Chapitre 43 - Amie
C'était sous la seule présence des rais timorés du soleil qu'Akemi avait regagné son habitation. Bercée par le calme d'un samedi matin hivernal, ses pas l'avaient guidée jusqu'au quartier Kojidai dans un rythme qui transpirait l'appréhension et l'angoisse. Atsuko avait simplement insisté pour qu'ils goûtent tous ensemble le fraisier nocturne, avant d'accaparer son frère sans qu'elle ne puisse avoir la moindre chance de lutter pour discuter avec lui – l'euphorie du moment « familial » avait eu raison de sa lucidité, de toute évidence. Mais si elle s'était questionnée quant à ce qu'ils pouvaient bien être suite à ces baisers échangés, ces interrogations avaient finalement volé en éclats lorsqu'elle s'était retrouvée face au portail des Fumiya.
Sa sœur avait bien essayé de lui envoyer des messages, au cours de la soirée. Ses deux parents avaient bien essayé de la joindre. Mais au cours de ces quelques heures de répit, Akemi n'avait pris la peine de répondre à personne. Et si aucun sms ne lui était parvenu de Ritsuka, cela devait bien signifier qu'ils n'étaient pas allés jusqu'à la contacter pour s'assurer qu'elles étaient bien ensemble.
Une déglutition coula dans sa gorge, alors qu'elle poussait le portillon pour pénétrer dans le petit jardin. Le calme régnait, elle le devinait aux volets encore fermés, au silence total qui s'abattait sur la maison. Soit ils s'étaient tués dans la nuit, soit la tension s'était faite telle qu'ils avaient fini par occuper chacun une pièce aux extrémités de l'habitation. Le soupir qui échappa à la jeune fille à cette pensée aurait presque manqué de l'amuser : la deuxième possibilité n'était pas idéale, mais elle était toutefois meilleure que la première.
Son cœur lui paraissait tambouriner contre sa cage thoracique lorsqu'elle enfonça la poignée et qu'elle atteignit dans la foulée le genkan. Elle aurait presque eu l'impression que l'accélération de son palpitant à ses tempes lui comprimait le cerveau pour lui ôter toute chance de réflexion. Pourtant, si elle s'attendait à toutes sortes de réprimandes et de sermons, ou bien à n'être que le dernier des soucis de sa famille en rentrant de la sorte ; il n'en fut rien.
Les pas précipités qui résonnèrent contre les murs de l'étage, pour descendre en un écho aussi douloureux que nostalgique la firent écarquiller les yeux. La silhouette de sa mère s'illustra dans son champ de vision avec une précipitation qu'elle ne lui avait jamais vue – elle qui était toujours si élégante, l'avait-elle déjà vue courir ainsi ? – pour fondre sur elle. Le doute ne l'accabla qu'une courte seconde, trop éphémère pour qu'elle ne puisse s'en formaliser, avant d'être bien vite remplacée par la sérénité de sentir une étreinte aussi chaleureuse qu'inespérée se refermer autour d'elle.
— Akemi..., murmura Youko.
Avant même qu'elle n'ait le temps de répondre quoi que ce soit, ce fut la silhouette de Ryoichi qui traversa son champ de vision depuis le salon pour avancer vers elles, l'esquisse d'un sourire triste mais soulagé sur les lèvres. L'embrassade visuelle ne dura qu'un temps, et ce fut lorsque Youko s'éloigna quelque peu que l'adolescente sentit son cœur se comprimer dans sa poitrine.
— Tu veux bien aller dans le salon ? Je vais chercher ta sœur.
— Elle est rentrée y'a pas longtemps, ajouta Ryoichi, alors que sa mère s'éloignait déjà en direction de l'escalier.
— Rentrée ?
— Elle était chez Hiromi-kun.
Sa voix monta plus que de raison – et d'habitude – dans les aigus face à ces mots, lâchés dans un sous-entendu plus qu'évident : Misaki non plus n'avait pas voulu passer la nuit ici. Youko finit par redescendre dans une démarche trop calme pour que la jeune fille sache comment réagir. Les évènements de la veille lui paraissaient à la fois aussi lointains que récents ; chaque mot échangé venant perturber le flot de son esprit dans un souvenir lourd et douloureux. Ils prirent tous les quatre place dans le salon, bercés par un silence à couper le souffle, que personne n'osait de toute évidence rompre. Il fallut ainsi une grande inspiration à Ryoichi pour qu'il ne se décide à briser cet instant :
— Les choses ont été difficiles ces derniers temps, autant pour nous que pour vous. Je... non, nous sommes désolés que vous ayez dû être dans une telle position.
