Chapitre 8 : Appréhensions
Deux jours plus tard, sans avoir été gênée de nouveau par le télépathe mystérieux, Helen se réveilla à l'aube.
« C'est le grand jour ! Thalya va passer son épreuve ! »
Helen se leva, serra la ceinture de cuir de son ensemble et sortit rejoindre Mahé, debout sur le balcon, ses cheveux virevoltants au gré du vent. Il contemplait le soleil levant, avec une sorte de nostalgie visible.
Il avait quinze ans et Helen était de six ans son aînée. Ses bottes étaient silencieuses sur le sol d'aluminium solide de la robothouse. Elle s'approcha de Mahé sans attirer son attention et lui pinça le bras gauche. Celui ci sursauta et en voyant Helen, il sourit.
-Tu m'impressionneras toujours autant, dit il tendrement à l'adresse d'Helen. Ton approche silencieuse était parfaite, et je n'ai pas senti ta main s'avancer. Dire qu'avant, je pouvais sentir tes plus infimes respirations, et maintenant je ne te sens plus du tout. Ta couverture deviens parfaite.
Helen eu un petit sourire et donna une tape amicale sur l'épaule de son maître.
-Mahé, tu es prêt ? Il serait temps d'aller encourager Thalya !
Ils saisirent leurs bottes à friction et bondirent jusqu'à la robothouse de Turpin.
Beaucoup plus grande et luxueuse que celle de Mahé, la robothouse de Turpin était allumée. On voyait plusieurs silhouettes se mouvoir à l'intérieur de la pièce.
Mahé s'arrêta dans les airs, à quelques mètres de la porte. Helen l'imita.
-Ils sont en pleins préparatifs. Il va encore falloir que j'explique à Turpin qu'il est inutile d'avoir trop d'affaires pour réussir l'épreuve...
-Je l'ai réussie avec seulement deux coutelas et un arc. Tu ne m'as donné aucune affaire, et je t'en remercie, ç'aurait été inutile et encombrant.
Mahé ricana et poussa la porte d'entrée.
Dans la robothouse, tout était surchargé. La décoration était composée de plantes ravissantes, de lumières, d'une longue table ronde et également d'un sofa très grand a l'air confortable.
Une multitude d'adolescents de l'âge de Mahé couraient en tous sens. Ils transportaient des affaires comme du linge, de la nourriture ou de la vaisselle.
-Hep, dit Mahé a l'intention d'un grand garçon à l'air fatigué. Tu saurais où je peux trouver Turpin ?
-Monsieur Turpin se trouve sûrement sur le balcon, en train de dire des trucs à la miss qui va passer l'épreuve...
Mahé pinça les lèvres et attrapa discrètement mais fortement la main d'Helen. Il la traîna à l'extérieur, alors que les élèves s'étaient tous figés pour la regarder.
Une fois dehors, a l'abri des oreilles indiscrètes, Mahé lâcha sa main et respira calmement.
-Mahé ? Ça va ?
-J'ai eu peur. Le ton de ce garçon ne me dit rien qui vaille. Turpin n'apprend pas la politesse à ses élèves, je voulais éviter un contact quelconque entre toi et eux.
-Euh... merci ?
Mahé sourit.
-Tu comprendras plus tard, ne t'inquiètes pas. Quand toi aussi tu auras des élèves sous ta responsabilité.
Mahé s'avança alors dans la pénombre. Helen était obligée de le suivre en s'aidant de la lumière de l'intérieur et du soleil près de se lever.
Sur le balcon, des murmures se faisaient entendre. Puis le cri d'un homme :
« Écoute moi, bon sang ! »
Mahé rit de bon cœur, ce qui fit se retourner les deux personnes présentes : Thalya et Turpin.
Les deux personnages étaient debout sur le balcon, plongés dans une discussion active. Un gros sac était posé proche de l'amie d'Helen.
Mahé s'avança et posa sa main sur l'épaule de Turpin. Ce dernier s'arrêta net dans son monologue.
-Turpin, je t'ai déjà expliqué bon nombre de fois que la taille du sac ne changera rien à la réussite ou non de l'épreuve.
Turpin se retourna, visiblement exaspéré de se voir dicter des ordres par un enfant.
-Mahé, aussi puissant sois-tu, tu ne peux pas diriger mes élèves. Ils sont sous ma responsabilité depuis longtemps, et ce sont mes ordres qu'ils doivent apprendre à respecter. Pas les tiens.
Mahé sourit et recula pour que Turpin puisse mieux voir Helen. Le professeur se raidit, comme si la présence de la jeune femme lui était inconfortable.
« Je sens qu'il n'est pas en confiance. Peut-être qu'il est au courant des secrets dont on ne veux pas me parler... »
-Helen, murmura Mahé à son oreille, un murmure aussi léger que le vent du matin. Ne t'imagine rien. Tu ne pourras rien tirer de lui. Oui, je sais à quoi tu penses, et tu ne trouveras aucune réponse ici.
Helen se raidit discrètement. Elle avait compris le message, cela se lisait sur son visage.
Thalya avait l'air furieuse, mais heureuse que Mahé soit venu lui porter secours. Sous le balcon, la forêt s'étendait à des kilomètres, allant chatouiller le soleil, pas encore totalement levé. La lumière que ce dernier diffusait colorait les cimes de verts de différents couleurs, allant de l'émeraude au vert tendre. D'en haut, les feuilles des arbres semblaient former un pelage, un grand pelage d'une immense créature endormie. Aujourd'hui, aucun nuage ne viendrait déranger les animaux. La forêt sera lumineuse.
