-Chapitre 4/Bienvenue À Eel !-
Je ne sais que souffrir, ici, ou quoi ? C'est au moins la troisième fois que je m'évanouis en l'espace de... disons deux jours. De plus, mon corps m'arrache des gémissements à chaque respiration. J'ai tellement mal ! Mal où ? Hé bien... partout, en fait. Les douleurs sont ancrées dans mon corps. Ma tête me lance terriblement. Je suis même étonnée de ne pas être déjà morte avec tout ça ! M'enfin bon, si les personnes de l'au-delà ne sont toujours pas venues me chercher, c'est qu'il doit y avoir une raison, non ?
Plus je réfléchis, plus mon subconscient retrouve des morceaux de ma mémoire. Ah ! Voilà la réponse ! Si les gens de l'au-delà ne sont toujours pas venus, c'est à cause de la prophétie du caillou rouge. C'est fou ça, j'ai envie de croire le loup blanc en me disant qu'il y a bel et bien une prophétie. Mais pourquoi, moi, devrais-je l'accomplir ? Dans ce monde il doit bien y avoir des personnes bien plus fortes que moi ! Et pourtant, c'est à moi que ce satané cristal a confié une partie de sa force.
De plus, je ne sais toujours pas quelle est cette prophétie. C'est... intriguant et effrayant à la fois. Quelque chose me dit qu'elle ne sera pas faite pour réconcilier le jour et la nuit qui ne veulent pas se voir. J'avais envie d'exploser tout ce que je voyais ! Pourtant, quand Ëphrézias me menaçait, j'ai réagit comme un enfant se faisant gronder : j'ai fini les larmes aux yeux et recroquevillée sur moi-même. Pff ! Ce Cristal Démon n'a pas pu choisir pire personne pour accomplir sa prophétie à la noix. D'ailleurs, en parlant de cette pierre ? C'est elle qui a contrôlé Ëphrézias pour me tuer ! Enfin, s'il voulait me tuer. Cela revient au même : pourquoi vouloir me menacer ? Parce que je ne veux point enquêter sur cette prophétie ? Ridicule !
"Cristal Démon, va te mettre ta prophétie là où le soleil ne peut pas l'éclairer ou trouve-toi un autre esclave pour l'accomplir !" pensai-je en grognant.
Bon hé bien, je crois que mon subconscient s'est un peu mieux réveillé, là.
Alors, j'essaye de retrouver le contrôle de mon corps. Mon cerveau répond enfin à mes requêtes et arrive à entrouvrir mes paupières. Mais elles se referment illico presto à cause de la farouche et forte luminosité qui a osé s'attaquer méchamment à mes pauvres yeux. Ouais, bon, c'est pas gagné l'histoire ! Comment suis-je sensée faire pour me sortir de ma transe ?
C'est alors que je sens mon corps tressaillir. Pourquoi ? Je viens de comprendre que quelque chose me touche délicatement le front. Je reconnecte complètement mon esprit à mon corps. Je ressens à nouveau cette chose posée sur mon front. Ça me fait froncer les sourcils. Puis, la chose se retire aussi vite qu'elle était apparue.
J'entrouvre à nouveau les yeux et plus longtemps cette fois-ci. Mais quelle agression ! La lumière veut véritablement que je sombre dans les ténèbres une nouvelle fois ! Avant de refermer les paupières, j'ai pu distinguer le sol sur lequel je suis allongée. Un lit. Je ne suis donc plus dans la clairière, car j'ai pu aussi apercevoir une pièce assez mauve où certains murs sont dotés de baies vitrées.
Soudainement, je sens un poids se poser à côté de mes jambes.
"Quelqu'un ou quelque chose est assit sur mon lit."
Je panique un moment, les yeux toujours clos. Stupide lumière ! Je ne sais pas si je suis en danger ou non ! Soudain, ma mémoire se débloqua. Je revis mes derniers instants dans la clairière avant mon évanouissement. Deux hommes en train de tuer Ëphrézias ! Est-il toujours en vie ? Mon dieu, faites que sa vie aie été épargnée !
