Chapitre 42 - Douceur et fraisier
Akemi ne savait pas depuis combien de temps déjà le silence berçait leur étreinte. Peut-être une minute seulement s'était-elle écoulée, peut-être dix minutes avaient-elles filé. Qu'importe, cela n'avait pas la moindre espèce d'importance. La chaleur qui glissait sur sa peau et l'enserrait toute entière lui était si agréable qu'elle en aurait souhaité ne jamais la voir la disparaître.
— T'es trop silencieuse, c'est bizarre, finit par murmurer le volleyeur dans une voix teintée de malaise peu habituel.
— Ça veut dire que tu préfères quand je parle trop ? rétorqua la jeune fille dans un fin sourire.
— Je t'ai déjà dit que je trouvais ça amusant.
Akemi laissa échapper un léger pouffement, enveloppée de l'état d'euphorie qui lui courait dans les veines. Pendant des semaines, elle avait essayé de mettre des mots sur l'afflux constant de sentiments qu'elle ressentait en sa présence, jusqu'à enfin y parvenir auprès de Ritsuka. Aujourd'hui, bercée par l'éclat du ciel nocturne, et alors que la sensation d'encore sentir ses lèvres sur les siennes la poursuivait, elle n'en avait plus aucun doute.
— Il faudrait rentrer, il est super tard, finit par lâcher Suna, avant de se reculer.
Le froid s'enroula sur son corps aussitôt que celui du volleyeur ne fut plus contre elle. Toujours debout, posté au pied du muret sur lequel elle était assise et ainsi à sa hauteur, il la considéra dans l'attente d'une réaction.
— Je veux pas rentrer chez moi, souffla Akemi alors que son regard se perdait sur l'immensité de la voûte céleste. J'ai dit à mes parents que je dormais chez Ricchan...
Suna haussa les épaules pour toute réponse.
— On a qu'à aller chez moi, au pire.
Heureusement pour Akemi, son visage ne pouvait pas s'embraser plus qu'il ne le faisait déjà.
— Mais et tes parents, ils vont pas trouver ça bizarre ?
— Y'a qu'Atsuko, pour l'instant. Mon père travaille de nuit cette semaine, donc il va rentrer plus tard et dormir jusqu'en début d'aprem. Et ma mère rentrera de Nagoya que dans la matinée, comme chaque samedi.
Il hésita l'espace d'une courte seconde puisque sa main droite glissa avec nervosité dans sa nuque.
— J'aime pas laisser ma sœur toute seule comme ça à l'appart en pleine nuit, avoua-t-il comme si cela lui coûtait en fierté.
Les prunelles de l'adolescente s'écarquillèrent sous le coup de la surprise lorsqu'elle prit conscience du sous-entendu, si bien qu'elle se redressa d'un bond pour quitter son rebord en béton. Ils étaient déjà dehors depuis un petit moment, et Suna n'avait fait cela que pour elle. Il préférait ne plus trop traîner dehors, loin de chez lui. Cette attention affective à l'égard de sa cadette laissa l'esquisse d'un sourire attendri naître sur les lèvres d'Akemi.
— Je te suis, alors !
Si au fond d'elle, la jeune fille nourrit l'espoir coupable qu'il saisisse sa main au cours de leur trajet, il n'en fut rien. Le calme berça ainsi leur marche dénuée de contact physique, si bien que ce fut sur la vie nocturne que son attention se porta, au gré de ces quelques minutes de silence. Les hululements des chouettes perçaient la nuit, parfois obstrués par les rares voitures qu'ils pouvaient entendre au loin ou par la brise glacée qui soufflait parfois en bourrasques. Un vendredi soir de la sorte, ils croisèrent à trois reprises des passants, qui ne leur accordèrent à aucun moment la moindre attention. Plus que jamais, les astres qui illuminaient la voie lui parurent fascinants, presque envoûtants ; pourtant ce fut la silhouette du volleyeur légèrement en avant qui finit par accrocher son regard. Et ce jusqu'à ce que l'immeuble à la hauteur presque familière n'inonde leurs champs de visions.