Helen regardait son amie. Grande, ses cheveux courts aussi verts que ses yeux, cette fille avait tout pour plaire. Son nez aquilin était fin, et sa bouche, celle de quelqu'un qui riait souvent. Elle était aujourd'hui vêtue d'une tenue semblable à celle d'Helen le jour de son épreuve, c'est à dire un ensemble serré constitué de bouts de tissu et de cuir, légère mais dure à la fois.
-L'heure du début de la séance ne va pas tarder Mahé. Je te prierais de t'en aller pour laisser Thalya se concentrer. Tu ne me feras pas changer d'avis.
Mahé jeta un regard indifférent à Turpin.
-Sur ce, au revoir. J'ai hâte de connaître le résultat de l'épreuve. Passe nous voir un de ces quatre après ton épreuve, dit-il à l'adresse de Thalya.
Thalya sourit et souleva l'énorme sac, pliant sous son poids. Les autres élèves de Turpin s'étaient réunis autour d'elle pour observer sa descente et lui prodiguer quelques conseils de dernière minute.
Mahé et Thalya s'étaient placés en retrait, assez loin du groupe pour parler sans être entendu.
-Mahé, tu vois bien qu'elle n'a aucune chance. Turpin fait tout pour la déstabiliser.
Mahé semblait perdu dans ses pensées. Sa cape longue, noire, volait au gré du vent léger du matin, de la même régularité que ses cheveux.
-Thalya est extrêmement talentueuse. Elle va réussir. Helen, tu te trompes sur un point. Turpin n'aime pas Thalya, il l'adore. Tu juges trop les personnes sur leur apparence sans essayer de lire leurs émotions. Il va falloir que je t'apprenne à maîtriser ceci.
Helen ne voyait pas en quoi le fait d'encombrer quelqu'un est une preuve d'amour. Mais elle comprenais ce que son maître voulait dire.
Helen se retourna vers le groupe en émoi et vit que Turpin regardait Thalya avec beaucoup d'appréhension. Mahé avait raison.
Alors, Thalya attrapa la corde et commença sa descente. Tout le monde, élèves et professeurs, se penchèrent par des su la barrière et regardèrent la longue descente de la jeune femme aux cheveux verts. Tous restèrent au balcon, à crier et faire des signes à Thalya, jusqu'à ce qu'elle disparaisse sous la couche de feuillage.
Helen fut alors saisie d'une terrible sensation. Elle sentait sa tête tourner et se sentait extrêmement mal. Elle se précipita sur le bord du balcon et tenta de voir quelque chose qui trahisse la présence de son amie.
Mahé attrapa son épaule et la tira doucement en arrière.
-Hey, Helen. Ça va aller pour elle. Ne t'inquiète pas pour ça. Viens, on rentre. Tu vas prendre un thé chaud et tu iras mieux.
Ils sautèrent jusqu'à la Robothouse de Mahé et entrèrent.
-Mahé, qu'est-ce qui m'arrive... je ne me sens pas bien. Thalya... reviens, s'il te plaît...
-Ok, Helen, regarde moi.
Helen arrêta de murmurer des paroles insensées et releva la tête vers son maître. Ce dernier plongea son regard doux et enfantin dans celui apeuré d'Helen.
-Calme toi et écoute moi bien. Ce que tu ressens, c'est de l'appréhension. Tu aimes ton amie comme ta sœur et tu t'inquiètes pour elle. C'est normal.
Les deux derniers mots calmèrent Helen d'un coup. Ses tremblements cessèrent, et elle se sentait déjà mieux. Si c'était normal, alors ça devrait aller.
-Thalya a ressenti la même sensation quand tu es descendue pour ton épreuve. Elle a passé trois heures ici et j'ai heureusement réussi à la rassurer. Elle était prête à descendre pour te rejoindre, ce qui aurait été la pire chose possible.
-Elle s'est inquiétée pour... moi ?
-Oui. Mais si elle était descendue, ton épreuve allait être bafouée. C'est important que tu lui fasses l'honneur de lui accorder ta confiance de la même manière qu'elle t'a donné ta chance.
Mahé lâcha le contact et s'assit. En s'asseyant, il souffla profondément, en remuant ses cheveux noirs avec sa main. Il posa ses coudes sur la table et pris sa tête dans ses mains, l'air contrarié.
Helen posa son regard sur lui. Dans cette position, on dirait un enfant qui boude, pensa t'elle, émue. Les révélations qu'il venait de lui faire a propos de son amie lui mirent le baume au cœur autant qu'elles soulageaient son cœur empli d'inquiétude.
-Tu ne peux rien faire pour elle. Elle est liée au sort. Helen, tu m'excuseras, mais je t'interdis de sortir sur terre tant que Thalya ne sera pas remontée.
A peine libre, Helen se voyait déjà confisquer son plus grand bonheur : Sigurd. Elle ne pourrait pas le voir avant trois jours. Il fallait qu'elle essaye de lui communiquer cette information par télépathie, mais cela s'annonçait etre une tâche ardue, car Helen ne maîtrisait pas encore assez bien cet art pour engager une conversation d'aussi longue distance.
Alors que Thalya évoluait dans un nouvel environnement, Helen devait d'urgence apprendre la maîtrise de l'art de la télépathie, au risque de perdre la confiance de Sigurd.
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Et voila, le chapitre 8 touche à sa fin !
Vous pensez qu'Helen va réussir à transmettre un message à Sigurd ?
Thalya va t'elle ressortir vivante de son épreuve ?
Vous le saurez...
Au prochain épisode ;)
N'hésitez pas à mettre un petit commentaire et un petit vote, ça reste la meilleure façon de me soutenir :)
Jiji
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