J'en ai vu des choses.

Des cheveux de toutes les couleurs, de toutes les tailles et de toutes les formes. J'ai été déformé de nombreuses fois pour accueillir des têtes fatiguées qui avaient besoin de moi pour se reposer.

Cela fait quelques années que les têtes n'ont pas changées. Elles sont là, tous les soirs, toujours en même temps. Elles restent toujours ensemble.

Enfin... Depuis quelques temps, l'une se couche plus tard que l'autre. Parfois elle ne revient que quand l'autre est partie. Les deux têtes sont de plus en plus éloignées l'une de l'autre. C'est triste.

Depuis quelques temps encore, je sens quelque chose de nouveau sur le tissu qui me constitue. C'est liquide et salé. Parfois, ce n'est qu'une goutte et d'autres fois, c'est un vrai déluge. Je ne savais pas que j'avais déménagé au bord de la mer.

Au début, seule ma partie droite était touchée. Ça arrivait de plus en plus souvent, ces gouttes qui s'infiltraient en moi. Puis, petit à petit, l'inondation a gagné la partie gauche, partie où l'autre tête ne venait plus depuis deux nuits. Je me sentais devenir de plus en plus lourd, de moins en moins malléable.

Je ne suis qu'un objet, mais je me sentais lasse, très lasse. Comme ma propriétaire. Car un traversin utilisé par une seule personne, ce n'est plus un traversin. J'ai été témoin d'un amour sincère et passionnel qui a disparu aussi soudainement que le vent éteint la bougie.

Si je l'avais pu, j'aurais moi aussi laissé couler ce liquide de mon tissu – à défaut d'avoir des yeux.

Je compris plus tard que ce n'était pas juste de l'eau salée, ce n'était pas la mer.

J'étais juste un traversin rempli de larmes.

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279 mots

Texte écrit à l'occasion du premier cours d'HLP de cette année (partie Littérature). Toujours la même consigne que le texte précédent. C'est réussi ?

Écrit le Vendredi 3 Septembre 2021

Publié le Mardi 5 Octobre 2021