Chapitre 27
« Ce qui comble, ce n'est pas la passion sensuelle ; c'est la rencontre, c'est l'intimité. » - Thérèse Tardif
Ma mère nous appela pendant qu'Elio était dans la douche mais j'étais trop fatigué pour vouloir manger. Je me glissai dans mon lit en attendant qu'il revienne.
Ce qu'il fit quelques minutes plus tard, habillé d'un tee-shirt blanc un peu trop grand pour lui et un pantalon de survêtement gris. Il posa ses affaires sales près de la valise, les cheveux encore humides de sa douche avec quelques mèches qui lui tombait dans les yeux et s'étira en baillant.
— T'as faim ? Ma mère nous appelle pour manger mais je suis trop fatigué, expliquai-je.
Il secoua la tête pour signifier qu'il pensait la même chose et me lança un sourire taquin, en s'approchant du lit.
— Tu vas être aussi entreprenant qu'à la soirée chez Ayden ? me taquina Elio.
Je me remémorai cette soirée qui avait été prometteuse et je ne pus m'empêcher de sourire. Cette soirée m'avait ouvert les yeux sur les réels sentiments que je ressentais envers Elio.
— Ça devrait aller vu que je suis sobre.
Je rentrai dans son jeu en plaisantant également. Il fit mine d'être déçu ce qui me fit rire mais se glissa tout de même dans mon lit. J'avais fermé les volets, il y avait seulement les led colorés aux dessus de mon lit qui empêchaient la pièce d'être plongée dans le noir. Virant sur une couleur dans les tons violet, ce qui offrait une ambiance intime bienvenue à mes yeux. Intérieurement, j'espérai qu'Elio se sente bien, là à mes côtés.
— Je suis claqué par cette journée, dit-il lascivement en s'allongeant à ma droite.
— Moi aussi, soufflai-je en fermant les yeux.
Nous restâmes quelques minutes dans le silence, nous remémorant cette journée un peu folle. Malgré les mois passés à Denver, loin de Paris, je me sentais toujours chez moi. La capitale rendait Noël encore plus magique à mes yeux, une magie que je voulais voir à travers les yeux d'Elio.
— Tu m'as toujours pas dit pourquoi ça t'avait pris autant de temps, souffla-t-il en faisant référence à sa question qui avait précédé notre baiser.
Je me tournai sur le côté pour être face à lui, qui était dans la même position. Je replaçai distraitement l'une de ses boucles rebelles derrière son oreille, tentant de mettre de l'ordre dans mes pensées concernant Elio et notre proximité. Quatre mois plus tôt, lors de ma rencontre avec Elio, je n'étais encore qu'un simple adolescent anxieux, la solitude, le changement étaient dur à supporter, je me sentais terriblement seul. Aujourd'hui, tout allait beaucoup mieux. Les étrangers qui m'entouraient étaient devenus des amis, je retrouvai ma ville natale et, contre toute attente, je m'étais dégoté un petit-ami adorable.
— Ça m'as pris du temps pour assimiler mes désirs et mes sentiments envers toi, c'est pas facile de tomber amoureux d'un garçon quand on a pensé toute sa vie qu'on aimait les filles. Surtout dans cette société où tout le monde juge tout le monde, où l'homosexualité est encore mal acceptée. Alors j'ai eu du mal à me dire « oui je suis amoureux de ce garçon et j'ai envie d'être avec lui, peu importe ce que ça me coutera », avouai-je la voix un peu tremblante.
J'avais fixé un point derrière Elio en lui avouant tout ça, ayant peur de sa réaction, incertain de croiser son regard. Mais lorsque mes yeux trouvèrent les siens je ne m'attendais pas à croiser une expression larmoyante sur son beau visage. Je caressai sa joue, en chassant ses larmes de mon pouce, mais c'était bouleversant de le voir si ému par mes mots. Je l'attirai contre moi, en caressant ses cheveux pour le calmer mais ses pleurs redoublèrent et il agrippa mon tee-shirt comme s'il avait peur que je parte.
— Pourquoi tu pleures ? chuchotai-je contre son oreille.
Il sanglota encore quelques minutes avant d'être assez calme pour me répondre. Il prit une grande inspiration tremblante et renifla avant de prendre la parole.
— Parce que c'est une de plus belles choses qu'on m'ait dite, je pensais pas qu'un jour je pourrais te considérer comme mon petit-ami, j'avais si peur que tu me repousses et me brises le cœur, avoua-t-il, ses paroles entrecoupées par ses sanglots.
Son aveu me fit l'effet d'une gifle, mon ventre se serra après cet aveu. Je n'avais pas assez pris en considération ses sentiments et je me sentais coupable de l'avoir fait souffrir.