— Akemi, j'aurais préféré que ce soit moi qui puisse vous parler de la situation dans laquelle j'étais. On est les adultes, mais parfois les choses sont compliquées pour nous aussi.
Akemi sentit son cœur se tordre de tristesse et d'empathie.
— Ça fait plusieurs mois maintenant que vous êtes un peu les victimes collatérales de tout ça. On a beaucoup parlé avec votre père cette nuit et...
La fin de sa phrase tomba dans le silence de la pièce, comme si elle ne parvenait pas à lui échapper ; comme si la garder prisonnière pouvait suffire à atténuer tous les maux contenus. Ryoichi sembla le remarquer car, après une œillade circulaire sur le salon, il continua à sa place :
— On a pris la décision de divorcer.
Les paroles tombèrent, pour s'écraser sur leurs épaules à tous. Coup de massue aussi violent qu'assomant, il provoqua chez Akemi un looping de son estomac douloureux et amer. Spontanéité envolée, la jeune fille se contenta de laisser chaque mot s'imprimer dans son esprit, quand bien même il peinait à en assimiler le flot.
— C'est pas facile, vous êtes encore jeunes mais vous êtes quand même grandes, reprit-il d'une voix qu'il s'efforçait de toute évidence de rendre le moins tremblotante et hésitante possible.
Ses lèvres continuèrent de se mouvoir dans une ribambelle de mots qui ne parvenaient plus jusqu'à Akemi. Son visage crispé, ses prunelles claires qu'elle avait tant de fois pu observer posées sur sa mère, emplies d'un amour qu'elle avait si souvent envié, ne contenaient que sérieux et peine. Vague à l'âme qu'elle retrouva imprimé sur les traits de Youko, tel un miroir prêt à éclater en mille morceaux sur le sol carrelé.
L'affliction se propagea jusqu'à elle comme portée par un tsunami, une tempête ; tout ce qu'elle pouvait imaginer de violent. Les choses étaient injustes, elles l'avaient toujours été ; pourquoi avait-il fallu qu'ils en arrivent à là ? Au cours de ses seize années de vie, l'amour de ses parents n'avaient toujours été qu'une évidence, à ses yeux. La seule chose qu'on ne pourrait jamais leur retirer ; envers et contre tout. Il n'avait suffi que d'une étincelle, que de quelques mois pour que tout s'effondre autour d'eux, autour d'elle.
À quoi pourrait bien ressembler un quotidien qui ne serait – peut-être – plus dans cette habitation, ne serait plus rythmé de trois présences supplémentaires à la sienne ? Au fond d'elle, la jeune fille le savait depuis longtemps : c'était le mieux pour chacun d'eux. Le divorce n'était pas une fatalité en soi : après tout, Ritsuka vivait très bien celui de ses parents, et ce depuis des années maintenant. Pourtant, cet instant de faiblesse fit vaciller son esprit.
— Akemi, l'interpella son aînée, une main posée sur sa chevelure dans un geste affectif. Je suis désolée, tu m'as dit plusieurs fois que la situation était difficile pour toi et que t'étais soulagée que je sois là, pourtant j'ai pas été honnête.
Elle se tourna en direction de leurs parents, sans relever d'une quelconque manière les larmes qu'elle aperçut monter dans le regarder de sa cadette.
— Maman, mamie a essayé de faire ce qu'elle pouvait pour t'aider. Je suis allée la voir ce matin en rentrant de chez Hiro. Je suis désolée qu'on ait rien vu, je suis désolée que t'aies dû endurer ta situation toute seule.
— C'est peut-être trop tard pour nous, et même si je te le souhaite pas, j'espère que si quelque chose devait arriver à nouveau, tu réussirais à en parler, Youko.
Incapable d'aligner le moindre mot tout en essayant de restreindre un minimum les larmes qui coulaient sur ses joues, Akemi se contenta d'un reniflement lourd et dénué de classe pour toute réponse. Le geste arracha un fin sourire à sa mère, qui releva la tête pour dévoiler à son tour des yeux rougies. Pour la première fois de sa vie.
