Chapitre 21 : Tel un cygne
Nous nous sommes téléphoné tous les soirs, après cette nuit-là. Aujourd'hui, il devait se trouver dans la salle pour la première. Je me réjouissais de le revoir et d'enfin pouvoir le prendre dans mes bras.
J'arrivai au théâtre stresser, la boule au ventre. Le hall était déjà prêt à accueillir la presse, les spectateurs et lui. De beaux bouquets de rose rouge avaient été disposés un peu partout. De jeunes femmes en uniforme bleu attendaient passivement d'ouvrir les portes. Un tapi bordeaux menait jusqu'à l'étage des balcons privé. Pour la première fois, je me sentais à ma place.
Je me hâtai pour rejoindre les vestiaires. La troupe enfilait les costumes d'un noir satiné et se préparait en face des miroirs. Ma tenue à moi était d'un blanc immaculé. Tout cela me faisait penser au lac des cygnes. J'endossai mes vêtements fièrement et regardai mon reflet devant la glace. Un beau jeune danseur, voilà ce que j'étais.
Lee Bae-ja rentra dans la pièce et nous fixa, un sourire illuminait son visage.
— Je vous demande à tous de vous donner à font ce soir. Il y a plusieurs journalistes dans la salle. Donc aucune erreur, s'il vous plait.
Son ton était beaucoup plus doux qu'à son habitude, il s'avança vers moi d'un pas félin.
— Ji-min, c'est le moment pour toi de briller.
Lee Bae-ja sortit, nous laissant finir de nous faire présentables. La tension monta d'un cran, alors que l'heure approcher. Je me plongeai dans mon esprit pour me remémorer la chorégraphie, mon cœur battait à toute vitesse dans ma poitrine. Quand je pensais que ce soir, il allait me voir dans mon environnement de travail.
Nous courûmes jusqu'aux grands rideaux rouges et prîmes nos places. Ce dernier se leva doucement et les projecteurs nous éclairèrent. Leurs lumières étaient presque éblouissantes. Mon trac me submergea, alors que la musique commença. Je le cherchai du regard dans la salle pleine.
Suga me fit un signe de la main. Le sourire aux lèvres, je me lançai dans les premiers mouvements de bras. Je tournoyai au milieu de mes partenaires. Arriva l'instant que je redoutai ; le porté. Plus d'une fois, ce passage finissait par moi à terre. Je me concentrai. Je ne pouvais pas échouer, ses yeux étaient sur moi. Je lui avais promis de réaliser mon rêve. Mes pieds se posèrent sur le sol et je continuai dans de grands jetés, volant dans les airs. Nous poursuivîmes avec l'engouement du public. Tout me venait naturellement, sans que je doive songer à la suite des enchainements. Sentir sa présence me rassura. Mes bras devenaient élégants dans mes gestes. J'étais enfin celui que je voulais être ; un danseur aux yeux de mes paires. Un danseur qui procurait des émotions à son auditoire. Je m'élançai pour un ultime porté et finis par le final.
Des milliers de roses volèrent sur la scène et les applaudissements fusèrent. Nous saluâmes le public sous leurs acclamations. Je regagnai les coulisses avec une seule idée en tête ; retrouver Suga. Lee Bae-ja, nous félicita et s'excusa d'avoir été dur avec nous. Je pouvais, enfin, le rejoindre. Je courus me changer. Alors que je sortis des vestiaires, je vis J-Hope tenir fermement mon aimé. Je me précipitai vers eux. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait et fixai mon producteur. Une odeur forte de fleur d'herbe violette émanait de Suga. Bordel, qu'est-ce qui lui arrivait ? Apeuré, je cherchai la réponse auprès de J-Hope.
— Pourquoi est-il inconscient ?
— Ji-min, ce n'est pas à moi de te le dire, mais à lui. Pour le moment, il faut qu'on parte d'ici au plus vite. Aide-le et retrouve-moi derrière le bâtiment.
Je me saisis de Suga, observai autour de moi pour trouver la sortie de secours et nous y dirigeai. J-Hope marcha vite vers l'entrée principale. L'incompréhension gagnait tout mon être. Je regardai mon adoré, ses yeux étaient fermés. De temps en temps, ils bougèrent comme s'il avait mal. Je ne connaissais pas grand-chose sur les alphas. Se pourrait-il qu'il soit en rut ? Tout le laissait à penser. Nous arrivâmes devant les portes en fer, je l'ouvris d'un coup de pied. Son corps était lourd. Notre producteur vint à mon aide pour l'amener à la voiture et l'installer confortablement à l'arrière. Je pris place sur le siège et mis sa tête sur mes jambes. J-Hope subsista silencieux, mais regardé plusieurs fois si personne ne nous avait vus. Il s'assit au volant et démarra.
