Chapitre 22 : Ma vérité (PVD Suga)
Je préparai à la hâte ma valise, regardai l'heure et espérai arriver à temps. Ce soir était la première de Ji-min et je lui avais promis d'y être. Je vérifiai une dernière fois la chambre avant de sortir. Dans le couloir, je courus pour descendre jusqu'à la voiture de J-Hope. Il m'attendait devant, un sourire aux lèvres.
Nous montâmes dans le véhicule. Il le démarra. L'angoisse me submergea, j'avais tellement peur de ne pas arriver à temps. Les autoroutes se suivirent et le paysage n'était que béton. J'observai ma montre, il était seize heures. Nous en avions pour quarte heure de route.
— Ne t'inquiète pas, nous serons à l'heure, me rassura J-Hope.
J'acquiesçai de la tête, mais au fond de moi tout se bousculait. Quand je lui aurais annoncé, s'il ne veut plus de moi ? Qu'est ce que je ferrais ? Depuis ce soir où j'avais failli mettre fin à mes jours, mes sentiments pour lui n'avaient fait que grandir. Je triturai nerveusement mon sweat et repensai au rendez-vous où le Docteur Lim m'avait appris ce que j'étais. Mon monde s'était alors effondrait. Ji-min sans le savoir m'offrait un espoir auquel je souhaitais m'accrocher.
Les villes défilèrent à toute vitesse. J-Hope faisait ronronnait son bolide. Je réfléchissais à la meilleure façon de le dire à Ji-min. Mais toutes mes idées me semblèrent être à double tranchant, soit il m'acceptait soit il refusait. Je ne voulais surtout pas qu'il me quitte, j'avais besoin de lui. Lui qui m'avait déjà sorti de ma solitude, lui qui illuminait mon existence. Ma crainte de me retrouvait à nouveau dans l'obscurité était omniprésente.
L'engouement du public et des autres artistes que j'avais rencontrés ces derniers jours me faisait chaud au cœur. Je pourrais mener une vie heureuse. Aurait-elle la même saveur sans Ji-min ? J'en doutai vraiment. Depuis que je l'avais sauvé dans cette ruelle glaciale, il m'apportait plus que tout ce que j'avais pu m'imaginer.
Deux heures, ils nous restaient plus que ça pour le rejoindre, enfin. La fatigue me gagna, je m'installai confortablement et m'endormis. Mon rêve était doux et agréable. J'avais dans mes bras l'homme que j'aimais ; Ji-min. Il m'enveloppait de sa chaleur et me souriait tendrement. Quand soudain, tout devint noir. J'écoutais sa voix au loin. Il me disait « comment as-tu pu me le cacher ? ». Des perles d'eau salée coulèrent sur mes joues. Ses mots étaient comme des coups de poignard dans mon cœur. Puis le pire se déroulait sous mon regard impuissant. Il prononça ceux que je ne désirais surtout pas entendre « je ne veux plus de toi dans ma vie. » Je me réveillai en larmes et suffoquai. J-Hope m'observa, alarmé.
— Un cauchemar, soufflai-je à bout de force.
J-Hope arrêta la voiture sur le bas-côté, me fixa et posa une main réconfortante sur mon épaule.
— Descends ! Prend un peu l'aire, ça te ferra du bien, me conseilla-t-il.
J'ouvris la portière, sortis de l'habitat et respirai à pleins poumons l'air frais. Mes larmes submergeaient encore mes pommettes. Si ce que je venais de vivre était la réalité auquel je devais faire face, je proférais mourir. Je regardai autour de moi, des champs à perte de vu, aucune lumière, n'y maison. Je remontai une fois calmer. J-Hope tourna la clé et son bolide parti à toute allure. Le silence régna dans le véhicule. Je n'avais pas le cœur à confier mes doutes.
