Chapitre 31 - La faille






La nuit enveloppait déjà avec sureté la ville de Kobe lorsque l'habitation des Fumiya s'était imprimée sur la rétine de Suna. Cocon hivernal comme posé sur la métropole, l'obscurité aurait presque pu lui faire manquer la maison s'il n'avait pas reconnu les lieux, après y être déjà venu à deux reprises. Les lumières filtraient à travers certaines fenêtres de la maison seulement, signe qu'il ne devait pas y avoir grand-monde à l'intérieur, mais ce fut toutefois avec une étrange appréhension que le volleyeur avança jusqu'à l'imposante porte d'entrée.

Maintenant qu'il y repensait, Akemi avait un jour démontré d'un évident manque d'enthousiasme à l'idée de le faire venir chez elle, lorsqu'ils avaient révisé ensemble. S'il n'avait jamais relevé ce fait, la manière dont elle avait esquivé cette perspective ne lui avait pas échappé, et il avait beau s'être questionné sur le sujet, cela lui était bien rapidement sorti de la tête.

Mais finalement, peut-être n'aurait-il pas dû venir.

Un long soupir franchit le mur des lèvres du lycéen, reflet de la flemme qui s'emparait de lui à l'idée d'avoir fait ce détour pour rien. Sans grande conviction, il se contenta ainsi de quelques coups sur la porte face à lui, et n'eut pas à patienter bien longtemps avant que cette dernière ne glisse pour dévoiler le genkan de l'habitation, mais surtout une silhouette qui aurait pu lui paraître familière. Si ce n'était pas dans la chevelure, châtain et assez longue, le regard azuré et pétillant qui le sondait lui rappela sans le moindre doute sa camarade de lycée.

Emmitouflée dans manteau et écharpe, chaussures aux pieds, Fumiya Youko laissa ses pupilles s'écarquiller sous le coup d'une surprise non dissimulée. La tête relevée pour affronter la différence de taille évidente avec le volleyeur, elle resta en suspens dans l'embrasure, visiblement coupée dans son élan alors qu'elle s'apprêtait à sortir.

— Bonjour, lâcha Suna, peu enclin à rester éternellement dans le froid extérieur. Je venais voir Fumiya-san.

— Akemi ? s'étonna Youko, avant de désigner d'un signe du menton le couloir principal que la porte ouverte laissait en vue. Elle est dans sa chambre, la première à gauche à l'étage.

La mère de famille se décala dans l'entrée pour le laisser s'avancer, sans prendre la peine de considérer la perplexité et l'étonnement qui étiraient son visage. Sac en main, elle se tourna en sa direction.

— Je dois sortir, mais sa sœur devrait bientôt rentrer !

Sans un mot supplémentaire, sans lui demander son identité ou s'inquiéter un instant du fait qu'elle laissait la maison à un inconnu, Youko ferma derrière elle la porte. Telle une tempête, sa spontanéité marqua l'esprit du lycéen, qui put bien rapidement conclure quant à l'héritage auquel Akemi avait de toute évidence eu droit. Abasourdi et plus que dubitatif, Suna resta ainsi en suspens, immobile dans le genkan au gré de la vive lumière du couloir.

Vraiment, il n'aurait sûrement pas dû venir.

Les secondes lui parurent défiler à la même vitesse qu'une heure de cours, alors qu'il étudiait les différentes situations qui s'offraient à lui. L'adolescente n'avait pas conscience de sa présence, il pouvait très bien rebrousser chemin et faire comme s'il ne s'était jamais aventuré jusqu'au quartier Kojidai... Pourtant, ce fut presque par réflexe qu'il se déchaussa, pour s'avancer le pas traînant en direction des escaliers.

Les marches en bois usé grincèrent sous chacun de ses pas, comme pour laisser à Akemi le temps de prendre conscience d'une présence en approche. Le lycéen considéra la première pièce à gauche, la seule visiblement fermée de tout l'étage, avant de toquer dans un soupir. Mais s'il pensait que sa voix ferait écho aux coups donnés, aucune réponse ne lui parvint. Et après avoir étudié le silence qui étouffait l'habitation, il finit par pousser avec discrétion la porte pour glisser une tête dans l'embrasure.