Il était trop tard. Au fond, peut-être que l'amour s'était éteint au cours de ces mois qu'ils avaient passé à accumuler chacun de leurs côtés, à vivre une vie sans la présence de l'autre. Mais le lien restait : quoi que l'avenir réserve et quoi qu'ils en décident, ils restaient leurs parents. Et si elle n'avait pas pu être présente pour sa mère lorsque celle-ci en avait eu besoin, elle pouvait l'être à partir de cet instant.
« Le divorce c'est pas une fatalité, c'est juste un nouveau départ ». Les mots qu'avaient prononcés Ritsuka des années auparavant, lorsque ses parents avaient pris leur décision, lui revirent en mémoire avec brutalité. Un nouveau départ, c'était peut-être tout ce dont tout le monde avait besoin.
Et elle aussi, dans tout ça, elle voulait saisir sa chance. Malgré le trou béant dans sa poitrine, le vide dans son cœur, la douleur dans son estomac. Elle n'était pas seule, que ce soit chez elle ou au lycée.
— Merci d'avoir été honnêtes avec nous, souffla-t-elle dans un murmure tremblotant de larmes, teinté de l'esquisse de son meilleur sourire.
****
Le week-end avait filé dans une ambiance pour le moins étrange, et Suna ne s'était pas montré spécialement ouvert à la discussion. Qu'il s'agisse des quelques memes sans importance envoyés ou des essais vains de lancer une conversation, il s'était contenté de quelques réponses brèves. Et lorsqu'elle lui avait indiqué vouloir lui parler de quelque chose – ses parents – sans en préciser la nature, le dimanche soir, il avait soudain commencé à faire le mort. Alors si ce samedi et ce dimanche lui avaient semblé durer une éternité, seule dans sa chambre, Akemi n'avait pas insisté. C'était toutefois la boule au ventre qu'elle avait rejoint le lycée, le lundi matin.
Peut-être son téléphone ne fonctionnait-il plus correctement ? Elle ne savait pas vraiment comment cela pouvait être possible, mais elle ne voyait pas non plus pourquoi il agirait ainsi ; pas après ces quelques baisers échangés. Maintenant que les heures défilaient telles, aussi longues qu'une éternité chacune, l'appréhension se faisait plus puissante encore. Si elle passa la matinée à méditer sur la question, la jeune fille se convainquit qu'il avait peut-être simplement était occupé, et qu'il n'avait par la suite pas vu son dernier message. Alors elle profita de l'interclasse pour tenter quelque chose :
✉️ Akemi
Ça te dit qu'on aille quelque part après les cours ? :D
11:07
Le professeur d'anglais finit par pénétrer à l'intérieur de la salle pour la dernière heure de cours avant la pause déjeuner, et l'intégralité de la journée fila sans un seul message de réponse. Et sans qu'elle ne réussisse à parler à Ritsuka de la situation au cours du repas ; ni en ce qui concernait le volleyeur, ni en ce qui concernait ses parents.
Si Akemi ne pouvait pas réellement se venter d'avoir de nombreux amis, elle avait toutefois pour habitude d'échanger quotidiennement avec ses camarades de classe. Les liens ne se nouaient pas spécialement, cela ne voulait ainsi pas dire qu'ils étaient en mauvais terme. Bien au contraire, son sourire et sa bonne humeur à toute épreuve faisait d'elle une personne chaleureuse, à leurs yeux.
Mais pas aujourd'hui.
Parce que si elle ne croyait pas au destin ou au karma, il y avait des jours avec et des jours sans. Et elle pouvait le tourner sous tous les angles : aujourd'hui était un jour sans.
— Fumiya-san ? l'interpella Miuri Kasumi, de corvée de nettoyage ce jour.
Front contre son bureau, l'intéressée se redressa dans un sursaut, pour constater que tous leurs camarades étaient déjà partis. Elle considéra avec attention les deux noms inscrits au tableau, et la pièce dans laquelle elles se trouvaient seules.
— Ido-kun était pas de corvée avec toi aujourd'hui ? s'étonna Akemi pour toute réponse.
— Il avait un truc à faire, alors je lui ai dit que je m'en occupais toute seule.