— J'ai réalisé que j'avais des sentiments pour toi quand on était à Aspen mais je voulais attendre d'être à Paris pour te le dire. Parce que, lui dis-je d'un ton se voulant amusé, Paris est la ville de l'amour et, c'est peut-être cliché, mais je voulais te l'avouer ici-même... Je suis désolé, je me rends compte que j'aurais dû te le dire bien avant, je ne voulais pas te faire souffrir.
— C'est pas grave, au moins les conseils d'Ayden ont marché, plaisanta-t-il en jouant avec mon tee-shirt.
Je baissai la tête vers lui en fronçant les sourcils et lui demanda ce qu'il entendait par là. Ses larmes avaient séché mais ses yeux et ses joues étaient encore un peu rouges, pourtant un petit sourire émergea sur ses lèvres.
— Peut-être qu'Ayden a imaginé un plan pour que tu tombes amoureux de moi, dit-il sur un ton malicieux.
— Ah ouais ? Et il consistait en quoi ce plan ? raillai-je, pourtant intéressé.
— Secret défense, susurra-t-il.
Je haussai un sourcil, d'un air interrogateur mais il n'avait pas l'air décidé à me relever ce qu'avait manigancé Ayden. Je décidai donc de le faire parler, je me mis à lui chatouiller les côtes et il se tortilla dans mon lit en couinant. Son rire embauma la pièce et il me supplia d'arrêter, ce que je finis par faire. Il me frappa le bras après avoir repris son souffle, ses joues étaient toutes rouges et il afficha un grand sourire.
— Je te dirais pas, ricana-t-il.
— Pas grave je demanderais à Ayden.
Après ce moment de plaisanterie et de confessions nous nous sentîmes vraiment fatigués, surtout après la journée que l'on avait passée. Le calme était revenu dans la chambre et Elio me berça en me caressant les cheveux.
Il tourna sa tête vers moi, logeant son regard dans le mien. Ses yeux descendirent sur mes lèvres, ce qui me fit sourire et je m'approchai de lui. J'étais proche de son visage, je pouvais sentir son souffle se mélanger au mien. Cette proximité affola les battements de mon cœur et mon souffle s'accélèra en même temps que celui d'Elio. Ses lèvres m'attiraient irrémédiablement, comme un aimant. Je passai mon pouce sur sa lèvre inférieure puis j'effleurai ses lèvres des miennes. Il avança son visage pour m'embrasser mais je me reculai légèrement, jouant un peu avec lui. Je lui souris malicieusement avant de l'embrasser.
Il caressa ma joue pendant le baiser qui était doux comme une caresse. Je bougeai légèrement pour le surplomber alors qu'il était sur le dos. Ses lèvres qui glissaient sur les miennes me donnaient des papillons dans le ventre. Mes mains se baladèrent dans son cou puis sur son épaule et descendirent vers ses côtes. Le baiser s'approfondit quand Elio glissa sa langue contre la mienne. J'avais envie de toucher sa peau, son tee-shirt étant un obstacle, je le relevai mais attendit une réaction de sa part pour savoir si je pouvais glisser ma main en dessous. Il inspira bruyamment en passant sa main dans mes cheveux, les tirant légèrement. Je pris ça pour un oui alors je faufila ma main contre son ventre tonique et l'effleura. Ses abdominaux se contractèrent et il gémit légèrement dans notre baiser.
J'avais envie de plus mais d'un côté je ne me sentais pas encore prêt à passer d'autres étapes.
Il mit doucement fin à notre baiser pour reprendre son souffle, ce qui me fit rire. Ses lèvres étaient rosées et humides d'avoir été trop embrassées. J'aimais nos moments d'intimité, c'était doux comme une sucrerie mais excitant comme les montagnes russes.
Je vins nicher ma tête sur son épaule réclamant plus de papouilles et je lui en fis aussi sur le bras. C'est comme ça que je plongeai dans le sommeil, bercé par la respiration d'Elio et ses caresses.
Malheureusement le repos ne fut pas bien long. Ma sonnerie de téléphone retentit et me réveillai en grognant. Je cherchai mon téléphone à tâtons, sans ouvrir les yeux en me demandant quelle heure il était.
En entrouvrant les yeux je pu voir que le nom d'Ayden s'affichait sur l'écran de mon portable, indiquant également l'heure. Il était seulement neuf heures du matin, beaucoup trop tôt quand le décalage horaire se faisait encore ressentir. Elio ronchonna donc je me dépêchai de saisir mon téléphone pour éviter de le réveiller. Par manque de réactivité, la sonnerie s'arrêta avant que j'ai pu décrocher. Seulement Ayden insista, comme à son habitude, alors il rappela et je pris l'appel en soupirant.
