CHAP 12 • Je Crois que Je T'aime

Les engrenages s'activent enfin. :)

«La chute n'est pas un échec. L'échec, c'est de rester là où on est tombé.»

- Bouddha.

×

Étrangement, c'est comme si cette fameuse nuit avait été décisive pour la quelconque relation qui nous lie, Soul et moi. À partir de ce moment-là, et pour les deux semaines suivantes, nous avons commencé à traîner de plus en plus ensemble. Il me raccompagne à présent tous les soirs et, même si nous ne nous tenons pas la main, j'ai l'impression que nous entretenons une esquisse de relation intime sans qu'elle ne le soit. Comme si nous respections une limite qui nous ferait pourtant attendre avec impatience que l'un d'entre nous ne la franchisse.

Mon coeur bat lorsqu'il me regarde dans les yeux. Mon attention se dirige vers lui dès que j'entend son nom. Mon corps s'embrase au souvenir de ma main dans la sienne. Ma peau brûle là où me touche accidentellement, même à travers mon vêtement.

Nous nous assoyons également un à côté de l'autre en classe et à la table de la cafétéria et faisons nos devoirs ensemble à la bibliothèque. Même si Soul a l'air d'un bad boy, cela ne signifie pas qu'il ne veuille pas avoir son diplôme.

Il est nul dans toutes les matières, cela dit.

Black Star et Tsubaki se sont également rapprochés, devenant comme les deux doigts de la main. Les deux faux-jumeaux, Archi et Léo, s'entendent d'ailleurs véritablement bien avec le bluet, tous trois passionnés du Japon. Ils passent la plupart de leur temps à parler d'animations japonaises, de mangakas et de trucs dont j'ai zappé les noms.

Kid, quant à lui... a invraisemblablement changé - et pour le mieux! Il a cessé de piquer des crises «d'asymétrie», comme nous les avons si bien nommées, et commence à se détacher de son attitude de garçon pourri-gâté. Il nous ait même arrivé de tenir une conversation de plus de cinq minutes sans que nous nous sautons à la gorge, ce qui est plutôt pas mal. Je le surprend parfois en train de manipuler son père, mais je me fais à chaque fois un plaisir de le remettre à sa place. Je n'ai qu'à mentionner la fois où il s'est excusé pour qu'il cesse.

Quoi? Moi, manipuler et faire de l'hypocrisie? Voyons, vous me connaissez mieux que ça! (LOL, sérieusement, Maka??)

- Tu crois que je suis en train de tomber amoureuse de Soul? demandé-je soudainement au bout de la deuxième semaine à Tsu.

Nous étions assises au seul restaurant potable de la ville, durant un samedi après-midi où nous étions tous deux libres. C'était devenu une routine, de venir à ce petit café internet pour commander des boissons et discuter.

Je sirotais mon chocolat chaud au moment de lâcher la bombe. Je jauge méticuleusement la réaction de ma meilleure amie, mais contrairement à mes craintes, elle glousse et fait un faible mouvement de main.

- Bien sûr que tu l'es, rigole-t-elle en haussant les épaules, comme si c'était une évidence. Vous agissez comme un couple en déni. Skinny love, tu connais l'expression?

Je grogne, mâchouillant presque mon gobelet en mousse.

- La ferme, je ne suis pas timide... Ça m'apprendra de me confier à toi, fais-je de fausse mauvaise foi.

La noiraude éclate de rire, d'un rire contagieux qui fait relever les coins de ma bouche dans un sourire récitent. Nous nous sommes également rapprochés, elle et moi. Je me sens si bien entourée, plus que jamais dans toute ma vie, que la solitude ne me semblait plus aussi présente. Comme une fine couche de nuage dissimulant les rayons du soleil.

Il m'arrive encore de cauchemarder. De me réveiller en sueur, le corps tremblant de peur. Parfois, j'appelle Tsubaki et elle est à ma porte dix minutes plus tard. Elle me tient compagnie jusqu'aux petites heures du matin, prouvant que la promesse qu'elle m'a faite n'est pas du flan - même si je ne l'ai jamais doutée. Elle garde toujours ses promesses et quand elle a un but ou une mission en tête, elle ne lâche jamais le morceau. C'est un trésor, cette Tsu.

- D'accord, peut-être as-tu raison, fais-je en reprenant mon sérieux et tentant de mon mieux pour ignorer sa mine victorieuse. Mais comment je fais?

Mon amie me lance un regard confus, penchant la tête pour accentuer son expression. Je commence à agiter les mains tout en m'expliquant :

- Tu sais... lui et moi, ensemble... Se tenir la main, en couple... Sortir, tu comprends?! je m'écris presque en terminant ma misérable tirade en buvant une large gorgée de ma boisson chaude, notamment pour cacher mon embarras.