— Essaie de pas faire trop de bruit en rentrant, je voudrais pas réveiller Atsuko. Tu peux prendre ma chambre, je vais dormir dans le salon.
Akemi resta bouche bée.
C'était tout ce qu'il avait à lui dire ? Suna n'était pas toujours très loquace, elle le savait bien – quand bien même il le devenait de plus en plus en sa présence, il partait de loin. Même si elle ne nourrissait pas le moindre espoir de quoi que ce soit, il lui semblait difficilement concevable que « ne fait pas trop de bruit en rentant » soit le sujet qu'il devait amorcer. Pas après l'avoir embrassée de la sorte.
— Oui d'accord, mais...
Le clic de la serrure la coupa dans son élan, si bien qu'elle ne put que gonfler les joues de mécontentement. Ils pénétrèrent dans le genkan illuminé de leurs flashs de téléphone, pour se déchausser dans le silence le plus total. Si elle n'était venue ici qu'à deux reprises, ce fut avec naturel que la lycéenne s'avança dans l'appartement, suivie par son aîné qui lui tapota l'épaule afin de récupérer son manteau. Geste anodin, trop anodin pour qu'elle imagine qu'en se tournant en sa direction, prête à enlever sa veste, elle manquerait de se prendre les pieds sur son sac de cours que Suna avait visiblement laissé à côté du porte-manteau. Un léger cri bien vite étouffé lui échappa, avant qu'elle ne s'accroche par réflexe au bras à proximité.
Et si elle se maudit intérieurement, elle devina sans mal le soupir qu'il venait de lâcher, dans un possible roulement des yeux. De toute évidence, pour la discrétion, ils repasseraient...
— Rin, c'est toi ? s'éleva une voix tremblotante depuis l'extrémité du couloir.
— Ouais, souffla l'intéressé en allumant la lumière dans une capitulation, avant de se tourner vers elle – Akemi en retint son souffle. T'es un boulet, tu le sais ça ?
Il lui pinça sans force le nez, et Akemi distingua l'esquisse d'un sourire sur ses lèvres, alors qu'il passait à côté d'elle pour rejoindre la chambre de sa sœur. Elle resta en suspens l'espace d'une courte seconde, considéra sa veste qu'elle n'avait ainsi pas enlevé, gonfla les joues, et finit par faire volte-face pour le suivre.
— Atsuko, je t'ai déjà dit que si t'entendais un bruit bizarre dans l'appart, tu faisais semblant de dormir et tu appelais les flics. C'est un zéro pointé, là.
La porte au fond du couloir s'entrouvrit pour laisser passer la silhouette encore frêle de la fillette de douze ans, les cheveux attachés et vêtue d'un tee-shirt bien trop grand pour elle – qui appartenait sans aucun doute à Rintarou – ainsi que d'un pantalon de pyjama. Son regard olive, d'abord obstrué par son poing au gré d'un frottement des yeux qui servait sans doute à la réveiller, alterna entre son frère et la lycéenne derrière lui. Une lueur d'enthousiasme y pétilla soudain, avant qu'elle ne s'avance en leur direction :
— Akemi-chan ! Qu'est-ce que tu fais ici en pleine nuit ? s'enquit-elle en détalant à travers le couloir pour atteindre sa hauteur.
— Doucement l'asticot, t'es bien vivace pour quelqu'un qui vient de se réveiller, lança Suna en lui administrant une petite tape à l'arrière du crâne.
— C'est vous qui m'avez réveillée, je vous rappelle, se défendit la collégienne, les lèvres pincées. Et donc, qu'est-ce que tu fais là Akemi-chan ?
L'intéressée plissa le front, avant de lancer une œillade de détresse au volleyeur. Ce n'était pas qu'Atsuko ne lui attisait pas de sympathie, bien au contraire, mais elle se voyait bien mal expliquer la situation, et encore moins à une personne aussi jeune.
— Il s'est passé quelques trucs, du coup elle dort ici cette nuit. Je vais dormir dans le salon, donc rentre pas comme une furie demain matin, compris ? répondit le volleyeur pour voler à son secours, avant de passer à côté de sa sœur et de lui ébouriffer les cheveux.
