Chapitre 11 - Rencontres hasardeuses










Un désastre et une catastrophe, voilà à quoi se résumait ce détour par le gymnase fait la veille. Il n'avait strictement servi à rien, pour Akemi, si ce n'était à lui faire perdre du temps. Car si elle mettait un point d'honneur à être respectueuse avec ses aînés – à partir du moment où ils ne l'assommaient pas – elle pouvait bien l'admettre désormais, c'était bien dans l'espoir d'apprendre quelque chose pour Ritsuka qu'elle y était allée, au fond.

Et elle n'avait rien appris, si n'était que son coéquipier le prenait pour une machine et désespérait de ne pas pouvoir se moquer de lui. Pas grand-chose qui pourrait avoir un quelconque rapport avec son genre de filles, en gros.

Il a dit une fille calme, réfléchissait-elle, assise à son bureau, à partager son repas avec des camarades de classe. Ricchan est calme, c'est nickel ! Bon, c'est surtout en façade, mais sur un malentendu ça passe.

Mais il a surtout eu l'air de dire ça pour me donner une réponse, plus que parce qu'il y avait vraiment réfléchi.

— Fumiya-san ? Tu manges pas ?

— Mh ?

Akemi sortit en douceur de sa réflexion, avant de poser son regard azuré sur ses camarades, puis sur son bento encore presque plein. Pour toute réponse, son estomac émit un grognement des moins charmants, à tel point que quelques autres élèves se tournèrent en direction de leurs tables groupées au fond de la salle.

— Je sais pas à quoi tu pensais pour en oublier de manger à ce point, mais ça devait être important, ricana gentiment Miuri Kasumi, l'une de ses camarades.

— C'est vrai que là, je meurs de faim, éluda Akemi de son habituel ton enthousiaste.

Sans se faire prier, la jeune fille saisit ses baguettes pour imiter globalement l'entièreté des lycéens qui mangeaient, comme elles, dans la salle de classe. Et si elle se contenta de rester silencieuse à se délecter de son repas, l'adolescente écouta d'une oreille attentive et discrète les conversations qui l'entouraient.

— Au fait Kasumi-chan, t'as du nouveau avec Azuma-kun ?

Le silence tomba, permettant ainsi à Akemi de lever le regard pour observer l'intéressée qui se triturait les doigts, les pommettes rougies. Elles y étaient, le moment de la pause déjeuner que les filles de sa classe préféraient : les ragots.

— En fait, il m'a proposé qu'on aille boire un café en ville...

— Mais c'est trop bien !

— Qui aurait cru que tu attirerais l'attention du capitaine de l'équipe de foot ?

— Je sais pas trop comment je dois le prendre, là.

— Non mais c'est vrai, il est super populaire en plus d'être à tomber, quelle chanceuse !

Akemi n'écoutait déjà plus, désormais incapable de mettre des noms sur les voix qui meublaient la salle. Ce n'était pas qu'elle n'appréciait pas ses camarades de classe, mais parfois cette chasse à la popularité lui rappelait trop les conversations qu'elle pouvait échanger avec sa grand-mère ou sa sœur pour qu'elle y consacre toute son attention. Son omelette était bien plus intéressante.

— Pas aussi populaire que les mecs de l'équipe de volley, quand même, intervint Makoto, qui était restée silencieuse depuis le début de la conversation.

« Les mecs de l'équipe de volley ». Akemi releva un visage intrigué.

— C'est vrai qu'à côté des jumeaux Miya-senpai...

— En même temps, l'équipe de volley est un peu l'emblème du lycée, normal que les joueurs soient aussi populaires.

— Oh mais, Kasumi-chan, tu t'entends bien avec Akagi-senpai, non ? reprit Makoto, des étoiles dans les yeux.

— Ouais, il habite dans mon quartier depuis toujours. Mais on se parle pas tant que ça...

— Rah dommage, t'aurais pu me présenter à Kita-senpai. Ou à Omimi-senpai et à Aran-senpai~

— On aimerait toutes être présentées à Kita-senpai, tu sais !