Kasumi leva les yeux au plafond dans un geste traduisant son hésitation, avant qu'elle ne se décide à poser la brosse de tableau qu'elle tenait. Elle s'avança en sa direction, pour venir s'asseoir sur son propre pupitre, devant celui d'Akemi.
— Je sais pas trop ce qu'il s'est passé aujourd'hui mais on s'est fait la réflexion avec les autres que ça avait pas l'air d'aller. Alors peu importe ce que c'est, j'espère que ça va s'arranger !
Elles ne se côtoyaient que brièvement, pourtant Kasumi demeurait sans doute la camarade qu'Akemi appréciait le plus dans cette classe. Suffisamment discrète de premier abord et bien plus enjouée lorsqu'on prenait la peine de discuter avec elle, elle était à ses yeux le genre de personne qu'il n'était pas possible de détester – d'autant plus lorsqu'on comptait le nombre de fois où elle l'avait laissée recopier ses exercices de maths durant les interclasses. Les quelques mots qui atteignirent ses tympans vinrent confirmer cette image qu'elle se faisait d'elle, si bien que l'esquisse d'un fin sourire finit par poindre sur ses lèvres.
— Merci Miuri-san, répondit-elle simplement. Je vais pas t'embêter avec mes histoires sans importance, mais ça me fait plaisir !
— Je te force à rien, répondit la jeune fille aux cheveux violacés dans un clin d'œil. Mais si tu as besoin, je sais être à la fois une oreille attentive et muette comme une tombe.
Quelques paroles résonnaient à travers le couloir du premier étage, signe que les lycéens quittaient encore le bâtiment pour rejoindre leurs clubs ou leurs domiciles, pourtant Akemi ne bougea pas. Il lui fallut avoir observé sa camarade quelques longues secondes sans vraiment la voir, dans un réflexe inconscient, pour qu'elle finisse par se lever : quitte à rester ici, autant l'aider dans ses corvées.
****
— Merci de m'avoir aidée, Fumiya-san ! Tu pourras dire à Ido-kun que tu lui en dois une, plaisanta Kasumi, alors qu'elles atteignaient toutes deux les casiers.
À l'extérieur, les rayons en déclin de l'astre du jour chatouillaient encore le paysage, signe que l'hiver régressait et laissait les journées s'allonger. C'était le genre de faits que l'adolescente appréciait particulièrement, elle qui aimait voir le printemps pointer aussi timidement le bout de son nez. Pourtant, elle n'en prit pas conscience. Tout ce qui accrocha son regard, ce fut la silhouette de Suna qui découpa son champ de vision, à hauteur de son casier et aux côtés de Ginjima Hitoshi et de Saito Hiroto. Tous trois munis de leurs sacs de sport, ils s'apprêtaient à s'éloigner sans avoir pris conscience de leur présence.
— S-Suna ! l'interpella-t-elle comme par réflexe d'une voix étonnamment peu assurée, qui la surprit elle-même.
Le volleyeur s'arrêta dans sa marche pour se tourner en sa direction, rapidement imité par ses deux amis. La surprise parut danser dans son regard olive, sans qu'il ne réponde toutefois quoi que ce soit à son attention. L'éclair de malice qui traversa les prunelles ambrées d'Hiroto s'évanouit aussitôt qu'il réalisa le malaise qui pesait. Tel un miroir, Ginjima arqua un sourcil de perplexité, teinté d'une œillade inquisitrice à l'attention d'Hiroto, avant de se tourner pleinement vers les deux première année.
— Salut Fumiya-san, Kasumi-san, répondit l'attaquant dans un sourire – et Akemi ne se formalisa pas du fait qu'il paraissait connaître Kasumi, ni même de l'emploi de son prénom.
— Salut, répondit poliment cette dernière dans un sourire.
— T'as cassé ton téléphone ? questionna Akemi en croisant les bras sur sa poitrine pour paraître naturelle.
Les regards des trois lycéens à leurs côtés lui importaient bien peu.
— Euh, non, pourquoi ? s'étonna Suna.
Elle plissa le front, à cheval entre l'incompréhension et un état de crispation qu'elle ne parvint pas à réfréner. Les joues gonflées, elle se contenta de vriller ses pupilles aux siennes, comme si cela pouvait l'aider à déchiffrer les pensées qu'il n'extériorisait pas.