— Je vois... C'est dommage que tu sois pas venue la semaine dernière, on aurait pu faire le gâteau d'anniversaire de Rin ensemble !
Les yeux de la jeune fille s'écarquillèrent dans un réflexe qu'elle ne parvint pas à dissimuler, à ces mots. L'anniversaire de Rin ? La semaine dernière ? Ses prunelles glissèrent sur la surface réduite du couloir pour se poser sur le volleyeur dans une myriade d'interrogations silencieuses, qu'il saisit de toute évidence. Le front plissé et le regard fuyant, son aîné se contenta d'un haussement d'épaules pour toute réponse.
— C'était ton anniversaire la semaine dernière et j'étais même pas au courant ?
— Tu le savais pas, Akemi-chan ?
— Visiblement non, bouda-t-elle dans un sempiternel gonflement de joues.
— Oh, je sais ! On peut lui faire un gâteau, si tu veux, même si c'est en retard !
Suna lui administra pour toute réponse une pichenette sur le front, avant de croiser les bras sur son torse dans un regard entendu. La cadette saisit de toute évidence le message – deux heures du matin n'était de toute évidence pas l'heure de faire un gâteau – pourtant, il n'en alla pas de même pour Akemi. Encore portée par le sentiment d'allégresse qui pétillait dans sa poitrine pour venir obstruer toutes les émotions négatives auxquelles elle avait été sujette au cours des dernières heures, elle laissa la réponse s'illustrer d'elle-même :
— Moi je veux le faire, ce gâteau, sourit-elle, et sa victoire se dessina à travers le pétillement du regard d'Atsuko.
— Désolée Rin, c'est l'invitée qui décide, se bidonna la jeune fille en saisissant le bras d'Akemi pour l'entraîner jusqu'à la cuisine, sans que son frère n'ait pu rétorquer quoi que ce soit.
La lycéenne en profita pour enfin enlever sa veste. Si elle n'en laissa rien paraître, un frisson lui remonta l'échine lorsque l'air frais de l'appartement glissa sur ses bras dénudés – être partie de chez elle en tee-shirt et sans avoir pris la peine de se changer n'était visiblement pas une super idée.
— Tu veux cuisiner quoi ? l'interrogea Atsuko.
— Euh je sais pas trop... Qu'est-ce que Sunarin aime ?
Un ange passa.
— Sunarin, répéta son interlocutrice en clignant des yeux à plusieurs reprises – et elle se maudit d'avoir laissé inconsciemment échappé ce surnom.
Ses joues commencèrent à s'empourprer de gêne face au regard taquin qui lui fit face. Et à cette instant précis, plus que jamais depuis qu'elle connaissait la cadette, Akemi prit conscience des gènes Suna qui coulait dans ses veines, face à l'éclat de malice dans son regard olive. Elle n'eut toutefois pas le temps de se défendre d'une quelconque manière : tel son sauveur, Suna lui déposa un sweat sur le visage et sans la moindre considération. Si elle s'apprêtait à bougonner Akemi se contenta de le saisir docilement lorsqu'elle réalisa que ce geste avait accaparé l'attention d'Atsuko, qui se fichait ainsi désormais du surnom qu'elle venait d'ouïr.
— Je sais, on a qu'à faire un fraisier ! trancha la plus jeune, dont les idées fusaient bien trop vite pour qu'ils puissent tous deux la suivre. Maman cache des fraises dans le congélateur, faut juste que je les trouve...
En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, sa silhouette s'évanouit à travers le renfoncement de la cuisine, et ils entendirent ses pas précipités à travers le couloir principal. Un sourire fleurit sur les lèvres d'Akemi, alors qu'elle se tournait en direction du volleyeur.
— Ta sœur est bien plus énergique que toi, commenta-t-elle, et la manière dont il lui pinça le nez pour répondre l'amusa d'autant plus.
— T'es toute aussi énergique qu'elle, je te ferais remarquer. À vous deux, vous allez me tuer...