Nous n'étions plus qu'à deux villes de Séoul. Bientôt, je serais fixé. Je priai tous les Dieux de la terre pour qu'il ne me rejette pas. Je me plongeai dans mon monde à moi et écrivis mes sentiments dans un texte. Une chanson que peut-être, je lui chanterais un jour. Pourquoi, fallait-il que je sois de ce statut ?
Des bâtiments se dessinèrent au loin. Nous arrivâmes enfin dans la grande ville. Je pris une profonde respiration de soulagement. Mon anxiété s'estompa peu à peu. Vingt heures tapantes, lorsque J-Hope parqua la voiture. Nous marchâmes jusqu'au théâtre. Le hall avait été soigneusement décoré. Des hôtesses nous accueillirent et nous dirigèrent pour trouver nos sièges. La salle était immense, il devait au moins avoir cent banquettes et je comptai cinq balcons. J-Hope avait acheté des places au premier rang. J'allai pouvoir le voir de près et lui ne pourrais pas me louper. Je m'assis, J-Hope à mes côtés. Le brigadier retentit, les gens se pressèrent pour s'installer.
Le silence gagna tout l'assemblé. Trois coups secs, les éclairages s'éteignirent, le rideau se leva et la musique commença. Ji-min me chercha du regard, je lui signalai ma présence. Un sourire radieux illumina son visage. Le voir au milieu du ballet vêtu en couleur ébène me faisait penser à un ange dans la noirceur de ce monde. Ses mouvements étaient sensuels. Il volait dans les airs tout en bougeant ses bras avec grâce. L'interaction avec ses partenaires était de toute beauté. Il avait dû tellement travailler pour arriver à cette perfection. Mon cœur battait fort dans ma poitrine. J'étais subjugué par son charme quand il dansait. Il exécuta un dernier enchainement et prit la pause finale. Des centaines de fleurs tombèrent à ses pieds et les spectateurs se levèrent pour une ovation. Ji-min salua son public sous leurs applaudissements et se précipita dans les coulisses.
Les éclairages se rallumèrent. Je trépignai d'impatience, car dans quelques secondes, il sera dans mes bras. J-Hope avait réservé une table dans un restaurant renommé pour célébrer ce grand jour. Au moment où je m'apprêtai à le rejoindre, une poigne ferme me saisit le poignet. Je me retournai et me décomposai aussitôt.
— Salut, petite chose. Je savais que je te trouverais ici. Ce faible oméga que tu chéris est plutôt bon, balança Yi Jung-Hwa.
Il affichait un sourire démoniaque, ses yeux perçants sur moi. Je tremblai sous les effets de ses phéromones alpha. J-Hope se plaça sur mon flanc droit et le toisa, prêt à intervenir.
— Tu pensais que tu pourrais m'échapper ?
— Non, tu m'as donné un délai pour te rembourser, rétorquai-je en cherchant à maintenir ma posture.
Yi Jung-Hwa se rapprocha de mon oreille. Je contins ma peur tant bien que mal, alors que J-Hope lui lança un regard assassin.
— Maintenant que je sais... Mon offre a changé.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, répliquai-je d'un ton assuré.
— Tu penses que je ne le découvrirais pas ? Dans notre monde le pouvoir de l'argent est bien plus puissant que le serment d'Hippocrate.
Mon corps était sur le point de céder, ma respiration devint difficile et une chaleur intense parcourut mes veines. Je ressentais pour la première fois de ma vie, les désagréments de mon statut. J-Hope s'empara du poignet de Yi Jung-Hwa et le repoussa violemment.
— Je vois que tu t'es trouvé un protecteur, mais face à mes gens il ne fera pas long feu !
Il avait raison, mais j'étais incapable de réagir. Tout mon être ne me répondait plus, j'étais paralysé.
— Tu sais ce que je désire ! Ça fait des années que j'en rêve, donc offre-moi ton corps. Petite chose, je te promets d'être très doux avec toi. Je ne voudrais pas te caser, prononça Yi Jung-Hwa d'une voix caverneuse.
