Chapitre 5

Tristan se réveilla en sursaut. Il était en sueur. Sa respiration était saccadée et de son front perlait de la sueur. Il regarda autour de lui apeuré mais il se trouvait bel et bien dans sa chambre. Tout était à sa place habituelle : son bureau, sa lampe, ses livres de surnaturel... A part peut être son téléphone. Il l'avait posé sur son bureau la veille ou sur sa table à chevet : il n'en avait aucun souvenir. Ce qu'il savait du moins c'était que son portable se situait dans sa main. Le jeune homme essayait tant bien que mal de se souvenir de ce qu'il avait fait le soir dernier. Ce fut peine perdue. Son cerveau ne l'envoyait qu'au moment où il demeurait dans sa chambre à faire des recherches. Des recherches ? Je faisais des recherches sur quoi au juste ? Il constata également qu'il portait ses vêtements de la veille. Heureusement pour lui, il allait pouvoir dormir un peu. Il s'étira de tout son long. Aujourd'hui nous sommes samedi et Tristan allait oublier ses histoires de créature de la nuit pour le moment. Il souhaitait profiter à fond de son weekend, depuis être arrivé il n'avait rien pu faire. Il commença à fermer légèrement les paupières, décidé à aller à la rencontre de Morphée mais un violent coup à sa porte faillit lui flanquer une crise cardiaque.

- Tristan ! Lève-toi immédiatement ! Je rêve, il faut encore que je vous réveille à votre âge et nous ne sommes pas encore en week-end que je sache !

Le jeune homme reconnut la belle et douce voix de sa mère. Il se leva pantelant et sortit de sa chambre morose. Seulement, il y avait bien quelque chose qui clochait. Il vit Blanche apparaître de sa chambre. Elle le fixait d'un air contrariée. Elle portait encore ses vêtements de la veille, elle aussi. Elle s'avança vers son frère les poings fermés et les sourcils froncés.

- T-oi ! chuchota-t-elle en le pointant du doigt. Comment as-tu osé ?

Tristan ne voyait pas du tout de quoi elle voulait parler. Il réalisa soudain quelque chose.

- Tu te rappelles ce qui s'est passé Blanche ? s'exclama-t-il en essayant de parler tout bas.

- Et comment ! Merci pour ton aide en tout cas. L'entraide entre frère et sœur tu n'as pas l'air de bien la connaître.

- Mais...qu'est ce que...commença-t-il. Non Blanche, tu ne comprends pas. Je ne me...

Blanche leva la main pour l'empêcher à continuer.

- Stop Tristan s'il te plaît. Je suis fatiguée. Pour le moment, j'ai envie de t'étriper.

- De m'étriper ? répéta-t-il stupéfait.

Blanche le poussa d'un coup d'épaule et descendit l'escalier en soufflant. Tristan resta perplexe. Il ne comprenait pas pourquoi sa jumelle était fâchée à ce point contre lui. Il le devina ensuite pourtant très vite. Cela devait être en lien avec un évènement qui a dû se passer hier soir. Pourquoi ne s'en rappelait-il pas ?

Blanche arriva en bas des marches. Elle bouillonnait de colère. Comment son frère a-t-il pu la laisser toute seule au milieu de ce parc alors qu'il avait dit qu'il l'aiderait.

- Invisible...invisible ! C'est fort ! s'étonna-t-elle encore une fois.

En fait depuis hier soir, elle ne s'étonnait plus vraiment. Elle ne faisait que répéter en boucle le mot « invisible ». Tout ceci était tellement invraisemblable pour elle. Même si on doit l'avouer : elle a, elle aussi, rencontrer une voix dans un cimetière mais cela n'a rien de bizarre comparé à Tristan, pas vrai ? Blanche alla jusqu'à la cuisine. Elle se posta devant l'évier pour se servit un grand verre d'eau frais. Elle en avait bien besoin. Elle essayait de se souvenir de quelque chose d'autre mais elle ne voyait pas du tout. Le seul souvenir qu'elle avait, était d'être allée dans ce parc en pleine nuit. La jeune fille regarda par la grande fenêtre qui se trouvait au dessus de l'évier. Elle y vit simplement un magnifique ciel bleu. La journée s'annonçait bonne. Elle entendit de grands bruits de talons martelés le sol. Elle se retourna et fit face à sa mère qui fronçait les sourcils.

- Enfin ! Qu'est ce qui vous prend ce matin ? Vous êtes mous comme des chiffes molles ma parole ! Il est 7h ! Vous allez être en retard pour l'école si vous ne vous dépêchez pas un peu. Je sais que vous commencez un peu plus tard mais quand même.