Cette fois, ce fut un léger rire qui lui échappa, tandis qu'elle s'adossait au plan de travail pour enfiler le sweat qu'il lui avait précédemment tendu. Nulle doute qu'à suivre Atsuko qui courait partout de la sorte elle finirait bien rapidement par avoir chaud, les faits restaient qu'à cet instant précis, l'air de l'hiver se faisait encore ressentir. Et si un courant d'air lui permettait de telles attentions, elle en arriva presque à vouloir se réconcilier avec les températures de la saison...
— Merci de m'avoir amenée ici, lâcha-t-elle d'une voix douce en se blottissant contre le sweat trop large.
Le volleyeur ne répondit rien, pourtant son regard olive accrocha avec force le sien, à tel point qu'Akemi en sentit son estomac se retourner. Le voile de malice et de taquinerie qu'elle y avait si souvent décelé n'était plus, seuls volaient les éclats de sentiments qu'elle avait aperçus à travers la nuit. Le scintillement des astres donnaient l'impression d'encore se refléter à leur surface, aussi éternel qu'une étoile pouvait être éphémère et s'effondrer sur elle-même. Sans qu'elle n'en prenne conscience, perdue dans la contemplation de cet horizon désormais familier, il avança d'un pas pour se poster devant elle, dans une proximité qui réveilla les palpitations de son cœur.
Plus que jamais, ces vingt-sept centimètres qui les séparaient paraissaient infinis ; le rendaient aussi lointain qu'il n'était proche. Et si son corps tout entier aurait aimé se rapprocher jusqu'à ce que la moindre distance n'existe plus, ce furent les mains de Suna, qui se posèrent en coupe contre ses joues dans un million de frissons, qui la ramenèrent à la réalité. Brûlantes ; elles paraissaient brûlantes contre la peau pourtant échauffée de son visage.
Il se pencha vers elle pour réduire cette maudite distance, pourtant ses lèvres n'eurent que le temps de caresser les siennes dans un simple baiser, presque timide, que la voix d'Atsuko retentissait à travers les quatre murs de l'appartement :
— Je les ai trouvées ! Maman espérait sûrement qu'en mettant des légumes dessus, on les voit pas.
Un sursaut les étreignit tous deux dans un même geste, et Suna s'empressa de reculer pour s'éloigner, alors que les pas précipités de sa cadette résonnaient, visiblement en approche de la cuisine. Il fallut à Akemi des secondes qui lui semblèrent inépuisables pour que le fil de son esprit ne s'ordonne de nouveau en quelque chose de censé. Ses doigts tremblotants glissèrent avec hésitation contre ses propres lèvres, incertaines quant à ce contact aussi bref que doux.
— T'es toujours là quand il faut pas, soupira le volleyeur à l'attention de sa sœur dans une sincère exaspération, qui n'échappa pas à Akemi. Je vais me coucher, faites pas trop de bêtises avec la cuisine.
— Qu– quoi ? s'étonna la lycéenne en lui saisissant par réflexe le bras, pensées retrouvées et réorganisées. Non, reste faire le gâteau avec nous !
Il la considéra sans un mot par-dessus son épaule. Le temps fila, comme en suspens dans cette bulle qui n'appartiendrait qu'à eux, et sous le regard incrédule de la collégienne, avant qu'il ne lui administre une pichenette sur le front. Ses prunelles trouvèrent par la suite la silhouette immobile de sa cadette, qui observait le sol dans une mine déconfite, son sachet de fraises surgelées entre les mains. Il considéra à trois reprises les mots sûrement blessants qu'il venait de lui lancer, le bras d'Akemi qui tenait toujours le sien, avant qu'un soupir à fendre l'âme de capitulation ne glisse entre ses lèvres.
En si mettant à elles deux, il n'avait aucune chance d'espérer lutter.
Mais au fond, ce n'était pas si pénible.
