Chapitre 3

Des gouttes de pluie s'écrasaient contre cette pierre tombale fraîche. Une surface grise sur laquelle le nom de sa sœur avait été écrit des jours auparavant. Quelques mots engravés parasitaient ce lieu de recueil.

«Notre petite ange, partie trop tôt.»

La phrase que Mebuki et Kizashi Haruno avaient fait graver donnait l'envie de vomir à Sakura. L'épitaphe était copiée d'une des tombes d'un autre enfant. Cela révoltait la médecin. Non seulement les deux adultes insultaient sa sœur en faisant ainsi, mais ils manquaient de respect à d'autres parents qui, eux, pensaient probablement vraiment ces mots. Saisissant un kunaï, elle barra cette phrase vide de sens. La colère et la tristesse l'aveuglaient. Sakura n'avait pas connu Keiko, à cause de sa relation avec ses géniteurs. Toutefois, elle était à peu près sûre que la fillette de trois ans avait eu une enfance similaire à la sienne. Depuis le trépas de la gamine, la kunoichi passait des nuits à se tourmenter avec des scénarios où elle aurait été là pour sa sœur, des scénarios où Keiko ne finissait pas dans une tombe. Ses mouvements biffant la phrase devinrent de plus en plus erratiques alors que sa respiration s'accélérait. Elle aurait dû être là. La ninja lâcha le couteau en passant tendrement ses doigts sur les longues lignes couvrant la tombe. Elle aurait dû être présente. Pourtant, une partie d'elle ne regrettait pas son choix de quitter la maison, car ce l'avait menée ici. Lorsqu'elle était partie, elle avait eu l'impression de vivre pour la première fois. Une sensation que la fillette n'expérimenterait jamais.

-Je vivrais pour nous deux, sœurette, souffla-t-elle.

Peut-être était-ce son imagination, mais la médecin sentit des petits doigts effleurer les siens. Une larme roula sur sa joue et éclaboussa l'herbe. Le regard de Sakura se porta vers les étoiles, un sourire triste adressé à celle qu'était sa sœur bordant ses lèvres.

Elle venait de déposer les fleurs quand le même fil noir s'infiltra dans son champs de vision. Soupirant, Sakura se releva en ignorant la présence du garçon marchant. Un certain stress l'emplit, mais aucun ressentiment ne monta en elle. L'adolescente était trop fatiguée pour se soucier de ce foutoir que le filament représentait. Maintenant que ses hommages étaient rendus, elle voulait juste aller à l'hôpital pour que les problèmes des autres chassent les siens et s'effondrer d'épuisement après son quart. L'odeur de tabac la sortit de la contemplation de ses futurs plans alors que le ninja arrivait à sa hauteur. Il la dépassa, un paquet de cigarettes dans la main. Elle vit sa bouche s'ouvrir pour dire quelque chose avant qu'il ne la referma. Voulant éviter une conversation, la kunoichi commença à marcher en direction opposée pour sortir du cimetière. Pourtant, Sakura l'entendit parfaitement murmurer: «Un de mes amis dit souvent que la destinée n'existe que si l'on y croit.» Si elle n'avait pas été une ninja, elle aurait manqué un pas. Décidant de faire comme si elle n'avait rien entendu, la kunoichi continua son chemin. Une brise souffla, emportant avec elle l'odeur de sa cigarette. Fronçant les sourcils à la senteur, Sakura réfléchit aux mots qu'il avait prononcés. Ce ledit ami avait probablement raison. Qui aurait choisi un fumeur pour l'âme sœur d'une médecin après tout ?


L'alarme posée sur le bureau à côté de son lit sonnait depuis quelques instants déjà, mais Sakura ne faisait que fixer le plafond au-dessus d'elle, bercée par les bruits stridents. La kunoichi venait de se réveiller. Pourtant, elle avait l'impression que si elle faisait un mouvement toute son énergie la quitterait. Ce n'était pas nouveau ou inconnu. Combien de matins avait-elle passé dans son lit observant videment le plafond, plus jeune ? La jonin savait ce qui lui arrivait. Se permettrait-elle seulement ce matin de ne pas se lever, cette habitude se permettrait-elle de s'installer, l'emmenant dans un cercle vicieux. Et parce qu'elle avait promis à Keiko de vivre pour les deux, Sakura balança ses pieds sur le bord du lit.


