-Chapitre 8/De Terrifiants Pouvoirs-


     Je sentai un doux parfum chatouiller mes narines. Un parfum floral. Alléchant. Je souris pour signifier mon bonheur. J'étirai doucement mes bras en grognant. J'entendai des voix, qui semblaient... rire.  

J'ouvris un œil puis l'autre, contemplant mon environnement. J'étais dans les bras d'un... homme. À mon souvenir, avant que je ne m'endorme, c'était Ëphrézias qui me portait tranquillement telle une princesse. 

Je relevai la tête, pour observer l'homme qui me portait à travers la Forêt Florale. Son unique œil Améthyste me fixait, le sourcil relevé en signe d'amusement. Ses cheveux noirs Éden s'agitaient dans le vent. Soudainement, je m'agrippai à lui comme pour me rassurer. Emmitouflée dans sa douce écharpe, j'écoutai à peine les voix qui se parlaient. C'est alors qu'une main vint effleurer ma pommette et me fis frémir. 

Quelque peu rassurée, je me délogeai de l'écharpe pour croiser le regard bienveillant d'un homme à la chevelure argentée. Avec son imposant gabarit, je n'aurais jamais cru qu'il pouvait être aussi doux dans ses mouvements. 

   - Bien dormit ? me questionna Valkyon en souriant.

J'hochai la tête en resserrant davantage mon étreinte sur Nevra. Ce dernier fut ravi de mon rapprochement car il lança un sourire canaille à mon Chef de Garde. 

   - Que s'est-il passé ? demandai-je d'une petite voix encore endormie. 

   - Valky' et moi t'avons trouvée endormie sur un lit de plantes non loin de l'orée de la Forêt Florale. Je ne sais pas pourquoi tu t'es enfuie de la Garde pour séjourner là bas, mais ce qui est sûr, c'est que Miiko risque de te tuer, ricana Nevra.

   - Elle croit que tu es allée rejoindre un ennemi, annonça Valkyon, en tranchant les feuilles et plantes qui se dressaient devant Nevra et moi.

     Les deux s'arrêtèrent alors net. Ils m'observèrent d'un drôle d'air, tout à coup.

   - Pourquoi t'es-tu enfuie, hier ? me questionna finalement Nevra en me dévisageant.

   - Je... Je devais digérer toutes ces informations... Et je pensais que la Forêt Florale serait le meilleur endroit pour réfléchir. 

Le Chef de la Garde de l'Ombre fronça son sourcil avant d'approcher son visage du mien. Il élargit un sourire narquois sur ses lèvres en plissant les yeux.

   - Toujours aussi crédible, ma parole, me souffla-t-il en murmurant presque. 

Voyant notre "rapprochement", Valkyon éloigna la tête de Nevra de la mienne avec l'une de ses mains. Surpris, Nevra recula en grondant avant de se prendre une racine entre les pieds et de tomber à la renverse, moi y comprit. 

Allongé au sol, il me dévisagea, amusé. Dans la chute, j'avais écarté les jambes pour trouver un point d'appuis, en vain. Ce qui fit que je me retrouvais donc à califourchon sur son torse. 

   - Ne profite pas de la situation, me sussurra-t-il, d'une voix mielleuse. 

Aussitôt, je me relevais, les joues en feu. Nevra n'eut pas besoin de mon aide pour se remettre sur pieds. Il fit alors un pas vers Valkyon, menaçant.

   - Quelle mouche t'a piqué, idiot ? gronda-t-il en dépoussiérant son kimono de chastes gestes. 

   - Désolé, je ne voulais pas... s'excusa Valkyon.

Il croisa mon regard, ce qui le fit rougir - certainement de honte. Il détourna bien vite ses yeux pour regarder les branches en travers du chemin, celles qu'il allait bien vite devoir trancher de sa machette. 

