La vision fugitive de cette femme avait troublé Helen. De plus, perdue dans cet océan d'arbres et entourée de tigres innombrables, elle ne savait pas où se rendre. L'angoisse envenimait son cœur à chaque instant.

Mais contre toute attente, c'était grâce au cerf dont la présence et la chaleur étaient rassurants qu'elle se sentit en sécurité. Le monarque partit en galop serré, esquivant élégamment les arbres.

Au bout d'un certain temps, la valse des tigres se fit moins dense. Les tigres avait dû se fatiguer inutilement, sachant qu'il ne pouvaient pas prendre le risque d'attaquer le monarque dans leur assaut sur la fille.

Après quelques minutes de galop, s'enfonçant de plus en plus dans la forêt, Helen entendit la mélodie d'un ruisseau. Une pause s'imposait.

Sautant de sa monture, Helen se précipita sur le cours d'eau et bu à grandes lampées. Lorsqu'elle se retourna, le cerf était toujours là. Même mieux, il s'était assis et broutait tranquillement l'herbe au sol. La jeune femme, éberluée par ce changement soudain d'attitude, ne bougea pas pendant quelques instants.

Puis, elle tenta de se rapprocher, elle tenta de toucher le cerf majestueux.

Ce dernier, légèrement réticent, reculait la tête, mais Helen parvint tout de même a lui caresser la tête.

Le contact chaud et doux des poils du cerf calma la tension d'Helen. Le regard dans celui du roi, elle lui parla très calmement.

-Je te remercie, roi de cette forêt, de ton aide et ton soutien.

Puis elle rit d'elle même.

-Je ne sais même pas si tu me comprends, alors...

Mais le cerf la regardait intensément et fit un mouvement affirmatif avec sa tête. Ainsi, il la comprenait !

-Est-ce que tous les animaux me comprennent ?
Demanda Helen pleine d'espoir.

Le cerf fit cette fois un petit mouvement négatif.
Puis ses yeux s'agrandirent, de surprise.
Au départ, Helen ne comprit pas la raison de ce changement de comportement, mais lorsqu'elle se retourna, elle vit trois formes orangées onduler dans la pénombre. Les tigres étaient revenus. Le cerf se leva et commença à leur parler en frappant la terre de son sabot luisant. Les tigres répondirent par des frappes et des coups de griffes sur le sol.

Le cerf regarda Helen, et il se rapprocha d'elle, se frottant à sa joue. Puis il se mit dans une position protectrice devant elle. Les trois tigres rugirent d'un seul coup et sautèrent sur le duo.

Un nouveau combat, très inégal cette fois, venait de débuter.

Helen tenait à se protéger, mais plus encore à protéger le cerf. Elle était épuisée par cette journée. Mais la lame de fer qu'elle avait créé plus tôt se révéla très utile. Les entailles qu'elle infligeait aux bêtes était bien plus profondes que les précédentes.

Le cerf, quand à lui, portait les tigres avec ses bois le plus loin possible du combat, pour donner le temps à Helen de finir une attaque à la fois. Fatiguée, cette dernière était bien moins précise qu'avant, mais elle infligeait des douleurs importantes aux tigres. Elle aussi était blessée, son corps recouvert de sang et de terre. Son épaule, déjà meurtrie avant, était bien entaillée et remise à saigner abondamment.

Les trois tigres ne cessaient pas les attaques, quoique désormais, ils étaient bien ralentis par leurs blessures. Le monarque aussi était recouvert de plaies ouvertes et sa robe était recouverte de sang.

Le combat durait. Helen enchaînait les attaques au corps à corps, se débattant corps et âme. Mais alors qu'elle voulu viser la gorge d'un des tigres, un deuxième lui sauta dessus.

Helen cru que c'en était fini de sa vie. Elle vit défiler sa courte existence, passée principalement dans la salle d'entraînement de Mahé. Elle avait appris tant de choses dans cette salle ! Elle avait décalqué les techniques de Mahé, et elle en avait aussi créé plusieurs, sortant de son imaginaire.

Soudain, dans un éclair de génie, elle vit une de ces techniques inventées et parfaitement maîtrisées qui pouvait lui sauver la mise. Le flashback très court pris fin immédiatement.

La guerrière se baissa juste avant la collision. Elle leva un de ses bras pour faire un pic avec son coutelas, puis elle tourna sur elle même pour trancher la gorge du premier.

