Chapitre 8

Blanche et Tristan essayaient de s'imprégner tant bien que mal des confessions de Brittany quant à leur situation. Elle n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'elle était une Sorcière et son frère, un Légilimens. Tristan se souvenait avoir fait quelques recherches sur ces dons spéciaux.

- Si vous avez besoin de temps pour vous faire à l'idée, intervint Lina, vous pouvez.

Blanche lui lança un gentil sourire, elle la comprenait elle au moins pas comme sa mère. Sa mère ! Une pensée traversa son esprit.

- Que dîtes-vous à vos parents, ils sont au courant de vos « trucs magiques » ? glissa-t-elle en mimant ces derniers mots avec des guillemets imaginaires.

Andrew sortit de son lit. A première vue, il semblait aller beaucoup mieux. Il est vraiment courageux, pensa Blanche en son for intérieur.

- C'est Corbyn qui nous aidait à remonter le temps, au moins comme ça ni vu ni connu on revit une journée tout à fait ordinaire.

Les jumeaux lancèrent un regard noir à Andrew. Blanche, en levant les mains au ciel, s'écria à une vitesse :

- Quoi ? C'est lui qui a fait remonter le temps donc ! On était censé être demain, sauf qu'on est aujourd'hui et il ne s'est pas du tout passé ce qu'il s'est passé hier ! Conclusion, nous avons un retard sur la semaine ou nous sommes déjà à une autre semaine !

Tous la regardèrent d'un air bizarre et éclatèrent de rire.

- Même moi je n'ai pas tout compris à ton charabia ma chère sœur, rigola Tristan.

- D'ailleurs où est Corbyn ? songea soudain Andrew.

Les rires disparurent en une fraction de seconde. Personne n'osait se dévouer pour lui dire la vérité.

- Bon, il s'est passé quoi ? s'indigna-t-il après cinq longues minutes de silence.

- Euh, comment dire...Corbyn a été emmené avec la créature, avoua Brittany la tête basse.

- Oh non... Il l'a emmené là bas, dans l'Oubli, se déconcerta Andrew en retombant comme une chiffe molle sur son lit d'hôpital.

- Rassurez-moi, vous comptez faire quelque chose ? protesta Blanche.

Brittany, Lina et Andrew la regardèrent avec peine.

- Personne n'est jamais allé là bas Blanche, souffla Brittany.

Blanche ne pouvait pas en revenir. Ils allaient renoncer comme cela ? Sans rien tenter ? Ils n'étaient pas censés être des Gardiens de la paix ou elle ne savait quoi.

- Vous êtes censés protéger ces cinq mondes qu'on ne connait pas ! Mais un ami vous ne pouvez pas le sauver ?

Elle sentait les larmes lui montait aux yeux. Tristan vint près de sa sœur pour la soutenir.

- Je suis d'accord avec elle. Pourquoi on ne pourrait pas aller le chercher ? continua Tristan.

Brittany comprenant leur envie d'aider Corbyn, dit :

- Vous ne pouvez pas comprendre, vous n'avez pas vécu ce que nous vivons. Aller aux Enfer est un aller simple même pour nous les Gardiens. Personne n'y est jamais entré tout comme personne n'y est jamais ressorti. Il faut s'habituer à perdre des gens.

Elle murmura cette dernière phrase.

- Mais je suis sûr que nous nous le pourrons ! Vous êtes expérimentés et qu'est que cela nous coûte de sauver un ami ?

- Ils ont raison Brittany, commenta Lina. Je suis avec eux.

- Moi aussi, enchaîna Andrew, maintenant que vous êtes là nous nous devons de faire quelque chose.

Il se mit aux côtés de Blanche. Tous n'attendaient que le consentement de Brittany. Andrew lui lança doucement :

- Nous lui devons bien ça.

Brittany le regarda un moment perdue dans ses pensées, elle savait à qui Andrew faisait allusion.

- Très bien, nous irons l'aider ! acclama-t-elle.

Tristan fut très content de pouvoir participer à une quête.

- Dommage que sa superbe montre du temps soit partie avec lui, avoua Blanche.

- Ça n'aurait rien changé qu'on l'ait ou pas, l'Enfer ne respecte aucune loi du Temps si c'est lui qui est à l'origine d'actes meurtriers, déclara Brittany.

Blanche fut peinée pour Corbyn mais aussi pour Sonya. Elle ne méritait pas ça. Un coup de fil lui fit sortir de sa rêverie.

- C'est maman ! s'exclama Tristan.

Ils avaient complètement oubliée leur mère pendant les récents évènements.

- Si on avait la montre de Corbyn, au moins pour nos parents ça serait l'idéal, proclama Andrew.

Tristan se souvint alors qu'il avait vu la montre de Corbyn tombée.

- Attendez ! s'écria-t-il.