*****

     Les portes blanches gardiennes de l'entrée d'Eel se dressèrent alors sur notre chemin. Nous nous approchèrent donc des gardes qui scrutaient l'entrée. Valkyon leur fit signe et leur montrit leur Permis de Mission. On entendit bientôt un couinement, signifiant que les grandes portes s'ouvraient en grinçant. Nevra, qui ne m'avait pas reprise dans ses bras, m'attrapa le poignet gauche de sa main droite pour s'élancer avec moi dans la cité, lorsque l'accès fut libre. J'entendis un léger grognement venant du Chef de l'Obsidienne avant de ne devoir me mettre à courir pour ne pas tomber derrière Nevra qui pressait le pas. Un gémissement de surprise sortit - malgré moi - de ma bouche. Le Chef de l'Ombre coula un regard vers moi, amusé.

   - Tu as cru que je te kidnappais au milieu de tous ces gens ? dit-il en souriant de plus bel.

Je gardais le silence, ne sachant quoi répondre. Imaginez un peu Nevra me kidnappant. Que me ferait-il après m'avoir capturée ? Je n'ose pas penser à toutes les choses absurdes qui me vinrent en tête. C'est quoi cet esprit malsain et mal placé ? Où vas-tu Amélie ? Ressaisis-toi ! 

Hé bien, justement ; où vais-je ? 

Je me reconcentrais tant bien que mal sur le Vampire. Il me tenait toujours le poignet, au cas où je voudrai m'enfuir à nouveau vers la forêt. 

   - On a perdu sa langue ? me lança-t-il alors que l'on contournait des buissons des jardins d'Eel.

   - Non, rétorquai-je aussitôt. 

   - Oh, je vois, tu pensais à tout ce que je pouvais te faire si je voulais vraiment te kidnapper, dit il en élargissant son sourire malicieux sur ses lèvres. 

   - Mais... non ! Pff ! Qu'est ce qui te fait penser ça ? répondis-je en bafouillant un peu.

     Il s'arrêtera brusquement au milieu d'une allée. Je lui rentrai dedans, plus ou moins. Mon nez s'écrasa contre son dos et je poussai un gémissement plaintif. Il se retourna vers moi, son regard planté dans le mien. 

   - Je t'ai vu rougir toute seule alors que tu réfléchissais, me dit Nevra en caressant de sa main libre mes pommettes. 

Je fis un pas en arrière mais il me retenait, l'une de ses mains toujours cramponnée à mon poignet. 

   - C'est... faux ! Et je peux marcher toute seule, jubilai-je en tirant sur ma main gauche pour le défaire de son emprise. 

   - Vas-y change de sujet, glissa-y-il d'un ton moqueur. Et "marcher toute seule" était la dernière des impressions que tu me donnais, dans la Forêt Florale. 

   - Mais... 

Je ne pouvai répliquer. Alors, je continuai ma route en lui passant sur le côté droit et en me libérant définitivement de son emprise sur mon bras. 

   - Tu comptes aller où, Blondie ? bougonna-t-il en se retournant vers moi. 

   - J'ai un prénom ! grondai-je.

   - Et un surnom, maintenant ! s'exclama-t-il en riant. 

   - Je préfère Amel', dis-je d'un ton sec qui ne plu guère au Vampire car il se rapprocha de moi.

   - Quoi qu'il en coûte, on va devoir aller rendre visite à ta chère amie, dit il d'un ton calme, un sourire en coin.

     Je le regardais, incrédule. 

   - Ma "chère amie" ? questionnai-je, en plissant les yeux.

   - Tu sais, Miiko, sourit-il.

Je serai les points. Comment osait-il se moquer de moi de cette façon ? Malgré moi, ma plus profonde pensée atteignit ses oreilles :

   - Tu sais très bien que je n'ai personne ici ! Que je n'aurais plus jamais personne. Arrête de faire semblant de t'inquiéter pour moi et cesse tes moqueries ! 

     Je me retournai, furieuse. Je savais que je lui avais mentit. J'avais quelqu'un. Un magnifique Blackdog sur qui je pouvai compter. Ëphrézias. Lui-même, le seul, l'unique, le vrai. Mon sauveur et mon premier lien sur ces terres. Aucune idée de quand je pourrai rejoindre ma mère sur Terre. Mais ce qui est sûr, c'est qu'à ce moment là, je pleurerai le fait que je ne puisse plus jamais croiser ses pupilles jaunes. 

