- XV - Stimmungen

Dîtes, dîtes ! Vous avez vu le nouvel "épisode" de Snk ??! Un pur bonheur ! (Je pleure encore à cause de vous savez quoi et la fin et insoutenable..) Vivement la suite ! 

Le lendemain matin, quasiment au lever du jour, Elenore remit son uniforme du Bataillon avec bonheur. Le confort du pantalon et des bottes lui avait manqué, songea t-elle. C'est d'excellente humeur qu'elle tressa ses cheveux serré et qu'elle dévala les marches de l'escalier en mettant sa cape de laine sur ses épaule. 

Pixis la vit surgir comme un pantin de sa boîte dans la salle à manger où il se trouvait. Soldat, il comprenait l'excitation qu'elle ressentait. Père, il s'inquiétait et se répétait tout bas que de toute manière, tant que le printemps ne serait pas de retour, il n'y aurait pas d'expédition extra muros. 

— Es-tu prête ? Demanda t-il doucement à sa fille adoptive.

Elenore releva ses yeux dorés vers le visage du vieil homme. 

— Plus que jamais. 

Il soupira tout bas et posa sur sa tenue de la Garnison une chaude cape et se dirigea vers la porte de la demeure. Elle le suivit et ils sortirent. Le froid était mordant et les rues étaient encore recouvertes de neige, comme les arbres, les toits, les murs.. 

Elenore inspira puis expira et un nuage de buée se condensa devant ses lèvres. Un grand chariot se tenait là, attelé de deux chevaux alezans. Elenore entendit la porte s'ouvrir et se fermer derrière elle et elle se retourna pour voir Ludwig, Elina, Miriam et Carl qui se tenaient là, chaudement emmitouflés.

— Vous nous manquerez, Mademoiselle Elenore. Dit Ludwig en venant affectueusement embrasser les deux joues de la jeune fille. 

— Vous aussi, Ludwig. 

Elina se précipita vers Elenore pour la serrer dans ses bras et Miriam, qui restait à côté de Carl, se contenta de murmurer :

— Revenez nous voir, à l'occasion. Mais faîtes quand même attention à vous. 

Elenore avait presque les larmes aux yeux. Bien sûr qu'ils lui manqueraient ! 

— Je reviendrais Miriam, c'est promis.

Les domestiques entrèrent dans la maison et Elenore se tourna vers Pixis pour lui dire qu'elle était prête à partir. La pâle lumières des lanternes accrochées à la charrette éclairaient le visage décidé de la jeune fille et Pixis soupira intérieurement. Il l'avait entraînée sévèrement mais l'avait gâté autant que s'il avait s'agit de sa propre fille. Savoir qu'elle était perpétuellement en danger ne le ravissait pas. 

La veille au soir, Alexander et Rita étaient venus dîner pour saluer la jeune fille. Quant à Swen, Elenore n'avait pu lui dire correctement au revoir.

Justement, à cet instant, un cavalier s'approcha et Elenore ne tarda pas à reconnaître la chevelure blonde de Swen qui posa un pied à terre. 

— Elenore, Commandant Pixis. Laissez moi vous accompagner. Je serais plus que ravi de voir l'enceinte du mur Maria. 

Elenore voulut lui dire que cela n'en valait pas la peine mais elle se souvint de la discussion qu'ils avaient eu la veille, devant l'arbre. 

Elle sourit et acquiesça. 

Pixis prit place à côté d'Elenore sur le devant de la charrette et Swen remonta sur son cheval. 

Le jour se levait enfin quand ils traversèrent l'enceinte du mur Sina. En début de matinée, le lendemain, ils parviendraient enfin à la base du Bataillon. 

Le trajet ne fut ni particulièrement mouvementé ni particulièrement drôle. Les paysages défilaient, recouverts de neige épaisse et le froid semblait se faufiler sous leur tenue. Après une nuit dans une auberge au sein du mur Maria, ils repartirent. Ils ne leur restaient guère qu'une vingtaine de kilomètres. De quoi arriver dans deux heures, en poussant les chevaux au trot. Cela ne leur ferait pas de mal, ils auraient bien chauds ainsi. 

