Bonus 3 - Le froid de Kyoto
Hello !
J'espère que vous allez tous bien, depuis la dernière fois que j'ai posté ici ~
D'abord, je profite de cette partie pour vous remercier, car ALEI va bientôt passer le cap INCROYABLE de 200k de vues... et wow. Vous êtes les meilleurs. Je réponds doucement aux centaines de commentaires que j'ai en retard, mais je le répète encore et encore sachez que je lis TOUT <3
J'avais commencé l'écriture de ce bonus plus ou moins en même temps que le dernier que j'avais posté, mais je n'avais pas encore pris le temps de le terminer. C'est enfin chose faite !
Il raconte le voyage à Kyoto des deuxième année, du point de vue de Kisara ! J'avais tellement d'idées pour ce voyage, et un chapitre c'était tellement peu pour les exploiter. Et puis ça fait longtemps déjà que je voulais la développer, que je voulais montrer le tout début de sa relation (d'abord amicale) avec Gin, et sa relation avec Suna. Car même s'il n'éprouve aucun sentiment amoureux pour elle, elle reste une camarade de classe qu'il respecte ~
Du coup, le voici enfin ! J'étais trop contente de replonger dans l'histoire de mes petits loulous, car ce bonus se passe en parallèle du chapitre 25 !
J'espère qu'il vous plaira, et je vous souhaite une bonne lecture <3
~ ~ ~
La ville de Kyoto au mois de décembre n'avait rien à envier à la beauté des paysages du Japon nordique. S'il n'y avait pas le moindre flocon de tombé sur la métropole, la magnificence architecturale s'imposait en dépit de la végétation ternie par l'hiver. Et de tous les bâtiments, le temple Kiyomizu était probablement celui qui avait arraché le plus d'émerveillement chez les deuxième année du lycée d'Inarizaki. Kisara avait beau l'avoir déjà vu lors d'un voyage avec ses parents, elle resta bouche bée devant, un sourire aux lèvres au même titre que ses camarades.
— On se sent minuscules ! s'enthousiasma Ritsuka à côté d'elle, ses prunelles vertes brillantes et vrillées sur la structure.
— Vous croyez que y'a combien de piliers qui soutiennent la plateforme du bâtiment principal ? questionna Ginjima.
Un sourire moqueur naquit sur les lèvres de Suna, qui se tourna vers son coéquipier. Il agita devant lui la feuille du questionnaire qu'ils avaient à remplir, tous les quatre :
— Tu vas nous le dire, vu que c'est une des questions.
— Sérieux ?! Comment on est censés savoir ça ?
Le visage de Ginjima se décomposa au gré d'un soupir. Kisara laissa un léger rire lui échapper, rire qui conforta de toute évidence Suna dans son air narquois et son amusement. Être venue ici avec ses parents ne valaient pas la joie que venir avec des camarades lui procurait. À voir leur quatuor au cours de cette première journée, elle en prenait clairement conscience.
— On a quoi d'autre, comme questions ? s'enquit-elle en se penchant quelque peu sur Suna et sur sa feuille, sans le toucher pour autant.
— L'année de reconstruction du bâtiment principal, et de la Porte Niō, lut-il dans un soupir las. J'en sais rien, moi...
— Je crois que c'était indiqué sur les frises qu'on a vues à l'entrée, réfléchit Kisara, toutefois incapable de se souvenir des dates exactes.
— Tu te souviens où ?
— Je pense, oui.
À côté d'eux, Ritsuka et Ginjima paraissaient visiblement prêts à compter un par un les centaines de piliers qui maintenaient la plateforme du bâtiment principal, penchés par-dessus la rambarde de sécurité. L'amusement étira une nouvelle fois les lèvres du central, amusement qui s'éteignit aussitôt qu'une tignasse blonde décolorée se dessina dans leur champ de vision.
— On va retourner voir, alors, comme ça c'est fait, lui indiqua-t-il, avant de se tourner vers leurs deux camarades. On se sépare pour répondre aux questions, vous restez compter vos piliers ? Je pars avec Narumi-san.
Ils n'eurent pas le temps de rétorquer quoi que ce soit que déjà Suna s'éloignait-il, les mains dans les poches de sa veste d'uniforme, visiblement prêt à fuir la tempête Miya. Dans un looping du cœur, Kisara lui emboita le pas, l'esquisse d'un sourire irrépressible lui fendant le visage. Elle n'en était pas certaine, mais ses joues lui semblaient légèrement plus chaudes qu'à l'accoutumée. Son nom de famille prononcé ainsi parut flotter dans l'air brassé par la foule, posé sur la conversation avec flegme et pourtant un naturel qui s'était glissé au fil de la journée, à tel point qu'il lui fallut quelques courtes secondes pour l'assimiler. Si elle s'efforçait du mieux qu'elle le pouvait de faire abstraction de tout sentiment superflu, ses efforts volèrent en éclats le temps d'une courte seconde...
