Grandir est un exil
Enfant, ma tête était nourrie de centaines et milliers de rêves tous aussi irréalisables aujourd'hui les uns que les autres. Quelque part, j'ai lu que grandir est un exil.... Je n'y avais jamais vraiment cru, jusqu'à ce qu'Enfance me livre à son amie Adolescence sans même me donner les termes du contrat.
Enfant, je rêvais d'un monde juste où les méchants n'existaient pas, un monde dans lequel le mot "jugement" n'était simplement qu'une légende, un monde où tout le monde s'aimerait et où personne ne serait exclu... Aujourd'hui je me retrouve confronté.e à une société de laquelle je me sens moi-même exclu.e, à une société dans laquelle l'hypocrisie est devenue une valeur, une société dans laquelle le mot "unité" n'est qu'un mythe.
Enfant, tout ce que je désirais c'était qu'un jour, la tristesse s'évaporerait tout comme l'eau un jour s'évaporera de la planète si on continue à faire les cons, je ne désirais que des larmes de joie, des milliers de larmes de joie... Aujourd'hui, je fais face à une réalité dans laquelle les gens ne font que de s'enfermer dans leurs problèmes et ignorent les mains qu'on leur tend, je fais face à une réalité dans laquelle la société va de plus en plus mal.
Enfant, je ramassais les papier par terre pensant que cela suffirait à arranger les problèmes climatiques qui commençaient à pointer leur nez... Aujourd'hui, je me rends compte que l'on m'a toujours trouvé.e pathétique avec ma manie de jeter les papiers à la poubelle parce que dans tous les cas la Machine infernale est lancée puisque l'Homme a décidé de s'auto-détruire, mais également parce que mes petites mains ne pouvaient pas concurrencer avec ces grosses usines à fumée noire.
Enfant, je m'imaginais déjà dans l'adolescence : liberté, amour, romantisme, petite rose de saint Valentin, sorties en bande de potes jusque tard dans la nuit, le collège/lycée trop cool, acceptation de moi-même. Le Paradis quoi!... Aujourd'hui, je suis arrivé.e à cette période que j'attendais tellement et j'aimerai juste redevenir enfant et fuir cette réalité qui se présente à moi: refus de ma féminité, une période collège-lycée dans laquelle j'ai subi l'humiliation et le rejet, pas de potes et des sorties très limitées, des râteaux à perte de vue. L'Enfer quoi!
Enfant, je m'imaginais adulte, ayant assez d'argent pour nourrir deux/trois gosses, faire voyager ma mère, m'acheter une petite maison ainsi que tout ce que je voudrais... Aujourd'hui, même sans avoir atteint l'âge adulte, je suis confronté.e à la dure réalité que pour réaliser de tels rêves il faut l'argent, un argent qui, dans ma famille, subvient à peine à nos besoins.
Enfant, je désirais que ma mère et moi soyons immortel.les, pour qu'on puisse vivre ensemble toute la vie et pour toujours, heureux.se comme on l'était... Aujourd'hui je me rends compte qu'à a peine dix-sept ans, je me demande déjà comment je vais faire pour continuer à vivre, mais surtout si je vais y arriver avec cette vie qui devient de plus en plus chère. Pourrais-je me nourrir? Subvenir aux besoins de ma mère si elle tombe malade? Pourrais-je avoir un toit? Un bon toit?
Enfant, je désirais devenir paléontologue, vétérinaire... Aujourd'hui je me rends compte que l'histoire j'en ai déjà ras-le-cul et que je ne supporte pas la vue du sang.
Enfant, je désirais me marier, parce que je trouvais ça tellement beau, la robe blanche, la cuisine gastronomique, la Lune de Miel... Aujourd'hui je me rends compte que, vu le coût de la vie, se payer un mariage c'est un peu moyen moyen, et que de toute manière je serais sûrement célibataire toute ma vie.
Enfant, je voulais tellement avoir des enfants, parce que je trouvais ça tellement mignon, avec leurs petites mains, petits pieds... Aujourd'hui, je suis confronté.e à une réalité dans laquelle les familles monoparentales sont devenues une norme, à la réalité que l'accouchement c'est douloureux, mais surtout à la réalité que je ne sais déjà pas m'occuper de moi-même. Comment pourrais-je espérer savoir m'occuper d'un enfant?
Enfant, je disais toujours à ma mère que je ne serais jamais comme toutes ces personnes qui font du mal au coeur à leurs parents... Aujourd'hui, je suis ce.tte connard.sse d'enfant qui s'oppose à sa mère quel que soit le sujet, je suis celle.lui qui a conduit ma mère dans des fossés que mon père avait creusés en disant "de toute manière à l'adolescence tu en boufferas avec ta fille", je suis celle.lui qui a fugué.
J'ai lu quelque part que grandir est un exil... Et je me rends compte que je me suis exilé.e de mes rêves... Ca me fait peur.... Les enfants de demain pourront-ils un jour espérer rêver toute une vie?
Tout ce que je sais, c'est que je n'ai qu'un rêve qui me reste désormais :
Enfant, je rêvais d'être chanteur.se, apprendre le japonais... Aujourd'hui je me bats, je m'entraîne dur pour m'améliorer en chant, j'apprends le japonais régulièrement, et je vais me battre pour rentrer dans une agence virtuelle le temps de devenir un.e artiste professionnel.le.
Grandir c'est certes un exil... Mais je vais me battre pour garder ce petit bout de moi qui me dit que je peux toujours rêver, mais surtout rêver éveillé.e : je refuse d'être comme toutes ces personnes qui s'enferment dans leur mal-être! Alors pour ma fierté, ma force, cel.lui que je suis, je garderai ce pan de moi qui me reste à travers la chanson.
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