— Ben je t'ai proposé si..., commença-t-elle, peu certaine quant à comment formuler les faits en public de la sorte. Si on pouvait–
— Ah, ouais, j'ai oublié de te répondre, la coupa-t-il.
Si elle arqua un sourcil de perplexité, elle comprit bien vite qu'il ne souhaitait pas étaler d'éventuelles sorties en présence de ses deux amis.
— Mais je suis pas sûre que ce soit le genre de truc qu'on fait entre amis, reprit le volleyeur dans un haussement d'épaules, avant de faire volte-face. J'y vais Gin, compte pas sur moi pour expliquer au coach pourquoi t'es en retard.
Akemi resta immobile. La bouche entrouverte et les yeux écarquillés, elle considéra les deux silhouettes des volleyeurs qui s'éloignaient, dans un état de choc qu'elle n'essaya pas de dissimuler. Amis ? Pourquoi lâchait-il de telles paroles de la sorte en public, et surtout après ce qu'il s'était passé au cours du week-end ? La colère vint rapidement succéder aux émotions que cette douche froide venait de faire naître.
— Donc c'est pour ça qu'il était de mauvaise humeur aujourd'hui, soupira Hiroto, une main nerveuse dans sa chevelure noire. Désolée je dois aller au club aussi, mais salut.
— Salut, Saito-senpai, répondit-elle simplement à sa silhouette qui s'éloignait déjà.
Amis ?
— Fumiya-san...
Des amis s'embrassaient-ils ?
— Fumiya-san, désolée... Tu, enfin tu sais ce qu'il a ?
— Ouais, il est idiot, pesta la jeune fille, en dépit de ses joues rougies de frustration. Désolée que vous ayez dû assister à ça, sérieux.
L'air froid qui s'engouffra à travers les portes ouvertes du bâtiment arrachèrent à la jeune fille un frisson, si bien qu'elle s'enfonça dans un soupir contre la veste camel de son uniforme. Ce n'était pas du genre de Suna de s'afficher de la sorte dans de tels sous-entendus ; elle le connaissait suffisamment désormais pour pouvoir l'affirmer.
— Kasumi-chan ? s'éleva une voix qu'elle identifia immédiatement. Je pensais que tu serais déjà au club.
Akemi se tourna en direction de Kisara telle le miroir de Kasumi, et la silhouette toujours aussi élégante de son aînée s'imprima sur sa rétine, depuis le couloir principal du bâtiment. Visiblement surprise par sa présence, à en juger par l'étirement soudain de ses traits, elle devina aisément qu'elle ne l'avait pas reconnue, de dos. L'adolescente arqua un sourcil, interpellée par leur proximité et par cet honorifique, avant de se souvenir qu'elles étaient toutes deux membres du club de musique, et qu'elle les avait aperçues ensemble à de nombreuses reprises – quand bien même allier leurs deux classes sonnait toujours étrange.
— Salut Fumiya-san, lui sourit poliment Kisara, avant de prendre conscience de la mine visiblement abattue qui étirait ses traits. Tout va bien ?
— Ah, euh, oui oui pas de soucis. C'est gentil !
Kasumi laissa ses prunelles noisette alterner entre les deux jeunes filles à ses côtés, les lèvres pincées. Les activités de club avaient de toute évidence déjà commencé, et sans doute Kisara s'y rendait-elle justement. Pourtant, elle ne parvenait pas à se dire qu'y aller signifiait laisser Akemi plantée au milieu des casiers, seule avec des interrogations desquelles elle ne semblait toutefois pas réellement vouloir parler.
— Kisara-chan, tu peux y aller sans moi, je te rejoins après, sourit-elle en dévoilant toutes ses dents.
L'intéressée n'afficha qu'une mine surprise, et se contenta d'approuver d'un hochement de la tête. Un sourire de compassion étira ses lèvres, avant qu'elle ne disparaisse dans un rapide signe de la main en guise de salutation pour Akemi. Cette dernière laissa par la suite échapper un long soupir, porteur du million d'interrogations qui lui tournoyaient dans le crâne
— Te sens pas obligée de rester, tu sais, indiqua l'adolescente, après que la silhouette de Kisara ce soit évanouie au détour du couloir principal. Sois pas en retard à ton club à cause de moi !
Kasumi cligna des yeux à plusieurs reprises. Un sourire attendri finit par naître sur son visage.