Les rues défilaient à grande allure. Suga restait inconscient, sa respiration était saccadée et une chaleur intense émanait de son être. Je lui caressai doucement le visage, il gémit. Attristé, je reposai ma main sur ma cuisse. Notre appartement n'était plus loin. J-Hope se gara et sortit pour m'aider. Nous portâmes Suga jusqu'à sa chambre.
— Ji-min prend bien soin de lui et surtout ne lui en veut pas. Tu me le promets ? demanda J-Hope.
Je répondis d'un signe de la tête affirmatif. Il s'en alla en nous laissant seuls. Je regardai de la paume de la main, sa température. Suga était brûlant. Je partis chercher une bassine, une lingette et de l'eau froide. Dans la salle de bain, je me remémorai les paroles de J-Hope. Que voulait-il dire par ne lui en veut pas ? Est-ce que Suga me cachait quelque chose ? Pour le moment, je préférai ne pas y penser. Je devais prendre soin de lui. Il n'avait pas bougé, toujours inconscient. Je trempai la lavette et l'essorai et la passai sur front, sa nuque. Je relevai son t-shirt et tamponnai son torse jusqu'à son ventre. Sa main attrapa violemment mon poignet. Il l'attira vers le haut dans son jean. Je reposai sa poigne et le fixai. Une lueur inconnue illuminait ses yeux. Il m'entraina au plus près de lui. Son souffle chaud dans mon cou me provoqua un frisson.
— Ji-min...
Suga replongea aussitôt dans le sommeil. Je continuai de rafraichir son corps, l'habillai de vêtement sec et le couvris avec la couette. La lune était haute dans le ciel étoilé. Je me couchai à ses côtés et espérai qu'il aille vite mieux.
En pleine nuit, j'ouvris les yeux et le vis, assis sur le bord du lit. Je me redressai, inquiet. Le silence pesa dans la pièce. Pourquoi restait-il ainsi ? Je m'avançai lentement et pris place à côté de lui. Des larmes sur ses joues reflétèrent la lumière de l'astre de la nuit. Au moment où j'approchai ma main pour les essuyer, il s'en saisit. Sa chaleur brûla mon poignet. Je ne savais pas quoi faire pour aider mon aimé. Je restai silencieux et immobile comme une poupée de chiffon. Il baissa la tête. Que se passait-il en lui à cet instant ? Un sentiment étrange inondait mon être petit à petit. Un sentiment que je ne connaissais pas. Si seulement, il pouvait me parler... Juste un mot... Des sanglots lui échappèrent. Mon cœur se brisa, les minutes s'écoulèrent. Sa poigne me serra fort, il s'en rendit compte et me relâcha. Son bras retomba sur son flanc. Je ne supportai plus ce silence.
— Suga, dis quelque chose.
Suga sursauta comme apeuré par ma voix. J'hésitai à l'enlacer par peur qu'il me rejette. Comment nous en étions arrivés là ? Normalement ce soir devait être un événement de joie et la célébration de ma réussite. À la place nous étions dans sa chambre sans échanger le moindre mot. Ce calme me tuait petit à petit. Je l'observai du coin de l'œil, son corps tremblait et sa respiration était rapide. Poussé par une force invisible, je l'enfermai de mes bras. Il me résista quelques secondes, avant de lâcher prise. Sa voix était à peine audible.
— Ji-min, tu ne devrais pas m'aimer.
Sur ses mots, mon cœur se serra dans ma poitrine. Pourquoi me disait-il cela maintenant ? Nous avions tellement souffert de l'absence de l'autre. Moi-même étais tombé dans les travers de la boulimie pour combler le vide qu'il avait laissé dernier lui. Une rage incontrôlable me submergea.
— Comment oses-tu me dire ça ? Tu sais combien de fois, j'ai cru mourir sans toi ? Non, tu n'en as même pas une petite idée. Alors non, j'ai le droit de t'aimer.
Suga s'effondra en sanglots. Un océan de perles salé dévalait ses joues. Impuissant face à sa tristesse, je ne pus que l'étreindre plus fort contre moi et retenir mes larmes. Cet homme que j'enlaçais était le seul que je souhaitais dans ma vie. J'espérai que par la vivacité de mes phrases, il avait compris. Il me repoussa et me fixa.
— Ji-min, quand tu sauras, tu ne voudras plus de moi.
Ses paroles suspendirent le temps et mon cœur s'arrêta presque de battre. Je me figeai, pendu à ses lèvres.
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