Le soleil couchant bordait la plaine. Au milieu de la verdure, une forme sombre reposait. L'odeur du sang frappa les nez des quatre shinobis. Sakura voulut se précipiter auprès de la touffe de cheveux blonds qui reflétait les rayons orangés. Elle ne le fit pas. Elle aurait été trop exposée. La kunoichi ne pouvait qu'attendre dans un silence agonisant que ses coéquipiers aient fini de sécuriser le périmètre.

La trace de chakra fébrile de Temari menaçait de s'essouffler à chaque brise de vent. Chaque seconde passante était une partie de roulette russe où le futur de la princesse des Sables se jouait. Le cœur de Sakura lui remontait dans la gorge à chaque fois que la détente était pressée. Le seul bruit qui répondait à sa peur était le bruit du sang dans ses veines jusqu'à ce que la balle finisse par être expulsée. Le bruit déchira le silence, audible seulement pour Sakura. Il n'y avait aucun réel bruit de coup de feu, juste le balancement du vent emportant la vie de Temari. Les rafales emportèrent le souffle de Sakura, un instant.

Naruto dut le sentir avec le mode de l'ermite parce qu'il vint à ses côtés. La fille ne le remarqua pas. Des images de guerres, de mort et de dévastation défilaient devant ses yeux. Des larmes s'accumulèrent dans ses prunelles, refusant de déborder sur ses joues. Elle ne pouvait pas laisser Konoha se faire anéantir, peu importe combien le village était rongé de l'intérieur. Ses yeux émeraudes se durcirent. Il n'y avait jamais eu la place pour l'échec. Tsunade l'avait envoyée précisément pour cette raison, même inconsciemment. Sakura était une shinobi de Konoha, elle remplirait son devoir.

Le chakra bleu illuminait ses mains. La sueur coulait sur son front. Le corps de la médecin tremblait au fur à mesure du traitement. Trois paires d'yeux la fixaient avec curiosité. Ils n'auraient plus longtemps à attendre, leur curiosité serait bientôt satisfaite. Elle sentait le rythme cardiaque de Temari revenir peu à peu à la vie, sentait le sang courir dans les tissus de la ninja de Suna. Les paupières de la kunoichi s'ouvrirent. Sakura tomba. Le son résonna, emplissant la clairière d'une détonation.

La chaleur suffoquait Sakura. Elle s'infiltrait dans tous ses pores, brûlait toutes ses cellules, semait la discorde dans sa moelle. L'eau dans son corps s'évaporait, cherchant une sortie sous cette peau qui la retenait prisonnière. Sakura ouvrit la bouche pour crier sa souffrance. La vapeur d'eau se faufila dans sa trachée, laissant des cloques sur son passage. Une agonie sans nom prit la médecin. Dans sa folie douloureuse, elle crut apercevoir deux orbes rouges malicieux.

Shikamaru regarda avec horreur le visage de Sakura se déformer dans des grimaces de douleur. Un halo rouge la couvrait de la tête aux pieds.

-Naruto, tu es sûr...

Un cri de douleur pure interrompit la phrase du Nara. Le corps de la médecin s'arqua avant de se mettre à convulser. Les yeux verts roulèrent dans leur orbite. Une boule remonta dans la gorge du jonin. Le spectacle lui donnait envie de vomir. Il n'était pas proche de Sakura. Cependant, il l'appréciait, elle était une bonne opposante au Shogi. Son ventre se tordit devant la souffrance que le processus semblait apporter, mais il savait que c'était le seul moyen qu'elle puisse un jour disputer une nouvelle partie de Shogi avec lui. Il observa tout le processus parce que c'était la moindre des choses qu'il pouvait faire pour cette fille qui avait sécurisé la paix relative de Konoha, gardant toujours ses yeux sur son visage.

Après une heure, les geignements de douleur se turent. Après une heure, Naruto se passa une main fatiguée sur le visage. Après une heure, Shikamaru détourna les yeux de Sakura pour farfouiller dans un rouleau en recherche de vêtements.

Naruto fila rejoindre Sasuke déjà en route avec Temari. Shikamaru sortit une cigarette en s'agenouillant près de la jonin. Les traits de la fille étaient fatigués. Le garçon souffla, inspirant du tabac.

Les doigts fins de Shikamaru enroulaient doucement les bandages autour de la poitrine de Sakura avec minutie. Il avait tellement entendu Ino se plaindre de courir sans bandages qu'il prenait soin d'en transporter avec lui, juste pour qu'enfin la blonde se taise. Le garçon prenait soin d'éviter au maximum le contact, mais il arrivait que sa peau touche la sienne. La chaleur s'échappant de ces contacts le rassuraient, elle signifiait qu'il reverrait ses yeux émeraudes. Plusieurs auraient vu leur situation actuelle sous une lentille romantique. Un rire sec échappa à Shikamaru à cette pensée. Il n'y avait rien de romantique à mourir.

Quinze minutes plus tard, ils quittèrent la plaine où elle était morte et revenue à la vie, grâce à Naruto.

Ils n'étaient qu'à quelques heures quand elle se réveilla sur son dos. Malgré la confusion qui l'envahit, elle eut la présence d'esprit de se tenir à lui. Elle aurait dû mourir. Elle n'était pas forcément déçue de sentir son cœur battre fortement dans sa cage thoracique, mais elle avait été prête à mourir, elle avait accepté son sort. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Les miracles n'arrivaient pas tous les jours, autant l'accepter.

-Comment tu te sens ?