Sans un mot, elle se contenta de le suivre à travers les mouvements de touristes en direction de la sortie du temple, jusqu'à ce qu'il ralentisse pour être à sa hauteur. Il ne lui adressa toutefois pas un mot, et sortit son téléphone de sa poche pour surveiller son écran, et le ranger aussitôt. Maintenant qu'elle le réalisait, pour se retrouver seule avec lui, elle l'avait vu consulter son smartphone à de nombreuses reprises dans la journée – peut-être attendait-il un message important ?
— Tu crois vraiment qu'on peut compter les piliers du temple depuis la plateforme ? s'enquit-elle poliment, pour lancer un sujet.
— Sûrement pas, mais c'est marrant de les imaginer. Les jumeaux arrivaient, je suis sûr qu'ils vont essayer de compter avec eux.
Kisara ne pouvait pas vraiment l'expliquer, mais depuis quelques semaines, Suna paraissait plus taquin, au point de même se permettre ce genre de familiarités devant elle. Ce n'était pas que ça la dérangeait, bien au contraire, le voir sourire avec cette moue sincèrement amusée lui réchauffait le cœur. C'était seulement qu'elle était bien consciente de n'y être pour rien, dans cette ouverture.
Ils n'échangèrent que des banalités, le temps de remplir une partie du questionnaire qui était attribué à l'intégralité des groupes, et finirent par rejoindre les autres. Si elle savait qu'elle ne devait pas s'emballer pour si peu, Kisara s'estimait plus qu'heureuse d'avoir la chance d'être dans le groupe de voyage de Suna, et d'avoir pu passer ce temps seule avec lui. Les visites s'enchaînèrent jusqu'à la fin d'après-midi, et ils regagnèrent le dortoir où ils logeraient pour ces trois jours de voyage. Pourtant, au fil des heures qui passèrent, Kisara finit bien vite par ne plus prêter attention à Suna qui zieutait constamment sur son smartphone, pour se concentrer sur Ritsuka. Perplexe quant à la moue pensive et renfrognée que son amie avait peu à peu commencé à afficher, elle n'osa pour autant pas lui demander s'il s'était passé quelque chose.
Dans un premier temps, Kisara s'était demandé si le fait qu'elle s'éloigne avec Suna avait pu lui déplaire, avant de se résoudre – ce n'était clairement pas le genre de Ritsuka. Après avoir cogité sur le sujet pendant de trop longs instants, elle en était arrivée à la conclusion que peut-être s'était-il passé quelque chose vis-à-vis de Kita Shinsuke. Peu habituée à se montrer intrusive, ce ne fut que lorsqu'elles se retrouvèrent seules dans le dortoir que la jeune fille réussit à se lancer :
— Ritsuka-chan ? Ça va pas ? questionna-t-elle d'une voix douce qui traduisait son inquiétude.
Ritsuka parut surprise.
— Désolée, je pensais à un truc. Tu m'attendais pour descendre manger ?
S'il était évident qu'elle esquivait volontairement la question, Kisara n'insista pas. Elle se contenta de l'un de ces larges sourires dont elle avait le secret en guise de réponse aux excuses de son amie, et elles quittèrent le dortoir afin de descendre manger. Si presque tous leurs camarades étaient déjà installés, elle aperçut du coin de l'oeil Suna et Ginjima, atablés dans leur coin. Si elle nourrit l'envie coupable de les rejoindre, elle ne démontra toutefois rien. Toutes deux un plateau en mains, elle resta pourtant perplexe lorsque Ritsuka s'avança en leur direction, leur demanda si elles pouvaient s'asseoir ici, et prit place à côté de Suna à leur réponse positive. Une tension lourde et incompréhensible se posa sur eux, chose que Ginjima parut réaliser, car il s'empressa de lancer le premier sujet qui lui venait à l'esprit.
Kisara n'en perçut pourtant pas grand-chose.
Sous son regard dubitatif, elle aperçut son amie zieuter sans grande discrétion sur le téléphone du central, posé à côté d'elle sur la table, dont l'écran venait de s'allumer. Le visage désormais crispé de Ritsuka perdit immédiatement deux teintes, et alors qu'un million de questions sur la situation se mélangeaient dans l'esprit de la blonde, Ritsuka risqua une nouvelle œillade au smartphone. L'esquisse d'un sourire fleurit sur les lèvres de Suna, si fin et doux qu'il lui retourna l'estomac. Le silence se posa sur leur groupe, soudain pesant, seulement brisé par le son des baguettes métalliques de Ritsuka qui faisaient écho contre son bol. Suna pianotait avec rapidité sur son écran, et sous l'étrange tension qui venait de tomber, Kisara se tourna en direction du volleyeur assit à côté d'elle.