Suna s'était bien attendu à différentes visions potentielles, au cours de ces quelques secondes qu'il avait prises pour parvenir jusqu'à la chambre. Au vu du calme qui régnait, à la limite de l'asphyxiant, la perspective que l'adolescente soit endormie s'était révélée la plus probable. Alors s'il s'était bien attendu à la trouver allongée sous sa couette, il devait bien admettre que jamais l'idée qu'elle tienne contre elle sa veste de survêtement ne lui avait effleuré l'esprit. Ses lèvres s'entrouvrirent de surprise face à cette image inconsciemment gravée dans son esprit, alors que les traits de son visage s'adoucissaient sans qu'il ne s'en rende compte.

L'hésitation tendit ses muscles l'espace de quelques instants, alors qu'il étudiait la possibilité de faire demi-tour pour la laisser dormir. Il n'eut toutefois pas à réfléchir bien longtemps sur la question car une vibration de son smartphone posé sur la table de chevet fit se mouvoir la jeune fille sous les couvertures, avant qu'elle n'entrouvre les paupières. Comme figés à demi-clos, ses yeux sillonnèrent la pièce, avant de se poser sur la silhouette du lycéen qui avançait à l'intérieur.

— Je suis en train de rêver ? murmura-t-elle, avant que ses paupières ne se referment aussitôt.

Sa voix glissa dans l'air, faible et difficilement audible, si bien qu'un fin sourire étira le visage du volleyeur.

— Non, idiote. Je suis bien là, lâcha-t-il en posant son sac sur le tapis de la chambre.

Akemi rouvrit brusquement les paupières, réflexe spontané de son corps face à cette voix qui lui était parvenue, trop nette pour être le reflet de son esprit ensommeillé. Ses iris céruléens accrochèrent avec force ceux olive posés sur elle, si bien qu'elle dut en cligner à de nombreuses reprises pour s'assurer qu'il ne s'agissait effectivement pas d'une farce de son esprit encore fiévreux.

Cernes. Regard difficilement ouvert. Nez rougi et bouché, soigné par des reniflements dénués de délicatesse. Dos de pyjama auréolé de sueur, au gré d'une température accrue. Chaque élément qu'elle identifia donna à l'adolescente envie de s'enfermer sous sa montagne de plaids en maudissant cette idée qu'il pouvait avoir eu de venir la voir à un tel moment.

— Qu-qu'est-ce que tu fais là ? finit-elle par demander, avant de prendre conscience de la veste de survêtement bordeaux posée devant elle – qu'elle fit ainsi voler par réflexe à l'autre bout du lit.

Son téléphone émit une nouvelle vibration depuis sa table de chevet, attirant ainsi l'attention des deux lycéens. Ils considérèrent d'une même œillades l'objet, dont l'écran finit par s'éteindre, et Akemi profita du silence pour rabattre la couverture sur l'entièreté de son corps.

— Il paraît que c'est ma faute si t'es malade, indiqua simplement Suna dans un haussement d'épaules.

— Ah bon ?

— C'est Nagano-san qui disait ça. Je me demandais quelle partie de l'histoire t'avait pu omettre pour qu'elle en arrive à cette conclusion.

Une once de malice teinta ses paroles, si bien que la jeune fille sentit ses pommettes s'enflammer, camouflées par sa couette. Aucune. Elle n'avait omis aucune partie de l'histoire, et cette innocente phrase prononcée sans arrière-pensée la fit s'en rendre réellement compte.

— Ça n'empêche que t'étais pas obligé de venir, marmonna-t-elle sans sortir, en dépit de l'étuve que son cocon commençait à représenter. Je suis sûre que tu voulais juste te moquer.

— Mais oui, mais oui. T'as pas l'air si malade que ça si t'arrives à bouder et à raconter des bêtises.

Incapable de respirer, Akemi finit par sortir un bout de tête des couvertures, et dut ainsi affronter les pupilles joueuses et rivées sur elle de son aîné. Son cœur lui parut effectuer un looping contre sa cage thoracique, pourtant elle choisit d'en faire fi et se redressa quelque peu.

— Ça va un peu mieux, avoua-t-elle avec calme, loin des taquineries de Suna.

— J'ai croisé ta mère en arrivant, elle sortait. T'as été toute seule toute la journée ?

— Ah bon, ma mère était rentrée ? s'enquit Akemi tout en saisissant le verre d'eau qui reposait sur sa table de chevet. Je dormais depuis un moment je l'ai pas vue, mais ça m'étonne... Il est encore tôt, non ?

