Chapitre 18 - Surprenante compagnie






Quitter la maison pour se rendre au lycée un samedi de congés s'était révélé bien plus libérateur qu'Akemi n'aurait pu l'imaginer. Car si elle aimait généralement traîner le soir, observer le ciel nocturne et l'étendue infinie qu'il représentait lorsqu'il se trouvait aussi dégagé que c'était le cas au cours de ces derniers jours, elle profitait du matin pour se reposer, quand ses parents le lui permettaient.

Et aujourd'hui, ils ne le lui avaient pas permis.

Réveillée aux aurores par une porte qui claque, l'adolescente s'était vue incapable de se rendormir. Et après avoir maudit tous ses ancêtres, elle s'était finalement décidée à se lever. Plus qu'en avance au lycée, elle arpentait ainsi l'allée principale qui menait jusqu'au gymnase. La rosée matinale berçait encore le paysage, s'accordait avec cette humidité qu'elle sentait glisser dans l'air et s'évanouir peu à peu, au gré du bleu du ciel qui se dévoilait. La buée blanche qui quittait le mur de ses lèvres à chacune de ses expirations lui faisait réaliser que les couches de vêtements qui s'entassaient sur sa peau n'étaient pas vaines.

Akemi n'aimait pas l'hiver. Mais le calme qui s'en dégageait suffisait à l'apaiser, d'une certaine manière.

Alors qu'elle traversait la cour, à hauteur du complexe sportif pour rejoindre le gymnase principal d'Inarizaki, les bruits d'un ballon retinrent son attention, en direction du gymnase numéro trois, celui utilisé au quotidien par l'équipe féminine de volley. Sa curiosité attisée, Akemi n'hésita pas bien longtemps avant d'aller y jeter un coup d'œil, pour savoir de quoi il retournait. Peut-être des coéquipières de Ritsuka s'entraînaient-elles avant leur match ?

Pourtant, contre toute attente, ce ne fut pas la silhouette de sa meilleure amie qui s'imprima sur sa rétine aussitôt qu'elle eut franchi l'embrasure, mais bien une silhouette masculine assez familière. Ou plutôt trois silhouettes – plus ou moins familières.

Suna, Kita et Ojiro arpentaient le terrain de volley-ball, visiblement motivés par un entraînement aux aurores. Et si Akemi arqua un sourcil dubitatif, perplexe quant à leur présence à tous les trois ici à une telle heure, elle finit par s'adosser contre le mur pour les observer faire, alors même qu'ils ne paraissaient pas avoir pris conscience de sa présence.

Leurs mouvements fendaient l'espace intérieur du gymnase avec rapidité et précision, leurs semelles glissaient sur le sol en bois, résonnaient en écho contre les murs dans un crissement si familier pour Akemi qu'elle se surprit l'esquisse d'un sourire. Les pupilles comme aimantées à Suna, elle suivait avec minutie chacun de ses gestes, chacun de ses blocs, chacune de ses mimiques. De l'adresse de ses jambes qui battaient l'air à la souplesse de ses bras, de son regard perçant, à l'affût de la moindre faille, à sa chevelure brune désormais désordonnée qui volait au gré de ses mouvements. Tous ces détails la laissaient admirative, éveillaient un pétillement douloureux dans sa poitrine, à tel point qu'elle resta incapable de détourner le regard.

Et lorsque ce deux-contre-un improvisé toucha à sa fin, ils parurent enfin se rendre compte qu'ils avaient de la compagnie. Les pupilles du capitaine s'arrêtèrent sur elle avec insistance, détail n'échappant pas au bloqueur, qui se tourna en sa direction avec curiosité. La surprise étira ses traits l'espace d'une courte seconde.

— Je t'imaginais pas matinale, lâcha-t-il, sans bouger pour autant.

— Je te retourne le compliment, senpai.

De fait, s'il y avait bien une personne qu'elle n'imaginait pas voir de si bonne heure, c'était bien lui.

— Je savais pas que vous aviez entraînement, le samedi matin, enchaîna-t-elle, sans quitter l'appui qu'était le mur.

— Ce n'est pas un entraînement, on en profite juste avant le début du match de l'équipe des filles, répondit Kita d'un ton calme.

— Vous êtes venus aussi tôt exprès ? Trop bien !

Malgré la distance, Akemi aperçut la moue perplexe et curieuse d'Aran Ojiro – de toute évidence et avec la chance qu'elle avait, sans doute l'avait-il reconnue. Et tandis qu'elle considérait cette hypothèse, elle entendit un ballon fendre l'air jusqu'à elle et s'écraser contre le mur à ses côtés. L'esquisse d'un sourire narquois au coin des lèvres, Suna n'eut rien besoin de dire pour qu'elle gonfle les joues.

— Eh ! T'essaies encore de m'assommer, c'est ça ?

— Tu viens ? Il nous manque une personne, éluda-t-il avec nonchalance, avant de lui tourner le dos. Je vais avec Ojiro-san.

— Attends, non ! Je joue pas, qu'est-ce que tu racontes ?

— Tu joues au volley, Fumiya-san ? questionna Kita en s'approchant avec un fin sourire poli.

— Du tout, mentit l'adolescente. Je vais juste continuer de vous regarder en attendant Ricchan, elle devrait plus tarder.