Quelques jours plus tard, Sakura jouait avec son verre de vin vide lorsque Yugao annonça qu'on lui avait proposé de réintégrer les ANBU. Un certain silence plana à la suite de sa déclaration. Ils savaient tous ce que ça signifiait. Si elle acceptait, leur équipe serait dissoute. Pas que cela changerait leur relation. Ce serait juste la fin d'une époque. Se servant du vin, Sakura lui adressa un sourire.

-Je pense que tu devrais accepter si ça te tente.

La femme lui retourna son sourire à sa réponse.

-Au pire, je me retrouverais avec trois gosses à surveiller, s'exclama Genma.

La médecin roula les yeux en entendant la façon dont il donnait son approbation.

-Personne ne serait assez inconscient pour te laisser la charge de trois gamins, répliqua Sakura.

Le concerné ébouriffa les cheveux roses.

-Regarde qui parle.

Elle soupira en réponse.

-Hayate, tu en penses quoi ? Revoir Yugao avec cet uniforme...

Genma ne finit pas sa phrase sous la menace de l'index de Sakura brillant d'une lueur dangereuse. Le ninja rigola nerveusement en se levant pour aller aider à la préparation du souper. Les deux femmes échangèrent un regard complice en trinquant au stéréotype qu'elles venaient de renverser.

Le lendemain, le bruit d'un cognement sur sa fenêtre la sortit de ses songes agités. Un ninja couvert d'un masque en porcelaine énonça quelques phrases qui prirent du temps à être traduites par le cerveau embrumé de Sakura. Néanmoins, elle comprit l'essentiel: la médecin était convoquée au bureau de l'Hokage. Laissant retomber sa tête sans ménagement sur l'oreiller, ses prunelles s'attardèrent sur ce plafond blanc immaculé. Elle leva une main au-dessus de son visage et cela sembla lui coûter son énergie, car le membre retomba mollement sur ses pommettes. La ninja se releva tant bien que mal et observa le vide. Aucune pensée n'encombrait son cerveau. Elle ne faisait qu'exister et juste cela lui demandait trop. Sakura dut passer une bonne trentaine de minutes dans son état parce que ce fut le réveil s'époumonant qui la fit s'échapper de sa transe. Elle posa ses pieds sur le parquet en soupirant. La kunoichi avait l'impression d'avoir fait un saut dans le passé et elle n'était pas sûre d'apprécier ça.

«Soulève, pose, soulève, pose...» s'ordonnait-elle en fixant ses pieds. Sa progression était lente, péniblement lente. Des gens âgés avec des cannes la dépassaient, se moquant d'elle. Sakura les comprenait. C'était ridicule une ninja qui devait se rappeler comment avancer. 

Ses doigts appuyèrent sans motivation sur le panneau de bois la protégeant du regard perçant de Tsunade. Elle finit par pousser la porte assez pour laisser sa forme passer. Se monitorant de mettre un pied devant l'autre, la médecin marcha jusqu'au centre de la pièce où déjà Shikamaru se tenait. 

-Tu es en retard, Sakura, réprimanda la blonde.

Elle haussa les épaules en regardant au travers de la fenêtre derrière la femme. Un soupir las échappa à la Sannin tandis qu'elle commença la description de leur tâche. Bordée par les paroles, l'esprit de Sakura s'égara inconsciemment. L'appel de son nom par son ancienne mentore la ramena sur terre. 

-Voici l'ordre de mission, Sakura, Shikamaru, dit Tsunade en leur tendant un rouleau.

Elle resta tétanisée un instant en comprenant qu'ils avaient une mission ensemble.  «Pas de destinée, mon cul» pensa-t-elle en levant les yeux vers le plafond, regardant ce foutu fil.

Ils se déplaçaient silencieusement vers les portes du village. Une cigarette bordait le coin des lèvres de Shikamaru. Ses mains étaient enfouies dans ses poches de pantalon. Il inspectait la fille tandis qu'elle tentait de lire l'ordre, mais entre son regard et ce manque de motivation qui menaçait de l'engloutir à nouveau, Sakura en était à relire pour la vingtième fois la première phrase. Elle soupira en abandonnant. Il s'occuperait des décisions importantes de toute façon.

