Chapitre 2 : Combats

Helen courait depuis plusieurs dizaines de minutes. Loin d'être épuisée, elle profitait de ce moment de calme et de course pour penser au mal et au bien. Elle savait que Mahé ne l'aurait pas envoyé tuer quatre tigres inutilement. Il devait y avoir une bonne raison, car il est très compliqué de tuer un être si pur et si sauvage.

Elle repensait aussi à la mystérieuse cicatrice de Mahé. Comment se l'était il faite ? Ces questions tournaient tant et tant dans sa tête qu'elle finit par se prendre un arbre...

Elle réalisa alors qu'elle était suivie par un nouveau tigre, qui avait l'air plus âgé.
« la mère du jeune tigre » se dit Helen avec appréhension. Elle savait comme les mères en colères pouvaient être puissantes, mais cela tombait bien que la tigresse soit ici, cela lui facilitait la tâche et lui ferai gagner du temps.

Ainsi, le regard brillant de haine et de hargne, la tigresse sortit ses griffes et se jeta sur la femme. Celle ci tenta de parer avec ses armes, mais elle ne fit qu'énerver d'avantage son adversaire. Voyant qu'elle ne gagnerai pas en corps à corps avec cette tigresse, qui la surpassait en taille et en puissance, Helen courut à bonne distance de son adversaire et arma son arc archéonique. Elle visa.

-Pardonne moi, murmure t'elle alors que la bête sautait sur elle d'un bond extraordinaire. J'ai besoin de récupérer ton âme pour survivre.

Elle lâcha le fil de son arc, la flèche fendit l'air et atterrit dans le cœur de la tigresse. Celle ci n'eut aucune réaction, mais son visage perdit tout mouvement et ses yeux cessèrent de briller de cette façon si vivante. Elle n'était plus qu'un gros tas de poils oranges. Helen calma sa respiration et alla récupérer la flèche. Elle tentait en vain de faire taire la petite voix qui lui soufflait :

-Deux. Deux animaux morts avant même que le soleil ne se soit levé.

-Je n'ai pas le choix, lui répondit Helen. C'est Mahé qui m'a envoyée.

-Ah oui ? Et pourquoi faut t'il que tu fasses tout ce que te dis Mahé ? Pourquoi te donnes t'il des missions sans aucune explication ?

-J'ai confiance en lui. Il sait ce qu'il fait, et il m'a sauvé la vie en me faisant grandir à ses côtés.

-Il est plus jeune que toi. Ce n'est pas à toi de te soumettre ! Continuait la voix grinçante.

Cette fois ci, Helen fit taire cette insupportable voix. L'âge ne faisait pas la différence, mais il était vrai qu'elle avait toujours ressenti une pointe de jalousie envers Mahé, car il était plus jeune qu'elle, mais il était plus fort qu'elle.

Helen revint à la réalité lorsque son ventre cria famine. Elle se leva et regarda la tigresse. Ainsi, elle devait manger pour survivre ? Manger ce qu'elle a tué ? C'était cruel, mais élémentaire.

Elle coupa donc les oreilles et la queue de la tigresse et alluma un petit feu sur lequel elle fit griller des tranches de cuisses de son adversaire. En mangeant, elle pensa à sa propre vie.

Qui était t'elle pour oser se mettre en travers de la vie ? Était ce dans la nature des hommes de tuer ce qui les effraie ? Ne peut elle pas plutôt devenir amie avec des animaux au lieu de les chasser ? Non. Ce n'est plus le monde d'avant. Ce n'est plus le monde qu'elle a connu, enfant.

C'est un monde sans planète.
Un monde guidé par la haine et la peur.
Un monde qui se protège derrière des armes et du sang.
Un monde qui lutte pour être le vainqueur de la vie.

Mais pour être le vainqueur de la vie, dans ce monde, il fallait côtoyer la mort. Il fallait tuer ceux qui ne sont pas de ton côté ? Il fallait tuer ceux qui ont d'autres idées ?

Fallait-il les tuer ou les comprendre ?

En fait, il fallait juste arrêter d'être stupide. Dans les deux camps. Si le tigre ne l'avait pas attaqué, il ne serait pas mort, mais si elle ne l'avait pas suivi, il ne l'aurait pas attaqué. Elle ne faisait que rejeter la faute sur l'autre, mais en réalité, il suffisait simplement de regarder quelqu'un dans les yeux, et de lui dire calmement qu'il n'y avait pas qu'un seul fautif. Personne n'était parfait et personne n'était  pur. Tout le monde avait déjà fait ne serait-ce qu'une seule erreur dans sa vie.

On avait tous droit à une deuxième chance.

Helen se concentra sur ses sens et sur sa respiration.

La fumée du feu entrait par ses narines et la cendre dans l'air se collait à son tuyaux nasal. Ainsi elle avait du mal à respirer. Mais aussi, le goût du tigre était très bon. La viande tendre et moelleuse fondait presque en bouche. A chaque bouchée, Helen avait l'impression que son énergie revenait par petites quantités.

Elle regarda autour d'elle et se rendit compte qu'elle était assise sur une ruine d'un long morceau de fer. En regardant plus attentivement, elle remarqua qu'elle se trouvait sur le côté d'une longue flèche de fer couchée.

