Chapitre 8
« Il faut à l'amitié la simplicité des gestes autant que la spontanéité des confidences » - Adrienne Coquet
Je le regardais surpris, ne sachant pas sil rigolait ou sil était sérieux. Ma bouche s'ouvrit et se referma, je n'avais pas de réponse cohérente à lui fournir et il éclata de rire sûrement devant mon air ahuri, ce qui me laissa perplexe.
— La tête que tu faisais, c'était épique, ricana-t-il en se tenant le ventre.
Cette réaction me désorienta et je me renfrognai.
— Tu pensais vraiment que j'étais sérieux ? fit Elio avec un regard amusé. Désolé mais t'es pas mon genre, poursuivit-t-il avec un clin d'oeil.
Cet aveu me provoqua un léger pincement au coeur, je ne savais pas quelle réaction adopter. Alors je décidai de rigoler avec lui, ne voulant pas qu'il croit que j'étais déçu. Mais je n'étais pas contrarié, non, juste déstabilisé par cette plaisanterie. Evidemment, ça ne pouvait être que ça.
Après ce moment assez étrange, nous avions décidé de faire une promenade à Cherry Creek pour faire un peu de shopping. Après un petit tour dans quelques magasins, Elio avait choisi plusieurs tee-shirts quil essaya. Je lattendis et masseyais sur un banc en face de sa cabine, n'ayant rien trouvé à mon goût. Il n'y avait presque personne dans le magasin. Une question me traversa lesprit.
— Comment tu as su que t'étais gay ? m'intéressai-je alors qu'il me montrait son tee-shirt.
Son visage plutôt détendu se crispa un peu et il me lança un regard interrogatif.
— Comment tu as su que t'étais hétéro ? répliqua Elio tendu.
— Désolé, je voulais pas te contrarier Je suis vraiment pas doué en ce moment, avouai-je en baissant les yeux.
— C'est juste que j'en ai marre de devoir raconter comment j'ai su que j'aimais les mecs, parce que c'est pas dans « la norme » et qu'il y a forcément quelque chose qui m'a fait devenir gay. Ou encore que je sois obligé de faire mon coming out, alors que les hétéros n'ont pas à annoncer à leurs parents qu'ils aiment telle ou telle personne en ayant peur de se faire rejeter, expliqua Elio frustré.
Je me levai et m'approchai pour lui faire un câlin.
— Désolé que tu sois obligé de subir tout ça, murmurai-je en l'étreignant.
— Bon après, je dois dire que le cul de Dylan O'Brien m'a fait comprendre que les mecs réveillaient quelque chose en moi que les filles ne faisaient pas, plaisanta-t-il contre moi épaule.
Cette réplique nous fit exploser de rire tous les deux. Elio essaya d'autres vêtements après cette scène de rigolade. Puis nous décidâmes de rentrer après avoir trainé dans dautres boutiques.
Pendant le repas Cali et Noah m'annoncèrent que nous allions partir en camping pour me faire découvrir les rocheuses de Denver. J'étais heureux de partir faire un petit week-end familial, ce que je faisais rarement avec mes parents. Elio aussi avait l'air content. Nous allions sûrement partager une tente. Cette idée me fit sourire.
La semaine me sembla longue, les choses avec Elio sétaient améliorées et je découvrais peu à peu les cours américains. Le premier entrainement de baseball fut décalé à la semaine d'après à cause d'un conflit d'horaire, j'étais un peu triste de ne pas avoir pu découvrir mes coéquipiers et de ne pas avoir joué. J'aimais faire du sport pour me détendre et cette semaine ne m'en avait pas donné l'occasion. Nous n'avions rien fait de particulier mais l'heure du week-end sonna et nous étions en route pour les rocheuses.
Nous avions eu comme consigne de prendre le minimum, ce qui était, personnellement, un sac à dos mais apparemment Elio avait besoin de plus de choses que moi car il avait un sac de voyage plutôt grand.
— Elio, on avait dit le minimum, tu as embarqué des vêtements pour deux semaines ou quoi ? réprimanda gentiment sa mère.
Cette réplique me fit rire. Nous avions donc chacun pris un sac, de la nourriture pour le week-end et des tentes. Le trajet était un peu long mais assez sympa, le père d'Elio avait mis une musique rock que nous chantonnâmes ensemble.