Ginjima semblait aussi confus qu'elle, car de toute évidence il n'avait pas raté une miette de cette scène étrange. Parmi tous les scénarios qui se superposaient, Kisara se demanda ce qui pouvait provoquer une telle réaction chez son amie. Et elle ne voyait rien d'autre que Kita...
Et si Kita avait une petite-amie ? Son sang se glaça.
— Vous pensez que demain on va pouvoir aller visiter Nijō-jō ?
Si le lancement de sujet de Ginjima n'eut pas l'effet escompté, elle ne put que saluer l'initiative. Leurs camarades finirent par les rejoindre, et bientôt le malaise ne fut qu'un lointain souvenir. Le ventre rempli, elles remontaient ensemble jusqu'au dortoir lorsque Kisara se décida à enfin la questionner.
— Ritsuka-chan, t'es super pâle, il s'est passé quelque chose ? Ça a un rapport avec Kita-san ?
— Pardon ?
Une surprise sincère étira les traits de son délicat visage, à l'attente du nom du capitaine qui apparaissait au milieu de cette conversation. Kisara jeta une nouvelle œillade au couloir pour s'assurer que personne ne les écoutait.
— Je t'ai vue te décomposer en voyant les messages sur le téléphone de Suna-kun, alors j'ai eu peur qu'il se soit passé quelque chose par rapport à Kita-san...
Sans qu'elle ne l'ait réalisé, elles s'étaient arrêtées de marcher au milieu du couloir effectivement désert. Ritsuka se figea tout entière, jusqu'aux traits de son visage, la mâchoire serrée. Elle paraissait vraisemblablement mal à l'aise, et pourtant le voile de quelque chose d'indescriptible glissa à la surface de son regard.
— Non, ça concernait pas Kita-san, c'est gentil de t'en préoccuper. En fait... Je savais pas trop comment te le dire, mais Suna-kun avait l'air de parler à une fille...
Si les mots tombèrent sur leurs épaules, Kisara se contenta de cligner des yeux. Elle ne put nier le pincement au coeur que ces mots provoquèrent, ni même la déglutition qui lui coula difficilement dans la gorge au souvenir du sourire qui avait fendu son visage lorsqu'il tapait une réponse à son message. Pourtant, à cet instant précis, la jeune fille ne voyait que son amie face à elle, qui se triturait les doigts de nervosité. Cela signifiait-il que si elle s'était sentie mal de la sorte et préoccupée, c'était par égard pour elle ? Un sourire sans joie chercha à se frayer un chemin jusqu'à ses lèvres, mais elle le réfréna dans un soupir.
— Tu sais, je suis bien consciente que je n'intéresse pas Suna-kun. Je m'en rends bien compte au quotidien, alors ça m'étonne pas vraiment qu'il parle avec d'autres personnes. Rien ne l'en empêche.
— Ah bon ? Mais tu... Je croyais que t'étais vraiment intéressée ? s'étonna la volleyeuse.
— C'est le cas. J'essaie juste de me dire que c'est pas parce que je ne l'intéresse pas maintenant que ça ne pourra jamais changer...
C'était sincère. Ce n'était pas parce que Suna ne se montrait pas réceptif à ses tentatives d'approche qu'il ne le serait jamais. Ce n'était qu'une braise d'espoir, peut-être ne mènerait-elle nulle part : à cet instant elle préféra ne pas se torturer l'esprit. Profiter de ce voyage scolaire était bien plus important que de se prendre la tête.
****
— Ils avaient pas annoncé que les températures devaient baisser comme ça, non ?
Emmitouflé dans son manteau dépourvu de capuche, Ginjima traînait le pas dans leur groupe de visite. Le ciel s'était effectivement bien couvert depuis la veille, entraînant ainsi une chute de quelques degrés. Marcher à travers les rues de Kyoto les aidait à maintenir une température corporelle raisonnable, pourtant il fallait bien admettre que le froid de l'hiver était tenace.
— Si, ils l'avaient annoncé, rétorqua Suna, une pointe de moquerie dans la voix. Fallait pas écouter Atsumu quand il s'est improvisé météorologue, ce matin.
Kisara laissa un léger rire lui échapper, pour autant Suna ne se retourna pas en sa direction et continua sa marche en direction du château de Nijō. À deux mètres de distance derrière lui, la jeune fille le voyait sortir à répétition son téléphone de la poche de sa veste, pianoter quelques mots et le ranger. La culpabilité commença à lui grignoter les entrailles lorsque son esprit lui murmura en boucle qu'il devait s'agir de cette fille dont Ritsuka avait parlé...
La lycéenne se maudit intérieurement. Il ne fallait pas qu'elle se torture le cerveau avec tout cela : Suna avait bien le droit de faire ce qu'il voulait et de parler à qui il voulait. Ce n'était juste pas très facile à admettre.
— Ça va ? s'éleva la voix de Ginjima à ses côtés.