J'avançais, toujours perdue dans mes songes quand je rentrai dans quelque chose, ou plutôt le torse de Nevra qui me barrait la route.

   - Désolé, mais tu n'es pas seule. Je suis là, moi, si tu as besoin de quelque chose. 

   - Tu es un inconnu, pour moi. Je ne connais que ton prénom et ta race de feary, tout de même ! 

Je clouai le bec de ce charmant Vampire en le contournant. Je devais aller voir Miiko ? Soit. Alors j'irai, mais sans ce brun sans cœur. 

     Fulminante, je le dépassai et ne lui donnai plus aucune chance de me rattrapper. Je franchissais les portes du hall grognant. Soudain, je pestai en me cognant sur quelqu'un.

   - C'EST MOI QUE TU INSULTES ? scandalisa un voix que je commençai à connaître. 

Ezarel.

   - Tiens, un Schtroumpf ! riai-je en me redressant.

     Dans la brutale rencontre, l'Elfe à la tignasse bleue avait fait tomber des fioles et des manuscrits assez anciens. Je les regardai qui gisaient par terre. 

   - Rammasse ! gronda-t-il en désignant ses bouquins poussiéreux au sol. 

   - Toi aussi t'as des mains, non ? ripostai-je en disparaissant dans du hall, vers la salle du Cristal. 

Je sais, c'était assez ignoble de le laisser rouspeter tout seul, mais franchement, il l'avait bien cherché. Sur ce, j'empruntai un couloir. Je passai devant la fameuse bibliothèque de la Garde d'Eel tant convoitée. J'allai franchir le seuil de sa porte pour y souffler quelques minutes, quand j'entendis gronder dans mon dos.

   - TOI ! me hurla ma "chère amie". 

Je me retournai pour voir une Kistune enragée me fusiller du regard. 

   - Moi ? questionnai-je en me retenant de soupirer. 

   - Où étais-tu ? gronda-t-elle. 

Je gardai un juron. Elle me prenait pour qui pour pouvoir me parler sur ce ton ? En plus, je suis peut être celle qui va sauver son monde ! 

   - Quand ? la narguai-je en haussant les sourcils, pour lui signifier ma fausse interrogation. 

Miiko fulmina. Sa cage renfermant ses flammes semblait à deux doigts de libérer la chaleur de sa colère. Derrière mon visage faussement apeuré, je riai à gorge déployée. La tête de la haute gradée me faisait rire. 

   - Vous êtes devant une bibliothèque ! Allez vous chamailler ailleurs ! tonna une voix dans l'immensité de la salle derrière moi. 

   - Nous chamailler ?! NOUS CHAMAILLER ?! s'époumonna la brune en passant la tête dans l'embrochure de la porte. 

Discrètement, j'y passai aussi mon regard. Il se posa sur une jeune fille qui paraissait avoir mon âge dans ce monde. Elle avait d'assez longs cheveux roses bouclés qui lui cascadaient sur les épaules. C'était l'occupante d'un beau corps aux courbures et traits fins. Pour compléter son sublime visage, elle avait de beaux yeux rosés tirant par endroits sur le bleu. Et pour finir, sa délicate peau était bronzée. 

Après avoir gentiment reluqué la tête de la Feary, je ne m'attardai pas sur les détails pour profiter de la colère de la Kistune, qui avait les yeux rivés sur la fille, pour m'enfuir en toute hâte du couloir. J'allai certainement le regretter, mais je ne voulai plus entendre la voix irritante de Miiko pour le reste de la journée. À chaque fois que je lui parlai, c'était pareil : elle se montrait toujours sur la défensive et se changeait en la pire des ennemies en me lançant des remarques désobligeantes. À croire qu'elle avait prit des cours pour ça chez Ezarel. 

Justement, en parlant de ce dernier, je venais de me rendre compte que j'avais foncé tête baissée dans son laboratoire. Je le vis penché sur un flacon verdâtre. Il admirait les grosses bulles qui s'échappaient de son breuvage. 

   - Tu fais quoi ? dis je pour m'annoncer, ce qui ne lui plu guère.

