trop longtemps...

Les manières et les formes me manquèrent, j'étais devenu sauvage.

Une pile d'habits et un linge se trouvèrent devant mes yeux. Au moment où je m'en saisis, mes doigts frôlèrent ceux de Suga. Ce dernier eut un mouvement de recul qui me surprit. 

La culpabilité me chamboula, faisant trembler ma voix.

— Je suis désolé...

— Ce n'est rien. La salle de bain est juste là, je te laisse y aller, m'informa-t-il de son index.

J'en prenais le chemin, lorsqu'une de mes chevilles céda par faiblesse, je trébuchai. Ses bras m'enserrèrent avec ardeur, ma tête posait sur son torse. 

Je redressai le menton pour voir son visage sans expression. Ses yeux en disaient beaucoup eux et je me reperdais dans leurs profondeurs.

Revint le sentiment que nous étions seuls au monde.

Suga rompu le silence par son inquiétude.

— Tout va bien ? Tu veux que je t'y amène ?

— Oui et non, ça devrait aller. Merci, répondis-je d'une voix faible, je le sentis me relâcher doucement.

Je marchai en direction de la pièce d'eau, en refermant la porte. Suga ôta son sweat avec énergie, soulevant ainsi légèrement son t-shirt. Mon regard s'hasarda sur ce bout de peau, avant que la crainte d'être pris, me força à boucler l'entrebâillement. 

Je me déshabillai avec l'image de ses abdominaux dans mon cerveau.

Vu son physique, c'est un alpha. Voilà pourquoi, il a pu les battre dans la ruelle.

Je comprends mieux, sa réaction à mon touché. Surement la peur de perdre le contrôle. Après tous les dominants s'égarent en présence d'un oméga et j'en suis un...

Je me glissai sous le jet, la sensation de l'eau tiède me procura l'euphorie.

Ces dernières années, je connus plus les lavabos publics qu'une bonne douche. J'avais bien l'intention de profiter du luxe que m'offrait Suga.

15 minutes plus tard, j'étais propre et requinqué. Mes cheveux mouillés recouvrèrent mes yeux, je les replaçai en arrière d'un mouvement de la main.

Les couches avaient été faites avec soin par mon samaritain. Il se tenait sur le canapé, son portable entre ses doigts.

Quelle chance, il a dans avoir un... C'est un confort que je ne peux pas me permettre.

Je l'observai furtivement pour ne pas le déranger. Mais il sentit mon insistance et me fixa.

— J'ai préparé le lit et je t'ai mis à boire sur la table de nuit. Je te suggère qu'on dorme, il se fait vraiment tard, proposa Suga avec une mine épuisée.

J'acquiesçais en me dirigeant vers ma couche qui me tendait les bras. Je me glissais sous le duvet et posai ma tête sur l'oreiller. Je redécouvrais à quel point avoir un matelas était plaisant.

Je me laissai emporter par le sommeil, mon corps et mon esprit en avaient grandement besoin, vu tout ce qu'il s'était passé ces dernières heures. J'espérai juste que mes rêves seraient doux et agréables.

  

Mots de l'autrice: Les amis ARMY'S ne me grondaient pas... Je sais que Ji-min aime le sourire de Suga. Mais dans mon histoire ça ne marche pas avec ce fait...

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