****
Les rayons encore timides de l'astre du jour traversaient déjà les carreaux de la fenêtre du salon, lorsqu'un bruit de serrure se fit entendre à travers l'appartement des Suna. Allongés sur le canapé convertible qui meublait le salon, les trois adolescents se levèrent d'un même bond lorsque le clic parvint jusqu'à leurs oreilles encore endormies. Dans une perplexité non dissimulée, Akemi laissa ses prunelles parcourir la pièce l'espace de quelques secondes, incrédule quant à l'endroit où elle pouvait bien se trouver. Il lui fallut une longue seconde de réflexion pour que la myriade de souvenirs de cette courte nuit ne lui revienne en mémoire.
Après avoir massacré la cuisine à coup de bataille de farine et de coulis renversé, ils avaient passé plus de temps à nettoyer chaque centimètre carré qui la composait qu'à dormir. Le soleil n'allait plus tarder à laisser ses premiers rayons chatouiller les buildings de la ville lorsqu'Atsuko avait émis le souhait qu'Akemi dorme avec elle. Si Suna n'avait pas caché son refus en argumentant quant au lit simple que contenait la chambre de la jeune fille, Akemi, elle, s'était simplement laissée porter par la fatigue grandissante. Le pierre-feuille-ciseaux avait ainsi tranché pour la solution finalement adoptée : qu'ils déplient le canapé du salon pour y dormir tous les trois, emmitouflés sous une montagne de coussins et de couettes.
Le salon imprimé sur sa rétine parut dans un premier temps à la lycéenne vaporeux. Et alors qu'un « je suis rentrée » retentissait à travers le couloir de l'appartement, elle considéra la silhouette d'Atsuko postée entre elle et Suna.
— Maman ! s'exclama soudain l'enfant en se redressant d'un bond.
Akemi se leva brusquement à cette interpellation, comme rattachée à la réalité, sous le regard las et ensommeillé du volleyeur qui finit par se lever pour imiter sa cadette.
— Déjà réveillée ma chérie ? s'éleva la voix de Suna Yaeko depuis le genkan.
— Pas vraiment, enfin à l'instant. En fait, on a dormi dans le salon avec Rin et Akemi-chan !
— Akemi-chan ? répéta leur mère – et ses pas en approche résonnèrent dans l'appartement.
Si elle ne put pas passer à côté du soupir qui échappa à Suna, Akemi tressaillit d'une appréhension irrationnelle. Elle ne pouvait pas nier avoir ressenti un pic de stress, lorsqu'elle avait – certes vaguement – rencontré Takahiro en venant ici deux semaines plus tôt. Aujourd'hui, la situation changeait ; les baisers partagés sous la voûte céleste en témoignaient. Au fond, elle n'avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait bien signifier pour lui... Car si son estomac en papillonnait encore, si ses joues s'empourpraient aux seules réminiscences de ce contact trop éphémère ; Suna restait Suna, lui. Il n'en disait rien, n'en démontrait rien.
Alors l'appréhension tambourina contre sa poitrine au rythme des pas dans le couloir.
Elle n'eut toutefois pas le temps de tergiverser bien longtemps, car il ne fallut à Yaeko que quelques courtes secondes pour traverser l'embrasure du salon. Ni une, ni deux, Akemi se leva d'un bond pour quitter l'étreinte du couchage et se poster face à cette femme qu'elle prit la peine de considérer avec attention – et un œil admiratif. Malgré ses longs cheveux sombres, d'une couleur plutôt semblable à celle d'Atsuko que de son aîné, qui glissaient sur le long et élégant manteau qu'elle s'empressa bien vite d'enlever – en prenant soin de poser son sac sur l'une des chaises – et malgré sa silhouette élancée : ce fut bien son regard olive qui accrocha les pupilles de l'adolescente. Posé sur elle dans un horizon trop familier pour qu'elle n'en déglutisse pas, après avoir passé la nuit à observer cette couleur en cuisinant avec les frère et sœur Suna, elle sentit tous ses moyens s'envoler.
— Je suppose que c'est toi cette Akemi-chan, lança Yaeko dans un doux sourire, qui eut ainsi le mérite de la décrisper.
— Oui, bonjour, Fumiya Akemi ! répondit la jeune fille avec spontanéité.