Nous évoquâmes les projets de la semaine prochaine. Elio voulait assister à une fête le vendredi qui entraina un débat sur les conditions pour qu'il y assiste. Le programme commençait donc par une petite randonnée avec pique-nique jusqu'au point de campement.
Le paysage était vraiment époustouflant, l'air était encore chaud et un peu lourd. Le panorama rocheux me changeait beaucoup de Paris et je me sentais apaisé par cet environnement. Nous marchâmes sur des sentiers boisés, d'autres rocailleux ou encore sinueux.
Elio n'avait pas lair emballé par cette randonnée, il manqua de tomber plusieurs fois sur les sentiers étroits et s'agrippa souvent à moi lorsqu'il glissait.
Après quelques heures de marche et un Elio ronchonnant, nous arrivâmes dans une clairière bordée par une rivière. Lendroit était vraiment calme et paisible. Cétait un coin entre forêt et montagne, entouré deau et de verdure. On entendait seulement nos respirations, le vent qui soufflait dans l'herbe haute et le son du ruisseau dévalant les rochers.
Cali installa un plaid pour mettre la nourriture du pique-nique. Elle avait pris de tout, des fruits, des légumes, des sandwichs, des chips, des salades, des desserts Un vrai festin. Je me remplis la panse. Après un long moment, voyant que le temps était doux, je décidai daller me tremper les pieds dans la rivière. Elio me suivit, leau était froide par rapport à la chaleur extérieure, mais c'était agréable. Je décidai d'embêter un peu Elio et l'éclaboussai avec mon pied, il me regarda avec un air de défi et nous commençâmes à nous chamailler. Mais Elio en voulant me mouiller à son tour trébucha et se retrouva les fesses dans l'eau.
— Ça va ? demandai-je en m'approchant de lui.
— Je me suis fait mal, dit-il en grimaçant.
Je lui tendis ma main pour l'aider à se relever et le soutins pour sortir de l'eau.
— Tu as mal où ? questionnai-je en m'asseyant à côté de lui, un peu inquiet.
— A la cheville, je crois que je me la suis foulée quand je suis tombé expliqua-t-il en essayant de la bouger, ce qui avait l'air douloureux.
Je touchai son pied avec délicatesse en le regardant pour savoir s'il avait mal et dès que je la bougeai un peu il émit un couinement.
— Je crois que tu as raison, le mieux ce serait que tu évites de la bouger mais vu qu'on est au milieu des montagnes ça va être compliqué, conclus-je en vérifiant quil ne s'était pas égratigné.
Il hocha la tête d'un air penaud, on se releva et je l'aidai à se déplacer jusqu'à ses parents.
— Elio s'est foulé la cheville en chahutant dans la rivière, annonçai-je à ses parents.
— Oh mon lapin, est-ce que ça va ? Tu as mal ? Tu veux qu'on rentre ? s'inquiéta Cali.
— Oui, maman ça va, ne t'inquiète pas, rétorqua Elio en rougissant face à ce surnom.
Les parents d'Elio décidèrent que nous mettrions les tentes ici et continuèrent la randonnée sans nous. J'étais chargé de garder un oeil sur Elio et de l'aider à installer ses affaires. Par chance, nous avions de la crème et des médicaments pour apaiser la douleur. Je lui en appliquai un peu sur la cheville ce qui avait l'air de lui faire du bien.
Ses parents revinrent dans la soirée et nous mangeâmes après avoir allumé un feu de camp. Cali avait ramené des Chamallows à faire griller, ce que je préférais dans les feux de camps. Elle nous parla un peu de son travail d'institutrice et Noah de son boulot dans une boîte d'informatique. Ils étaient tous les deux fatigués donc ils décidèrent d'aller se coucher. Ne restait donc qu'Elio et moi devant le feu de camp.
— Denver est vraiment différent de Paris ? m'interrogea Elio en se réchauffant les mains.
— Paris compte beaucoup plus d'habitants que Denver alors que c'est une plus petite ville. C'est assez touristique, il y a beaucoup de choses culturelles et de monuments intéressants à visiter et c'est une mentalité différente. A Paris, il y a les touristes qui prennent des photos de tout et les parisiens qui sont souvent désagréables et malpolis. Pas à Denver, racontai-je à Elio, content qu'il s'intéresse à ma ville.
Il hocha la tête et je proposai un jeu pour apprendre à se connaître un peu mieux. Un jeu qui consistait à se poser des questions chacun son tour.