Le tigre qui avait sauté, emporté par son élan, vint s'accrocher sur la pointe avant de pouvoir freiner, et l'épée de fer trancha la gorge du deuxième tigre en une très profonde entaille.

Sauvée, à bout de souffle, elle leva difficilement la tête vers le tigre empalé qu'elle tenait à bout de bras tant il était lourd. Elle laissa tomber ses armes alourdies par les bêtes et s'agenouilla, tremblant sous les efforts déployés. Cette attaque était d'une complexité exceptionnelle et nécessitait une énergie particulière. Helen venait d'utiliser son dernier atout, alors que le dernier tigre, perdu sans ses compagnons, reculait doucement, apeuré.

Helen, poussée par son état second de tueur, retira sans douceur sa lame du tigre mort et la lança droit entre les yeux du dernier tigre. Ce dernier poussa un soupir discret et tomba au sol.

La jeune femme, traumatisée par sa journée, pleura et cria de soulagement, sachant qu'elle avait relevé le défi. Elle pouvait enfin rentrer chez elle, tellement différente psychologiquement comparé à la veille.

Elle allait demander des explications à son maître.

Elle récupéra les oreilles et la queue de chacune des bêtes, mais comme elle en avait cinq et qu'elle souhaitait s'excuser pour tout ce qu'elle avait infligé aux animaux en une journée, elle entera une des paires d'oreilles avec la queue, et forma un petit tas de terre sur lequel elle fit couler trois gouttes de son sang, qu'elle recouvrit d'une belle pierre blanche trouvée dans le ruisseau.

Le cerf, recouvert de blessures, s'assît et baissa la tête, rendant un dernier hommage aux trois tigres.
Helen fit de même. Puis, voyant que l'obscurité arrivait rapidement, la jeune fille tenta de panser leurs blessures avant de repartir vers sa maison.
Elle réussit tant bien que mal à arrêter les hémorragies.

-Merci, merci d'avoir combattu avec moi, mais pourquoi ? Tu es censé être le roi de cette forêt, le commandant en chef de cette zone, tu es censé me détester et tenter de me tuer ! Tu ne devrais pas me protéger...

Le cerf la regarda droit dans les yeux et pour toute réponse, il vint se coller à elle.

-Sigurd. Si cela te va, ce sera ton nom à partir d'aujourd'hui.

Le cerf releva la tête et la secoua en signe d'approbation. Ses bois luisants éclairaient un petit peu la forêt dense. La nuit n'allait pas tarder à tomber. Il fallait qu'Helen rentre chez elle avant l'aube, mais elle était perdu dans l'immensité de cette planète récemment découverte.

-Il faudrait... il faudrait que tu m'aides à rentrer chez moi. Tu pourrais nous ramener devant la Tour Eiffel ? Tu te souviens, c'est par la qu'on s'est rencontrés !

Sigurd l'observa méticuleusement, cherchant sans doute le lieu dont elle parlait. Alors, il secoua la tête vigoureusement et fit signe à Helen de monter sur son dos. La jeune femme, souriante, monta sur le dos du cerf, qui partir rapidement au galop.

Slalomant entre les immenses arbres, ils arrivèrent enfin à la tour penchée. Le soleil avait maintenant disparu et Helen ressentit la même obscurité que la veille.

Elle demanda à Sigurd de ralentir, cherchant les éventuelles traces de pas qu'elle aurait pu laisser. En tournant en rond, elle aperçut les restes de son feu et le squelette du tigre. Soudain, elle vit des marques profondes dans le sol, et elle se précipita vers le lieu. Effectivement, il y avait la forme de son dos lorsqu'elle était tombée contre l'arbre juste avant de repérer le tigre qui la suivait.

-C'est par là ! Sigurd, il faudrait aller jusqu'à un gros lac, avec beaucoup d'animaux...

Sigurd fit un signe de tête affirmatif et ensemble, ils partirent vite jusqu'au lac.

Les animaux n'étaient plus là. Ils avaient dû aller se coucher. Helen caressa Sigurd en lui promettant de revenir régulièrement. Ce lac serai leur point de rendez-vous, un lieu où la retrouvaille de l'homme et de l'animal serai possible.

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Pour la suite, on va sûrement en savoir plus sur ALISS...

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Jiji