Ils sautaient de branche en branche à une progression plus lente que celle habituelle. Sakura, en avant du garçon, était la raison de cette cadence. Chaque poussée de ses jambes lui demandait une gifle mentale. Chaque atterrissement était un ajout à cette tentation de juste se laisser tomber sur le dos et laisser l'air se faire expulser de ses poumons. Pourtant, la ninja continuait de sauter en ne faisant qu'imaginer la douleur emplir son corps, jusqu'à ce que la souffrance devienne réelle. Le temps qu'elle comprenne que du sang serpentait sur sa joue, une lame se retrouva sous sa gorge. L'envie de rire l'emplit. Au même moment, le métal appuya douloureusement sur sa peau, du sang gouttant. Pendant un instant, elle eut l'envie de s'avancer pour que ce katana tranche cette trachée. Cela la sauverait de ses problèmes, après tout. Cependant, dès que cette réflexion lui traversa l'esprit, ses propres mots lui revinrent en mémoire. Ses instincts semblèrent se réveiller et elle fut celle qui donna la mort, l'ennemi paralysé par Shikamaru. Sakura sentit les tissus se déformer sous son poing alors que l'homme vola et traversa plusieurs arbres. Sautant sur la branche supérieure pour éviter une multitude de shurikens, la médecin lança un regard à son coéquipier. De la sueur coulait sur son front tandis que son ombre maintenait en place une autre ennemie. Elle lança un kunaï vers la femme, transperçant sa tête. Cette action ne lui prit qu'une seconde. Toutefois, ce fut assez pour qu'une haute fréquence lui vrille les oreilles. Son tympan vibrait trop vite. Sa vision s'agrandissait pour se rétrécir immédiatement. Son estomac se contractait pour déverser son contenu. Elle avait l'impression d'avoir trop bu. L'adolescente leva des yeux aux vaisseaux sanguins explosés vers ce ninja d'Oto qui souriait face à son état. Elle entendit le Nara gémir légèrement derrière elle lorsque les ondes s'amplifièrent. Toutes les cellules du corps de la fille semblaient s'entrechoquer, tentant d'échapper à cette torture. Elle n'avait qu'à infuser un peu de chakra dans sa main pour créer une onde qui contrerait celles de l'adversaire. Simple en théorie, sauf quand son chakra voulait la faire imploser. La médecin rassembla ce qu'elle pouvait de son chakra, du sang ruisselant de ses oreilles et son nez. La souffrance imaginée précédemment la déchirait maintenant. Elle tenta de l'ignorer tant bien que mal, concentrée sur l'énergie qui s'accumulait dans ses doigts endoloris. Peut-être que la douleur la rendait folle, car pendant une fraction de seconde, l'image d'une fillette aux cheveux roses souriant flasha devant ses yeux. Le moment d'après, une vague de choc s'heurta aux ondes émises par l'ennemi. Sakura profita de cette seule opportunité pour se débarrasser de la menace en faisant voltiger la moitié d'un crâne. Dès que le dernier ennemi tomba au sol avec un bruit sourd, l'adrénaline quitta le corps de l'adolescente. Elle s'effondra, dos à un arbre, nauséeuse.

-Tu aurais pu aisément éviter le premier coup, annonça le garçon en l'analysant et profitant de ses soins. 

Elle n'ajouta rien. Son esprit était blanc, totalement obsédée par l'image de sa sœur qui était apparue durant le combat. Ce sourire que son propre mental avait inventé. Il soupira devant son inactivité.

-On doit encore trouver l'otage. Debout, femme-galère.

Le surnom attira son attention. Elle rit sèchement, une migraine envahissant l'arrière de sa tête. 

-C'était, donc, ça notre mission ?

 Shikamaru ne fit qu'encore soupirer. Qui avait pensé que le mettre avec une personne qui, visiblement, ne prenait même pas la peine de lire un ordre de mission était une bonne idée ? 

Ils trouvèrent l'objet de leur mission quelques mètres plus loin. Un ninja aux cheveux noirs les attendait. Le shinobi ne fit que leur sourire tandis que les yeux paniqués de l'enfant de sept ans se posaient sur les deux silhouettes. Un bâillon couvrait la bouche de la fille. Pourtant, Sakura l'entendit quand même hurler à travers le tissu. Son regard vacilla vers la fillette avant de revenir sur l'adversaire. Lequel débuta à briller comme l'aurait fait un papier bombe. 

-Oh, lâcha bassement la médecin en croisant les prunelles brunes de l'enfant.

Il n'y avait qu'une terreur pure dans celles-ci. Une peur de la mort qu'elle pouvait sentir caresser son épaule. Une frayeur du souffle de la faucheuse sur sa nuque. Les muscles des jambes de Sakura se tendirent pour aller chercher cette fillette qui, elle le savait, était condamnée. Une main empoignant son col l'en empêcha. L'instant d'après, elle se retrouva un peu plus loin, hors de la portée de l'explosion. Cependant, une chaleur souffla quand même sur leurs visages. L'odeur familière du sang emplit leurs narines et quelque chose se rompit en la médecin. Elle se tourna vers ce garçon qui l'avait empêchée de sauver cette gamine, qui lui mettait un nouveau décès sur les épaules. Une colère refoulée depuis la mort de sa sœur l'emplit. Sakura saisit son chandail et le souleva de terre en approchant son visage déformé par la fureur près du sien.