Il sursauta, troublé dans sa concentration. Dans le saut de trois mètres qu'il fit en arrière, je le vis bousculer sa potion verte sur la table. C'est alors que d'énormes bulles se formèrent petit à petit.

L'Elfe se tourna vers moi lentement, je visage défiguré par la colère.

   - Bon bah, je repasserai, hein, dis je d'une petite voix en reculant vers l'entrée du laboratoire. 

Ezarel ne voyait pas la chose sous cet angle et s'avança vers moi.

   - Toi ! Tu restes ici ! 

Hé bien, heureusement que ce n'était pas mon Chef de Garde, sinon il m'en aurait fait baver en me rajoutant du boulot. Mais sadique comme il est, il pourrait très bien dire à Valkyon de m'en faire baver à sa place. 

   - O-Ouais... hésitai-je en me figeant.

   - Ça fait deux jours que je travaille sur cette potion de vie ! DEUX JOURS ! me hurla-t-il en serrant les points. 

   - T'es vraiment pas vivable, bougonnai-je. J'vais t'aider à la nettoyer, ta potion, s'tu veux. 

   - Y a intérêt ! gronda-y-il avant de se détourner, furieux. T'es vraiment qu'une humaine, pour être aussi idiote. 

Je plissai les yeux, vexée. Je n'étais pas qu'une simple humaine, j'en étais sûre. Quel genre d'humaine se fait des amis Blackdogs et maudire par un cristal rouge ? Cet Elfe était juste jaloux car j'ai été choisie par l'Oracle, et pas lui. 

Je traînai des pieds pour m'avancer à la hauteur de la longue et grande table d'alchimie. Le liquide vert coulait dessus et commençait à humidifier le sol, là où je vis des pousses d'arbres commencer à pousser en accéléré. 

   - C'est... normal ? demandai-je en désignant la végétation se frayant un passage à travers les planches du parquet.

   - C'est une potion de vie, grogna Ezarel sans se retourner. De vie !

Il me lança un torchon mouillé. Il dégoulinait d'un liquide argenté.

   - C'est une Contra-potion. C'est une potion qui contre les effets d'une potion. Personnellement, je ne voudrais pas reprendre mes torchons avec des arbres dessus, expliqua l'Elfe d'un ton sec, voyant venir de loin les questions. 

   - D'accord, répondis-je simplement en me mettant au travail. 

Mais en me baissant, je fis tomber le reste de la fiole sur le sol dans un grand bruit de verre explosé.

   - T'es vraiment qu'une pauvre nouille, ma parole ! gronda Ezarel d'un ton moqueur.

   - C'est toi la nouille ! Sale...

Je me stoppai net. On pouvait croire que j'allai insulter notre cher Chef de la Garde Absynthe, mais non, pas du tout, je réfléchissait à un surnom. 

   - SALE QUOI ?! me hurla l'Elfe.

   - Sale Ezanouille ! riai-je en lui lançant mon torchon dans la figure.

Dégoulinant de Contra-potion, il tapa du pied, agacé. 

   - Sale... Amélie... A-MÉ-LIE... SALE MÉMÉ ! riposta-t-il en m'envoyant son propre torchon valdinguer sur mon visage. 

Je restai interdite. L'Elfe venait de se plier en deux, au sol. Il riait comme jamais, les larmes aux coins des yeux. Fulminante, je me remis à asticoter le sol en grognant. Ezarel s'était prêté au jeu et m'avait surnommée très... comment dire ? Méchamment ! Mais c'était tout de même drôle. Alors un petit sourire se dessina sur mes lèvres tendit que mes sourcils froncés se courbaient. 

   - Bon... ça ira, dis je en me relevant, satisfaite de voir le sol - assez - propre. 

   - Rapide pour une... mémé ! s'esclaffa de nouveau Ezarel.

Relevée, je m'approchai d'une table basse où était empilée des manuscrits, ignorant l'Elfe qui retombait à terre. 

J'effleurai leur couverture du bout des doigts. Je reconnaissais là les ouvrages qui gisaient à terre, lorsque j'avais bousculé Ezarel. J'en pris un au hasard entre mes mains pour y lire son titre. "Royaume et Races d'Eldarya". Cela pourrait m'intéresser ! Jusque là, je ne sais pas encore quelle race de Feary j'ai dans le sang. Peut être que je trouverai des choses intrigantes.

