Chapitre 9
« Un désir naît d'abord petit, modeste, peureux, puis, comme à l'oiseau, les plumes lui poussent » - Anne Barratin
Point de vue d'Elio
En me réveillant, je me sentis enveloppé par une chaleur doucereuse dont je n'avais pas envie de bouger. Ma joue reposait sur une surface qui était un peu trop dure pour être un oreiller et je me rendis compte que j'étais pelotonné contre un Isaac en caleçon. Je me sentis rougir instantanément et vraiment mal à l'aise. Je ne savais pas si je devais bouger et si Isaac s'était réveillé et avait remarqué notre position. Mais d'un côté, cette proximité et la chaleur de sa peau me fit rosir de plaisir, j'avais envie de rester dans ses bras éternellement mais je savais au fond de moi que dès l'instant où il se rendrait compte de notre rapprochement, il me repousserait. Je fis donc semblant de dormir pour en profiter. La respiration d'Isaac changea à un moment, et j'en déduisis qu'il était réveillé. Il ne bougea pas pour autant, me surprenant.
Ce qui par contre ne m'avait pas traversé l'esprit, c'est la réaction matinale de mon corps de mec. Je priais intérieurement pour qu'il ne remarque rien, mais il se tourna vers moi ce qui me fit me retrouver en face à face avec lui. Ma tête sous son menton.
— Désolé, je voulais pas te réveiller, mais j'avais plus de sang dans le bras, chuchota-t-il avec une voix grave.
— Pardon, soufflai-je en me décalant de peur qu'il me repousse.
Je n'osais pas le regarder dans les yeux. Mon regard fut attiré par la partie non recouverte de son corps. Je pouvais voir ses abdos bien tracés et son V apparent. Mon regard continua de descendre jusqu'à me faire rougir, constatant qu'il avait le même problème que moi.
— C'est pas grave, t'avais l'air d'avoir froid, ajouta-t-il avec un sourire attendri.
Je n'écoutais pas vraiment ce qu'il disait, concentré à contrôler mes bouffées de chaleur. Comment pouvait-il être aussi détendu ? Ce n'était pas humain d'être aussi mignon et attirant dès le matin. Mon esprit et ma volonté étaient clairement en contradiction. Il fallait que je me calme où Isaac allait se douter de quelque chose.
Je décidai de me redresser dans le but de m'habiller, il fit de même et nous sortîmes de la tente, je fis attention à ma cheville qui était encore un peu douloureuse. A cause de ma blessure, mes parents décidèrent que l'on devait rentrer, mais la route à pied pour retourner à la voiture était longue. Isaac proposa de me porter ce qui m'embarrassa. Je montai sur son dos, il saisit mes cuisses et je pris appuie sur ses épaules. Elles étaient larges et musclées. Le feu me monta aux joues à ce contact, Cette journée commençait bien, je me sentais plus proche de lui. Je fus étonné de sa force. Le chemin était assez long, mais il me garda sur son dos jusqu'à la fin, avec quelques pauses bien sûr.
Nous rentrâmes. Dans la voiture, l'ambiance était plutôt joyeuse, malgré ce séjour randonnée écourté par ma blessure. Je me sentais un peu coupable. Mais j'avais passé un bon week-end et une excellente nuit.
Une fois rentrés, nous rangeâmes les affaires et après un bon repas, nous partîmes nous coucher. Et voilà qu'une nouvelle semaine pouvait commencer. J'eus du mal à m'endormir, la présence d'Isaac me manquait un peu. Je me levai et allai dans sa chambre, en pyjama. Je frappai et il m'autorisa à entrer. Je tombai sur un Isaac en caleçon, allongé avec seulement la moitié du corps sous la couette, regardant un film. Il me fallut quelques instants pour reprendre mes esprits et ne pas me jeter sur lui.
— J'arrive pas à dormir, je peux regarder avec toi ? demandai-je avec un sourire timide.
— Oui, viens, dit-il en tapotant la place à côté de lui en souriant.