- Tu veux te confesser, c'est ça? se moque ouvertement Tsubaki en riant. Ma pauvre, tu es irrécupérable!

Je résiste à l'envie soudaine de lui balancer mon chocolat chaud. À la place, je me détourne en boudant, les bras croisés et le dos reposé contre la banquette. La noiraude a beau être un trésor, elle est très agaçante quand elle veut, un trait qu'elle tient de son frère - peu importe à quel point elle le nie.

- D'accord, d'accord, désolée, cède-t-elle dans un ton beaucoup plus sérieux, son visage perdant l'hilarité qui l'habitait. Honnêtement, toutes les façons sont bonnes si tu trouves le bon moment.

Le bon moment, huh? songé-je en tournant mon regard vers la vitre, observant pensivement l'extérieur. Il pleut depuis près de trois jours, annonçant la saison des pluies, et certaines rues se sont retrouvés à être complètement inondées. Je me souviens de la journée précédente, quand Soul m'a raccompagnée comme à l'habitude à ma porte. Nous étions complètement trempés, non à cause de la pluie, mais parce que nous nous étions chamaillés dans les flaques d'eau.

Je me souviens de l'avoir regardé - véritablement -, ses cheveux plaqués contre son crâne, son sourire éblouissant, illuminant son visage, et ses petits pas de danse qu'il effectuait, basés sur une chanson que lui seul semblait connaître.

J'ai failli le dire.

Que je l'apprécie, beaucoup.

Plus qu'un ami, en tout cas. Il m'a lancé ce regard, celui de quelqu'un qui s'amuse pour la première fois depuis longtemps, et le fait que j'aie participé à l'apparition d'un tel sourire, d'un tel regard, ça m'a coupé le souffle. J'ai ouvert la bouche, sur le point de tout avouer, mais une voiture nous a dépassé, nous éclaboussant au passage...

Nous sommes rentrés chacun chez soi, Soul refusant ma proposition de sécher ses vêtements dans ma sécheuse. Alors, nous nous sommes séparés, mon moral dans mes chaussettes.

- Je trouverai le temps idéal, alors, déclaré-je en souriant à Tsubaki, celle-ci me retournant une grimace identique.

Mais elle me surprend en m'avouant d'un ton doux, ses yeux posés sur ma personne:

- Tu as changé. Avant, tu étais plus sarcastique, repoussait ceux qui voulaient t'aider et te refermait comme une huître lorsqu'on insinuait ton passé.

Je l'observe, ne sachant quoi dire, et elle prend l'opportunité de continuer sur sa lancée:

- Tu as aussi eu un impact sur nous tous, et vice versa. Regarde Kid, qui était un pur connard - il l'est toujours, mais beaucoup moins. Regarde Star, qui s'est trouvé des amis avec les mêmes intérêts. Regarde mon frère, qui a commencé à confectionner ses propres repas. Regarde Soul, qui était comme toi, ne laissant personne l'approcher. Et puis, regarde-moi. Je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir une meilleure amie, mais te voilà. Te voilà... Et ta présence à elle seule nous a bouleversé, mais j'ose croire que c'est le cas de ton côté...

Je n'ai pas pipé un mot durant sa tirade, incapable de faire fonctionner mes cordes vocales. Mon esprit est blanc, mes mains tremblent sous la table, et pourtant, mon corps est en marche, car il se jette sur elle, la prenant dans mes bras au travers de la table. C'est lorsque je la tiens contre moi que je me rend compte des actions de mon corps. Cependant, je ne lâche pas prise.

- Espèce d'idiote! Bien sûr que vous avez changé mon existence! Sans vous, je n'étais rien, qu'une coquille vide. Qu'est-ce qui te prend de sortir des trucs pareils?! je m'écris, sentant des trémolos dans ma gorge, réalisant soudainement que je pleure à chaudes larmes. Mon Dieu, tu es douée pour me faire pleurer!

Tsubaki rit contre mon épaule, et nous restons ainsi même si notre position est inconfortable, ignorant le regard des clients et des employés, tous deux profitant de cette amitié qui ne cesse de nous émouvoir.

×

Le soir venu, couchée dans mon lit, la tête toujours dans les nuages après le magnifique discours de Tsubaki, je finis mes devoirs de mathématiques, mais il n'y a rien de bien concluant, mes pensées étant, comme mentionné plus haut, ailleurs. J'étais à plat ventre, mes tibias se balançant dans les airs, lorsque mon téléphone vibre sur ma table de chevet.

Je l'agrippe sans vraiment faire attention au nom qui est affiché et répond à l'appel, ponctuant d'un "oui, allô?" absent.