Je sentis une présence dans mon dos. Instinctivement, je me retournai, les muscles crispés.

   - C'est mon livre ! siffla Ezarel qui se tenait là. 

Je levai les bras quand il voulut m'arracher l'ouvrage des mains. Surpris, il glissa et s'étala de tout son long au sol. Pas très sexy à vrai dire. 

Je regardai le "noble" Ezarel se redresser, le visage rouge de honte. Il fronça les sourcils quand il vit apparaître un petit sourire sur mon visage. 

   - Bon, je te donne le bouquin, et en échange, tu me promets de ne parler à personne de ce qu'il vient de se passer, comprit ? 

L'Elfe insista sur le "personne". Il devait vraiment avoir une grosse dignité !

J'acquiesçai tout de même en riant.

   - C'est qui la nouille maintenant ? ricanai-je.

Il me lança un regard noir qui me laissait voir tout son mépris sur la situation. Je riai de bon cœur en allant me poser sur une table avec le livre. Je profitai clairement de la situation. L'une des rares où Ezarel se fait dominer. 

L'Elfe grimaçait toujours mais s'installa tout de même à côté de moi en tirant lui aussi sur un tabouret. 

   - Pourquoi t'intéresse-t-il, ce bouquin ? questionna-t-il d'une voix fluette.

Il s'éclaircit la voix avant de continuer.

   - Je sais déjà que tu n'es pas une Elfe. Pas assez élégante et raffinée pour cet noble espèce. 

   - Et tu crois que ton plongeon de tout à l'heure était élégant et raffiné ? pouffai-je en revisualisant la scène. 

   - Mmh... Bref, tu n'as pas d'oreilles pointues non plus... 

   - Un retard de développement ? N'oublions pas que j'ai toujours vécu sur Terre. 

   - ... Pas toujours, non, murmura très bas l'Elfe. 

   - T'as dit quoi ? questionnai-je, suspicieuse. 

   - Rien, rien. C'était pour tester ton ouïe. Et visiblement t'entends pas très bien non plus... 

je lui donnai gentiment un coup de point sur une de ses épaules. Il tressaillit, surprit.

J'ouvris le livre sur le thème "Royaume". Je voulais savoir où je pourrai situer Aal dans ce monde. Je découvris bien vite une immense carte. Mon index l'effleura jusqu'à glisser au Nord de la carte. Un océan s'étendait devant une des côtes de l'énorme continent. 

   - C'est là, Eel, me montra Ezarel en glissant son doigt un peu vers la gauche du mien.

En effet, "Eel" était marqué en toute lettres d'une couleur dorée au dessus d'un énorme château blanc. 

   - J'ai... Huuum... Entendu parler d'une ville... Je crois que son nom c'est Aal... Tu pourrais me la montrer... sur la carte ? demandai-je hésitante à Ezarel. 

Il resta interdit devant ma question. Je dû claquer des doigts devant ses yeux pour qu'il les cligne et me réponde enfin.

   - C'est un endroit maudit... Qui t'en a parlé ? C'est peu être un espion. 

   - Je... Je passais juste devant des gens... Au marché et je... J'en ai juste entendu parlé donc je n'ai pas relevé la personne... 

   - Ah bon, lâcha-t-il, suspicieux. 

   - Alors, où est cette ville et pourquoi tu la traites de... maudite ? questionnai-je, vraiment intéressée par la réponse. 

Ezarel glissa son doigt vers le Sud. Il s'arrêtera un peu avant la frontière qui séparait la contrée Océanum - une espèce de grande région sur dans le monde d'Eldarya, comme plusieurs continents réunis sur un seul et même bloc de terre séparé par des rivières et territoires ( la contrée Océanum et celle la plus au Nord, elle a pour capitale Eel )  - de la contrée Sauvagum. 

"Et dire que j'ai presque déjà visité tout le Nord et le Sud de l'Océanum grâce à Ëphrézias !" pensai-je, amusée.