Elle avait déjà vu ce monument : la Tour Eiffel, ou plutôt ce qu'il en restait... recouverte par la végétation, elle était très dure à distinguer. Mais Helen avait l'œil. Et trouver du fer est extrêmement rare par les temps qui courent. Ainsi, elle attrapa une longue barre et tira de toutes ses forces dessus. Le fer grinça et se tordit très lentement, mais comme la rouille avait affaibli le fer, il ne fut pas très difficile de retirer un morceau de cette tour légendaire.

Armée de son ancienne arme de bois et de pierre, Helen taille le fer pour lui donner une forme pointue. Elle regarde le résultat avec satisfaction. Le coutelas en fer sera une bien meilleure arme, autant dans la défense que dans l'attaque. Malheureusement, a cause de la rouille, il se brisera certainement rapidement, il faudra donc qu'elle se dépêche -et cette pensée la traumatisait-d'achever les derniers tigres avant que la lame ne se casse.

Elle monta ensuite rapidement à l'arbre, pour avoir une vue d'ensemble sur la forêt. Les animaux ne tarderaient pas à approcher, attirés par l'odeur du cadavre. Il fallait qu'elle se mette en hauteur et qu'elle attende, très patiemment, que le prochain tigre apparaisse.
Elle profita du calme apparent pour sortir sa tête de la surface végétale, et observa le soleil. Il était désormais presque midi. Il lui restait donc encore douze heures pour terminer sa tâche.

Elle resta plantée dans l'arbre un bon moment. Tellement longtemps que quand elle ressortit pour vérifier le temps, quatre heures s'étaient écoulées.
Lassée d'attendre, Helen regarda vers son piège à bêtes et aperçut plusieurs animaux carnivores accompagnés d'un splendide cerf. Ce dernier avait les bois très sombres où des fils d'or translucides brillaient doucement.

« Le monarque de Paris » se dit Helen. En effet, chaque ville avait désormais un chef, et celui de Paris n'était autre que ce cerf majestueux.

L'animal trottinait clopin-clopant autour de ses sujets, qui finissaient la viande de leur congénère. Enfin, les charognards rassasiés partirent dans les profondeurs de la forêt. Le roi resta cependant dans les parages, et s'allongea tout près du squelette du tigre pour lui rendre hommage. Helen se retenait de pleurer, dégoûtée par sa tâche ingrate et la tristesse du cerf.

Soudain, la réalité s'exposa à elle aussi brusquement qu'un coup de poing. Si elle ne réussissait pas l'épreuve, elle mourrait dans le cœur de son ennemie. Elle respira difficilement, étouffée par l'idée même.

Voyant alors le cerf, elle eut une illumination. Très risquée, mais possible.

Effectivement, elle était trop lente pour parcourir la forêt assez vite pour trouver encore deux tigres. Mais elle pouvait le faire en sautant sur le dos du cerf et en le domptant un temps soi peu.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle se positionna tranquillement au dessus de l'animal, et fit un bond élégant et silencieux, atterrissant non sans mal, sur le dos de l'animal. Le cerf poussa un mugissement sonore. Il se leva d'un coup et se mit à ruer. Helen, accrochée aux bois de l'animal, tenait bon. Helen était entraînée depuis toute jeune à se maintenir sur une chose en mouvement, ce qui pouvait être utile lors d'une tempête ou comme ici, pour monter à son insu sur un animal sauvage.

Helen redoubla de caresses et de mots doux, malgré le rythme cahoteux du cerf. Au bout d'un petit moment, le cerf, fatigué par ses efforts et adoucit par l'humaine, cessa petit à petit son rodéo. Il se mit à trottiner. Helen essayait de diriger le monarque grâce à ses cornes, mais c'était son premier contact avec un animal... ainsi, elle ne savait pas exactement comment avoir le pouvoir. A moitié guidée par le cerf, elle cherchait un point d'eau. Ce serait un bon départ.

Mais elle ne put pas parvenir à ses fins. Des formes orangées dansaient à ses côtés. Il y en avait plusieurs. Beaucoup. Beaucoup trop.

Helen, terrifiée, regarda de droite à gauche, lorsque sa monture passa près d'une clairière. Helen vit alors un spectacle hallucinant qu'elle n'était pas prête d'oublier.

Au centre de la clairière, éclairée par un rayon de soleil, une femme intrigante était assise en tailleur sur une souche d'arbre. Presque nue, vêtue d'une vieille blouse blanche recouverte de taches de terre et de feuilles, elle était pieds nus. Sa peau propre semblait surnaturelle, de même que ses cheveux, d'un noir peu rassurant. Son visage n'exprimait aucune émotion, alors qu'elle caressait un lion énorme. Elle avait accroché son regard à celui d'Helen, un regard inexpressif, mais dangereusement inquiétant.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~•~~~~~~~~~~~~~~~~~

Alors ? Vous êtes surpris.e ?

   Voici un nouveau mystère à résoudre pour Helen !

Est-ce que vous avez été choqué/dérangé par la description du tigre mort ? 😭😭

Je vous remercie infiniment et n'hésitez pas à laisser un vote ou même un commentaire, ça m'aide et c'est gratuit ^>^

Jiji

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top