Surprise qu'il ait remarqué son tourment, Kisara se contenta de lui afficher l'un de ces sourires qu'elle savait faire pour esquiver la conversation. Pourtant, il n'y répondit qu'en arquant les sourcils, visiblement pas naïf pour deux sous.
— Au fait, vous vous êtes pris un sacré savon hier soir, non ? questionna Ritsuka, qui marchait un peu devant, à équidistance entre eux et Suna.
— Un peu, admit Ginjima.
— Qu'est-ce que vous aviez fait ?
— Cet idiot d'Atsumu avait ramené un ballon de volley, donc ils ont commencé à y jouer dans le dortoir...
— Je te rappelle que tu jouais aussi, ajouta Suna.
Les pommettes de l'attaquant se colorèrent d'un léger rose.
— Je sais pas comment il fait, il arrive toujours à m'entraîner dans ses plans...
— Il sait trop bien comment tu fonctionnes, il en joue. Je suis bien content de pas être dans votre classe...
Les deux jeunes filles s'amusèrent de l'échange qui avait lieu devant elles, à tel point qu'elles finirent par en oublier le froid qui les enveloppait. Étonnamment, même si aucune d'elles ne partageait le quotidien scolaire de Miya Atsumu, elles n'avaient toutes deux pas de mal à imaginer la scène qui avait dû avoir lieu dans le dortoir des garçons la veille. Dans une bonne humeur aux antipodes de la soirée, ils arpentèrent ainsi les immenses rues toutes droites qui menaient jusqu'au château, jusqu'à ce que Ritsuka finisse par se planter devant la vitrine d'une petite boutique de souvenirs.
— On peut s'arrêter ici ? J'aimerais acheter un truc pour mon frère.
— Bonne idée, approuva poliment Kisara.
C'était l'occasion de ramener un petit souvenir pour Kasumi, après tout. L'idée lui trottait dans la tête depuis un petit moment déjà, mais elle n'avait pas osé la proposer. Contre toute attente, Suna parut également intéressé par l'idée, puisqu'il s'avança en direction du présentoir à porte-clés, son dévolu jeté sur ceux à l'effigie d'animaux divers et variés.
— Tu prends un souvenir toi aussi ? s'étonna Ginjima en se penchant vers son coéquipier.
Le central se figea, lui lançant un regard assassin par-dessus son épaule. Le visage crispé et sans répondre, il s'empressa de reporter son attention sur les porte-clés, pour venir saisir un renard souriant.
— C'est pour... ma sœur.
Un sourire étira les lèvres de Kisara, alors qu'elle se tournait vers eux, ignorant les regards insistants du vendeur de la petite boutique. L'attention était étonnamment touchante, d'autant plus qu'elle n'avait jusqu'à présent aucune idée de l'existence d'une soeur Suna. La curiosité vint lui chatouiller les entrailles.
— T'as l'air vachement gêné pour quelqu'un qui choisit un cadeau pour sa sœur, ajouta Ginjima sur un ton chantant et taquin.
— Tu traînes un peu trop avec Atsumu à mon goût, toi.
Le porte-clé renard en main, il s'éloigna pour passer en caisse sans demander d'emballage cadeau. Et là où Ginjima n'acheta rien, ce fut avec deux porte-bonheur que les deux filles du groupe quittèrent à leur suite les lieux. Si l'ambiance semblait toujours aussi détendue que quelques minutes auparavant, Kisara, elle, ne pouvait s'empêcher de pensivement ressasser les paroles de Ginjima. Ce porte-clé était-il vraiment pour une éventuelle sœur, ou avait-il un quelconque rapport avec cette fille avec qui il échangeait ?
Ses sentiments devaient rester respectueux et ne pas se montrer envahissants. Il ne fallait pas qu'elle se torture l'esprit inutilement...
Pourtant, le fossé se créait.
****
La journée avait filé à une allure folle. C'était en quittant la table après leur repas du soir que Kisara l'avait réalisé. C'était la dernière nuit, et ils rentreraient dès l'après-midi, le lendemain. Cette fois, le dîner n'avait été partagé qu'entre filles : les garçons s'étaient rassemblés en petits groupes – et avaient d'ailleurs été réprimandés pour faire trop de bruit.
— Je serais pas surprise de les voir débarquer dans notre chambre ce soir.
— Malgré le savon qu'ils se sont pris hier ?
— Hiroto-kun avait pas l'air forcément très perturbé.
— Et pourtant, il est le premier à faire les bêtises pour lesquelles ils sont justement réprimandés...