   - Ne vas surtout pas dans cette ville. C'est le repaire des Ténébreux. 

     Mon cœur rata un battement. J'ai vraiment faillit y laisser la peau ! Les Ténébreux ! Je viens à peine de comprendre dans quelle misère Ëphrézias m'avait embarquée. D'ailleurs ce dernier me devra des explications pour m'y avoir menée. 

   - Eel est en froid avec Aal. Il faut absolument que notre ville reste la capitale. Mais si Aal nous attaque et que nous ne pouvons riposter, D.A.R.M. brisera le Cristal Ange.

   - Je vois, soufflai-je. 

"Ça fait à peine cinq jours que je suis ici quand même ! Et je me suis déjà positionnée dans toutes les galères possibles... Je n'ai pas le temps pour souffler, pour méditer et penser à ma mère qui me manque terriblement... En même temps, c'est peut être le Destin d'une Élue, de laisser passer sa vie de côté pour "choisir un camp" et stopper une pseudo-guerre." 

Ce fut au tour d'Ezarel de tirer de nous tirer de nos songes. Il claqua ses doigts devant mes yeux fixés sur la ville d'Aal et de son grand château gris. 

   - Excuse-moi... dis je à voix basse.

L'Elfe plissa ses yeux en me dévisageant.

   - Qui est le dirigeant de Aal ? Y a-t-il une Garde ? questionnai-je, même si je connaissai déjà la réponse à la question puisque j'avais moi même interrogé le maître de la ville. 

   - C'est un homme vicieux et maudit. Et si il devait y avoir une Garde, ce seraient tous des Obsidiens. 

   - D'accord. Parle moi de cet homme.

   - Pourquoi ? suspecta-t-il.

   - Je veux en savoir plus sur les ennemis d'Eel, c'est tout. 

Ezarel soupira profondément. 

   - Il s'appelle Malensars. Avant, il faisait parti de la Garde d'Eel. Mais pour je ne sais quelle raison que Miiko ne veut expliquer, il a rejoint Aal. Cet homme s'y est fait maudire par je ne sais quoi. Depuis, il réfléchit à des plans diaboliques pour se venger de je-ne-sais-quoi et pour venger je-ne-sais-qui de la Garde d'Eel.

     Soudainement, un gros bruit retentit. C'était la porte qui s'ouvrait avec un grand fracas. Ezarel et moi sursautâmes et tombâmes de nos tabourets. L'Elfe jura avant de se relever, sa dignité une deuxième fois piétinée. 

C'est alors que je la vis. À l'embouchure de la porte, elle le fixait de ses deux yeux électriques qui me menaçaient de me tuer sur-le-champ. 

Miiko.

Juste un prénom pour me terrifier. 

   - AMÉLIE ! gronda la Kistune en s'approchant de moi. 

Ses flammes étaient sorties et dansaient dans ses mains. Ses sourcils extrêmement froncés ne me disaient rien qui vaille. Ses points étaient si serrés que sa peau et son cartilage ne devenaient blancs. 

Je me relevai tant bien que mal, les mains tremblantes. Je n'assumai pas. Mes yeux croisèrent son regard. Si ce dernier était fait de rayons lasers, à l'heure qu'il est, je ne serais plus qu'un poulet trop cuit. 

   - Oh... Miiko... soufflai-je d'une voix franchement mal assurée. 

Elle m'empoigna le col tel qu'elle l'avait fait à Ezarel quand j'étais encore en convalescence. Ce dernier demeurait interdit, admirant la scène. Il ne lui manquait plus que le pop-corn ! 

   - TU MÉRITES LE CACHOT ! hurla Miiko en resserrant son étreinte.

Elle m'étranglait. Ma respiration devint hachée, puis saccadée. Je jetai des regards suppliants à l'Elfe mais il ne bougeait pas. Le temps semblait arrêté. Je clignai plus lentement des yeux. Seule la forte voix de la Kistune me maintient éveillée.

C'est alors que je vis une jeune femme adossée contre la porte du laboratoire. Celle qui avait grondé Miiko - sans savoir que c'était elle - lorsque la Kistune déchaînait sa colère de ma disparition devant la bibliothèque. Elle non plus ne réagissait pas, mais sa mine semblait inquiète. Elle ne savait pas comment agir.

