Chapitre 15

« L'amour le plus beau est fait d'innombrables et minuscules conflits toujours résolus » - André Maurois

Je me réveillai sans réveil qui vrille les oreilles, de manière naturelle, et c'était la première fois depuis quelques semaines. Ce qui me parut suspect. En plus de cela, lorsque j'émergeai de mon sommeil, je ne sentis pas la chaleur qui m'avait collée toute la nuit. Je n'étais entouré que par la couette, et non par des bras réconfortants. Je tendis le bras pour repérer le corps d'Elio mais rien n'heurta ma main à part des draps froids, ce qui me fit pousser un grondement de frustration. Je n'avais pas l'habitude de me coucher avec quelqu'un mais de me réveiller seul... Lorsque je pris la décision d'ouvrir les yeux pour mettre la main sur mon compagnon de couette, j'entendis un bruit familier, un rire.

— Bah alors, tu peux plus te passer de moi ? demanda Elio avec amusement.

Elio se tenait contre l'encadrement de la porte, avec une serviette sur la taille et une autre dans ses cheveux qu'il était en train de frotter. La vue de son torse dégoulinant de petites gouttelettes d'eau, alors que nous avions passé la nuit enchevêtrée l'un contre l'autre, n'était vraiment pas bonne pour mon chapiteau. Ou si, en fait. Seigneur, désolé pour toutes ces pensées impures qui me viennent à l'esprit, mais il est bien trop tôt pour faire preuve de self-control.

Mon cerveau m'envoyait tout un tas d'images que j'essayais de mettre de côté, je n'étais pas encore tout à fait à l'aise avec toutes mes envies, et je ne voulais pas qu'Elio s'en rendre compte. Mais je crois que mes réactions n'étaient pas vraiment discrètes.

— Isaac ? Allo la lune, ici la terre, rigola-t-il en remuant ses mains.

— Je crois que tu prends un peu trop la confiance jeune homme, m'exclamais-je.

Je lui envoyai un coussin dessus et il partit en riant vers la salle de bain avant que je ne me lève en essayant de reprendre mes esprits.

Après une douche, nous prîmes le petit-déjeuner, Cali nous avait préparé des pancakes. La meilleure chose que les américains aient créé. Nous allâmes au lycée. Je n'étais pas encore totalement remis, alors les cours du matin me parurent interminables. Je luttais pour rester éveillé.

Je rejoignis Ayden, Livia et Nino accompagné par Elio au self, nous arrivâmes pendant une conversation qui avait l'air animée.

— Allez Ayden, c'était trop bien l'année dernière, on s'était bien amusé, ça serait cool de remettre ça ! supplia Livia en faisant une petite moue.

Je posai mon plateau à côté de Nino, en face d'Ayden et essayai de comprendre le sujet de leur discussion en analysant mon assiette qui ne me donnait pas très envie.

— Vous parlez de quoi ? interrogea Elio, me devançant.

— Des vacances à Aspen l'année dernière, je voulais qu'on y retourne tous ensemble, expliqua Livia.

Livia avait l'air emballée par l'idée mais Ayden avait la tête baissée dans son assiette, jouant avec sa fourchette comme s'il était plongé dans une profonde réflexion. Ses cheveux blonds lui tombaient sur le front. Elio fit une tête étrange, comme si Livia avait dit la plus grosse connerie de l'univers, ce qui en soit ne m'étonnerait pas. Nino s'étouffa avec son eau. J'avais l'impression d'être au milieu d'une conversation non verbale, Nino et Elio se lancèrent un regard qui me semblait plein de sous-entendus.

— Enfin, sans Amaro du coup, poursuivit Livia.

Un grand silence suivit cette phrase, seul le brouhaha de la cafétéria et les bruits des couverts résonnaient entre nous.

— Qui est Amaro ? osais-je demander.

Le silence se poursuivit quelques instants, avant qu'Ayden ne relève les yeux vers moi. C'était la première fois que je voyais une expression de douleur sur son visage. Il se racla la gorge et prit la parole.

— Mon ex. Ça faisait un an qu'on était ensembles, il est parti en vacances pendant l'été, avec sa famille, dans son pays d'origine, l'Italie. Mais ses parents, tellement nostalgiques, ont décidé de repartir vivre là-bas. Je ne l'ai revu qu'une fois avant qu'il parte, déclara-t-il.

Son histoire me rendit triste pour lui, je ne pensais pas qu'Ayden ait eu le cœur brisé il y a peine quelques mois. Il a l'air si jovial et un peu coureur de jupons ou plutôt de pantalons, que je n'avais jamais imaginé qu'il ait pu être amoureux.