Sans un mot et ses affaires de toilette en main, Kisara suivit avec attention la discussion que ses camarades poursuivaient, alors qu'elles se rendaient aux douches après cette longue et fatigante journée. Une fois propre et détendue, ce fut seule qu'elle arpenta le couloir pour rejoindre le dortoir, quelques minutes plus tard. Ses longs cheveux blonds, rendus lisses par le poids de l'eau, lui chatouillaient le bas du dos et inondaient son sweat-shirt. Malgré l'air ambiant, supposé agréable grâce au chauffage qui devait bien fonctionner, elle réprima un frisson : les températures lui paraissaient avoir encore baissé. Ce fut ce moment de réflexion que choisirent deux silhouettes pour croiser sa route, à l'intersection en provenance du dortoir des garçons. Ils manquèrent de la percuter, et lorsqu'elle le réalisa Ginjima tendait déjà les bras, dans un réflexe totalement inconsciemment de quelqu'un prêt à rattraper un individu qui tomberait. À ses côtés, son camarade de classe Saito Hiroto restait immobile, les mains dans les poches et les yeux clignant à répétition.
— Narumi-chan ! s'exclama-t-il, reprenant rapidement contenance, un large sourire sur les lèvres. Si c'est pas le destin qu'on tombe sur toi comme ça !
Kisara fronça instinctivement les paupières devant la familiarité qu'il installait avec cet honorifique, incapable de savoir quoi répondre. Hiroto n'était pas méchant, bien au contraire, il traînait seulement cette réputation assez frivole et un peu dragueur, face à laquelle elle ne savait pas comment réagir. Si elle aurait aimé le repousser, elle savait qu'il lui fallait se contenter de rester polie. Malgré toutes les paroles qui lui venaient à la bouche, elle ne rétorqua que d'un sourire en miroir au sien.
— On allait se chercher un truc chaud à boire, tu veux venir avec nous ? l'interrogea Hiroto.
La perspective de se promener dans le dédale du bâtiment vêtue comme elle l'était dans un pull trop grand, les cheveux mouillés et ses affaires de toilette dans les mains ne la tentaient pas vraiment. Malgré tout, elle envisagea la perspective d'une boisson chaude...
— C'est gentil, mais j'ai encore mes affaires, et...
— Oh t'inquiète je te les porte, si tu veux !
Hors de question.
Pourtant, les mots ne franchissaient pas ses lèvres. Quand bien même elle voulait exprimer ses pensées telles qu'elles lui venaient, elle en était chaque jour comme le précédent totalement incapable. Alors elle se retrouva à leur emboîter le pas jusqu'au rez-de-chaussée, ses affaires toutefois gardées sous le bras, entièrement guidée par le besoin d'une boisson chaude au fur et à mesure qu'elle sentait la température chuter. Ginjima était resté silencieux tout le long de cet échange, mais elle l'avait aperçu suivre du regard leurs visages au fil de chaque mot. D'une certaine manière, il paraissait contrarié, et la jeune fille ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce qui aurait pu lui déplaire. Hiroto, de son côté, restait fidèle à lui-même et à l'image qu'elle se faisait de l'adolescent. Pas méchant pour deux sous, seulement incapable de saisir une atmosphère. D'après Suna – elle l'avait déjà entendu le dire –, Atsumu déteignait un peu trop sur lui.
— Tu crois que Suna va jouer avec nous au volley, ce soir ? s'enquit Hiroto à l'attention de son camarade.
— Vous voulez encore jouer au volley ? Sérieux, comptez pas sur moi, on va se refaire engueuler...
— Bien sûr que tu vas jouer. Atsumu m'a promis deux-cents yens si j'arrivais à te faire jouer ! Et cinq-cents si j'arrive à ramener Suna ! Donc vous allez vous ramener tous les deux.
Malgré elle, Kisara laissa un léger rire lui échapper. Ils échangeaient naturellement sans se formaliser de sa présence, et d'une certaine manière elle parvenait sans mal à les imaginer en train de faire ces paris. Suna semblait pourtant apprécier jouer au volley, sinon il n'aurait eu aucune raison de rejoindre l'équipe, alors le fait qu'il refuse attisait sa curiosité.
— Au fait, t'as fait quoi d'Atsumu ? questionna Ginjima à l'attention de son camarade, comme s'il réalisait seulement l'absence du passeur.
Les mains toujours dans les poches, Hiroto parut tiquer. Les sourcils froncés, ses lèvres se pincèrent en une moue boudeuse, qui lui offrait un visage d'enfant étonnamment attendrissant. Son regard ambré brilla d'amertume.
— Une fille de votre classe voulait lui parler en privé, expliqua-t-il en désignant Kisara d'un signe du menton.
— Il a accepté ? s'étonna l'attaquant.
— Non, mais je suis parti quand même.
Ils arrivèrent devant le distributeur automatique de boisson avant que Kisara ne le réalise, et Hiroto en profita pour balayer d'un revers de la main le sujet Atsumu. Et dans le désert du couloir, où seules les touches de la machine résonnaient, son ressentiment la frappa comme un coup de massue. S'il paraissait toujours avenant, détendu et dragueur, ce n'était peut-être qu'une façade. Il semblait plus blessé par le fait d'avoir été exclu d'une discussion avec Atsumu pour ce qui s'apparentait à une déclaration, que ce qu'il l'admettrait. Finalement, il était peut-être d'une composition plus complexe qu'elle l'imaginait.