Au moins, je sais maintenant que l'humanité existe ici.
- Ew... in.. Va... el... en... so... ir... ?
J'ai entendu une voix. Une voix ! Et je la comprends ! Du français ! L'excitation me monta au cerveau, ce qui fit papillonner mes yeux.
- Re... de... !
- E... Vois.
Deux personnes semblent se parler. Quelque chose vint alors toucher mon bras, puis vint se poser délicatement au creux de ma main. Sans le vouloir, je tressaillis.
- Rév... ille... toi... ma... el...
La chose me carresse doucement la main. Je me sens rassurée. Pour le faire comprendre, je papillonne plus vite des yeux. C'est alors qu'entre deux battements de cils j'aperçois une personne posée sur mon lit. Son regard perçant est posé sur moi.
- Donne-lui ça, je te dis !
J'entends de mieux en mieux l'espace autour de moi. Une autre personne avait parlé.
- Non ! Elle doit se réveiller d'elle même ! s'exaspéra une voix féminine.
- Pff ! Très bien. Mais ne venez pas déranger ma noble personne si vous avez besoins de mes services ! Vous gaspillerez vos répugnantes salives pour rien !
Sur ce, j'entendis une porte claquer dans un gros bruit. Cela me fit sursauter. Je relève alors brusquement ma tête, fixant de mes yeux arrondis par la peur mon nouvel environnement.
Je suis dans une salle aux étranges couleurs mauves, rosées, dorées. Je suis maintenant assise sur un lit fait en draps de soie. Plusieurs autres lits sont disposés dans la pièce, souvent séparés par des rideaux bordeaux et ils sont tous assez éloignés des uns des autres. Le plafond est très haut ! Des hamacs y sont accrochés. Un escalier collé au mur a été - certainement - fabriqué pour les atteindre. Puis mon regard se pose sur une table disposée dans le fond de l'immense pièce. Une table chargée de matériel y est installée. Des flacons remplis d'un breuvage colorés sont disposés sur une table à part, à côté d'un mur creusé contenant mille et un livres.
Enfin, mon regard se pose sur deux personnes présentes dans la pièce. L'une est assise sur mon lit, l'autre me surveille, un peu plus en retrait, à côté de ma table de chevet sur laquelle on a disposé l'un des flacons d'une couleur rose.
- Enfin réveillée ! Je pensais que je n'allais jamais avoir le plaisir de plonger mon regard dans tes magnifiques yeux !
J'observe alors la personne ayant parlé ; la personne sur mon lit. C'est un homme aux cheveux de jais. Il porte un magnifique cache-œil sur son œil gauche. Il est majoritairement vêtu de noir. Il porte de longs gants blancs qui lui enveloppent ses avant bras, en découvrant toutefois de grandes mains aux doigts fins. Aussi, il porte un kimono aux reflets violacés et de grosses bottes noires.
L'homme passa une main dans ses cheveux, pour attirer mon attention.
- Je sais que je suis magnifique, mais je ne pensais pas me faire reluquer de cette manière à ton premier réveil, susurra-t-il en faisant naître un sourire narquois sur ses lèvres.
Malgré moi, je me sentis rougir. Je ne savais pas quoi lui rétorquer, je perdais tous mes moyens. La deuxième personne vint alors à mon secours :
- Pas le temps pour tes sornettes, Nevra ! Laisse-moi l'examiner.
La femme poussa l'homme sans gêne. Ce dernier haussa les sourcils d'un air faussement outré. Son regard se posa finalement sur moi. Je détournis bien vite le mien vers la femme qui s'était approché.
Quoi qu'il en coûte, je connaissais au moins le prénom de l'homme en noir. Nevra.
- Bois ça, m'ordonna la femme en me tendant le flacon rose.