— Je peux bien rester pour une amie qui donne l'impression d'être sur le point de plier le casier d'un volleyeur. On peut même le plier ensemble, si tu veux, je suis petite mais j'ai de la force !
Le rire d'Akemi résonna à travers le hall d'entrée d'Inarizaki quasiment désert, léger et sincère. La chaleur qui se répandait dans l'intégralité de son corps suffit à l'apaiser quelques instants
— Amie, tu dis, répéta-t-elle avec une pointe de mélancolie.
— Ben je suppose que d'une certaine manière, on est un peu amies, non ? Même si on se connaît pas super bien, on mange quand même souvent ensemble, et on est voisines de classe !
Amies.
Quand bien même les mots ne manquèrent pas de se faufiler sous sa peau pour la toucher en plein cœur, ce fut en entendant ce mot assumé de la sorte par une voix autre que la sienne que le déclic s'opéra. Une amie.
C'était ainsi qu'elle s'était présentée auprès de la famille de Suna. Et de toute évidence, il l'avait pris un peu trop personnellement.
~ ~ ~
Écrire le début de ce chapitre m'a un peu brisé le cœur, je vous avoue. C'était ce vers quoi j'avais décidé d'aller vers le début, mais voilà c'est pas facile pour ma bichette :(
Au passage, bon il abuse totalement, mais ne vous acharnez pas trop sur Suna non plus, il est confus le p'tit loup! Vous en saurez bien au prochain chapitre héhé c:
J'espère que ce chapitre vous a quand même plu ! Il est un peu frustrant je le conçois, mais il développe d'autres aspects d'Akemi qui me tiennent beaucoup à cœur. Malgré sa personnalité, elle a longtemps considéré que Ritsuka lui suffisait. Elle parlait avec les gens mais ne s'attachait pas spécialement à eux. Ce genre de chapitre, c'est également important à mon sens, car elle continue d'évoluer au fil de l'histoire, d'abord avec Suna, et après en s'ouvrant à d'autres personnes.
Pour finir sur cette NDA, j'ai beaucoup hésité, mais je vais pour l'instant réduire mon rythme de publication à un chapitre toutes les deux semaines. Je suis désolée, j'aurais vraiment aimé tenir mon rythme initial jusqu'à la fin de cette histoire, mais je le tiens déjà depuis le chapitre 1 l'été dernier (sachant qu'au début il m'arrivait de publier deux fois/semaine) et je vous avoue que le temps et l'énergie me manquent, et maintenir ce rythme devient très très dur et contraignant pour moi. Je sais que la plupart seront compréhensifs, je suis la première déçue, mais les chapitres sont longs et me prennent beaucoup de temps à écrire. Et comme je le disais dans mon post sur mon profil la semaine dernière, j'approche très clairement de la fin de cette histoire (car il me reste moins de deux chapitres à écrire ah-ah-ah) et je retarde un peu l'échéance où je devrai me séparer d'Akemi et de Suna. Je ne veux pas me forcer à écrire juste pour écrire, je veux profiter de ces loulous jusqu'à l'épilogue héhé
J'espère que vous me comprendrez et que je ne perdrai personne en route sur la fin de cette aventure !
Pour les petits facts, je commence à être à court d'idées alors je vais vous parler de l'élaboration en elle-même de cette histoire (dites-moi pour la prochaine fois s'il y a des thèmes/personnages qui vous intéressent ?):
• À la base, quand j'ai eu l'envie d'écrire sur Inarizaki, j'hésitais entre écrire sur Suna ou sur Kita... guess qui n'a pas pu se résigner à n'en choisir qu'un seul et a trouvé une idée pour concilier les deux, oops (puis mon amour pour Suna a continué de grandir et il est devenu mon personnage favori de la licence j'ai pas trop compris)
• J'ai un document sur mon PC qui s'appelle "scènes éparpillées" dans lequel je note des idées en vrac. Je peux donc vous dire que le fait que Suna ait dit à Akemi "Tu tires une de ces têtes. Tu t'es pris un ballon dans la tête ?" dans le chapitre 41 était visiblement une idée qui m'était venue le 20 juin 2020, soit au début de mon écriture de cette fanfic ahah. C'était une de mes premières idées !
Sur ce, je vous dis à samedi... dans deux semaines <3
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