— Quels sont les endroits que tu voudrais visiter ? demandai-je.
— J'aimerais bien visiter des pays comme l'Inde ou l'Europe. Notamment la France mais aussi l'Italie, surtout le Vatican ou encore Dubaï ! Crois-tu au coup de foudre et au destin ? enchaina-t-il.
— Au destin pas tellement, je pense qu'on a le choix sur ce qu'on fera dans la vie et au coup de foudre, peut-être oui, je sais pas trop à vrai dire. Tu as déjà eu un copain ou une copine ? m'enquerrai-je.
— Hum J'ai eu une copine à la fin du collège pendant quelques semaines mais ça a fait que confirmer que c'était pas trop mon truc. Après j'ai eu hum des flirts avec des garçons, bafouilla-t-il en triturant ses mains. Quel est le motif de séparation de ta dernière relation ? continua-t-il en reprenant contenance.
— Elle avait des vues sur un autre mec et je l'ai su du coup, je l'ai quitté. Une semaine après elle était avec lui. Des flirts ? Dis-m'en plus, m'intéressai-je avec un sourire en coin.
— J'ai hum eu des rapprochements et des flirts avec des garçons mais je suis jamais sorti avec un mec, bredouilla-t-il en évitant mon regard. Tu l'aimais vraiment ? enchaina-t-il.
— Je l'aimais bien mais j'avais pas genre des papillons dans le ventre ou je sais pas quoi en la voyant. J'ai jamais aimé quelqu'un comme dans les livres alors je sais pas. Tu as déjà couché avec un mec ? interrogeai-je sachant que j'allais le mettre mal à l'aise.
— Euh hum non enfin pas vraiment non. Et toi avec une fille ? demanda-t-il en bégayant avec des rougeurs sur les joues et évitant mon regard.
— Comment ça pas vraiment ? Non. Jamais, répliquais-je avec taquinerie.
— C'est trop gênant, répliqua-t-il en enfouissant sa tête dans ses mains, pourquoi t'es venu à Denver ? ajouta-t-il essayant surement de faire oublier qu'il n'avait pas répondu à ma question.
— C'est pas du jeu, si tu réponds pas à ma question, je ne réponds pas à la tienne ! m'exclamai-je pour essayer de camoufler mon trouble par rapport à cette question.
Elio me fixa, mal à l'aise, et nous nous mîmes daccord sur le fait qu'il était temps de dormir. Dans la tente, nous avions un matelas deux places pour dormir ainsi qu'une couette et des couvertures au cas où nous aurions froid. Je me déshabillai à l'intérieur, n'étant pas pudique. Je n'aimais pas dormir autrement qu'en caleçon. Elio, lui, se mit dos à moi et enfila un short avec son haut. Nous nous glissâmes sous la couette, Elio rajouta une couverture de son côté et je gigotai pour trouver une position confortable contrairement à Elio qui avait l'air un peu tendu.
— Tu vas dormir comme ça ? demanda-t-il en se tournant sur le côté pour me faire face.
— Oui pourquoi ? Ça te gêne ? l'interrogeai-je ne voulant pas le mettre mal à l'aise.
— Non, c'est juste que je comprends pas comment tu peux dormir comme ça alors qu'il fait froid, ajouta-t-il serrant la couette sur lui.
Cette réplique me fit sourire, je fermai les yeux et glissa tout doucement dans les bras de Morphée, bercé par les hululements d'une chouette, la chaleur de la couette et la respiration d'Elio.
Je me réveillai doucement dans une chaleur confortable, mais je sentis une chose lourde reposer sur mon torse. Je pris quelques minutes pour ouvrir les yeux et constatai qu'Elio était tout contre moi, blotti, sa tête contre mon épaule et sa jambe enroulée avec la mienne. Il sentait un mélange de lessive et de chamallows. Cette soudaine proximité me laissa indécis sur la réaction à adopter. Devrais-je le repousser ou le laisser dormir tranquillement ? Son souffle chatouillant mon torse provoqua des gargouillements agréables dans mon ventre et sa chaleur faisait pencher la balance vers la deuxième option.
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Hey !
J'espère que vous allez aimé ce chapitre, hésitez pas à commenter et voter ! J'hésité à faire un chapitre du point de vue d'Elio, dites moi ce que vous en pensez !
Des bisous et des papouilles :)
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