J'hésite. Je ne connais pas cette personne. Et ce liquide ne m'a pas l'air d'être un vrai médicament. Mon regard se porta dans les yeux bleus magnifiques de la femme, ignorant la potion qu'elle me tendait. Puis j'ouvris grand les yeux en remarquant sa peau rosée, ses longs cheveux violets, argentés et ses oreilles... pointues ?! Suis-je bien réveillée, moi ? Automatiquement, je pince mon bras pour savoir si je ne rêve pas. Mais ce geste raviva les douleurs qui fusèrent sous ma peau. Je gémis douloureusement ce qui fit rire l'homme maintenant allongé sur mes jambes, puisqu'il ne pouvait plus s'assoir sur le rebord de lit qu'il aimait tant.
- Bois ça, m'ordonna à nouveau la femme, d'une voix compatissante. Cela va faire cesser toutes ces douleurs.
Elle agita son bras qui tenait le flacon pour que je reporte mon attention dessus. Toujours hésitante, je recule alors au fond de mon lit, ramenant la couette jusqu'au dessous de mes yeux. Amusé, Nevra sourit de plus bel. Il dévoila une dentition parfaite. Il passa sa langue sur ses dents blanches, comme s'il avait fin. Je déglutis en voyant sa belle paire de canines assez longues et aiguisées.
- Très bien, abandonna la femme. Dégage Nevra.
L'intéressé stoppa net son sourire malicieux et reporta le regard de son unique œil, d'une couleur améthyste, dans le regard courroucé de la femme aux oreilles pointues.
- Tu ne penses pas ce que tu dis, n'est ce pas ?
- Je suis très sérieuse. Dégage.
Elle le poussa une nouvelle fois, ce qui le fit littéralement tomber du lit dans un grand fracas. Dans une grande rapidité, l'homme se redressa en grognant et en se recoiffant.
- Tu la déconcentres ! Elle doit boire cette potion de soin, alors va plutôt prévenir Miiko de son réveil.
Le dénommé Nevra ne bougea pas d'un poil.
- Tu es la moins placée pour me donner des ordres, bougonna-t-il.
- Pourtant, tu vas aller à faire ce que je te demande de faire ! Aller, ouste ! Dégage ! répliqua la femme sans gêne en désignant la porte du bout de ses doigts.
Nevra soupira en baissant la tête. Quand il la releva, un sourire narquois était apparu.
- Je reviendrais, promit-il. Dès que Miiko sera informée.
Sur ce, il disparu à la quatrième vitesse. En un battement de cils, il n'était plus là.
- Ne fait pas attention à lui, grommela la femme. Bois ce mélange, ça te fera du bien, reprit-elle.
Résignée par le tempérament déterminé de la femme, j'allais me saisir de la potion lorsque la porte s'ouvrit dans un grand fracas.
- ON NE PEUT PAS ÊTRE TRANQUILLES UN INSTANT ICI ?! s'égosilla la femme aux oreilles pointues en fixant le nouvel arrivant.
Ce dernier bafouilla une excuse en s'approchant tout de même. Cet homme avait un physique de rêve. Un teint assez mat rendait encore plus beaux ses muscles saillants et très bien dessinés. Ses cheveux étaient assez longs et argentés.
"C'est l'homme qui m'a sauvée avec Nevra !" pensai-je en le reluquant.
Il porte une armure beige et grise. Elle ne lui protège que ses jambes et ses épaules. Son torse nu laisse apparaître ses pectoraux et ses abdominaux. J'en bave presque ! Mon dieu, Amélie, ressaisis-toi ! Je me relève donc un peu dans mon lit.
- Dégage ! houspilla la femme rosée.
L'homme resta de marbre. Aucune émotion ne le traversa particulièrement, hormis le fait qu'il avait légèrement haussé les sourcils.