Comme elle, Ginjima resta silencieux, mais elle aperçut ses prunelles considérer à tour de rôle leurs deux silhouettes. Visiblement, il était plus observateur qu'il n'y paraissait, lui aussi.
— Hiroto ! s'éleva une voix depuis le fond du couloir, qu'ils identifièrent tous les trois en même temps. Sale lâcheur pourquoi tu t'es barré ?
— J'avais soif, éluda l'intéressé.
— Vite viens, faut pas qu'on traîne il va être trop tard après. Salut Gin, salut Narumi.
La tempête Miya Atsumu s'évanouit de leur champ de vision avant même qu'ils n'aient eu le temps de réellement la voir passer, entraînant dans son sillage Hiroto qui n'était déjà plus qu'une vieille relique du passé. Perplexes devant le distributeur, Kisara et Ginjima se fixèrent en chiens de faïence plusieurs secondes après qu'ils furent partis, comme restés en suspens dans le temps.
Contre toute attente, Kisara fut la première à briser le silence, en laissant un pouffement lui échapper. Ginjima resta interdit, et devant sa réaction elle se mit à rire de plus belle, laissant l'écho de sa voix ricocher contre les murs du couloir. Une pression inconsciemment contenue la quitta au même titre que ce rire, comme si elle s'autorisait une courte seconde à être elle-même. Et lorsque la perplexité libéra le volleyeur à ses côtés, ce dernier se laissa porter par l'instant en joignant un rire irrépressible au sien.
Atsumu et Hiroto n'étaient plus que des vestiges dans leurs mémoires, quand ils laissèrent le calme retomber sur eux. Il ne paraissait plus y avoir âme qui vive à proximité, et il était presque étonnant qu'aucun de leurs camarades n'ait eu l'idée de venir chercher une boisson à leur tour. Les joues rouges d'avoir ri, Kisara se baissa pour récupérer la canette de chocolat chaud qui était restée dans le bac.
— Désolée, soupira-t-elle dans un souffle.
Aussi loin qu'elle s'en souvienne, il ne lui semblait pas s'être un jour autorisé à rire de la sorte en public. Si son père avait été là, nulle doute qu'elle se serait faite réprimander pour cette négligence et cette impolitesse ; pourtant ce geste naturel pour certains sonna comme une libération à son cœur. Toute la pression, l'angoisse et l'incertitude contenues sans même qu'elle ne l'ait réalisé, au cours de ce voyage scolaire, lui semblèrent quitter ses épaules et l'alléger d'un poids. Peut-être que finalement, savoir que Suna était proche de quelqu'un et demeurait plus inaccessible que jamais avait été plus difficile à encaisser qu'elle l'avait imaginé.
— J'aurais pas imaginé que ton rire pouvait être aussi contagieux, lâcha avec sérieux Ginjima, et elle s'extirpa à ses pensées.
— Désolée, répéta-t-elle.
— Pourquoi ?
Son incompréhension semblait sincère.
— De mon impolitesse.
— Je suis en classe avec ces deux idiots d'Atsumu et d'Hiroto. T'inquiète pas, j'ai l'habitude d'entendre des gens rire bien plus fort que ça.
Cette phrase arracha à la lycéenne un fin sourire, mais elle préféra se plier au silence. Dans un accord tacite, tous deux désormais munis d'une canette, ils choisirent de retourner jusqu'au hall principal du complexe afin de regagner leurs dortoirs respectifs.
— C'est passé vite, souffla Kisara pour faire la conversation. On rentre déjà demain...
— Demain soir, la corrigea-t-il. Nous coupe pas une journée, déjà que trois c'est court.
— C'est vrai, désolée, sourit-elle, ses iris rivés sur sa trousse de toilette et sa canette qu'elle n'avait pas encore ouverte, mais qui lui tenait chaud.
Ginjima coula vers elle un regard en coin, un sourcil arqué. Mais s'il avait quelque chose à rétorquer, il n'en laissa rien paraître.
— Tu crois qu'on aura le temps de monter tout en haut de la tour de Kyoto, demain ? s'enquit-il, son regard aux reflets d'ambre s'illuminant soudain d'enthousiasme.
Un nouveau pouffement échappa à la jeune fille, qui le considéra quelques secondes afin de savoir s'il était sérieux ou non. De toute évidence, il l'était.
— Je crois pas que ce soit prévu aux programmes de voyage, désolée, rit-elle doucement.
Cette fois, il s'arrêta de marcher au milieu du couloir. Les rais de lumière vive filtraient par l'entre-bâillement de la salle principale, signe qu'ils arrivaient au bout du couloir. Leurs chemins n'allaient plus tarder à se séparer au gré des escaliers, pour pouvoir tous deux rejoindre les dortoirs. Pourtant, Ginjima restait immobile, si bien que Kisara se sentit obligée d'en faire de même.