Sur la fin du trajet, Swen sollicita l'aide de Pixis, car il voulait parler un moment avec Elenore. Le commandant de la Garnison acquiesça et prit la place de Swen sur son cheval, laissant Elenore piloter le charriot, Swen à ses côtés.

Comme le silence se faisait pesant, il entama la discussion. 

— Je suis content d'avoir pu voyager au moins un peu en dehors du mur Sina. 

Elenore eut un petit rire contenu. 

— Tu n'as pas vu grand chose, malheureusement. Cette région est bien plus belle au printemps, ou en été. 

Swen baissa les yeux sur ses genoux. Maintenant qu'il y était, il avait de disparaître sous la neige. Habituellement, il ne manquait pas de courage mais quand il s'agissait d'elle, il perdait ses moyens. 

— Elenore. Avant que tu ne retrouves le Bataillon.. Je voulais te dire quelque chose. 

La jeune fille fronça imperceptiblement les sourcils. Que pouvait-il bien avoir à dire ? 

— Depuis que je t'ai revue au port, il y a deux mois, je n'ai pas cessé de penser à toi. 

Elenore se retint de justesse de lever ses yeux au ciel. 

C'était justement ce qu'elle craignait.  

— Je veux dire, Elenore, que j'ai des sentiments pour toi. 

La jeune femme leva un regard interdit sur son ami. 

Elle ne savait pas quoi dire et il poursuivit. 

— Je sais que ce n'est pas du tout dans l'optique de ta vie, je sais que je ne représente pas ce que tu désires mais je voulais que tu saches que je t'aime. 

Elenore sentit sa gorge se serrer et comme un poids glisser dans son œsophage.  

— Swen.. Je.. 

Elle se serra les lèvres nerveusement. Elle s'apprêtait ni plus ni moins à briser le cœur de son ami. et cela lui fit mal. Oh qu'elle aurait souhaité qu'il se taise ! Qu'il ne lui confesse pas ses sentiments ! Qu'il l'ignore, ou qu'il renonce à l'aimer. 

Elle était embarrassée et le poids sur sa poitrine se faisait plus dur à supporter. 

C'est d'une voix éraillée et fluette qu'elle répondit :

— Je suis désolée. 

Elle voulut poursuivre mais Swen lui posa une main sur la bouche, fermant les yeux avant de secouer doucement la tête. 

— N'en dis pas plus. Je sais. 

Sur son visage néanmoins, Elenore vit apparaître une lueur de profond désespoir. 

— À vrai dire, je m'en doutais un peu, reprit-il, un sourire triste aux lèvres. Mais tant que tu es heureuse, cela me suffit. 

Il sourit un peu plus franchement et lui tendit sa main. 

— Si jamais tu as besoin d'aide pour quoi que se soit, je serais là. Promets-moi de ne pas mépriser l'aide que je pourrais t'apporter. 

Elenore serra les dents et sourit tristement, saisissant la main de Swen avant de la serrer. 

— Merci Swen. Je te le promets. 

Ils séparèrent leurs mains et Elenore crut bon d'ajouter :

— Tu es quelqu'un de bien Swen. Ne m'attend pas pour trouver le bonheur. 

Il hocha la tête et fit signe à Pixis et ils échangèrent leurs places. 

Le commandant, loin d'être aveugle, glissa un bras réconfortant sur les épaules de sa fille. 

— Tu n'es pas loin de lui avoir brisé le cœur.  

Elenore appuya doucement sa tête sur son père adoptif et soupira tout bas, en regardant la silhouette de Swen, non loin :

— Je sais. Je regrette mais je n'avais pas le choix. 

Pixis darda sur elle un regard doré intense. 

— Je sais. 