- Je suis venu prendre de ses nouvelles, expliqua-t-il. Mais je vois là qu'elle est réveillée et qu'elle va bien. Je m'en vais donc.
Sur ce, il fit volte-face pour quitter la pièce. Je demeurais interdite. Puis ma petite voix faible réussit à articuler des mots :
- Merci... Je vais bien, soufflais-je.
L'homme se retourna, me sourit, avant de quitter l'endroit pour de bon.
- Pff, cette infirmerie est un vrai moulin ! On va bientôt pouvoir y produire un défilé, gronda la femme.
Elle se retourna vers moi et me présenta à nouveau le flacon rose. Alors que je m'apprêtais à le saisir, la porte s'ouvrit à nouveau dans un gros bruit.
- BON SANG ! JE VAIS EN DEVENIR FOLLE ! DÉGAGEZ TOUS À LA FIN ! ALLEZ EMMERDER QUELQU'UN D'AUTRE ! hurla pour de bon l'infirmière.
Le flacon explosa dans les mains de l'Elfe qui bouillonnait de colère. Le breuvage nous éclaboussa, la femme et moi. Sortie de ses gonds, l'infirmière se releva brusquement avant de jeter à terre furieusement les bouts de verre de sa main ensanglantée.
- BORDEL MAIS LAISSEZ-MOI GÉRER LA SITUATION !
Je me cache alors instinctivement dans ma couette. La femme gronda à nouveau de sa voix forte lorsque les nouveaux arrivants s'approchèrent. Puis, son visage se décomposa lorsqu'elle remarqua la seule femme qui venait d'arriver en compagnie de Nevra. Cette dernière était très belle. Elle avait une longue chevelure noire aux reflets bleutés qui lui caressait le dos jusqu'à son fessier. Elle portait de vraies oreilles de renard de la même couleur que ses cheveux. Dans sa main droite, elle portait un sceptre. Celui-ci portait lui même une cage à oiseaux renfermant une flamme bleue.
- Miiko... articula l'infirmière en affairant ses épaules.
- Eweleïn, gronda la Kistune en braquant son regard noir sur l'Elfe.
Je remarquai alors le sourire en coin dessiné sur le visage de Nevra. Il était amusé de la situation ! Soudainement, la femme aux cheveux noirs se retourna vers moi.
- Qui est-tu et pourquoi trainais-tu seule dans la Forêt Florale ?
Ses sourcils toujours froncés, elle me reluqua rapidement avant de replonger son regard bleu électrique dans les yeux verts. J'en frémis.
- Alors ? gronda-t-elle.
- Elle vient de se réveiller, laisse-la respirer, me défendit prudemment l'infirmière d'une voix encore courroucée.
Pour mon plus grand malheur, la Kistune l'ignora et continua de me fixer, ce qui me fit stresser.
- Je... Je m'appelle... Euuh... Amélie... et je... Euuuh... bégayais-je en fixant ma couverture.
- C'est une humaine, déclara Nevra en se rapprochant de moi pour humer mon parfum.
Déstabilisée, je m'enfonçais encore plus dans mes draps.
- Très bien. Je repasserai plus tard. J'ai d'autres Sabalis à fouetter.
Sur ce, elle quitta la pièce sans un regard en arrière. Mon regard passa de Nevra à Eweleïn, sans savoir quoi dire.
- Une humaine... répéta l'infirmière en se massant la tempe droite.
Je lui jetais un regard, ne la comprenant pas.
- Tu as sans doute dû remarquer que ce monde est différent du tiens, Amélie, dit l'Elfe, d'une voix peu apaisée.
-Oui... Mais... Où suis-je ? osais-je demander.
Je sentis un souffle chaud dans mon cou. Je me retournais pour voir Nevra, avec son éternel sourire. Son visage était très proche du mien, ce qui me fit reculer.
- Bienvenue à Eel, la capitale d'Eldarya, sourit-il, comme si ces mots étaient les plus banaux du monde.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top