Le fluide glissa le long de son œsophage dans une sensation plus apaisante encore qu'elle n'aurait pu l'imaginer, alors qu'elle attrapait en même temps son téléphone pour considérer l'heure. Dix-sept heure était passé depuis quelques minutes désormais, et si elle s'interrogea sur la présence de sa mère, son esprit passa bien rapidement à autre chose lorsqu'elle aperçut les nombreuses notifications des nouveaux messages de Ritsuka. Ses doigts glissèrent avec rapidité sur l'écran tactile jusqu'à la conversation, sous le regard curieux de Suna qui demeurait silencieux.

« J'AI ENVOYE LE MESSAGE À KITA-SAN OMG »

« Ça fait 7 minutes et il a toujours pas répondu... »

« Tu crois que ça veut dire non ? »

« Bon la journée est quasi finie et pas de rep... »

« J'aurais jamais dû l'envoyer 😔 »

« AKI JE SUIS AVEC KITA-SAN IL EST VENU ME VOIR APRES LES COURS !!
Apparemment il a pas pu répondre dans la journée mais il voulait venir ! »

« On arrive à la patinoire installée en ville je stresse »

« Je t'appelle ce soiiiir, toi aussi tu vas avoir des trucs à me raconter <3
J'espère que ça va mieux ! »

Un large sourire naquit sur ses lèvres pour les étirer, à l'assimilation de ce flux d'informations plus qu'intéressant. Ses pupilles alternèrent à plusieurs reprises entre le volleyeur face à elle – dont le sourcil s'arquait de perplexité davantage au fil des secondes – et son écran de téléphone. Les navettes ainsi exercées avec rapidité réveillèrent le mal de crâne que sa longue sieste avait réussi à étouffer, si bien qu'elle finit par se laisser tomber le dos contre son matelas.

— Ricchan est en date avec Kita-senpai à la patinoire ! déclara-t-elle en serrant par réflexe son smartphone contre elle, dans un sincère soupir d'aise. Je suis trop contente pour elle, j'ai envie de pleurer.

Un voile de surprise glissa à la surface du regard olive de Suna, qui ne savait de toute évidence pas comment réagir. Il considéra ses paupières qui se fermaient progressivement, sa respiration qui se faisait visiblement plus irrégulière, et son visage qui rosissait à vue d'œil. Une déglutition coula dans la gorge de l'adolescent, avant qu'il ne décide se s'avancer, pour s'asseoir sur le bord du lit.

Ainsi posté dos à Akemi, il laissa ses pupilles errer sans but sur la décoration de la chambre. De la bibliothèque, remplie de différents mangas et romans, au bureau sur lequel étaient ouverts manuels scolaires et cahiers d'exercices. Du tapis aux motifs abstraits, jusqu'aux posters et photos d'astronomie épinglés çà et là. De son uniforme accroché sur cintre à sa veste de survêtement lancée au pied du lit – qu'il ne récupérerait de toute évidence pas ce soir. Chaque détail lui parut aussi familier qu'insolite, et donnait l'impression de réduire considérablement la distance qui existait entre eux.

Un mouvement des draps attira son attention, si bien qu'il jeta une œillade par-dessus son épaule pour observer la jeune fille, et la main qu'elle avait avancée en sa direction. Le temps sembla flotter entre eux, indomptable et insensible, si bien que seule la respiration d'Akemi lui permettait de s'assurer qu'il filait encore.

— Héhé, j'espère que Kita-senpai va enfin comprendre à quel point Ricchan est géniale, murmura-t-elle, les paupières closes, alors que ses doigts se refermaient autour de la veste d'uniforme du lycéen.

Le volleyeur leva les yeux au plafond dans un mélange de réflexion et d'hésitation, avant de finalement saisir à pleine main celle d'Akemi, sans daigner la regarder pour autant. Et s'il s'attendait bien à ressentir l'augmentation de sa température corporelle, l'étonnement serpenta jusqu'à lui lorsqu'il réalisa combien sa peau lui semblait effectivement brûlante. Contact embrasé qui traduisait la fièvre sillonnant son corps, il sentit au passage la crispation la parcourir.

Pourtant, elle se laissa docilement faire.

— Dis, Fumiya.

À cette interpellation, Akemi rouvrit les yeux pour les vriller sur sa silhouette assise, dans un froncement de sourcils. Suna ne parut pas s'en formaliser, car il continua :

— C'est encore un de tes super plans si Nagano-san est avec Kita-san, je me trompe ?