Tout en blablatant, sa mère courait de droite à gauche dans la cuisine pour aller ensuite au salon, tout en mettant ses créoles dorés. Blanche crut que sa mère déraillait en disant qu'ils allaient être en retard. On est samedi nom de dieu ! Comme pour vérifier ses propres pensées, la jeune fille se dirigea vers la porte d'entrée en bois pour voir ce qu'il se passait dans leur allée. Elle guetta la maison voisine, celle d'Andrew plus précisément, et fut surprise de voir que les parents d'Andrew, un homme brun à la carrure assez imposante habillé en homme d'affaire ainsi qu'une femme avec quelques formes généreuses habillée chiquement d'une robe courte bleu turquoise et soigneusement coiffée d'un chignon, sortait de leur maison et accompagnait d'Andrew lui-même avec son sac d'école sur le dos. Ils avaient l'air bien pressés eux aussi.

- Blanche ! Tristan ! C'est le dernier appel que je fais ! hurla Catherine Spencer.

Oh là... Quand Mme Spencer prononçait ses mots, il valait mieux obéir dès maintenant. Sinon la sanction serait lourde. La vie, au contact des jeunes, avait dû changer sa manière d'éducation en quelque chose de pire qu'à l'accoutumée. Il est vrai que depuis leur enfance, Catherine était d'une impatience innée, elle ne supportait pas de se faire attendre. Cela devait être en rapport avec sa carrière de mannequin, le retard c'est pour les feignants, disait-elle toujours. Blanche n'attendit, ni une, ni deux et monta à sa chambre pour se changer. Elle attrapa de son armoire : un jean noir et un top blanc fraîchement sorti de la machine. Elle n'avait plus le temps de vérifier son sac. Elle courut jusqu'à la voiture. Sa mère n'arrêtait pas de crier depuis une éternité, en réalité depuis deux minutes, qu'elle allait les emmener. Blanche referma la porte d'entrée et partit jusqu'à la voiture. Cela ne servait à rien de se faire entendre pour le moment. Tristan était déjà installé nerveux, un livre Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien à la main dont il tripatouillait la couverture. Blanche remarqua qu'il n'avait pas eu le temps de se coiffer, ses cheveux étaient en bataille, ce qui lui allait mieux que ses cheveux bien coiffés en temps normal. Il portait un jean et son sweat rouge.

- T'aurais pu prendre le temps de te coiffer, constata sa sœur, ou du moins passer un coup de peigne. L'apparence n'est pas un point à négliger, rajouta-t-elle en imitant sa mère.

Elle réprima un demi-sourire. Elle ne pouvait pas être fâchée contre lui plus de cinq minutes, il restait son frère jumeau. Et elle n'était pas franchement bien placée pour lui faire des reproches sur des choses dont elle-même ne comprenait rien. Tristan sourit de bon cœur en répliquant avec un accent de bourgeois ridicule :

- Vous avez raison madame, je vais me faire renvoyer de la société avec cette tête en pagaille. Et je dois avouer que je dois toujours avoir du style quoi qu'il arrive.

Blanche rigola en éclat. Son regard se figea dans le rétroviseur, elle y voyait les yeux de sa mère qui les observaient avec une certaine tristesse. Les paroles de la voix dans le cimetière lui revinrent comme un coup de fouet. Vous comprendrez tout à vos dix-sept ans. Seigneur, dix-sept années passées dans le plus grand secret...quelle tristesse...

Quand elle y réfléchit, ils auraient dix-sept ans dans quelques jours maintenant. Que pouvait-il bien y avoir à apprendre à cette date ? Soudain elle se reprit à, souhaiter que le jour de leur anniversaire arrive vite pour en finir avec toute cette histoire. Si cette soi-disante voix disait vraie, Blanche ne saurait que faire dans tous les cas. Si elle et son frère apprenait des choses bien pires que ce qu'ils croient savoir à ce jour ? Finalement, Blanche était moins pressée que leur anniversaire fasse son apparition.


Tristan et Blanche sortirent de la voiture. Ils avaient eu juste à peine le temps de fermer la portière que leur mère détalait déjà. Ils se regardèrent et sourirent de concert.

- Pressée, pressée, fit Tristan en rangeant son livre dans son sac.

- Elle n'était pas la seule, ajouta Blanche. Ce matin, j'ai vu les parents d'Andrew. Eux, aussi, se hâtaient. C'est un peu étrange d'ailleurs. Tout le monde a l'air d'être normal aujourd'hui, j'ai l'impression d'être en plein rêve ou cauchemar.

