La scène du balcon
* Bonjour !Une nouvelle histoire boyxboy !*
La fenêtre était ouverte.
Sans cette barrière pour les protéger du monde extérieur, il aurait pu faire froid. Mais ce n'était pas le cas. Venue de l'extérieur, la brise caressait leurs bras, effleurait leur nuque et faisait voler les mèches légèrement rosées de l'un et les pans de la chemise de l'autre. Elle n'était rien de plus qu'une caresse. Une douce caresse sur leur épiderme qui leur permettait de rester éveillés aux heures les plus folles de la nuit. De toute manière, la brise n'aurait pu en rien modifier leur température corporelle.
Ils avaient bien trop chaud. Le terme chaud était-il suffisant ?
Ce qui coulait dans leur veine, c'était une sensation qui puisait ses origines dans une autre galaxie. Ce n'était point de la lave qui avait remplacé leur sang et ce n'étaient pas non plus des braises qui brillaient dans leurs pupilles. C'était quelque chose d'une toute autre nature. Sans doute qu'aucun mot de notre pitoyable langue humaine n'était capable de définir ce que ces deux-là ressentaient l'un pour l'autre.
Il n'y avait pas de flamme qui consumait l'intégralité de leur être. Pas non plus de tempête qui emportait tout sur son passage ou de tremblement qui avait fait s'effondrer toutes leurs certitudes. Et encore moins de souffle glacial qui avait givré un à un tous leurs doutes.
Il y avait quelque chose, cela était certain. Seulement, il était impossible pour les autres de le comprendre parfaitement.
D'autres personnes auraient pu y arriver. Après tout, un large public aurait pu se prêter au jeu. Eparpillés entre l'espace consacré à la piste de danse et les tables dont les nappes avaient disparu sous les nombreuses bouteilles, un nombre conséquent d'invité aurait pu prendre plaisir à les observer. A épier la scène du balcon, un peu plus moderne tout de même que celle qui avait réuni Roméo et Juliette. De plus, avec la fenêtre restée ouverte, tout ceux passant dans la rue à ce moment-là auraient pu remarquer qu'il se passait quelque chose. Même les quelques fêtards chantant des airs étranges et très certainement entièrement faux en auraient été capables.
Mais au fond, personne n'aurait pu ne serait-ce que commencer à saisir le sens du lien qui s'était tissé entre les deux protagonistes. Car pour cela, il aurait fallu prendre la peine de les regarder. Sauf que personne ne se donnait cette peine. Toutes les créatures humaines présentes ce soir semblaient avoir freiné leur instinct naturel de curiosité. Pas même un coup d'œil de temps à autre. Comme s'ils ne voyaient pas les deux amis discutant au bord de la fenêtre.
Comme si... ils n'étaient pas vraiment là, mais dans un autre monde. Un autre monde où ils n'étaient qu'eux deux. Rien qu'eux deux.
Une petite bulle de bonheur dont ils étaient les deux seuls à connaître l'existence. Ils discutaient sans jamais s'interrompre. Les mots s'évanouissaient et d'autres prenaient leur place. Ensuite, le même cycle recommençait. Des mots, des phrases, des idées, des contractions, des débats, tout cela s'enchainait ensuite à une vitesse folle, sans pause ni hésitation.
Comme si les phrases qu'ils échangeaient avaient été écrites à l'avance et qu'ils ne faisaient que se laisser porter par le destin. Comme s'il était inscrit dans les lignes du temps que leur conversation devait se dérouler ainsi. Comme si cela était l'évidence même et qu'il n'existait pas d'autre possibilité. Comme si, dans leur petite mais si chaleureuse bulle de bonheur, rien ne comptait plus que de discuter, d'échanger, d'apprendre de l'autre pour pouvoir mieux se comprendre soi-même.
Ils parlèrent d'amour, de désir, de recherche de soi et de livres. De tas de livres. Et ensuite.... leurs paroles se changèrent en murmures et la bulle qui les protégeaient les sépara encore un peu plus de notre monde.
Il fut impossible d'en entendre plus.
Et peut-être que cela était mieux ainsi. Peut-être que l'histoire devait se terminer ici. Peut-être que ce qu'ils partagèrent ensuite cette nuit-là n'avait sa place que dans leur petit monde.
Et puisqu'il doit en être ainsi, c'est ici que notre histoire touche à sa fin.
Notre histoire, perdue entre les guirlandes multicolores de cette soirée lycéenne dans un appartement quelconque et les rares fêtards qui chantaient à tue-tête dans la rue faiblement éclairée. Notre histoire, partagée entre les spectateurs silencieux qui ne leur avaient même pas accordé un regard et tous ceux, qui en lisant ses lignes, avaient pris la peine de leur jeter un coup d'œil et s'étaient laissé emporter par la force de leur lien. Cette histoire, c'était une relation naissante et pourtant déjà éternelle, qui s'était tissée entre deux amis de terminale. Cette histoire, ce n'était certainement pas de l'amour et pas non plus entièrement d'amitié. Cette histoire, c'était un désir de connaissances qui avait scellé les destins de ses deux individus à tout jamais. Ils apprenaient l'un de l'autre et cela leur suffisait amplement.
La nuit s'avançait et les guirlandes s'éteignaient. Puis, tandis que les derniers invités quittaient la piste de danse et que les ultimes mots faisaient apparition, la porte s'ouvrit. Il était à présent temps de retrouver son chez-soi. Doucement, les yeux se ferment et le sommeil nous rattrape. Malgré tout, notre regard se porte une dernière fois sur les deux protagonistes. Alors, juste avant que la porte se referme, une ultime image nous apparait encore.
Le premier adolescent prit son verre de vin et l'approcha de ses lèvres rosées. Alors qu'il trempait ses tentatrices dans le liquide rouge, il releva son regard et croisa celui de son ami.
Sam lui fit un clin d'œil et Félix laissa un sourire s'épanouir sur ses lèvres.
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