Il me caressa la joue du revers de sa main et me dépassa en riant, ses hommes à sa suite. J-Hope me dévisagea, troublé par ce qu'il venait de se passer. Je ne pouvais dire un mot. Fiévreux et affaibli, je m'évanouis et ne perçus plus rien.
Une sensation froide sur mon torse me réveilla. Poussé par une soif bestiale, j'attrapai cette main et la dirigeai pour qu'elle soulage mon envie. Quand je me rendis compte à qui elle appartenait. Dans un souffle, je ne pus que prononcer son prénom « Ji-min ». Je replongeai dans l'inconscience.
Les cauchemars hantèrent mon esprit. Pris entre le pays des songes et le monde réel, je cherchai à sortir de cette situation. Je luttai de toute mes forces et émergeai, enfin. La pièce était sombre, seuls quelques rayons lunaires traversaient les fenêtres. Où me trouvais-je ? J'observai lentement l'endroit. Ma chambre ! Comment j'étais arrivé là ? Je tournai la tête pour découvrir à mes côtés, Ji-min qui dormait. Je m'éloignai sans un bruit et m'assis sur le rebord du lit.
Toute l'horreur de ma situation me parvint en pleine figure. Je pleurai à chaudes larmes. Ji-min se plaça vers mon flanc droit et avança sa main. Je m'en saisis fermement, je ne pouvais supporter l'idée qu'il me voit ainsi. Il resta là, silencieux. Je baissai la tête et pleurai. Tout ce que je voulais était vivre avec lui et être heureux. Pourquoi le sort s'acharnait sur moi ? Je me rendis compte que sous le poids de ma souffrance, je serrai fort son poignet, le relâchai et laissai retomber mollement mon bras. Perdu, je n'arrivai pas à savoir, si j'étais dans un rêve ou dans la réalité.
— Suga, dis quelque chose.
Sa voix puissante me surprit, j'en sursautai. Les mots restèrent coincés dans ma gorge. En même temps, c'était peut-être mieux. Toutes mes idées noires revinrent, envahir mon esprit comme un ras de marée. Je tremblai. Ma respiration était haletante et ma fièvre n'avait pas baissé. Ji-min m'enlaça de toute sa force. Je ne pouvais accepter sa tendresse et je devais lui faire entendre raison.
— Ji-min, tu ne devrais pas m'aimer.
Il se raidit et se referma comme une huître. Je m'en voulais de lui infliger ça, mais je ne pouvais pas supporter qu'il me rejette. Il fallait que je le repousse de toutes mes forces. Au moment où je m'apprêtai à dire une phrase que je regretterais toute ma vie. Ji-min s'énerva et lâcha ses mots puissants.
— Comment oses-tu me dire ça ! Tu sais combien de fois, j'ai cru mourir sans toi ? Non, tu n'en as même pas une petite idée. Alors non, j'ai le droit de t'aimer.
Je m'effondrai dans ses bras. Sa chaleur m'apaisa quelques minutes avant que la réalité me submerge à nouveau. Il n'y avait pas d'espoir pour nous. Yi Jung-Hwa n'était pas homme à abandonner, quand il avait une envie en tête. Je ne souhaitais pas qu'il s'en prenne à Ji-min. Mais je ne pouvais me résoudre à le perdre, j'avais besoin de lui. Il allait, sans doute, me quitter. Les phrases sortirent de ma bouche sans que je ne puisse les retenir.
— Ji-min, quand tu sauras, tu ne désireras plus de moi.
Il me regarda, angoissé, et resta immobile, attendant la suite. Je n'arrivai pas à continuer, je ne pouvais pas. Mes forces m'abandonnèrent peu à peu, ma volonté disparut lentement. Dans un dernier élan, je hurlai qui j'étais vraiment.
— Je suis un putain d'oméga... Tu ne peux pas vouloir de ça ? Tu ne dois pas m'aimer !
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