Ils n'avaient pas besoin de davantage de mots. Elenore resta ainsi soutenue par Pixis jusqu'à l'ultime instant de leur voyage. 

Les bâtiments du Bataillon apparurent soudain et le château ne semblait habité que grâce à la lueur que l'on percevait, derrière les fenêtres. Il devait être dix heures du matin et a priori, tout le monde devait être levé. 

La charrette entra dans la cour du château et un coup rapide de trompe sonna, pour avertir les occupants du château de l'arrivée de visiteurs. 

En effet, Elenore aperçut bientôt une silhouette emmitouflée sortir du château avant de marcher vers eux. Si elle eut du mal à le reconnaître au premier abord, elle sourit en descendant promptement de la charrette pour le saluer. 

— Lieutenant Kott, le salua t-elle. 

— Elenore Brooke, ravie de te voir de retour parmi nous. 

Le second d'Erwin esquissa un franc sourire. Ses cheveux noirs en bataille étaient camouflés sous sa capuche et son regard vert scintilla d'une lueur bienveillante. 

Fynn se tourna vers le commandant Pixis pour le saluer :

— Commandant Pixis, c'est un honneur de recevoir votre visite. 

— Je me devais de raccompagner ma fille ici, tout de même. 

Elenore eut une moue et marmonna :

— Comment faire bien remarquer à tout le monde qu'il est mon père..

Pixis eut un sourire amusé et alors, Fynn Kott tourna son regard vers Swen. 

— Et bienvenu..

— Swen Lauer. Je suis un ami d'Elenore. 

— Lauer ? De la famille de Yarckel ?

— C'est bien cela. Je désirerais m'entretenir avec le Major Erwin si cela est possible. 

Fynn hocha la tête doucement.

— Cela devrait pouvoir se faire.. Si vous voulez bien me suivre.

Au moment où Fynn allait s'éloigner, il se retourna pour regarder Elenore. 

— Elenore, le Major Erwin voudrait que tu passes dans son bureau plus tard. Il doit t'entretenir d'un sujet important. 

— Bien, lieutenant. 

Fynn s'éloigna, Swen sur les talons et surgit soudain de derrière une colonne une boule d'énergie inarrêtable.

— Mais atteeennnd moi !! Criait une voix derrière elle. 

Une masse de cheveux bruns vint envahir le visage d'Elenore alors qu'elle se retrouva allongée dans la neige, sans avoir le souvenir d'être tombée. 

— Elenore ! Je suis si contente de te revoir, tu n'imagines même pas !

Après une rapide étreinte, la folle se redressa et aida Elenore à se remettre debout avant qu'Egon ne vienne à son tour la serrer contre lui. 

— Bon sang, ça fait du bien de te revoir ! Tu nous as manqué. 

Elenore épousseta rapidement la neige qui maculait ses habits et sourit à ses amis. À l'autre bout de la cour, Swen avait déjà disparu, suivant Fynn Kott. Et on eut dit aussi que Pixis avait disparu puisqu'Elenore ne le vit pas. 

— Cela fait combien de temps que tu es partie ? Deux mois et demi ? Au moins ? Tu as l'air en pleine forme !

Elenore regarda la brune et acquiesça en souriant largement. 

— Oui, je suis complètement remise et j'ai passé un excellent séjour chez Pixis. J'ai d'ailleurs rapporté quelque chose pour vous. Et j'ai besoin de votre aide pour ça. 

Egon s'interrogea et demanda :

— Qu'est-ce que tu manigances ?

Elenore eut un grand sourire et murmura :

— Il nous faut réussir à convaincre l'équipe de cuisine du jour de nous laisser sa place. 

— Je m'en charge ! cria Egon en s'éloignant en courant. 

Elenore elle, fit le tour de la charrette pour en ouvrir le rideau et dévoiler aux yeux ébahis d'Hansi une montagne de provision. 