Le silence tourbillonna dans l'air pour accueillir sa question. Il fallut que quelques secondes s'écoulent pour qu'il se tourne en sa direction, et constate sa moue pincée, intensifiée par ses pommettes rougissantes de fièvre.

— Quoi ?

— C'est redevenu Fumiya ?

Suna plissa le front de confusion, à la recherche dans son esprit du sous-entendu. Et celui-ci lui apparut bien rapidement, au même titre que le semblant de malaise que provoquait ce souvenir.

— Ah bon, tu préfères ton prénom ? s'étonna-t-il de sa voix lasse.

— C'est juste que... Je m'y attendais plus, répondit-elle dans un gonflement de joues.

Un fin sourire étira les lèvres du volleyeur à ces mots, avant qu'il ne reporte son attention sur la collection de mangas Naruto rangée dans la bibliothèque.

— J'ai compris, soupira-t-il.

— Pour répondre à ta question, non c'est pas un de mes plans. Ricchan voulait vraiment inviter Kita-senpai quelque part, alors je lui ai juste parlé de la patinoire installée en ville.

Elle marqua une pause, le temps de ramener sa montagne de couvertures jusqu'à elle de sa main libre, avant de reprendre :

— J'ai juste un peu insisté pour la motiver, après.

Ses paupières se refermèrent naturellement après avoir prononcé ces mots, comme si les laisser échapper pouvait représenter un effort considérable. La fièvre frappait toujours Suna au gré de cette main qu'il tenait serrée dans la sienne, et devant cette image d'une Akemi qui luttait difficilement contre la fatigue et l'accablement, il commença à envisager de rentrer chez lui pour la laisser se reposer.

— Mais attends ! J'en avais oublié le sujet de base ! s'exclama brusquement la jeune fille en se redressant – et elle manqua au passage d'arracher un sursaut au volleyeur.

Elle saisit avec rapidité son téléphone qui avait glissé dans les draps – le geste fit chanceler sa vision – pour considérer l'heure digitale indiquée. Les sourcils froncés, elle ne réalisa pas avoir quitté l'étreinte que représentait la main de son aîné, et il ne parut pas s'en formaliser.

— Ma mère était là, tu disais... Comme je pensais, il est encore super tôt. C'est bizarre, elle rentre toujours tard.

— Elle avait l'air pressée.

Akemi fronça de nouveau naturellement les sourcils, alors que le sens de ces mots s'imprimait dans son esprit. La veille, il ne lui avait pas semblé que sa mère était rentrée plus tôt que la normale, alors elle pouvait toujours penser à une coïncidence. Pourtant, au fond d'elle, une petite voix fluette et désagréable lui soufflait que quelque chose clochait avec cette histoire. Et le simple fait de se sentir démunie et prise de courte de la sorte – devant Suna qui plus est – lui sembla anormalement plus amer qu'à l'accoutumée.

— Désolée, j'espère qu'elle a pas été trop désagréable.

— Désagréable ?

— Ouais, disons que ces derniers mois elle est un peu... tendue.

Le regard que l'adolescent vrilla sur elle lui hurlait de poursuivre, d'en dire plus, à l'inverse de ses lèvres qui ne se murent pas d'un millimètre. Pourtant, Akemi ne parvint pas à se résoudre à continuer sur sa lancée. Si son crâne lui donnait toujours l'impression d'être martelé de tous les côtés, si la fièvre brouillait quelque peu son champ de vision, elle parvenait toujours à voir avec netteté au fin fond de son esprit : cette histoire, il n'avait jamais réussi à n'en parler qu'à Ritsuka.

Au cours de ces semaines – mois ! – passées à côtoyer Suna, Akemi avait plus d'une fois eu l'occasion de regretter certains élans de spontanéité. Ce sourire narquois qui avait étiré bien trop souvent à son goût ces lèvres, ce voile de malice qu'elle avait décerné dans cette lueur olive... Trop d'éléments qui l'empêchaient de mettre à nu son affliction et ses douleurs les plus intimes.

Ce fut la pensée qui la traversa, avant que Suna ne lui administre une faible pichenette sur le front.

— Je sais à quoi tu penses. Et je t'arrête tout de suite, j'ai pas l'intention de me moquer.