Je gémis de douleur. Les flammes bleues de la Kistune commençaient à brûler mon cou. Je paniquai face à la situation. Miiko semblait prendre du plaisir à me torturer. C'est alors que je vis les yeux d'Ezrael et de la jeune fille rose s'écarquiller. Moi aussi je comprenais à comprendre la situation. Mais avant d'avoir pu me contrôler, une terrifiante vague de Manaa bleu projecta la Kistune valdinguer sur la table d'alchimie, renversant au passage un grand nombre de préparations. 

Je ne pouvai plus me calmer. Elle m'avait fait mal et elle non plus ne s'était pas contrôlée. Alors, je fermai les yeux. Quand je les rouvris, une boule d'énergie rouge s'abattait sur Miiko. 

J'entendais quelqu'un hurler mon nom. Une main m'agrippait l'épaule. Une autre vague de Manaa bleu se déversa alors de mon corps, envoyant la personne qui m'agrippait plutôt biser un mur remplit de livres au fond de la salle d'alchimie. 

Je vis la jeune fille se précipiter vers moi et me bousculer pour essayer de me maintenir au sol. Ce fut peine perdue pour elle, mon bouclier de Manaa la sépara automatiquement de mon corps pour que je puisse me relever sans difficulté, ce que je fis. 

Du coin de l'œil, je la vis prononcer un sort. Un brouillard s'empara alors de ma vue. Je ne comprenais pas. Je voyais toujours, mais sous un angle différent. Comme si mon Manaa me laissait voir à travers ses yeux. Je pu donc distinguer les personnes présentes dans la salle avec une vision violacée. Je voyais mon corps aussi. Il était entouré d'une fumée noire. 

C'est comme si je voyais à la troisième personne dans un roman, mais là, c'était la réalité. Je vis donc, avec ma vue de hauteur violacée, la jeune fille s'approcher de moi doucement, les mains en avant. Elle croyait que j'étais devenue aveugle. Elle se trompait sur toute la ligne. Justement, je pu la prévoir à temps et lui envoyer une boule d'énergie rouge dans la face. 

C'était la première fois que je voyais une flamme de Manaa rouge se former de mes mains. Je devais fermer les yeux pour les invoquer, alors je scrutais, curieuse, le bout de mes doigts s'ouvrir avant de ne projeter une seconde boule d'énergie sur la jeune fille, sonnée. 

C'est alors que je vis Miiko se redresser sur la table. Je ne pu prévoir son coup qui partit comme un éclair, néanmoins, mon corps s'était tourné vers elle, le mur de Manaa bleu fièrement dressées devant moi. La Kistune grinça des dents lorsqu'elle vit que ses flammes bleues ne me faisaient aucun effet. 

C'est alors que ma vision violacée s'estompa peu à peu pour revenir à ma vision première qui se dégageait du brouillard pour y voir clair. Ce dernier disparaissait peu à peu. C'est alors que j'entendis des voix. Et des bruits de pas.

   - Misère ! Que s'est-il passé ici ?! 

Leiftan. 

Mon corps en surchauffe souffrait le martyr. Je n'en pouvais plus de tous ces bruits qui s'agitaient autour de moi. Pendant un instant, j'avais perdu le contrôle de mon corps, de mon pourvoir. Et ça, je ne pouvais pas nier que cela l'avait terrifiée. Mais ma colère contre Miiko m'a emportée et je me suis laissée faire. 

"Et si le Cristal Démon lui même m'avait contrôlée ? Peut-il seulement le faire sur de longues distances comme celle là ?" pensai-je, horrifiée. 

   - Amélie ! s'étrangla une voix en s'approchant de moi. 

Malgré la vision rétablie, je voyais trouble. De l'eau salée affluait le long de mes joues en prenant source dans mes yeux. 

   - Amélie, reprit la voix.

La personne me prit le bras. Et bien malgré moi, une vague de Manaa bleu la repoussa en clouant d'une incroyable force tout le monde présent dans la salle d'alchimie au sol. J'écarquillai les yeux. Je ne voulai plus utiliser mes pouvoirs. Pourtant, ils surgissaient contre mon gré. 