La voix la fit sursauter. Perdue dans ses pensées et le constat de sa survie, elle n'avait pas remarqué les deux bras soutenant ses genoux. Une partie enfantine de Sakura s'enflamma de colère face à sa position. Pourtant, l'adolescente savait qu'il n'avait agi que comme elle l'aurait fait.

-Bien. Pose-moi.

Il n'opposa aucune résistance.

L'avancée de la fille était lente, mais Shikamaru ne se plaignit jamais. Il fuma cigarette sur cigarette au rythme de ses respirations erratiques. Une partie de lui admirait sa détermination. Il observa du coin de l'œil cette lueur déterminée briller tout au long de leur course, fasciné.

Le duo finit par arriver à Suna lorsque le soleil se leva. Les gardes les reconnurent immédiatement et les escortèrent à la tour du Kazekage.

Dès qu'ils arrivèrent, Kankuro leur offrit un grand sourire suivi d'une tape dans le dos. L'impact faillit faire tomber Sakura qui dormait pratiquement sur place. Le marionnettiste la stabilisa avec un petit rire.

-Pas tous les jours qu'on meurt, hein.

La concernée hocha faiblement la tête en retenant un bâillement.

-Tout le village de Suna remercie ton sacrifice, Sakura, énonça officiellement Gaara.

Un petit sourire couvrit ses lèvres aux mots qu'il prononça après.

-En tant que petit frère, je te remercie et je m'assurai que Suna puisse toujours t'accueillir.

À cet honneur, les pupilles de Sakura s'écarquillèrent avant que la fille ne se pencha en le remerciant de la faveur. Il acquiesça, recevant ses mercis. Le reste de la conversation lui passa par-dessus la tête. La situation semblait si surréaliste. En moins de 24h, elle était morte, ressuscitée et avait le soutien de Gaara. La kunoichi avait un peu l'impression de vivre la vie de quelqu'un d'autre. Elle n'était qu'une fille née civile, elle n'aurait jamais dû avoir tant d'honneurs.

Ces réflexions s'effacèrent dès que son crâne toucha l'oreiller.

De lourds tambourinements sur la porte la sortirent de son sommeil. L'esprit embrumé de rêves sans queue ni tête, Sakura ouvrit la porte. Elle eut à peine le temps d'observer qui lui faisait face qu'un main s'emparait de son avant-bras pour la tirer dans les couloirs à toute vitesse.

Elle ne savait pas comment elle en était arrivée à boire dans la chambre de Temari en jouant aux fléchettes. Ah si, elle savait. Elle avait sauvé la vie de l'autre kunoichi.

-Tu sais, t'étais pas obligée de passer du temps avec moi pour me remercier.

-Ce n'était pas pour ça.

Une fléchette passa près de l'oreille de la blonde.

-Ok, un peu, mais tu avais l'air cool ! se défendit la princesse.

Sakura ne fit que rouler des yeux.

-Tu trouves qu'on a l'air cool, amochées à jeter des fléchettes ? se moqua Sakura.

Temari roula sur son ventre et se souleva sur les coudes.

-On peut faire autre chose.

Le ton de voix suggestif fit lever les sourcils roses. La blonde éclata de rire.

-Pas ce genre de choses.

Sakura haussa les épaules en prenant une gorgée de bière.

-Au moins, tu sais que le clitoris existe.

Le rire de Temari emplit la chambre.

-Mon frère a une collection de saké super vieille dans son bureau.

Les yeux verts s'illuminèrent.

-Encore mieux !

Temari sourit en lui proposant sa main pour se lever.

Elles avaient perdu le compte de leurs verres de saké. Le seul indicateur était le nombre de bouteilles reposant sur le bureau du Kazekage.

-Je n'aurais jamais cru que ton frère était du genre à consommer.

-Il ne l'est pas non plus. Il ne le sert que quand il reçoit des gens importants.

Le silence les enveloppa un instant tandis qu'elles se perdaient dans la vue de Suna de nuit.

-Est-ce que Shikamaru est célibataire ?

-Je savais que tu ne m'avais pas juste approchée pour ma magnifique personnalité.

La blonde ricana doucement.

-Mais, ouais. Aussi libre qu'un électron.

L'autre jonin huma.

-Tu devrais tenter ta chance la prochaine fois que tu viens à Konoha ou qu'il vient ici.

-Vous partez quand ?

Les yeux verts se focalisèrent sur l'horloge.

-Dans quelques heures.

-Et tu continues de boire ?

-Je suis une médic-nin, Temari.

Un esclaffement retentit.

À l'aube, elle se présenta aux portes de Suna, sobre. Sasuke, Naruto et Shikamaru l'attendaient. Elle les rejoignit au trot. Ils partirent dans une tache floue.

Sasuke et Naruto dormaient. Sakura et Shikamaru observaient le feu, l'équipe ayant décidé de faire deux gardes de deux personnes. Les crépitements bordaient Sakura. Toutefois, les paroles de Shikamaru lui firent l'effet d'une douche froide.

-Gaara a dit que ça vous coûterait cher en sake.

Le visage de Sakura se décomposa. À la mimique, Shikamaru sourit, rigolant légèrement.

-Je ne fais que passer le message, femme-galère.

Elle cacha son visage dans ses mains en secouant sa tête. Shikamaru eut l'urge de retirer les paumes de la fille pour continuer à pouvoir observer sa face, mais il se retint. Ce n'était pas correct. Une incertitude l'envahit. Il n'était pas sûr de vouloir savoir pourquoi il sentait le besoin de la regarder.

***Plus court, mais je suis quand même contente parce que j'ai intégré des dialogues et c'est mon point faible. Merci encore d'avoir lu et bonne journée !***

***Désolée, j'avais fait une erreur vraiment stupide.***