- Rendez-vous à la salle de piano dans vingt minutes.

Clic. La ligne a été coupée.

Cela me prend dix secondes pour assimiler la voix très familière qui m'a ordonné de me rendre à l'école un samedi soir. Soul.

Je ne me pose pas de questions, pourtant. Aussitôt, je me jette hors de mon lit, enlève mon pantalon de pyjama pour enfiler un jean, gardant mon t-shirt blanc basique. Je me couvre d'une veste doublée en cuir et m'arme d'un parapluie et des clés de ma Ford. Je coiffe mes cheveux dans un chignon lâche et sors en coup de vent de mon appartement, barrant la porte derrière moi.

La route en direction de Shibusen ne prend que dix minutes en voiture, mais j'ai l'impression que deux minutes se sont passées lorsque je me stationne sur le bord du trottoir, en face des escaliers qui mènent au lycée. Je les grimpe quatre à quatre, l'impatience me donnant des ailes, je suppose.

C'est lorsque je suis rendue devant le battant de la fameuse pièce où Soul m'a donné rendez-vous que je me questionne - ce qui est stupide.

Je prend mon temps pour calmer ma respiration essoufflée, mais aussi pour réfléchir, un truc qui m'est passée par la tête dès que j'ai reçu son appel... Pourquoi m'avoir convoquée un samedi à l'école dans la salle où je l'ai écouté jouer du piano pour la première et unique fois? Je refuse d'avoir de faux espoirs, mais je ne peux m'empêcher de songer s'il s'apprête enfin à s'ouvrir à moi, à se confier sur sa famille... Cela fait deux bonne semaines que nous apprenons à se connaître, cependant il a toujours trouvé le moyen d'éviter le sujet familial - quoique moi aussi, j'ai souvent détourné la discussion chaque fois que l'on s'approchait de mon passé.

Je secoue la tête, ma respiration à présent calmée, et pousse la porte. Une obscurité à peine éclairée par deux chandelles accueille mon arrivée, mais mon attention est aussitôt posée sur la personne qui est assise au piano, le dos tourné.

- Hey, fais-je pour annoncer ma présence.

Soul ne se tourne pas, pourtant je le vois courber les épaules, comme s'il avait le poids du monde sur lui. Je n'ose pas m'avancer, soudainement consciente de la tension qui règne dans la petite pièce. Mon coeur se serre et ma gorge est tout à coup terriblement sèche.

Quelque chose est arrivé. Quelque chose de mal.

- Tout va bien?

Il me répond à sa manière: ses doigts commencent à voyager sur les touches noires et blanches, créant une mélodie mélancolique, emplie de sentiments que j'ai eu la malchance de ressentir toute mon enfance. Peur - terreur, même. Douleur. Méfiance. Colère. Des émotions que nous n'aurions jamais dû vivre.

N'en pouvant plus, je me précipite vers l'albinos et pose brusquement mes mains sur les siennes, coupant court à sa triste, mais magnifique, composition. Le garçon tressaille à mon geste, mais reste silencieux. Il tremble, je comprends en retirant ses doigts des notes bicolores. Je les maintiens dans mes mains, les tenant fermement comme pour cesser leurs tremblements. L'obscurité ne me permet pas de voir son visage.

- Hey... je répète avec douceur, me rendant compte que ce n'est pas seulement ses mains qui tremblent, mais son corps entier. Qu'est-ce qui se passe?

Une ombre sur son oeil attire mon regard et je m'approche un peu, libérant une de mes mains pour la poser délicatement contre sa joue, sachant d'avance qu'il aurait un mouvement de recul. C'est évident dans son langage corporel. Il tente d'échapper à mon inspection, mais sa figure se tourne vers l'une des chandelles. La vue de l'ecchymose qui orne tout son profil gauche envoie un coup dans le fond de mon estomac.

- Soul! je m'écris d'une voix inquiète en entourant son visage de mes paumes. Qui t'as fait ça?

Cette fois-ci, Soul ne détourne pas le regard. En vérité, il semble même s'y résoudre. Sa posture se courbe encore plus et il laisse tomber le poids de sa tête contre ma main, fermant fortement ses paupières, prenant une inspiration saccadée.

- Mon père, admit-il enfin, et mon coeur cesse de battre tandis que la colère m'envahit. Il est... instable. Il l'a toujours été - me concernant en tout cas. Mais il a perdu le nord à la mort de ma mère. Dès que je faisais un geste ou disait un truc de travers, il me réprimandait physiquement.

Je prend place sur le banc à ses côtés et il pose sa tête sur mon épaule, se sentant visiblement plus à l'aise en gardant ses expressions hors de mon champs de vision - je peux me mettre à sa place.