Je m'adossai à la tête de lit en me calant avec ses coussins. Son lit été imprégné de son odeur boisée et musquée. Il avait mis Star Wars à la télé et j'essayai de me concentrer sur le film mais il était à moitié nu à côté de moi et mes hormones l'avaient bien compris. Il se tourna sur le côté en s'allongeant sur le lit, je pouvais donc loucher sur ses biceps assez bien sculptés. J'avais envie de passer ma main sur ses cheveux en bataille. Je fis appel à tout mon self-control pour résister. Il trouverait sans doute cela bizarre.
Je ne me sentis pas m'endormir. C'est seulement le lendemain, après une douce nuit, que je me réveillai dans le lit d'Isaac. Son réveil le fit grogner, il l'éteignit et se tourna sur le ventre vers moi en ouvrant les yeux. Cette vue me coupa le souffle, il avait des cheveux qui lui tombaient sur les yeux, les sourcils froncés et des petits yeux à peine réveillé.
— J'ai pas osé te réveiller hier soir, j'espère que ça te dérange pas, avoua-t-il en se frottant les yeux avec un sourire paresseux et sa voix grave du matin.
Je secouai la tête et je me fis la réflexion que je pourrais signer n'importe quoi pour avoir des réveils comme ça tous les matins. Il se leva et se dirigea vers la salle de bain non sans me faire une réflexion sur l'heure. Je plongeai mon nez dans son oreiller, ce qui étais très niais mais terriblement agréable, avant de me lever et d'aller me préparer.
Avant que je n'aie le temps de dire ouf, j'étais déjà cloué sur une chaise, Isaac à côté de moi pour suivre le cours d'anglais. Je n'étais pas très attentif, Isaac non plus, ce qui nous poussa à discuter et faire des blagues.
En sport, le prof avait choisi de nous faire faire de l'athlétisme. Nous étions répartis en deux groupes, un qui faisait des tours de terrains et l'autre qui s'entrainait au saut de haies. A cause de ma blessure encore un peu douloureuse, j'étais dispensé avec Ayden qui était tombé dans les escaliers, la veille.
— C'était bien, ton week-end familial ? demanda Ayden.
— Je me suis tordu la cheville. Du coup, Isaac était aux petits soins avec moi et on a dormi ensemble, racontai-je en regardant Isaac s'échauffer avec un sourire en coin.
— Aaaah, intéressant. Tu l'as enfin mis dans ton lit ? rigola Ayden en soulevant ses sourcils.
— N'importe quoi, on a juste dormi. Il est hétéro et tu le sais, affirmai-je en rougissant.
— Il n'y a même pas eu de rapprochements ? C'est vrai qu'il est mignon, tu le feras peut-être changer de bord, ricana-t-il en regardant le sujet de notre conversation.
— Je me suis retrouvé à moitié sur lui dans la nuit. Il m'a pas vraiment repoussé, avouai-je en triturant mes mains.
— J'ai loupé un épisode là, tu t'es retrouvé collé contre lui, il t'a pas repoussé, et t'ose me dire qu'il veut pas faire de vilaines choses avec toi ? Et comment ça se fait que vous ayez dormi dans le même lit cette nuit ? s'exclama-t-il de plus en plus intéressé par le sujet.
— Il a dit que j'avais l'air d'avoir froid, il voulait peut-être juste pas me vexer, ça veut rien dire du tout ! On a regardé un film dans sa chambre hier soir, je me suis endormi et il a pas osé me réveiller, expliquai-je en haussant les épaules.
Ayden me fixa pendant au moins trente secondes, les sourcils levés, comme s'il était choqué, avant d'éclater de rire.
— T'es si innocent mon petit Elio... Moi je pense que ça l'a pas dérangé de t'avoir contre lui. Il sait que t'es gay. Les mecs hétéros évitent souvent tous contacts ambigus avec des mecs gays ! Moi je dis que t'as des chances pour le mettre dans ton lit, répliqua-t-il avec un sourire en coin.
— J'ai pas juste envie de faire des galipettes avec lui et je suis nul pour ça, avouai-je en baissant la tête.
— Opération séduction d'Isaac enclenchée, dit-il fièrement en se frottant les mains.
— Tu comptes faire ça comment ? voulus-je savoir, sceptique.
— C'est toi qui va faire tout le boulot, mais je vais te donner un coup de main, déclara-t-il avec un clin d'œil.
— Je le sens mal ce plan, répliquai-je d'un air dubitatif.