Tristan allait enfin pouvoir parler à sa sœur. Il était soulagé de voir qu'il n'était pas seul à penser être bien samedi aujourd'hui. Il commença à ouvrir la bouche mais Catalina le devança de prés. Elle était arrivée derrière eux et avait pris le bras de sa sœur sous le sien. Elle portait toujours cette couleur noir, on ne distinguait même pas ce qu'elle portait. Tout ce qui donnait un semblant de gaieté était sa mèche mauve. Tristan ne put s'empêcher de l'admirer. Sous ses airs gothiques, il la trouvait belle et différente des autres filles de ce lycée. Il ne remarqua pas, de suite, que Catalina et Blanche s'éloignaient d'un pas rapide vers l'entrée du lycée. Andrew et Corbyn étaient arrivés près de lui. Blanche ne souhaitait en aucun cas recroisait les beaux yeux bleus de Corbyn. Les filles arrivèrent devant leur rangée de casier : 900.

- Je suis épuisée, se plaignit Lina.

- Moi aussi si tu savais, répliqua Blanche, c'est à cause de tout ce...euh...changement.

Elle essayait de ne pas mentionner les mots : évènements étranges. Elle avait compris que cela ne servait à rien de parler.

- C'est vrai, renchérit son amie, vous venez d'arriver et avec tout ce qui se passe ça doit être...

Son amie aussi cherchait des mots adéquats. Blanche était au courant que Lina n'allait pas lui parler de cette créature et elle ne voulait pas lui annoncer qu'elle devenait folle allié.

- ...changeant. finit par dire Catalina. Je dois te laisser, je vais à mon cours de sport. On se voit ce midi ?

A son cours de sport ? Hier encore, elle voyait Catalina en train de lui qu'elle allait à son cours de sport. Et en temps normal au lycée, le cours de sport n'était qu'un jour dans la semaine. La jeune fille ne sachant où se diriger exactement, se lança dans les escaliers qui menaient au deuxième étage. Elle se perdit dans ses pensées tant et si bien qu'elle n'entendit pas la voix de Corbyn l'appeler. Elle se retourna timidement vers lui. Il se tenait devant elle, toujours aussi canon avec ses beaux yeux et ses cheveux blonds coiffés en bataille. Elle se sentit rouge comme une tomate. Elle se rémora la voix d'hier soir, elle n'avait pas tellement la belle voix de Corbyn finalement.

- Ça va ? lui demanda-t-il comme s'il savait qu'elle était perturbée.

Corbyn lui avait dit qu'elle pouvait lui faire confiance. Blanche crut lire dans son regard qu'elle pouvait se confier sans aucune crainte. Après tout, il pourrait peut-être lui en dire plus que Catalina. Elle voulait savoir le fin mot.

- Je ne sais pas...je ne sais plus...bredouilla-t-elle.

Elle baissa le regard et sentit les mains puissantes de Corbyn serrer ses épaules en signe de réconfort. Il lui prit le menton pour l'obliger à le regarder dans les yeux. Elle se sentait encore plus gênée. Tous les regards, des autres filles qui passaient, étaient dirigées vers eux deux. Blanche pensa orgueilleusement qu'elles devaient être jalouses.

- Blanche tu peux me le dire tu sais, je suis ton ami, l'implora-t-il.

La jeune fille ne put rassembler le peu de courage qu'elle avait en ce moment mais elle marmonna d'une voix à peine audible :

- J'entends... enfin c'est compliqué, je ne veux pas d'embêter avec ça.

Corbyn lui lâcha soudainement les épaules. Blanche releva la tête et planta son regard dans le sien. Elle lut de la tristesse dans son regard.

- Qu'est ce qu'il y a ? commença-t-elle timidement.

- Rien, tu m'as fait penser à quelqu'un pendant quelques minutes.

A ses dernières paroles, Blanche détourna les talons pour monter les escaliers à la vitesse de la lumière. Elle ne savait pas pourquoi elle s'enfuyait devant lui comme ça mais pour le moment c'était mieux comme ça. Corbyn la regarda s'en aller sans rien dire, il reprit son chemin vers la cour comme si de rien n'était.


Ce midi les jumeaux rejoignirent leurs amis respectifs. Comme la veille selon les jumeaux, Blanche rejoignait Lina au self et Tristan était avec Andrew dehors. Blanche regarda son amie engloutir sa portion de frites comme une furie. Elle était perplexe. Hier encore, on leur avait servi des frites et Catalina s'empiffrait et avala d'une traite sa bouteille d'eau. Le verdict s'avérait sans appel, cette ville demeurait dingue un peu plus. En sortant de ses pensées, elle balança à son amie :

- Wow ! Tu avais une faim de loup, dis donc.