- Mon frère est doué pour le garder calmer, ou pour lui faire regagner son bon sens... mais il n'est pas là à toutes les fois où je soit-disant provoque mon père. C'est habituellement verbal, mais lorsque je réplique, ça tourne en bagarre, dit-il, son souffle dans mon cou me faisant frissonner.

Inutile de préciser que j'ai une soudaine envie de prendre ma batte de baseball dans le coffre de ma Ford et d'aller saccager la voiture du connard.

Mais pour l'instant, réconforter Soul est cent fois plus important, selon moi.

- Tu sais, j'ai connu des pères qui étaient aussi violents que le tien. Donc je peux comprendre ce que tu ressens. Et la seule manière que j'ai eu de m'en échapper était de changer de famille d'accueil, au risque de tomber sur pire, j'avoue en frottant mon pouce sur le dessus de sa main, doucement. La nuit où tu es rentré chez moi, il y a deux semaines, j'ai failli te proposer de séjourner un long moment, mais je ne l'ai pas fait.

- J'aurais accepté, dit-il aussitôt en me jetant un coup d'œil.

Je ferme les yeux, les poumons comprimés par l'envie de pleurer. La culpabilité ronge mon coeur, mais je la repousse rapidement.

- Ouais, je suis désolée.

En réponse, il serre ma main dans la sienne, puis la relâche avant de poser ses doigts sur le clavier du piano, commençant à jouer une mélodie que je connais bien, Comptine d'un autre été.

Tandis que sa magie se disperse dans la salle, chassant la tension qui entravait l'air, mes pensées ne cessent de retourner à quelques heures plus tôt dans la journée, aux paroles de Tsu, me disant qu'il fallait le parfait moment pour une confession. Aie-je même envie d'avouer mes sentiments naissants à son égard après qu'il m'ait enfin admit que son père le maltraitait? Est-ce seulement la bonne occasion? J'ai l'impression que mon coeur va exploser, que les larmes que je retiens brûlent mes yeux comme de l'acide.

J'ai envie de lui dire. Maintenant.

Alors, je pose à mon tour la tête contre lui, murmurant dans son épaule, souhaitant presque qu'il ne m'entende pas, parce que ma déclaration est spontanée et irréfléchie, pourtant je ne la regrette aucunement.

- Je crois que je t'aime.

Les joues cramoisies, j'attends avec terreur sa réponse, mais elle ne tarde pas à venir, car la seconde d'après, il colle son profil intact contre mon crâne. Je sens même à travers mon cuir chevelu la chaleur de son visage, me laissant croire qu'il est aussi embarrassé que moi.

Merde, Tsubaki n'avait pas tord en parlant de skinny love... Je t'emmerde, Tsu, songé-je dans un coin éloigné de mon esprit.

Les mains de l'albinos continuant de jouer délicatement la composition, il chuchote à son tour:

- Je crois que moi aussi.

×

FUCK YES. I DID IT, GUYS! ♥ By the way, l'expression skinny love signifie deux personnes qui sont amoureuses l'un de l'autre, mais qui sont trop timides pour exprimer leurs sentiments. :)

AYYYYE SOMA EXPOSED! :D Finalement, j'ai réussi à les mettre en couple *essuie son front*, là il reste Liz et Patty à intégrer... Selon vous, est-ce que l'histoire est déjà bien sans elles ou vous voulez qu'elles y soient? Moi, dans les deux cas, j'ai un scénario de prévu. ^=^

3000 mots, je me suis déchaînée! o_o j'ai eu pas mal d'inspiration dernièrement, surtout parce que je vais rester trois jours dans un hôtel, au chaud et en tranquillité. VOYAGER, C'EST BIEN BEAU, C'EST ÉPUISANT PAREIL. D'ailleurs, il faut que je poste le chapitre de photos dans mon rantbook...

Je vais m'en occuper, don't worry. :3

Bref! J'espère que vous avez apprécié ce chapitre, hehe. Je l'ai écrit de façon un peu poétique, j'en suis désolée. XD J'ai eu pas mal de fun à l'écrire toutefois. :)

Allez, sur ce, je vous souhaite une bonne matinée, journée ou soirée et à la prochaine pour un autre chapitre de soma, hihi.

Tchuuuuw!! ~~

#ℋ_ℊ

P.S.: merci pour les votes et les beaux commentaires que vous m'écrivez... vous êtes des cocos en diamant! ♥

P.S.S.: Pardonnez-moi s'il y a beaucoup d'erreurs, c'est assez difficile de taper sur téléphone, surtout que le bas de mon écran (où se trouve mon clavier) est un peu retardé... ;$

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