-J'aurais pu la sauver, murmura-t-elle dangereusement.

Il ne dit rien, mais ses prunelles parlaient pour lui. Shikamaru savait qu'elle n'aurait jamais eu le temps de la sauver et qu'elle aurait fini morte en tentant. Il savait qu'elle le savait. La prise de l'adolescente sur le vêtement se resserra, menaçant de lui couper son entrée d'air. Elle ne voulait pas affronter la réalité. Sa respiration s'accéléra. La kunoichi ne pouvait pas admettre que peu importe ce qu'elle avait voulu faire, elle n'aurait pu faire plus, que ce concerne Keiko ou l'enfant. Néanmoins, quand la pensée lui traversa l'esprit, elle ne put qu'accepter sa véracité. Ils avaient joué leurs pions du mieux qu'ils l'avaient pu. Une larme roula sur la joue de la médecin. Elle ne pouvait pas sauver tout le monde. Une deuxième larme suivit la première. Elle ne pouvait pas sauver tout le monde et elle aurait dû l'accepter en tant que médecin il y a longtemps de ça. Pourtant, la voilà en train de maltraiter un coéquipier à cause d'un fait qu'elle avait refoulé. Les orbes verts se plantèrent au sol de honte. Relâchant l'adolescent, elle fit un pas en arrière en s'excusant. Sakura avait beau détesté ce qu'il représentait avec ce fil pendu au bout de son doigt, elle restait un minimum éduquée. Essuyant les perles sur sa joue, la kunoichi s'élança d'arbre en arbre. Shikamaru l'observa une seconde avant de la suivre, les épaules plus lourdes supportant une nouvelle mort. 

Le reste du retour au village se passa en silence si on excluait le moment où Sakura se proposa pour écrire le rapport et que Shikamaru ne s'y opposa, évidemment, pas. Une tâche que la fille effectuait, l'après-midi suivant, lorsque ses trois amis entrèrent. Genma et Hayate s'assirent en face d'elle en souriant tandis que Yugao lisait par-dessus son épaule son rapport. 

-Il y a une soirée au bar avec des gens de notre cohorte et je pense que que ce te ferait du bien, dit le jonin au senbon.

Elle soupira en continuant d'écrire.

-Je vais passer, mais merci quand même pour l'invitation.

Il leva les yeux au ciel. 

-Tu n'es pas sortie depuis l'anniversaire de Kurenaï et c'était il y a deux mois, ajouta Hayate.

-Une autre fois, je suis fatiguée, argumenta l'adolescente.

-Dure semaine ? questionna Yugao, toujours en lisant.

-On peut dire, répondit Sakura, vague.

La médecin ne leur avait jamais parlé de ses problèmes familiaux, car la plupart des shinobis ne comprenait pas comment on pouvait affamer des enfants lorsque la nourriture était un des facteurs agissant sur la performance d'un ninja. Certes, l'apparence était importante dans le monde ninja, mais tu naissais beau aux yeux de certains et laid aux yeux d'autres. Basta ! Ça finissait là. Et des fois, Sakura oubliait que son amie avait grandi dans cet univers, qu'elle n'avait pas passé des heures à se déculpabiliser de manger ou des mois à se convaincre que 55 kilos pour 161 cm était un poids santé. Un combat qu'elle menait toujours en évitant de se peser à chaque fois que quelqu'un commentait sur son apparence. La kunoichi n'était pas une idiote priant pour sa propre chute, elle s'était débarrassée des balances chez elle, mais elle travaillait dans un hôpital pour l'amour de Dieu. Laissant son front tomber dans sa main, la fille se pinça l'arête du nez. 

-L'hôpital ? insista la femme.

-Hmmm, fut la seule réponse de l'adolescente alors qu'elle continuait son rapport écrit.

Une migraine commençait à se former et elle voulait terminer le document avant d'aller se coucher. La motivation affluait comparativement aux jours précédents, elle devait en profiter. Leur conversation lui fournissait un bon bruit de fond lui permettant de s'enfoncer encore plus dans le récit de sa mission. Son crayon ne toucha la table qu'une vingtaine de minutes plus tard. Elle releva la tête vers ses amis, seulement pour voir Genma lui tendre une robe noire. Un rire incrédule lui échappa, amplifiant son maux de tête. 