Les sourcils de la lycéenne se froncèrent naturellement à ses mots, alors qu'elle gonflait les joues de manière spontanée. Non seulement ce concours de popularité se trouvait être d'une superficialité irritante, mais en plus les voir débattre de la sorte sur Kita l'agaçait. Elle ne les écoutait déjà plus, mais il lui sembla bien que tous les noms des volleyeurs de l'équipe avaient été sortis, des élèves de terminale à la seconde, avant qu'elles n'embrayent sur l'équipe de basket. Et si Kasumi ne semblait pas très à l'aise avec le sujet – la perspective d'être utilisée pour son lien avec l'un des joueurs ne l'enchantait sûrement pas – elle n'en dit rien pour autant.

Un soupir las, et déjà Akemi se levait-elle avant de saisir une pièce dans son sac, et de s'éloigner de la salle en indiquant qu'elle partait s'acheter à boire. Ce n'était pas qu'elle ne s'entendait pas avec ses camarades, bien au contraire, mais même après huit mois passés à leurs côtés, une certaine distance persistait. Car même de nature assez énergique et spontanée et ainsi capable de parler à n'importe qui, l'adolescente ne parvenait pas à s'attacher réellement. Ritsuka était largement suffisante, et ses amies de sa classe elles aussi.

Sa briquette de jus de pommes en main, récupérée au distributeur qui trônait fièrement à côté des escaliers, la jeune fille monta jusqu'au second étage pour faire un détour par les toilettes du bâtiment. Et si son reflet dans le miroir accrocha son regard aussitôt qu'elle rentra, ce furent les cernes violacés sous ses yeux qui retinrent toute son attention, témoins de la nuit écourtée qu'elle avait passée à écouter ses parents se disputer au rez-de-chaussée.

— Quand même..., murmura-t-elle en traçant du bout de l'index la délimitation auréolée.

L'espace d'une courte seconde, elle se demanda si le visage de Misaki pouvait bien être marqué par la fatigue de la même manière. Après tout, elles ne parlaient que très rarement de la situation telle qu'elle était à la maison, et si elle devinait sans mal ce que son aînée en pensait, aucun mot n'était mis dessus.

Un bruit de clenche arracha l'adolescente à son reflet et ses pensées. Pourtant, la porte des toilettes ne s'ouvrit pas. La poignée s'abaissa et se releva à plusieurs reprises, comme coincée, avec une rapidité accrue.

— Euh... Y'a quelqu'un ? s'éleva une voix depuis l'autre côté.

— Oui, répondit Akemi du tac-au-tac en s'approchant de la porte. T'es coincée ?

À l'entente d'une réponse positive, la jeune fille posa sa briquette sur l'évier pour essayer d'ouvrir la porte de l'extérieur, sans résultats. Fermée à clé par l'intérieur, le verrou semblait tourner dans le vide, comme dévissé, et empêchait ainsi l'ouverture. Si elle avait eu son sac, ou même un objet, n'importe lequel, sans doute aurait-elle pu être utile.

— Akemi ? s'éleva une voix largement familière, depuis l'embrasure du couloir.

— Ricchan !

Sa meilleure amie s'avança, intriguée, et talonnée par une camarade de classe avec qui Akemi avait plusieurs fois eu l'occasion d'échanger, Narumi Kisara. L'incompréhension passa sur leurs visages à toutes les deux, alors qu'elles se lançaient une œillade sous-entendue.

— La porte des toilettes est bloquée et y'a quelqu'un à l'intérieur, indiqua Akemi avant même qu'elles n'aient besoin de poser la moindre question.

— Ah, c'est pas la première fois que ça arrive, expliqua Kisara.

Loin de paraître prise de court, elle s'avança jusqu'à la porte pour atteindre la hauteur de la plus jeune, et saisit la barrette qui ornait sa longue chevelure blonde, et de l'enfoncer dans la serrure. Un clic retentit après quelques secondes de latence, signe que le verrou venait de sauter, avant que la porte ne s'ouvre.