Il sortit un objet de sa poche. C'était la montre en or de Corbyn.

- Comment tu l'as eu ? se précipita Brittany.

- Je l'ai vu tomber quand il s'est fait amené alors je l'ai prise au cas où. S'expliqua-t-il timidement.

- Mais tu nous sauves la mise mec ! s'exclama Andrew.

Tristan afficha un sourire ravageur. Blanche en fut ravie, elle n'avait vraiment pas envie de revoir sa mère pour le moment. S'éloigner un peu (beaucoup même) est la meilleure solution qu'elle n'ait jamais eu. Tristan pensa tout de même à un certain détail important.

- Mais les gars, comment on fait pour aller dans l'Oublie au fait ?

- Bonne question, renchérit Lina.

Tous se tournèrent vers Brittany comme si elle représentait la clé à tout.

- Tu as ton Crystal magique, il ne peut pas nous emmener directement là-bas ? Ironisa Blanche en mimant des gestes incompréhensible avec ses mains.

- Tout n'est pas comme tu voudrais qu'elle soit Blanche. On peut aller en Enfer mais il nous faudra un coup de main. Conclut-elle avec un regard vers la petite fenêtre de l'hôpital, la vue donnait sur une partie de la ville avec le soleil qui se reflétait sur certains toits.

Qu'a-t-elle bien pu imaginer ? Se demanda Blanche. Arrivé dans le hall de l'hôpital, tous attendait Andrew qui recevait ses derniers soins. Ce même médecin binoclard ne comprenait pas pourquoi le jeune homme voulait quitter les urgences de suite. Il se contenta de les observer perplexe et de continuer de vaquer à ses occupations. Ils montèrent tous dans l'Opel Corsa blanche de Brittany.

- Alors où on va frangine ? demanda Lina en s'installant à la place du milieu entre Tristan et Blanche.

- Vous verrez bien. Nous allons faire un petit tour.

Elle ajusta son rétroviseur et décolla telle une fusée vers la route opposée à celle de leur ville respective. Blanche laissa sa tête se reposer sur la vitre et trouva du réconfort dans le ciel. Elle se demandait comment devait se sentir Corbyn. Ses yeux se fermèrent instantanément. Elle sentit son esprit vacillé dans les nuages. Ce dernier flottait au dessus de la ville. Que la vue est splendide vue d'ici ! se dit-elle.

- Blanche... chuchota une voix.

Elle se voyait se retourner de tous les côtés. Rien. Elle ne percevait que les nuages, qui avaient l'air si doux au toucher.

- Je sais que tu peux m'aider, reprit cette même voix.

Cette voix était si douce, si enivrante. Elle semblait la reconnaître et l'envie monta à ses narines d'aider cette voix.

- Tu sais où je me trouve Blanche, là où personne n'ose mettre les pieds.

Blanche comprit que cette voix parlait de l'Oublie mais alors serait-ce...

- Corbyn ? C'est toi ?

- Personne ne doit être au courant que je suis entré en contact avec toi. C'est notre secret, je te fais confiance.

Les nuages emportaient la voix. La jeune fille ne l'entendait plus.

- Pourquoi je ne devrais pas en parler aux autres ?

Le ciel redevenait vide. Corbyn était parti, sa présence aussi. Blanche se sentait atrocement seule soudainement. Un coup sur son épaule lui fit revenir à la réalité. Elle ouvrit les yeux. La voiture continuait de rouler.

- Tu t'endors vite, remarqua Lina.

Blanche lui lança un sourire en guise de réponse. Est-ce que la présence de Corbyn était réel ?

- On dirait que tu as vu un fantôme, plaisanta son frère.

Catalina rigola avec lui.

- Tu devrais voir ta tête, répliqua Lina.

- C'est exactement ça, j'étais un fantôme et je venais vous chatouiller les pieds.

Andrew assit au siège passager déclara :

- Tu seras un fantôme tout mignon alors, je voudrais bien que tu viennes me chatouiller les pieds.

Tous rigolèrent même Brittany concentrée sur son volant. Ils continuèrent sur le débat des méchants et gentils fantômes. Blanche n'écoutait plus. Elle n'a pas osé raconter qu'elle avait vu Corbyn, cela semblait si réel. Elle se disait au fond d'elle-même qu'elle pouvait garder le secret de sa présence pour le moment, il lui faisait confiance. Ils roulèrent pendant encore dix bonnes minutes jusqu'à sortir complètement de la ville. Tristan se pencha à la vitre pour voir de plus près. Mais il n'y avait rien à l'horizon. La voiture s'était garée sur le bas côté. Des deux côtés de la route, il n'y avait que des champs de couleur doré sans fin. Le soleil se réchauffait sur la terre semeuse.

- Euh, on est censé voir quoi en fait ? lâcha Tristan qui analysait la large plaine face à lui.