— J'ai demandé à Papixis de l'aide pour tout rassembler mais il y a là de quoi faire trois ou quatre repas de roi pour le Bataillon. C'est la bonne saison, puisque beaucoup restent au château et ils seront sûrement ravis de manger quelques bons repas. 

Hansi, les yeux brillants, ne se retint pas de sautiller sur place. 

— Bon.. Je dois apporter tout ça aux cuisines, en espérant qu'Egon a réussi à les convaincre que nous prenons le relais. 

Hansi, toute excitée, attrapa la bride d'un des chevaux et guida le chariot jusqu'à la porte arrière des cuisines. 

À ce moment, Egon sortit sa tête pour leur dire que tous étaient partis. 

Alors, tous les trois commencèrent à décharger les provisions. Ils ne leur restaient qu'une bonne heure et demie pour préparer le déjeuner pour le Bataillon. 

— Qu'est-ce qu'on mange ? Demanda Egon à qui l'on venait d'expliquer en quoi consistait la surprise. 

— De la blanquette de veau, répondit Elenore. 

Hansi fronça les sourcils. Elle n'avait jamais entendu parler de ce plat.

Commença alors la longue préparation du plat. Les carottes en morceau bouillonnèrent bientôt avec les champignons et les pommes de terre. 

Hansi, dubitative quant au résultat, suivit les instructions d'Elenore qui lui indiqua d'ajouter trois bouquet garni de plantes aromatiques. 

Aussitôt, une bonne odeur s'installa dans la cuisine. Egon inspira longuement, se léchant presque les babines d'anticipation. 

La quantité phénoménale de viande de veau rejoignit bientôt l'immense marmite. Le feu crépitait et quand la viande fut prête, Egon ajouta quelques jaunes d'œufs tandis qu'Elenore versait une bonne dose de vin blanc dans le plat. 

C'est une bonne heure après le début de la préparation que le plat fut prêt. Les trois amis se sourirent avant qu'Elenore ne plonge la cuillère dans le plat. 

— Qui se porte volontaire pour goûter ?

Hansi et Egon échangèrent un regard amusé et, de concert, leurs estomacs gargouillèrent. 

Elenore rit et les deux amants se disputèrent pour prendre la cuillère des mains de la jeune fille. 

Finalement, c'est Hansi qui goûta. 

L'air de béatitude qu'elle afficha rassura immédiatement Elenore. 

— C'est trop booon !!!!

Egon lui prit la cuillère des mains. 

— Fais voir, je veux goûter aussi. 

Elenore ne put retenir un éclat de rire franc. Qu'ils lui avaient manqué ! 

— Ouah.. C'est un délice, je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon ! J'en veux plus !

Elenore s'interposa. 

— Non, Egon, ça suffit, il en faut pour tout le Bataillon. 

— Allez.. S'il te plaît..

— Non. Aidez-moi plutôt à mettre tout ça dans des plats. Cela va être l'heure d'apporter tout ça au réfectoire. 

— Pff.. 

Egon souffla en se mettant au boulot et Elenore jeta un œil à Hansi. 

— Être avec lui.. Ce doit être un sacré défi. 

Hansi rougit légèrement avant de murmurer :

— Pas vraiment.. C'est plus facile que ce que j'aurais pu imaginer. 

Elenore eut un sourire en coin et demanda tout bas :

— Est-ce que je peux revenir dans ma chambre où Egon a pris ma place ?

Hansi balbutia quelques mots inaudibles avant de dire :

— Bien sûr que tu peux revenir. Je ne vais pas te chasser. 

— Oh.. Pas même pour ton prétendant ? 

Hansi lui tira la langue. 

— Cesse de m'ennuyer. 

Elenore rit doucement avant d'aider Egon à mettre la blanquette de veau dans des plats. Disposant tout cela sur le chariot, tous trois se dirigèrent vers le réfectoire du château. 