-Non, dit-elle en secouant de la tête.

-Je te paye tes consommations, répliqua l'homme.

-J'ai déjà mal à la tête. Pourquoi tu tiens tant à ce que je vienne, de toute façon ?

Genma détourna le regard, visiblement mal à l'aise. Hayate rigola légèrement en donnant une tape dans le dos de son ami.

-Cet idiot a promis à cette fille, Tenten, que tu serais présente, avoua la femme à la chevelure mauve.

La médecin laissa sa tête tomber sur la table avec bruit.

-Oh génial, des gens de mon âge en plus. 

Elle se mit debout, abattue, en prenant le morceau de linge. 

-Je te déteste, Genma.


Quelques petits verres s'empilaient devant Sakura. Ses joues étaient légèrement rosées par l'alcool et ses yeux un peu vitreux, mais son regard brillait toujours d'intelligence alors qu'elle écoutait Tenten parler. Une blonde, appelée Ino, les avait rejointes un peu plus tard dans la soirée. Celle-ci avait zieuté la consommation de la médecin en sifflant, impressionnée. La jonin n'avait que rougi en secouant la tête. Elle n'était pas fière d'avoir enfilé sept shots, tentant de remplacer ce sentiment vide par la brûlure de l'alcool. Ce pourquoi l'adolescente avait refusé toute autre proposition de consommation. De toute façon, la vodka la rendait déjà un peu pompette et son ventre vide n'arrangeait rien. Une faim qu'elle avait ignoré ces derniers temps si elle se fiait au vêtement qu'elle portait. Sakura avait remarqué en enfilant sa robe qu'elle pochait au niveau de ses fesses et de ses seins. C'était à ce moment qu'elle avait réalisé qu'elle ne se souvenait plus du dernier jour où elle avait pris un repas. Ses yeux se fermèrent. La ninja ne voulait juste pas retomber dans ses mauvaises habitudes. Le monologue inachevé de Tenten interrompu la sortit de sa contemplation. Une odeur de cigarette percuta son nez et sans même qu'Ino n'annonça l'arrivée de son coéquipier, Sakura savait que Shikamaru avait décidé de leur tenir compagnie. Un long silencieux soupir s'évada des lèvres de la médecin. Toutefois, le stratège le remarqua, car il haussa ses sourcils, questionneur. Elle l'ignora pour se tourner vers Tenten, lui demandant de reprendre son récit. Le garçon haussa les épaules en laissant sa tête tomber sur l'épaule d'Ino, tout en s'assoyant. Un faible grognement de désespoir parvint à leurs oreilles, tirant un sourire à la kunoichi brune. La blonde laissa, cependant, la tête de son ami là où elle était.

-Comment était votre mission sinon ? questionna la Yamanaka.

Immédiatement, les deux paires d'yeux concernées se baissèrent. Lorsque Shikamaru vit que Sakura ne répondrait pas, il se racla la gorge.

-Mal, on a...

Sakura le coupa avant qu'il ait le temps de finir sa phrase en le dévisageant.

-C'est confidentiel.

Il hocha la tête sous son regard. L'adolescent pouvait clairement discerner un certain ressentiment dans celui-ci dirigé vers sa personne. Ce n'était pas la première fois que cette lueur de rancune brillait dans ses yeux. Non, elle était présente à chaque fois que le Nara croisait ce regard émeraude. Pourtant, cette rancœur disparaissait dès que les orbes se détournaient sur une autre personne. Ce ressentiment transparaissait même dans ses actions. Elle refusait d'engager la conversation avec lui, ce qui en soit ne le dérangeait absolument pas. Il était simplement curieux de comprendre pourquoi cette fille qu'il n'avait jamais vu de sa vie semblait lui reprocher quelque chose et curieux de comprendre pourquoi son esprit se torturait à essayer de trouver une réponse à cette question alors que les bras de Morphée l'attendaient. Ou peut-être qu'il connaissait la réponse à la deuxième question. Après tout, elle était le premier casse-tête qu'il ne puisse résoudre. La première dame sur un échiquier qu'il ne pouvait pas envoyer valser d'un seul coup. Et cela ne faisait qu'éveiller l'esprit endormi de son roi prêt à bouger d'une case pour s'approcher du mystère qu'elle représentait. 


***Un peu plus long cette fois. J'espère que ça vous aura plu et encore merci d'avoir lu ! (Si vous avez une autre notif sur ce chapitre, ce ne sont que des corrections grammaticales)***



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