— Un problème ? questionna-t-elle.
Et alors qu'elle se demandait si c'était la perspective de ne pas pouvoir admirer la vue panoramique de la ville qui provoquait chez lui cette réaction, il soupira en glissant une main dans ses courts cheveux blonds.
— Pourquoi tu t'excuses tout le temps ?
Sa voix ne portait pas la moindre animosité, son regard ne crachait pas la moindre colère. Pourtant, Kisara resta un court instant comme bloquée en suspens dans le temps. Ses lèvres s'entrouvrirent une première fois, pour se refermer aussitôt sans qu'elle n'ait réussi à dire quoi que ce soit. La question fila dans l'air sans qu'elle n'y retrouve de réponse, mais résonna en écho dans son esprit pendant quelques secondes. Devant son mutisme, le volleyeur finit par laisser un sourire sans joie étirer ses lèvres.
— Le prends pas mal, c'était pas mon but. C'est juste que t'as aucune raison de le faire. Depuis le début du voyage, j'ai l'impression que tu prends sur toi... Tu souris rarement pour de vrai, non ?
Le regard noir de Kisara accrocha le carrelage. Il n'avait pas tort dans ses propos. Il avait même tellement raison que c'en devenait presque douloureux, et elle ne savait pas quoi rétorquer. Elle comprenait désormais mieux la perplexité qui avait tendu ses traits lorsqu'elle s'était mise à rire, devant le distributeur. Il était décidément plus observateur qu'il le laissait deviner. Le fin sourire qu'il arborait déjà s'élargit en quelque chose de plus sincère :
— Désolé, t'es pas obligée de répondre, continua-t-il, dans un léger rire en réalisant que c'était à son tour de s'excuser, maintenant.
Même si elle l'avait voulu, elle ne trouvait de toute manière rien à répondre.
— Soyez pas surprises ce soir si vous voyez les gars débarquer, du coup.
Il reprit sa marche, et alors qu'elle lui emboîtait le pas, Kisara remercia intérieurement sa démarche pour changer de sujet. Elle saisit à deux mains la perche tendue.
— C'est marrant que tu dises ça, c'est exactement ce que les filles disaient à table ce soir. Ça veut dire pas de volley ?
Les pommettes de l'attaquant se parèrent d'une légère teinte rosée, dont la lycéenne ne comprit pas immédiatement la provenance.
— Je sais pas. Mais je préfère qu'Hiroto gagne ses deux cents yens parce que je viens jouer plutôt que de venir faire les voyeurs dans la chambre des filles.
Les escaliers menant aux étages supérieurs s'imprimèrent sur leurs rétines, signe que leurs routes s'apprêtaient à se séparer. Maintenant qu'elle le réalisait, et malgré ces deux jours déjà passés à partager sa compagnie dans leur quatuor de visites, il ne semblait pas à Kisara qu'ils avaient déjà eu l'occasion de discuter à deux de la sorte – et aussi longtemps. Ils ne se connaissaient pas vraiment avant Kyoto, et malgré ses mots qui avaient percé sa peau quelques minutes avant, il était d'agréable compagnie.
— Atsumu-san prend des risques avec ses paris, releva-t-elle sur le ton de la conversation dans un sourire. Je doute que vous soyez si difficiles à convaincre, avec Suna-kun, au point de risquer quelques pièces.
— C'est ce que tu crois, ça. Ce flemmard de Suna a pas voulu sortir de son futon, hier. On verra s'il est pas trop occupé à parler encore avec sa Fumiya, mais ça a l'air mal parti.
Le cœur de Kisara lui parut louper un battement. Sa marche ralentit sans même qu'elle ne le réalise, si bien que Ginjima finit par lui mettre cinq marches de distance dans les escaliers. Fumiya. Fumiya comme Fumiya Akemi ? Ce soir d'orage où il était revenu avec elle jusqu'à leur salle de classe lui revint en mémoire avec la force d'une gifle, et les pièces du puzzle commencèrent à s'assembler.
L'attention qu'il avait portée à son téléphone, ces dernières vingt-quatre heures, c'était pour elle. Cela lui semblait tellement évident, à cet instant précis, qu'elle se demanda même comment elle avait pu ne pas y penser plus tôt. S'il était poli et toujours gentil avec elle, il n'esquissait jamais de sourire aussi sincère que ceux qu'il avait offert à l'écran de son téléphone toute la journée. La poitrine comprimée, la lycéenne tenta de se remémorer les mots prononcés à Ritsuka, la veille, et ils prirent soudain un arrière-goût bien amer sous sa langue. « J'essaie juste de me dire que c'est pas parce que je ne l'intéresse pas maintenant que ça ne pourra jamais changer ». En fait, il n'y avait aucun espoir que cela change.