***

 Erwin décroisa ses doigts et laissa son dos s'appuyer sur le dossier de son fauteuil. Il eut un léger sourire et dit doucement :

— C'est une généreuse proposition, Monsieur Lauer. Puis-je néanmoins vous demander d'où vous vient cet intérêt particulier pour le Bataillon d'Exploration ? 

Swen, assis en face de lui, dans un fauteuil similaire, eut un petit sourire triste et baissa les yeux avant de regarder Erwin dans les yeux. 

Bleu dans le bleu, il lui dit :

— J'ai une amie précieuse, ici. Et je me suis laissé dire que mieux vous étiez équipé et meilleures étaient vos chances de survie lors des expéditions. 

Erwin sourit intérieurement. Il croyait savoir qui il s'agissait. 

Se levant, il tourna le dos à Swen pour contempler la neige qui virevoltait à l'extérieur. Elle avait recommencé à tomber quelques minutes auparavant, au vu de la faible fréquence de chute. 

Les mains dans le dos, observant par la fenêtre la nature recouverte de neige immaculée, il soupira :

— Cette décision vous honore, mais d'autres parmi les nobles ne verront pas cela d'un bon œil. À commencer par votre propre père qui est assez influent si je n'abuse. 

— C'est vrai, reprit Swen avant d'ajouter : Mon père j'en fait mon affaire. Quant à l'opinion publique, si vous pouviez éviter de dévoiler l'origine de ce financement.. cela serait mieux pour moi. 

Erwin sourit en coin avant de se retourner pour regarder le jeune en face de lui. Pas dénué de courage, ma fois, songeait-il. 

— C'est accordé, Monsieur Lauer. Je vous remercie de votre générosité. 

Le Major du Bataillon s'avança vers le jeune homme qui se leva de son siège pour tendre la main au gradé. 

— C'est un honneur de pouvoir contribuer à votre mission, major. 

Ils se serrèrent la main et une cloche tinta au loin. 

Erwin retroussa le coin de ses lèvres et déclara :

— Il semble que se soit l'heure du déjeuner. Vous joindrez-vous à nous ? 

Cette question permettait à Erwin de déceler qui était réellement devant lui. Un jeune homme prometteur, ou un lèche botte ? En un mot, mettrait-il son statut social de côté pour partager le repas avec des inférieurs ?

Swen acquiesça doucement, répondant :

— Avec grand plaisir. Le voyage m'a donné faim. 

Le major du Bataillon ne put s'empêcher d'hocher la tête. Swen Lauer. Un noble particulier. Un jeune homme honorable. 

Tous deux descendirent les escaliers pour rejoindre le réfectoire où ils retrouvèrent Pixis attablé à la table d'honneur. 

— Pixis ! Je suis content de vous voir ! Déclara Erwin en lui serrant la main chaleureusement. Si vous êtes là c'est donc que..

— Oui, j'ai tenu à accompagner ma fille jusqu'ici. Et je serais ravi de m'imposer pour le déjeuner, si vous me le permettez. 

— Je vous en prie, restez. Mais où est donc Elenore ? Interrogea le Major. 

Fynn vint s'installer sur le banc, à côté du Major et lui répondit. 

— Il semblerait qu'Elenore soit occupée aux cuisines. 

— Aux cuisines ?!

À l'instant où il posait la question, les portes du réfectoires s'ouvrirent et une bonne soixantaine de soldats entra pour s'installer à table. 

Encore deux minutes après, les portes s'ouvrirent à nouveau sur Hansi et Egon cette fois, accompagnés d'une Elenore en pleine forme, qui souriait largement. 

Du chariot qu'ils trainaient, de dégageait un exquis fumet. Qu'avaient-ils préparé ? 

Les soldats haussèrent les sourcils. Quelques-uns reconnurent Elenore et lui souhaitèrent un bon retour parmi eux. Elenore, souriante, leur répondit chaleureusement avant de prendre doucement la parole. Tous se turent et elle déclara :

— Je suis ravie d'être de retour ici et en guise de cadeau, le Commandant Pixis nous offre quelques repas festifs. Joyeux Noël ! 