Ils sortirent tous de la voiture. Lina s'affala sur le sol.

- J'avoue. Il n'y a rien. Si tes sauveurs sont les rats des champs, j'aurai tout vu, nargua Andrew.

Blanche se plaça à ses côtés. Il était plutôt blagueur Andrew, ça lui allait bien. Elle se surprit elle-même à l'admirer, sans doute un peu trop. Elle sentait que le jeune homme lui donna un regard en coin. Elle se détourna vers l'horizon. Le soleil allait bientôt se coucher.

- Merci pour ta plaisanterie de mauvais goût Andrew, asséna Brittany.

Elle se mit en face du côté gauche de la route. Elle sortit son Crystal et l'éleva dans le ciel.

- Elven ! dit-elle à voix haute.

Blanche, Tristan, Andrew et Lina étaient capté par ce qui s'élevait sous leurs yeux. La large plaine se dissipait et laissait place à une allée de lumière. Brittany rangea son Crystal.

- Alors vous venez ? lança-t-elle aux autres.

Andrew et Lina ne dirent rien et la suivirent. Les jumeaux se regardèrent avec un sourire entendu.

- C'est trop stylé ! s'exclama Tristan.

- Je suis d'accord avec toi, répliqua sa sœur.

Une large arche en bois et tressée par des plantes de plusieurs couleurs trônait au bord de la route, une lumière puissante les empêchait de voir à l'intérieur de cette arche. Blanche et Tristan s'engouffrèrent à travers cette porte.

- Wow ! s'écria Tristan enthousiaste.

Devant eux se dressaient plusieurs sortes de petites chaumières. Elles étaient éparpillées sur tous les côtés. Ils virent la mèche reconnaissable de Lina parmi les...

- Mais qu'est ce que c'est que ces créatures ?

Effectivement la population, habitant ces chaumières, n'était pas plus haute que trois pommes, des oreilles affinées et un nez ressemblant à celui de Pinocchio. C'est ce qui frappèrent le plus les jumeaux. Ils avaient rejoints le groupe.

- Ce sont des gobelins ? intervint Tristan en arrivant à la hauteur de Brittany.

- On dirait la maison des Schtroumpfs. Mentionna Blanche en ne détachant pas son regard des maisonnettes.

Ils marchaient au milieu de la rue. Ses petites créatures les lorgnaient de leurs énormes yeux globuleux de la taille d'une paire de lunettes en forme d'œil de mouche.

- Ce sont des Elfes, déclara Lina en admirant l'un d'eux vendre des espèces de rochers dorés à ses confrères.

Blanche n'en croyait pas ses yeux. Donc c'était à cela que ressemblait un Elfe. Ils n'étaient pas franchement habillés avec des tuniques vertes comme en Irlande. Au contraire, ils portaient des habits de campagne, un petit pantalon trois fois trop larges, un tee-shirt usé par le temps et un petit chapeau de paille recouvrait un rocher plat poli gris, qui semblait leur servir de tête. Tristan fut stupéfait par ses créatures. Dans ses livres il n'avait jamais lu que les elfes ressemblaient à de pareilles bestioles.

- Wow ! répéta-t-il.

Autour de lui, les feuilles des arbres se détachaient comme s'ils les accueillaient. Les arbres eux-mêmes semblaient bouger leur tronc comme s'ils dansaient avec le vent. La nature dégageait un aspect de magie. Tristan reporta son regard devant lui. Il apercevait sa sœur et les autres qui approchaient d'une des plus grandes chaumières de cet endroit. Il fit encore quelques pas avant de les atteindre.

- Te voilà ! s'étonna Lina en l'attrapant par la manche de sa veste.

Les yeux du jeune homme allaient et venaient. Que c'est fascinant la magie !

- Venez ! proclama Brittany pour ses amis.

Elle s'était arrêtée devant cette fameuse immense chaumière. Une arche ressemblante à celle de l'entrée de la route dominait la maison. Les fleurs ne cessaient de se mouvoir à la vue des adolescents. Tristan constata même qu'elle jouait une jolie musique rassurante et douce.

- Comment tu connais cet endroit Brie ? releva Lina.

- Je sais comment parvenir à chaque monde, celui-ci est plus facile à accéder car il est caché sur Terre.

Lina hocha la tête elle aussi surprise. Nous ne sommes pas les seuls à être complètement paumés. Pensa Blanche en rigolant intérieurement des têtes que tiraient Andrew et Lina. Après plusieurs minutes, les fleurs cessèrent de jouer leur douce mélodie. Tous se concentrèrent sur l'arche, une fine et minuscule silhouette s'avançait vers eux. On ne pouvait distinguer que ses oreilles affinées jusqu'au pointe.

- Bienvenue à Elven les Gardiens.