— Première règle : être subtil. Tu te rapproches de lui, tu le taquines, tu le complimentes mais avec des sous-entendus d'accord ? Il va y avoir une fête vendredi, tu l'emmènes et tu essayes de faire ça, ok ? De savoir ce qu'il aime, ce genre de trucs tu vois ? exposa-t-il.
J'acquiesçai et essayai de mettre en place des stratégies, en admirant Isaac transpirant de son effort. Il avait l'air éprouvé par ces tours de terrains. Il s'arrêta à l'arrivée et commença à rigoler avec Ansel. En le regardant, j'eus l'espoir de pouvoir, un jour, succomber à mes pulsions et l'embrasser ou le câliner quand j'en avais envie. J'espérais qu'un jour, je puisse faire ça dans le couloir du lycée, comme si c'était quelque chose de normal, parce que ça l'était. De pouvoir débarquer dans sa chambre, le soir, pour recevoir son affection en me blottissant contre lui, toute la nuit, sans avoir peur de sa réaction. Ou encore de le présenter comme étant mon petit-ami. J'étais plutôt romantique. Quand un garçon me plaisait, je voulais une grande histoire d'amour, comme dans les films. Malheureusement, mes précédents flirts n'y ressemblaient pas vraiment. Je ne pensais pas qu'Isaac me ferait souffrir délibérément, mais s'il prenait peur par rapport à la découverte de sa sexualité, je savais que je souffrirais.
La cloche me fit sortir de mes pensées et nous nous dirigeâmes vers le cours de biologie, puis de français, mais j'étais trop absorbé par mes réflexions. J'allais devoir faire preuve d'ingéniosité si je voulais avoir ne serait-ce qu'une petite chance qu'Isaac s'intéresse à moi. Même si, d'après moi, elles étaient faibles.
Il était déjà l'heure d'aller manger. Nino et Ayden débattaient sur les pizzas aux peppéronis quand nous nous installâmes à table, Isaac à ma droite, Livia à ma gauche et les garçons en face.
— Vous saviez que le prof d'histoire, M. Stewart, était gay ? lança Ayden entre deux bouchés de son burger.
— N'importe quoi, il a une femme et des gosses, répliqua Livia en rigolant.
— Il m'a envoyé une jolie petite photo de ses fesses, pourtant. Accompagnées d'un message explicite sur ce qu'il voulait que je lui fasse, hier sur Grindr, révéla Ayden avec amusement.
Isaac recracha son eau, Livia et moi partîmes dans un fou rire et Nino applaudit Ayden.
— Toi aussi t'es gay ? demanda Isaac avec curiosité.
— Non, je suis bi. Pourquoi, intéressé ? répondit-t-il avec un sourire en coin.
Je lui fis les gros yeux en lui envoyant un coup de pied dans le tibia, ce qui le fit grimacer.
— Non merci, je passe mon tour. Tu lui as répondu quoi ? dit-il en haussant les épaules.
Ayden me lança un regard plein de sous-entendus qui me fit lever les yeux au ciel.
— Que je me ferais un plaisir de m'occuper de ses fesses dans la salle des profs. Je crois que ça l'a refroidi, ajouta Ayden amusé.
Nous repartîmes tous dans un nouveau fou rire. Ayden avait toujours des anecdotes drôles sur ce genre d'applications.
— Vous venez à la soirée vendredi ? questionna Livia en regardant Isaac avec un sourire aguicheur.
Cette attitude qu'elle avait envers Isaac m'irritait. Elle savait qu'il m'intéressait, mais d'après elle, il avait plus de chance de s'intéresser à une fille.
— Oui, on va venir, c'est chez Evan ? répondis-je pour Isaac.
Ils acquiescèrent tous. Je redoutais déjà un peu cette soirée, j'avais le pressentiment qu'il allait se passer beaucoup de choses. Sur cette conversation terminée, tout le monde repartit en cours, et Isaac à la bibliothèque.
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Hey les amis ! Désolé de vous avoir fait attendre pour ce chapitre, j'espère que le point de vue d'Elio vous a plu, dites moi si vous voulez plus de chapitre comme celui-ci ! N'hésitez pas à voté et commenté !
Des bisous :)
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