Elle avait sorti cette phrase automatiquement. Je n'ai pas sorti cette phrase à Lina hier midi même ? Blanche tourna le regard un peu sur les lycéens qui l'entouraient. Encore un détail frappant ! Elle venait de voir Corbyn qui s'attablait à une table de filles, Blanche reconnût cette fameuse table. Elle y voyait Sonya, une vraie pimbêche celle là. Elle avait examiné à l'instant où elle l'avait vu dans le lycée, même si cette fille faisait de la vie de Blanche le seul élément ordinaire de cette ville, elle était ce que l'on appelle une populaire de dernière année. La veille, elle se souvint très bien avoir vu cette Sonya attardait un peu trop son regard sur Corbyn alors qu'il est plus jeune qu'elle.

- Je suis entrain de devenir folle... chuchota-t-elle en détournant son regard de la table

- Tu dis ?

Catalina l'observait mi-inquiète mi-amusée.

- Ne t'inquiètes pas, elle n'est qu'une vraie peste. Tu vaux beaucoup mieux qu'elle.

Tiens, Blanche n'avait pas le souvenir que cette phrase était utilisée dans leur conversation. Peut être que finalement, elle et son frère soient beaucoup trop à crans par cette nouvelle vie. Elle ne put que rire par ce que Lina avait dit.

- Tu as raison. Je n'ai pas besoin de faire la belle pour lui parler, remarqua-t-elle en lançant magnifiquement ses cheveux en arrière, mais dis moi on n'a pas parlé de toi et de tes amours ?

Elle se rapprocha de Catalina et fit les yeux doux. Cette dernière devint rouge.

- Je pense que je vais aller chercher de l'eau, t'en veux ?

La jeune fille repoussa vivement sa mèche et se leva en direction de la cafétéria. Blanche resta assise riante.

- Je ne te lâcherai pas comme ça ma chère mais oui je veux bien un café au lieu de l'eau.

- OK, je t'apporte ça, répondit-elle en souriant.

Avant de détourner les talons, elle lui acclama :

- Mais il n'y a rien à dire de moi je te signale.

Blanche lui tira la langue, puis son regard revint sur la table de Corbyn et des filles. Elle n'apercevait plus Corbyn, cependant Sonya et ses copines restaient là à bavasser. Elle ne pouvait s'empêcher de souhaiter que Sonya se fasse manger par cette créature malfaisante, ça lui ferait les pieds. Bon c'est vrai que c'est un peu méchant mais elle m'énerve...pensa-t-elle. Elle vit Brittany, la sœur de Catalina sortir de nulle part et se diriger vers la table des filles. Elles avaient l'air de bien s'entendre, elle comprenait mieux pourquoi elle avait été aussi méchante. Elle se considère comme une populaire, alors pourquoi était-elle venue la consoler ? Elle pensa très fort à ce que Brittany se prenne la figure dans n'importe quoi. Elle ne vit pas Lina revenir dans son dos, elle regarda intensément Brittany et ne sachant pas comment, elle vit Brittany discutait avec Sonya puis se prendre le pied de la table de pique-nique dans la jambe. Brittany jura en sautillant sur une jambe. Tout le monde se retourna vers elle et se prit d'un fou rire.

De l'autre côte de la cour, Andrew vit la scène et accourut voir Brittany. Au passage, il se tourna vers Blanche et Catalina, il fixa Blanche l'air inquiet et à la fois heureux. Blanche fut prise au dépourvu, Andrew ne l'avait pas encore autant regardé depuis le début de leur rencontre. Elle se sentit déstabilisé, elle avait bien remarqué que de là où se trouvait Brittany elle n'aurait pu se prendre le pied de la table et le regard amusé d'Andrew... Ce n'était pas celui de Corbyn mais le sourire d'Andrew était agréable. Lina se rassit en tendant son café à son amie.

- Tiens, bois-le tant qu'il est chaud.

- Tu ne vas pas voir ta sœur ? lui demanda Blanche, surprise qu'elle se comporte ainsi envers sa sœur.

- Non, elle va se débrouiller.

- Je vois que tu ne t'intéresses pas trop à la vie de ta sœur. Remarqua-t-elle en avalant une gorgée de son café.

- Ce n'est pas que ça ne m'intéresse pas mais au lycée, on fait comme si on ne se connaît pas c'est comme ça. C'est différent pour toi avec... Tristan par exemple, c'est ton jumeau.

Blanche avait réalisé qu'elle avait prononcé le prénom de son frère en rougissant. Se pourrait-il que ? Non... ? Elle se retint de pouffer de rire devant la mine déconfite de son amie. Cette dernière comprit aussitôt ce qu'elle pensait.

- Je t'arrête tout de suite ! Ce n'est pas ce que tu crois !

- Je n'ai rien dit du tout...rétorqua Blanche en tentant de masquer son rire en coin.

Catalina aurait-elle un vrai faible pour Tristan ?

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