 Un tonnerre d'applaudissement résonna dans le réfectoire et Elenore, secondée d'Hansi et Egon, servirent les assiettes. 

Des murmures satisfaits s'élevèrent presque immédiatement. Les conversations étaient joyeuses, et l'on entendait quelques rires. 

Cependant, sur le visage d'Elenore, une ombre passa. Hansi le remarqua et lui demanda :

— Qu'y a t-il ? 

La châtain sembla reprendre ses esprits et sourit doucement. 

— Rien.. je me suis perdue dans mes pensées. 

Au moment où elle disait cela, un soldat seul entra dans le réfectoire et le cœur d'Elenore sursauta dans sa poitrine.  

Il se stoppa, devant le tableau inhabituel. Les soldats beaucoup plus joyeux que de coutume, ce gradé aux côtés d'Erwin, ce noble assis là, et elle, rayonnante au milieu d'eux tous. Le sourire aux lèvres, elle tourna la tête et l'aperçut. Aussitôt, elle reprit un air plus grave et il s'arrêta net, comme s'il avait été frappé par la foudre. 

Si tous étaient trop occupés à déguster leur plat, Swen, lui, ne manqua pas de remarquer l'arrêt des deux concernés. 

Il voulut dire quelque chose et finalement, c'est mécaniquement qu'il prit une assiette et la tendit à Elenore qui le regarda intensément sans rien dire. 

L'or dans l'ébène. Deux regards qui voulaient dire plus que des mots. Il se sentait tellement coupable. 

— Livaï. Finit-elle par dire. 

— Content de voir qu't'es toujours en vie. Grommela t-il. 

Venant de Livaï, se dit Elenore, c'était presque réellement gentil. Elle esquissa un faible sourire et le servit. 

— C'est de la blanquette de veau. Lui dit-elle. J'espère que ça te plaira. 

Livaï la regarda dans les yeux et murmura tout bas :

— Merci. 

Elenore sentit son cœur se réchauffer. c'était plus qu'une intuition mais elle avait compris qu'il la remerciait pour les blasons, pas seulement pour le plat. 

Elle se rendit alors compte qu'ils se tenaient bêtement face à face, tenant une même assiette. 

Elle toussota nerveusement et détourna le regard en lâchant l'assiette, chuchotant :

— Me remercie pas. C'était normal. 

Il se pinça la lèvre et alla s'asseoir silencieusement. 

Hansi, qui n'avait pas manqué une miette de la scène s'empressa de venir la taquiner. 

— Ben alors.. Je ne savais pas que l'ambiance était si tendue entre vous.. Des révélations à nous faire peut-être ?

Elenore se pressa de lui tourner le dos. 

— Pff. N'importe quoi. 

Mais la brune remarqua avec amusement la rougeur qui semblait envahir les oreilles de la jeune fille. 

Oh oui, il y avait quelque chose entre eux. Et elle ferait tout pour que les choses avancent. 

Swen, toujours assis à côté de Pixis, n'avait pas manqué cela, lui non plus. Il sut, il sut à ce moment précis qu'il ne faisait même pas partie de l'équation. C'était ainsi et il devrait s'y faire. 

Le cœur définitivement lourd, il termina son plat qui lui sembla tout à coup bien plus fade. 

Les soldats du Bataillon n'avaient jamais aussi bien mangé de leur vie. Et Livaï, tout bas, constatait qu'il n'avait jusqu'à présent goûté que peu de saveurs. 

Il passa une main sous son gilet, effleurant des doigts les blasons de Furlan et Isabel, cousus à l'intérieur et retint une vague de tristesse. 

Qu'auraient-ils pensé de ce repas eux ? Ils auraient sûrement adoré. C'était plus que certain. 

Pour l'heure, il jetait de temps en temps un regard à la jeune femme qui souriait, plaisantant avec Egon et Hansi, en mangeant son plat. 

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