Mais la partie que j'ai le plus retenue, c'est qu'il était reparti dans son pays d'origine, après un an de parfait amour avec Ayden. C'est ce qui va finir par se passer... A la fin de l'année, je devrais repartir en France, et par conséquent, toutes les personnes que j'aurais rencontrées seront à huit mille kilomètres de moi. Je vais devoir abandonner tout ce que je vais créer cette année et reprendre le cours de ma vie comme si je n'étais jamais parti. Ainsi que laisser toutes les personnes qui seront entrées dans ma vie derrière moi. Elio sera à Denver et moi à Paris. Je n'avais jamais senti cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête et cette sensation me coupa le souffle. La sensation d'angoisse des premières semaines remonta à la surface, je me rendis compte que je commençai à m'attacher à des personnes, surtout à Elio, à avoir une petite routine et à l'apprécier.

Paris, mes amis et ma famille me manquaient, mais je m'étais fait une raison, j'avais réussi à lâcher prise, et à vivre au jour le jour. Mais j'allais devoir rentrer en France, ce qui allait surement faire du mal à quelqu'un, peut-être moi. Elio m'avait avoué son attirance, mais si j'entamais quoi que ce soit avec lui, il finirait par avoir le cœur brisé. Je ne voulais pas ça pour lui. Encore une raison de ne pas lui donner de faux espoirs, me chuchota ma conscience, pourtant tu en meurs d'envie.

— Isaac ?

Quelqu'un prononça mon nom, ce qui me ramena dans la cantine et à la réalité. Quatre paires d'yeux me fixait comme si j'avais montré mes fesses en public, une sensation de malaise prenait toujours mon cœur en otage, et j'avais besoin de calme, ce qui n'était pas vraiment le cas ici, mais ce n'était pas vraiment le moment de partir me réfugier dans un coin. 

— Désolé, j'étais perdu dans mes pensées, c'est triste cette histoire, expliquai-je en essayant de reprendre contenance.

Ayden hocha la tête et Livia retenta de le convaincre mais je n'eus pas le temps de me concentrer sur leur discussion que je sentis une main se glisser sur ma cuisse. Elle appartenait à Elio, il me caressait avec son pouce. Lorsque je remontai sur son visage, il avait une mine inquiète et articula un « ça va ? » pour que je sois le seul à comprendre. Sa main me parut brulante et bien trop prêt d'une zone disons inflammable, ce qui provoquai en moi un torrent d'émotions. Mes réflexions sur l'épée Damoclès qui était au-dessus de notre amitié et plus si affinités, mais aussi la réaction hormonale de mon corps, et mon cœur qui battait un peu plus vite à chaque contact, me laissèrent fébrile.

Je me contentai de chuchoter un oui et d'essayer de reprendre le fil de la conversation en laissant mes pensées de côté. Elio enleva sa main ce qui me laissa un sentiment de frustration et d'apaisement, je repris mon souffle.

— Il y a Isaac avec nous cette année, je suis sûr que ça lui plairait d'y aller, hein Isaac ? lança Livia.

Tout le monde se tourna une nouvelle fois vers moi, alors que j'étais tranquillement en train de jouer avec mes haricots. Ayden avait l'air exaspéré par le forcing de Livia, Nino intrigué par la tournure des événements, et Elio fusillait Livia du regard. Il se passait bien trop de choses pendant ce repas, je n'avais pas encore eu le temps de toucher à ma nourriture et il me restait seulement quelques minutes avant la sonnerie.

— Euh ouais, enfin si Ayden est d'accord.

Je n'avais pas envie d'être impliqué dans cette conversation ni d'en prendre parti. Après un long débat, des votes, des supplications, Ayden accepta de nous héberger dans son chalet à Aspen pour les vacances. Le départ se ferait le samedi matin, puisqu'il y a cinq heures de routes, et nous resterons pendant la semaine.

Un débat était déjà lancer sur les chambres et les activités quand la sonnerie retentit.

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Hey ! désolé de prendre du temps à vous pondre les chapitres mais c'est bientôt ma période d'examen du coup jusqu'à mi-mai ça va être compliqué ! C'est un petit chapitre, il se passera plus d'action dans le suivant, j'espère qu'il vous a quand même plu, n'hésitez pas à votez et commentez.

Vous pouvez me suivre sur Instagram pour avoir un peu d'actualité à propos du livre et aussi suivre les personnages, je vous rappelle mon identifiant @justineyouth07 !
D'ailleurs pour ceux qui n'ont pas vu sur Instagram il y a Ayden en média !

Des bisous :)

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