La silhouette qui s'imprima sur la rétine d'Akemi ne lui paraissait étonnamment pas étrangère. Une moue gênée et les pommettes quelque peu rougies sous l'embarras de la situation, la jeune fille qui sortit de la cabine possédait une chevelure argentée peu commune qu'elle avait déjà vue quelque part. Son regard noisette balaya le petit rassemblement improvisé qui s'était créé dans les toilettes, avant que la voix de Ritsuka ne s'élève pour meubler la pièce :

— Oh, Fukami-san, s'étonna-t-elle en découvrant une de ses camarades de classe.

— Décidément, souffla Kisara d'un ton compatissant. Tu t'étais pas déjà retrouvée enfermée ici y'a pas longtemps, en plus ?

— Si..., soupira Fukami Kaede. Je vais finir par croire que je suis maudite.

Des éclats de rire lui firent office de réponse, tandis qu'Akemi considérait la situation. Une camarade de classe de Ritsuka ; sans doute était-ce la raison pour laquelle Fukami lui disait quelque chose. De toute évidence, elle avait déjà dû l'apercevoir dans la salle, et sans doute même le jour où elle était allée parler avec Suna.

La porte du couloir s'ouvrit de nouveau, signe que d'autres élèves désiraient accéder à l'espace restreint de la pièce, aussi se dépêchèrent-elles de sortir, sans que les conversations ne s'évanouissent pour autant. Drôle d'endroit pour une rencontre, pourtant aucune d'elles ne sembla s'en formaliser, et ce jusqu'à l'intersection des escaliers qu'Akemi devait emprunter pour rejoindre son étage.

— Au fait Akemi, l'interpella Ritsuka, une légère chaleur dans les joues, tandis que ses deux camarades continuaient jusqu'à leur salle de classe. T'es allée voir Kita-san du coup, hier ?

Un sourire taquin flotta sur le visage de la plus jeune.

— T'es bien curieuse pour quelqu'un que ça intéressait pas de venir !

— C'est juste comme ça, éluda Ritsuka avec une moue pincée et sans la moindre crédibilité.

— Oui j'y suis allée, mais bon il est pas très loquace.

— Ritsuka-chan, tu viens ? l'interpella Kisara, quelques mètres plus loin, les coupant ainsi dans leur conversation. On devait aller voir Suna-kun pour le travail de groupe de littérature, tu te souviens ? ajouta-t-elle avec une impatience maladroitement dissimulée, qui ne manqua pas d'attirer l'attention Akemi.

— Ah oui, c'est vrai. On en parle plus tard alors Akemi, les cours vont bientôt reprendre.

La mention du volleyeur intrigua l'adolescente de première année, qui se remémora les paroles que sa meilleure amie lui avait déjà adressées.

— T'es dans un travail de groupe de litté avec Suna-senpai ? s'étonna-t-elle. Je croyais qu'il dormait dans toutes les matières autres que les maths ?

— Exact. Mais bon, qu'est-ce qu'on ferait pas pour ses potes !

Akemi inclina la tête sous l'incompréhension, avant que sa meilleure amie ne disparaisse de son champ de vision dans un clin d'œil entendu. Et si elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle pouvait bien vouloir dire avec ces mots, elle ne s'en formalisa pas vraiment.





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Fukami Kaede est l'OC de la fanfiction Crush de Lokyrie et je vous conseille de faire un petit tour sur son profil, vous ne serez pas déçus !

Sinon, j'espère que ce chapitre vous a plu ! Il est plus calme, mais il introduit un personnage qui va prendre son importance par la suite (ma petite Kisara héhé).
Et sur une note joyeuse, l'anime reprend la semaine prochaine, je sais pas vous mais moi je suis en train de mourir d'impatience et de hype mdrr. En plus, le hasard a voulu que le prochain chapitre, qui arrivera donc le lendemain du premier épisode, soit mon premier point de vue de Suna héhé ! J'ai déjà hâte de le poster c:

N'oubliez pas de cliquer sur la petite étoile et de laisser un petit commentaire (promis, je mords pas :D).

À bientôt pour la suite <3

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