     Je me frottai les yeux et essuya mes larmes. Et c'est là que je vis le laboratoire dans un sale état. Des fioles renversées gisaient de partout, tout comme des corps humains qui semblaient écrasés au sol par une force de gravité qui ne m'affectait pas. Lorsque je laissai choir le long de mon corps mes bras, toutes les personnes soupirèrent. La gravité venait de moi et je venais - d'un simple mouvement des bras - de la faire disparaître. Devant moi se redressèrent cinq personnes tant bien que mal. Je cite : la jeune fille aux cheveux roses, Nevra, Arkey, Leiftan e Miiko. 

Leurs mines déconfites me redonnèrent envie de pleurer. S'ils savaient comme je m'en voulais ! 

   - Amélie... 

Je braquais mon regard vers Nevra. Ce dernier s'avança vers moi. 

   - Ne m'approche pas ! Je ne veux... pas... te faire du... mal, sanglotai-je en baissant la tête. 

Le Vampire fit un signe de tête à Arkey. Lui aussi s'avança vers moi, ses prunelles orangées brillaient d'un éclat rassurant. 

   - Contrôle-toi, me demanda Nevra en faisant un pas de plus en même temps que le membre du Conseil. 

Plus facile à dire qu'à faire ! Si seulement il avait depuis déjà combien de temps j'essayai de me résister moi-même. 

Soudainement, les deux garçons me sautèrent dessus. Ils entremêlèrent chacun une main entre mes doigts. Ils me firent un espèce de... câlin collectif. Sauf qu'une montée de chaleur me montra que ce n'était pas qu'un simple câlin. Les deux garçons essayaient de me rassurer pour atténuer mes pouvoirs. Leurs yeux brillaient d'un éclat magique. 

"Ils essayent de m'hypnotiser !" réalisai-je.

Aussitôt, mon corps réagit et déferla sur les deux gars une puissantes vague de Manaa bleu. Ils s'envolèrent avec grand fracas à l'autre bout de la pièce. Enragée d'avant cette trahison, je relevai brusquement mes mains à mon visage, serrant les points. La gravité reprenait de plus bel, plaquant au sol tous les gardiens. 

Le jeune fille aux cheveux roses rampa tant bien que mal jusqu'à moi. Ses yeux trahissaient son désarroi. Elle, elle voulait vraiment m'aider et m'apaiser. Et pas par l'hypnose. 

Je baissai alors mes mains le long de mon corps. Ce qui eu un effet immédiat. La Feary m'adressa un regard compatissant et chaleureux. 

   - Laisse toi faire, fait moi confiance, me chuchota-t-elle en se relevant. 

Je ne pouvai rien faire d'autre que l'écouter, alors j'hochai la tête. Elle tendis les bras vers moi, les paumes ouvertes. Une douce lumière s'en dégagea. Elle enveloppa lentement mon corps, en enfouissant mes pouvoirs dans mon corps. Je me sentai de mieux en mieux. L'Énergie Bleue qui émanait de mon corps cessa doucement de briller, puis disparut enfin. 

Je me sentais libérée d'un poids qui me rongeait. Allégée, je m'effondrai au sol, les yeux mi-clos. 

La jeune fille s'assit à côté de moi en me caressant tendrement mes bras endoloris. Visiblement, elle ne m'en voulait plus de l'avoir projetée au sol et de l'avoir attaquée par mes flammes rouges. D'ailleurs, je la voyais blessée d'un peu partout, tout comme les autres. C'était Miiko qui avait prit le plus cher. Sa combinaison était ouverte par un trou béant sur son ventre. Il s'échappait de là des coulées de sang. 

Je relevai la tête vers la jeune fille à mes côtés. 

   - Comment..? commençai-je, en bafouillant.

   - Je m'appelle Time. Et je suis une mage, sourit-elle.

Satisfaite, je laissai mes forces me quitter peu à peu.

   - Merci, Time...

Puis je m'emparai des bras que me tendaient mes ténèbres habituelles. 

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