L'adolescente déglutit, et elle ne sut si la sensation de chaleur qui lui brûla alors les joues était due à la fièvre ou à l'écho de son palpitant. Car après tout, c'était parce qu'il parvenait toujours à trouver la faille pour la charrier qu'elle en était arrivée là. La faille qui la faisait oublier quelques instants le nuisible qu'elle était. Et si elle avait passé des jours à nier au fond d'elle-même ce qu'elle ressentait à l'égard de son aîné, rongée par la culpabilité et pourtant incapable de réfréner ces sentiments, elle savait que le point de non-retour était atteint depuis longtemps.

Et pourtant, c'était plus dur que ce à quoi elle aurait pu se préparer.

— Je veux pas t'embêter avec ça, souffla-t-elle du bout des lèvres, avant de se rouler de nouveau en boule sous sa couverture.

Le silence s'écrasa, quelques secondes. Longues. Trop longues. Il étouffa l'air de la chambre, pour le rendre aussi difficile à respirer que ne l'était celui qui circulait difficilement sous les épais draps, comme posé en suspens dans le temps.

— Ça a un rapport avec le fait que tu voulais pas qu'on vienne réviser chez toi, la dernière fois, je me trompe ?

Akemi serra la mâchoire, sans bouger pour autant. Le crâne lancinant, il lui fallut le temps d'organiser ses pensées pour être capable de répondre.

— J'essaie d'épargner la situation à Ricchan, c'est pas pour que quelqu'un d'autre y soit confronté.

Si aucune réponse ne fit écho à ses tympans, Akemi laissa échapper un sursaut de surprise lorsque la couverture fut relevée avec précipitation pour dévoiler son corps tremblotant de froid, emmitouflé dans pantalon de pyjama et sweat trop grand. Penché en avant en sa direction et appuyé sur la main qu'il avait posée à côté de son oreiller, le volleyeur vrilla l'un de ces regards incisifs dont il avait le secret, sans décrocher le moindre mot pour autant.

La chaleur qui glissait sur chaque parcelle de peau de la jeune fille s'intensifia face à cette proximité, alors que l'air glacé qui lui fouettait le corps contrastait drastiquement avec ce ressenti. Et alors qu'une multitude de questions se déversait dans son esprit, aussi confuses les unes que les autres quant à ce qu'il s'apprêtait à faire pour avancer ainsi, il posa contre toute attente sa main libre sur son front.

— Donc c'est bien la fièvre qui te fait dire des conneries, lâcha-t-il, avant de se reculer.

Le feu aux joues, Akemi passa par réflexe une main sur son front, désormais vide de la paume de Suna, alors que la chaleur de cette dernière y paraissait encore gravée au fer rouge. Elle cligna à plusieurs reprises des paupières, avant qu'un soupir résigné ne finisse par lui échapper.

Ils y étaient. La faille.

— Parfois, t'es vraiment injuste, souffla l'adolescente dans un murmure qui n'atteint même pas les oreilles de son aîné.

Il avait beau se montrer habituellement taquin et joueur, Akemi n'aperçut à aucun moment un quelconque amusement danser dans son regard, lorsqu'elle lui raconta les grandes lignes de ses histoires familiales. Elle n'avait aucun besoin ni aucune envie de rentrer dans les détails de son enfance, et si elle se contenta du lien qui s'effilochait entre ses parents et de celui de sa grand-mère, elle sentit le soulagement venir reposer sur ses épaules.

Cette manière qu'il avait, en dépit des apparences, d'écouter chaque mot, chaque parole. Le silence qu'il laissa couler pour accueillir ses paroles. La discrétion avec laquelle il s'enfonça quelque peu sur le lit, pour s'asseoir plus près de sa silhouette tremblotante de froid.

Avec ou sans la fièvre qui lui parcourait le corps, Akemi ne pouvait juste plus lutter.






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Hey ! Je m'excuse pour ce chapitre, personnellement il ne me plaît pas vraiment, mais j'ai eu énormément de mal à l'écrire. À tel point que j'ai d'ailleurs bien cru que je n'allais pas pouvoir poster aujourd'hui T.T
Enfin, j'espère qu'il vous aura quand même plu ! Si c'est le cas, vraiment, n'oubliez pas de cliquer sur la petite étoile, et n'hésitez pas à laisser un petit commentaire c:

Je suis toujours surprise et touchée de vous voir aussi nombreux ici (mais maintenant je sais en partie pourquoi héhé, merci à la personne qui a fait ce tiktok et qui se reconnaîtra <3). Vraiment, vous êtes des amours, et vous me motivez tellement que je pourrais passer chaque NDA à vous remercier !

Alors je vous dis à samedi prochain <3

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