Suna fronça les sourcils, visiblement agacé par cette réponse pour une raison qui échappait totalement à la jeune fille, mais n'ajouta rien. Il s'écoula quelques longues minutes au cours desquels ils firent des roulements d'équipes de leurs deux-contre-un, et bientôt le téléphone d'Akemi se mit à vibrer dans la poche de son manteau pour indiquer un appel de sa meilleure amie.

— J'arrive, indiqua cette dernière au téléphone, aussitôt Akemi eut-elle décroché. T'es bientôt là ?

— J'suis là depuis un moment, déjà. Viens au gymnase numéro trois ! Il reste encore un peu de temps avant ton match.

Elle entendit la perplexité de Ritsuka à travers quelques bafouilles, mais raccrocha sans plus d'explications. Les œillades intriguées que lui lançaient les volleyeurs ne lui échappèrent pas, pourtant aucun d'eux ne sembla décidé à poser la moindre question. Ils continuèrent ainsi quelques échanges, avant que la silhouette de la seconde année ne franchisse l'embrasure du gymnase, à seulement quelques mètres d'Akemi et une coéquipière sur les talons. Un large sourire sur les lèvres, cette dernière se redressa d'un bond, prête à observer l'expression qui peindrait ce visage qui lui faisait face, à la vue de Kita.

De l'enthousiasme à la surprise, avant de passer par la gêne et l'incompréhension, chaque sentiment qu'elle paraissait avoir ressenti s'imprima avec aise sur ses traits, tandis que la plus jeune se délectait de cette réaction plus que prévisible.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Et pourquoi Kita-san et les autres sont là aussi ? chuchota Ritsuka.

— J'ai entendu du bruit donc je suis venue. Mais t'arrives en avances, réalisa Akemi avec un coup d'œil furtif vers son téléphone, puis vers les deux arrivantes.

— Ouais, mon frère m'a déposée et on s'est croisées.

— Oh, Nagano-san et Morita-san, salut, lança Aran avant de s'approcher, un ballon sous le bras.

Les deux autres volleyeurs réalisèrent à leur tour la présence des deux adolescentes et s'avancèrent. Du coin de l'œil, Akemi observa les pommettes de son amie prendre une teinte légèrement rosée lorsque que Kita la salua, si bien qu'elle dut réfréner l'esquisse du sourire spontané et amusé qui ne demandait qu'à poindre sur ses lèvres.

— Vous voulez vous échauffer un peu ? interrogea Aran à l'attention des deux volleyeuses, en désignant du pouce le terrain de volley-ball.

— Pourquoi pas ! s'exclama Morita Natsumi avec enthousiasme. Vous voulez faire un trois contre trois ?

Akemi tiqua de nouveau, peu désireuse de jouer et, surtout, absolument pas vêtue pour.

— Non merci pour moi, je vais juste vous regarder.

— Oh... Trois contre deux, alors ?

— Non merci pour moi aussi, déclara Suna à la surprise de tous. J'ai un peu la flemme.

Ce fut probablement sur le visage d'Akemi que l'étonnement se fit le plus distinct, alors que ses prunelles azurées accrochaient avec une insistance non dissimulée son aîné, planté devant elle. Elle se ressaisit toutefois bien vite, comme raccrochée à la réalité par son objectif principal qui lui tendait désormais les bras.

— Vous avez qu'à faire les capitaines contre les pas-capitaines !

Malgré les deux ou trois mètres qui la séparaient de sa meilleure amie, la jeune fille ne manqua pas le regard noir et menaçant qui fusa en sa direction, si bien qu'elle détourna bien rapidement la tête, l'air innocent. Elle n'était pas une personne très discrète, elle en avait conscience, et Ritsuka était sans aucun doute celle qui parvenait à lire en elle le plus aisément. Elle n'était pas dupe.

— Pourquoi pas, sourit Aran.

— C'est mixte, comme ça ! ajouta Natsumi.

Et sans qu'elle n'ait besoin d'ajouter quoi que ce soit, ils se retrouvèrent ainsi face à face sur le terrain. L'immense horloge murale indiquait qu'il restait encore un petit peu de temps avant le match amical, à onze heures. De toute évidence, Ritsuka ne manquerait pas de lui lâcher ses quatre vérités face à ce coup qu'elle venait de lui faire – elle qui ne voulait pourtant que l'aider – aussi Akemi préféra-t-elle profiter des quelques minutes qu'il lui restait encore à vivre.

Le ballon eut le temps de survoler le filet à plusieurs reprises avant que l'adolescente ne prenne la peine de s'asseoir sur le sol en bois du gymnase. Et contre toute attente, elle aperçut du coin de l'œil son ainé la suivre du regard dans ce mouvement, avant qu'il n'en fasse de même.


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Hello ! Et oui, surprise, on est mercredi mais j'avais trop envie de publier la suite je suis intenable mdr. En plus je hype beaucoup trop pour l'épisode de vendredi et pour les chapitres qu'il va adapter que je tiens plus en place !

Petit bonus pour Ritsuka qui ne s'attendait pas à voir Kita ce jour et qui se retrouve à jouer avec lui héhé~

J'espère que ce chapitre vous a plu ! N'oubliez pas de cliquer sur la petite étoile, et de laisser un petit avis, un petit commentaire !

Je vous dis à bientôt pour la suite <3
(je ne sais pas encore si je posterai quand même ce week-end ou si j'attends la semaine prochaine mdr)

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