Introduction
La vie n'est pas un long fleuve tranquille, on vous a menti. Nous sommes le 25 Novembre 2023 et aujourd'hui commence le récit de mon torrent.
Nous trouverons son origine il y a un peu plus de vingt-neuf ans dans une petite bourgade chaleureuse. Ce genre d'univers où l'on rêve de faire naître un enfant dans le but de ne jamais le voir se confronter à la vie. Ces localisations uniques, éloignées de tout et isolées du monde réel, bien que s'y trouvant en plein milieu. Ce type de bled où vous pouvez entendre cette fameuse phrase bien lourdingue : « Eh ben je te dis pas, je viens d'un lopin où y a plus de vaches que d'habitants, dites donc ! ». Ajoutez-y une touche d'accent vaudois, pour ceux qui connaissent, les autres navrée pour vous, et vous aurez compris. Un lieu qui aurait su inspirer Kamini mieux que Marly-Gomont...
Mon plus grand traumatisme était donc les croche-pattes vécu à la récréation, car oui je savais me faire beaucoup d'amis, et les cartes Pokémon déchirées sur le pupitre en revenant m'asseoir, une épreuve véritablement éprouvante pour une enfant de six ans, ne vous y trompez pas !
Mais assez parlé de cette époque ignorante, innocente, trop éloignée de ce que l'on souhaite retrouver dans un livre. Les vaches et les Pokémons sont sympas ceci-dit, mais vous vous en doutez, l'histoire d'une vie ne peut se résumer à cela, bien qu'une existence de vingt-neuf ans soit bien courte admettons-le.
Les années ont passé, preuve en est, je sais lire et écrire et même lacer mes chaussures ! Je travaille, j'aime, je déteste, je ris et je pleure, je profite, je souffre et j'admire tant et plus sur le grand huit de l'existence. Et ce grand huit, nous le ferons commencer dans un petit établissement de nuit dans lequel je m'entraînais à mes grands talents de serveuse. Jamais je n'aurais aussi bien compris l'expression « quand on n'a pas de tête on a des jambes » que dans ce travail.
Oui, un esprit libellule, une tête de linotte, des yeux rêveurs et une capacité à être partout sauf là où le corps se trouve, voilà des caractéristiques propres à rendre la vie de serveuse on ne peut plus aisée. Je virevoltais donc entre les tables d'une démarche assurée, ou en tout cas rapide, prenais des commandes dont jamais je ne me souvenais, apportait un mojito à la belle dame qui attendait patiemment son Amaretto et m'excusais pour la dixième fois d'avoir encore oublié la carafe d'eau de la table 201, qui pourtant était fort sympathique !
D'un naturel extrêmement timide, chaque jour était une épreuve que je surmontais, avouons-le, avec succès ! Fini les crises de tachycardie, terminé les sueurs excessives, les joues cramoisie et les bégaiements à chaque « Bonjour, que puis-je faire pour vous ? ». L'évolution était là, on en revient toujours aux Pokémons, pourtant je n'y connais rien ! Les années ont passé, le bar est resté, et moi avec. Jusqu'au jour où il est rentré.
Ne me demandez pas qui, je n'en ai aucune idée ! Ou tout du moins, je n'en avais aucune en ce temps là... La légende voudrait qu'il m'ait immédiatement remarquée, qu'une aura m'entourait et qu'elle n'avait rien à voir avec le reflet des lampes sur mes cheveux blonds. Il paraît même qu'on se serait dit bonjour et, tenez-vous bien, que je lui aurais servi son Get 27 sur glace pilée... Eh oui ! Comme quoi, il m'arrivait de faire des trucs de dingue dans ce bar. Et il est parti, sans que je ne sache toujours pas qui il était, quand bien même son arrivée devait changer ma vie. Car oui, ma vie, en ce temps-là, c'était mon travail, mon appartement, et mon amoureux le plus fidèle, une petite boule de poil grise nommée Chanel. Il était mon confident, mon pied à terre, mon meilleur ami et le seul à ne jamais ni me décevoir ni m'abandonner. Il était celui qui rendait ma vie plus douce, plus brillante, qui lui donnait un sens et qui faisait battre mon cœur au plus fort. Jamais il ne m'embêtait parce que je regardais trop Sexe in The City, ni ne critiquais ma façon de cuisinier. Bon, j'admets, il me grondait quand je rentrais trop tard sans prévenir, mais que voulez-vous, ça reste un mâle...
Chanel était ma raison de rentrer chez moi, mon foyer et celui qui me permit de calmer mes nuits d'errance à rentrer chez tout le monde sauf chez moi. Ses petits yeux verts suffisaient à me rappeler à mon devoir de maman, l'idée de sa solitude était tout ce qu'il me fallait pour rentrer et profiter de sa présence en partageant avec lui mes bâtons de berger sur le clic clac du studio devant Kari Bradshaw et Mister Big. Mais je m'égare.
Celui qui devait changer ma vie a en effet quitté mon bar, mais il y est aussi revenu ! Pour un bar essentiellement constitué d'habitués, admettons que c'est étrange. Et ça le devient d'autant plus en apprenant que ce même changeur de vie s'avérait en fait faire partie d'un groupe d'amis en commun. Nous frôlons ici l'extase de l'étrange et je vous remercie de participer béatement à ces révélations extraordinaires !
Ainsi, j'appris son prénom la deuxième fois, qui était une première pour moi. Nathan. Nathan n'était pas du tout mon genre. Blond, à peine plus grand que moi, il était charmant et plaisant à regarder, mais jamais je ne me serais retournée sur lui dans la rue. Non, pour ça il lui manquait le danger, ce mordant de ceux qui vont vous faire fondre, puis congeler, puis fondre encore, jusqu'à vous transformer en un vague nuage de buée dispersé et qui ne sera plus jamais intact.
Non, lui, Il était la sécurité, il était la joie, la loyauté, la promesse d'une vie paisible... alors à quoi bon s'y intéresser ? Bonne question n'est-ce pas ? Parce qu'il était celui qui finissait sur les tables à danser jusqu'au bout de la nuit, à faire des culs-secs de Get 27 avant de prendre la voiture en pleine nuit, celui qu'il faut récupérer au poste en pleine nuit et qui se permet encore de faire la tête parce qu'on le sermonne.
Voilà ! Voilà enfin de bonnes raisons de se retourner, puisque je vous le disais ! Il était un changeur de vie. Il était mon changeur de vie. Et notre histoire démarra dans un kebab, lui allongé sur des chaises pliées, moi discutant avec nos amis mon fidèle redbull à la main. Il était 6h du matin, et j'ai su que, si vie il devait y avoir, ça serait avec ce blond ivre mort qui tanguait sur ses chaises que je devrais la passer.
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Voila pour ce premier essai d'une histoire en construction qui sommeil en mois depuis des années. Je n'abandonne pas la réécriture de mon autre histoire, pour ceux que ça intéresse, mais l'idée d'écrire celle-ci me démange bien trop, alors la voici ! Dans un style complètement différent de l'autre, je vous laisse me donner vos premier avis si le cœur vous en dit.
Merci d'être là !
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