Elle hésita. Une seconde, trop courte pour que Rintarou ne prenne la relève pour faire les présentations, et surtout trop courte pour qu'elle ait le temps de réfléchir à ce qu'elle allait pouvoir dire. Sans prendre la peine de tourner sept fois sa langue dans sa bouche et incapable de savoir ce qu'elle était réellement, elle laissa ainsi échapper les mots qui lui semblèrent les plus cohérents pour s'introduire :
— Je suis une amie de Suna-kun ! se présenta-t-elle en s'inclinant aussi vivement que poliment.
Parmi les trois regards qui se posèrent sur elle, ce fut sans aucun doute celui de Suna qui accrocha sa silhouette le plus rapidement. Ses sourcils se froncèrent dans une réaction aussi interdite que surprise, pourtant il ne décocha pas le moindre mot.
— Oh, je vois, une amie, répondit simplement Yaeko. Enchantée ! Et comment ça se fait que tu sois ici ?
— Elle–
— Elle a fait un gâteau avec nous, cette nuit ! s'enthousiasma Atsuko, sans même réaliser qu'elle coupait la parole à son frère.
— Atsuko, moins fort, tu vas réveiller ton père.
— Ah oui, mince...
Le regard d'Akemi papillonna entre leurs deux silhouettes au fil des échanges, alors qu'un sourire amusé prenait naissance sur ses lèvres. Les hypothèses formulées par le passé au sujet de la matriarche Suna s'était étonnamment révélées exactes, et ce simple constat ne fit que l'amuser davantage : ce n'était bel et bien pas de sa mère que Rintarou tenait son caractère introverti. Et surtout, c'était bien d'elle qu'Atsuko semblait tenir le sien. Ses iris divaguèrent jusqu'à accrocher le regard olive qui lui était encore plus familier que les autres, dans un voile de malice et de félicité.
Voile qui disparut aussitôt qu'elle les rencontra.
Les pupilles sombres et figées qu'il posait sur sa personne lui parurent soudain tout, sauf agréables. Et si elle essaya dans un premier temps de ne pas s'en formaliser, elle ne put finalement pas manquer la déception qui y vola, aussi fugacement que sûrement. Ses lèvres s'entrouvrirent par réflexe, avant qu'elle réalise qu'il lui était impossible de poser la moindre question alors qu'ils n'étaient pas seuls.
— Oublie pas le fraisier Atsuko, c'est toi qui as voulu le mettre au congélateur, lâcha-t-il en détournant le regard, pour le porter sur sa cadette.
— Mince, t'as raison !
Et si elle arqua un sourcil de perplexité, Akemi se dit simplement qu'elle avait dû rêver.
~~~
Hello ! Petit chapitre tout smooth après les événements mouvementés auxquels Akemi a fait face, ça lui fait du bien ! Depuis un moment je l'avais prévu, celui-ci. Je vous avoue que j'adore écrire sur ce trio, à la base quand je l'ai créée j'avais pas prévu qu'Atsuko reviendrait de manière aussi récurrente, mais j'adore intégrer ce petit bout à cette histoire, et surtout développer sa relation avec Akemi !
Et comme vous pouvez le voir, Akemi fait encore des bêtises à parler trop vite—
J'espère que ce chapitre vous a plu ! Je vous avoue que j'avance en étant un peu moins sûre de moi et de vos retours, maintenant que j'ai posté le chapitre 41 !
En ce qui concerne les petits facts :
• L'idée de ce chapitre m'était venu en épluchant plein de tropes sur tumblr. « Faire un gâteau ensemble à 3h du mat » m'avait carrément donné envie !
• Comme je les ai choisies mais que c'est difficile à caser dans des chapitres, j'avais envie de vous donner les tailles des 4 OC principales de cet univers !
- Akemi : 159,1cm
- Ritsuka : 169,7cm
- Kisara : 165,2cm
- Kasumi : 153,4cm
(comme vous pouvez vous en douter, j'ai un petit faible pour les différences de taille avec le crush— et vu que ces volleyeurs sont quasiment tous géants, c'est pratique héhé).
Sur ce, je vous dis à samedi prochain <3
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