Ritsuka. Son cœur se pinça une nouvelle fois : était-elle au courant ? Jusqu'à présent, rien dans son attitude ne l'avait jamais laissé sous-entendre... jusqu'à hier. De toute évidence, elle avait bel et bien vu que l'émetteur des messages, lors de leur repas du soir, était Fumiya. Et telle qu'elle connaissait son amie, cette dernière devait être en train de se torturer l'esprit sur la situation.
Comme un coup cruel et abusif du destin, la silhouette de Suna jaillit dans leur champ de vision pour bousculer le flux de ses pensées. Prêt à rejoindre le dortoir des garçons au deuxième étage, il sortit du couloir, une serviette posée maladroitement sur le crâne au reflet d'une flemme certaine de la porter, une trousse de toilette sous le bras et en survêtement. Il sortait visiblement de la douche. Il croisa leurs deux regards et s'arrêta instinctivement de marcher pour les attendre.
D'un revers de la main, il fit glisser la serviette sur ses épaules, dévoilant sa chevelure brune dégoulinante qui lui tombait de manière désordonnée sur le visage. Cette image, Kisara le savait : elle ne serait pas prête de la voir une nouvelle fois. Bien incapable de contrôler ses propres réactions, peu importe combien elle s'en maudissait, la jeune fille en sentit ses pommettes s'échauffer.
— Vous étiez où ? s'enquit-il une fois qu'ils furent à sa hauteur.
— On a pris une boisson au distributeur, en bas, expliqua calmement Ginjima, pas le moins du monde conscient du foutoir qu'il venait de mettre dans la tête de Kisara. On était avec Hiroto, mais Atsumu est passé le récupérer.
— Génial, qu'ils restent ensemble à faire leurs conneries, ces deux-là.
Un léger rire aurait pu échapper à Kisara, si Suna ne venait pas de sortir son téléphone pour surveiller l'écran, avant de le ranger. La poigne qu'elle mettait sur sa trousse de toilette, toujours dans sa main, se resserra. Face à eux, le central la considéra d'une œillade rapide, un voile de perplexité glissant furtivement à la surface de son regard olive.
— Narumi-san, ça va ? T'es pâle.
Ginjima coula vers elle un regard paniqué, se sentant sûrement coupable de n'avoir rien remarqué. L'inquiétude que Suna lui porta semblait sincère, elle ne parvenait pas à avoir de doute à ce sujet. Pour autant... elle n'était pas romantique.
— Tu te sens pas bien ? T'es malade ? s'enquit Ginjima. T'as peut-être attrapé froid, comme t'avais les cheveux mouillés... En plus, c'est Hiroto qui t'a forcé la main pour que tu viennes avec nous, je m'en veux de pas avoir fait gaffe !
Suna le gratifia d'une tape amicale à l'arrière du crâne, avant qu'un soupir ne lui échappe.
— Gin, tu vas la rendre encore plus mal, à stresser comme ça.
— Je vais bien, les coupa Kisara. Merci de vous inquiéter.
L'esquisse d'un énième sourire poignit sur son visage, à l'image d'une fleur fanée qui lutte pour s'ouvrir de nouveau l'année suivante. Ses mots n'auraient pas pu être plus sincères ; elle leur était intimement reconnaissante de s'être inquiétés pour elle. Malgré le visage dubitatif qu'ils échangèrent, ils n'insistèrent pas.
Elle ne retint pas Suna quand il disparut dans un rapide bonne nuit. Elle ne protesta pas quand Ginjima proposa de la raccompagner jusqu'à la porte du dortoir pour éviter qu'elle s'écroule au milieu du couloir. Elle ne remarqua pas Ginjima qui l'observait du coin de l'œil, quand elle suivit du regard le central qui disparaissait au deuxième étage.
Finalement, chaque jour portait son lot de joies et de peines. Maintenant, il allait juste falloir avancer. Seule ou non.
~ ~ ~
Pour ceux qui n'auraient pas fait le lien, le porte-clé que Suna acheté est bien celui qu'il donne à Akemi par la suite héhé.
Ça m'a trop brisé le coeur d'écrire sur les sentiments non-réciproques de Kisara, mais bon ce n'était juste pas le bon du premier coup héhé.
J'espère quand même que cet OS, qui complète le voyage scolaire de l'histoire, vous a plu !
Pour le prochain, j'hésite entre écrire une genre de suite à l'histoire de Kisara et Ginjima, quelques mois après, ou bien à écrire sur Kasumi (qui a elle aussi son histoire qui ne demande qu'à être écrite, et bien évidemment son ship héhé). Je ne sais pas ce qui vous ferait plaisir ?
Par contre, je n'ai pas la moindre idée de quand je l'écrirai car je travaille sur d'autres projets. J'ai juste des pics soudain d'inspiration !
D'ailleurs, si vous voulez me suivre sur Instagram, là où je partage sur écriture et lecture, c'est sur @/tiffany.bnc !
Je vous dis à bientôt <3
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