C'était un elfe les mains enveloppés dans une poche sans doute, vêtu d'une tunique blanche romaine. Ses traits tirés pouvaient laisser apparaître qu'il était âgé. Elven ? se dit Blanche.

- Je suis le sage Wijs, nous vous attendions, dit-il avec tellement de plénitude dans la voix.

Il tourna les talons et se dirigea vers l'immense maison. Les adolescents le suivirent avec Brittany en tête et les autres à sa suite. Ils pénétrèrent dans l'entrée, la pièce centrale regorgeait de plantes. La pièce laissait largement passé les rayons du soleil, cela donnait de la vie. Quelques fauteuils en lièges étaient disposés par-ci, par-là.

- C'est très convivial comme lieu dis donc, remarqua Andrew, je pourrai passer mes vacances d'été ici.

- Vous êtes la bienvenue quand vous le voudrez, Gardien d'Excalibur.

Andrew se tut en voyant le sérieux et la remarque de cet elfe sage sur son rôle de Gardien. L'elfe traversa la grande pièce ensoleillée, les emmena non loin d'un escalier fait dans un arbre.

- Le Grand Sage vous attend Gardiens, tout en haut de la tour.

Il laissa les jeunes monter les marches de l'arbre. Blanche leva la tête, l'escalier donnait sur le ciel ouvertement. Ils montèrent jusqu'au dernier étage.

- Comment savait-il qu'on viendrait ? demanda Tristan.

- Les Elfes sont connus pour être doté d'une grande sagesse et de connaître l'avenir.

- Fascinant ! murmura-t-il en guise de réponse.

Ils atteignirent enfin le sommet de l'arbre escalier. La sortie donnait sur une pièce sortie tout droit d'un conte pour enfants. Les larges baies vitrées avaient la vue sur le ciel orange du coucher de soleil. Les plantes parcouraient le sol et formaient un canapé confortable. Brittany s'avança dans la pièce.

- Y a quelqu'un ? s'annonça-t-elle.

Pendant ce temps, Lina et Blanche allèrent faire un tour sur le balcon. Le sol semblait être fait en mousse. Les montagnes à l'horizon cachaient les derniers rayons de soleil.

- Tu n'es jamais venu ici ? demanda Blanche à Lina par curiosité.

- Nous ne sommes jamais allés dans aucun monde encore, ça fait pas un siècle que nous sommes Gardiens tu sais. Déclara-t-elle. Seul Brittany a pu mettre les pieds dans au moins chacun d'eux.

- C'est vrai, répondit Blanche, je me demande si les autres mondes sont ainsi.

- Il y a tant de choses à découvrir, répliqua Lina, j'ai hâte de tous les voir.

Toutes deux laissèrent leur esprit divaguer quelques minutes.

- Enfin vous voilà, dit une voix posée.

Les filles se retournèrent vite et vit apparaître un elfe mais il était à leur taille d'homme cette fois. Il portait la même tunique que le sage Wijs. Elles rentrèrent dans la pièce avec les autres.

- Je me demandais quand vous alliez venir, reprit-il posément.

Du bout de ses longs doigts squelettiques, il fit apparaître un tabouret de rose où il s'assit. Les autres firent de même et se plongea dans le canapé de plantes. Il sentait l'hibiscus et l'orchidée.

- Vous savez pourquoi nous sommes là, n'est-ce pas ? commença Brittany en s'asseyant au bord du canapé.

L'elfe hocha la tête.

- C'est vous le Grand Sage ? demanda Tristan avec désinvolture.

Il se tourna vers le jeune homme.

- Si c'est à la vue physique que vous me considérez comme « grand » monsieur Spencer, alors je suis sûrement le Grand Sage.

Un léger sourire apparu sur le visage ridé du sage. Tristan se renfrogna immédiatement.

- Je sais que vous voulez vous rendre dans cet endroit infâme.

- Alors dîtes nous comment faire... implora Blanche.

Elle n'abandonnerait pas l'idée de sauver Corbyn. Elle se sentit le regard du sage persistant sur elle.

- Les illusions d'un être est l'échec des autres. Dit simplement l'elfe en regardant Blanche.

Elle ne comprit ce que cela signifiait. Il parle en langage codé ou quoi ? pensa-t-elle en dérivant son attention vers le ciel presque noir.

- Wijs vous emmènera demain au commencement de votre périple, enchaîna-t-il.

Il se leva et repartit de là où il venait, de l'ombre.

- Ayez confiance les uns envers les autres, termina-t-il avant de complètement disparaître.

Andrew se leva à son tour.

- Flippant ce mec, lâcha-t-il.

Les autres acquiescèrent en rigolant. Blanche continuait de penser à cette phrase, elle comprenait bien qu'elle lui était destinée. Les illusions d'un être est l'échec des autres.

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