— Putain Ayden, t'as intérêt à avoir une bonne raison de me réveiller et de me faire parler anglais à neuf heures du matin, bougonnai-je.
— Attend quoi ? Il est neuf heures du matin chez vous ? Merde j'avais oublié le décalage horaire. Mais moi aussi ça me fait plaisir de te parler mon petit Isaac, dit-il avec un air malicieux.
Je lui fis un doigt d'honneur qui le fit rigoler, c'était l'avantage d'être en Facetime. Elio qui était sur le ventre se tourna vers moi, réveillé par la sonnerie.
— C'est quoi ce bordel ? ronchonna-t-il.
— Oh coucou Elio, attends vous avez dormi dans le même lit ? Je croyais que t'avais une chambre d'amis, s'étonna-t-il.
Elio ouvrit les yeux et quand nos yeux se croisèrent nous nous mîmes à rire. Après ce moment qui nous avait réveillé, et l'incompréhension d'Ayden, je me relevai en position assise dans le lit avec Elio. Il appuya sa tête sur mon épaule avec une moue endormie, les cheveux en bataille qui me donnaient envie de le câliner.
— Pourquoi tu nous appelles ? demandai-je à Ayden d'un air agacé.
— Excuse-moi de vouloir prendre des nouvelles de mes potes et de savoir comment ça se passe à Paris ! Mais apparemment ça a l'air de bien se passer entre vous deux, c'est déjà ça.
Il avait dit ça en haussant les sourcils, accompagné d'un clin d'œil appuyé comme pour sous-entendre quelque chose.
— Non on a pas couché ensemble si c'est ce que tu veux savoir, et toi avec Amaro ça va ? répondit Elio.
J'étais un peu étonné de la manière dont Elio avait dit ça mais avec Ayden il valait mieux être direct. Ayden se mit à rire, face à la franchise d'Elio ou peut-être à cause de mon air étonné.
— On passe nos journées au lit donc ça se passe plutôt bien, mais je vous appelle pas pour ça. Devinez quoi ? s'écria-t-il excité.
Je levai les yeux au ciel à la première phrase d'Ayden et me tourna vers Elio. Il avait l'air aussi blasé que moi par ses badinages matinaux.
— Tu vas te marier avec Amaro ? essaya de deviner Elio.
Ayden eut l'air de s'étouffer et parti dans un fou rire. On pouvait entendre Amaro derrière qui demandait ce pourquoi il rigolait. Amaro s'allongea sur lui en posant sa tête sur l'épaule d'Ayden, il répondit en italien après s'être calmé et nous prêta de nouveau attention.
— Tu vas un peu vite en besogne, mais ça concerne Amaro en effet. Il reste jusqu'à la fin de l'année, je lui manquais trop alors il s'installe chez moi pour l'instant, annonça-t-il avec un immense sourire aux lèvres.
Elio poussa un petit cri, suivit par Ayden et Amaro. Je me contentai de sourire, j'étais content pour eux mais Elio connaissait plus Amaro que moi. Elio avait l'air vraiment heureux de cette annonce.
Ayden nous expliqua qu'Amaro était parti de chez ses parents sans leur accord mais qu'ils avaient fini par comprendre et l'autorisaient à rester. Il trouverait une solution pour qu'il reste après la fin de l'année scolaire.
— C'est l'heure des galipettes, je vous laisse mais faites pas trop de bêtises !
Il raccrocha après un dernier clin d'œil, ce qui nous fit rire. Je baillai et m'étirai avant de me tourner vers Elio.
— On se recouche ou on en profite pour visiter Paris plus tôt que prévu ? demandai-je.
Il était contre mon épaule, sa petite main contre mon ventre et la mienne dans ses boucles, jouant distraitement avec ces dernières. Il émit un petit gémissement avant de se relever.
— Je veux voir la Tour Eiffel !
Je n'étais pas étonné par sa demande, c'était un monument que tous les touristes voulaient voir. Il s'était mis debout, les yeux pétillants et se mit à sautiller en souriant. Son sourire était contagieux et je pris la main qu'il me tendait pour me lever à mon tour.
— Tes désirs sont des ordres, affirmai-je.
— T'es sûr de toi ? plaisanta-t-il.
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Hey ! J'espère que vous avez apprécié mon cadeau de Noël en avance ! Profitez en je reviens qu'en janvier, à cause de mes partiels. N'hésitez pas à me dire ce que vous avez penser du chapitre.
Merci à Lizy_Crane pour les corrections !
Des bisous sucrés :)
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