Chapitre 20
Tristan nageait en plein délire. Ce Sorcier leur disait très clairement que leur ennemi caché dans l'ombre serait des Vampires ? Andrew se leva instinctivement du lit comme si une guêpe l'avait piqué.
- Qu'est-ce que vous racontez ? Les Vampires existent réellement ?
- Tu ne le savais pas ? hasarda Tristan lorgnant son ami.
- Je n'ai appris l'existence des Loups, des Elfes, des Sorcières en même temps que toi et...
Il s'arrêta net dans sa phrase. Blanche ! Où était-elle ? Tristan eut la même pensée inquiétante qu'Andrew. Il n'avait plus vu sa sœur lors de l'attaque des démons. Seraient-elles en danger de mort, elle et les autres Sorcières ?
- Je sais que cela peut paraître étrange, compléta le nouveau venu en redescendant sur la terre ferme.
- Plus rien n'est étrange depuis le temps, ironisa Andrew.
Toute cette aventure n'était qu'un cercle perpétuel de secrets sans réelle perspective de fin. Tristan en eut la migraine de nouveau. Il voulut se rendormir, se réveiller à Paris avec sa sœur et ne plus penser à tout ceci. Il se rappela tant bien que mal de son père qui avait risqué sa vie pour préserver ces mondes. La promesse qu'il s'était fait aussi lui revint. Non ! il ne pouvait abandonner. Le jeune homme lança un regard à Andrew. Ce dernier comprit ce qu'il signifiait.
- Et si on allait rendre visite à ces buveurs de sang, déclara Andrew en empoignant son épée fermement.
La seule qui hantait ses pensées fut Blanche. Ses douces lèvres et sa jolie voix lui manquaient. Il n'aurait jamais accepté que quelque chose lui arrive. S'il devait combattre des Vampires, il le ferait en pensant à elle. Il espérait que n'importe où elle pouvait se trouver, elle était en sécurité.
- On peut quand même savoir qui vous êtes ? demanda Tristan.
Les bonnes manières se raréfiaient dans ces univers. L'inconnu s'inclina en signe de respect devant les deux jeunes hommes.
- Pardonnez mon impolitesse, je suis Dazerad.
La réponse satisfit Tristan qui lui rendit un agréable sourire. Enfin, une terrible sensation naquit en lui. Il trouvait cet homme très étrange, presque irréel. Mais il se rassura en pensant que, tout ce qu'ils avaient déjà vécu jusqu'à aujourd'hui fut impensable à vivre, pour n'importe quel humain.
- Maintenant que nous ne sommes plus des inconnus, lança Andrew, nous pourrions peut-être aller à la recherche des Vampires.
- J'adore cet entrain ! approuva Dazerad levant les mains au ciel.
Tristan, de son côté, ne se sentit pas à l'aise de tomber nez à nez avec un Vampire. Il avait lu plusieurs choses à leur sujet, beaucoup d'avis divergeaient. Passant de créatures assoiffées de sang à des êtres sentimentaux prêts à tout pour celles qu'ils aiment. Laquelle de ces versions seraient la plus adaptée ? Le jeune homme allait bientôt le découvrir.
- Où vivent-ils ? questionna Tristan espérant une réponse optimiste pour une fois.
- Je pense le savoir, répondit le jeune Sorcier.
- Comment ça vous pensez ? renchérit Andrew.
Dazerad se raidit d'un coup comme si en une fraction de seconde quelque chose caché dans les murs l'avait effrayé.
- Les Vampires sont la communauté qui n'arrivent pas à se décider entre l'Ombre et la Lumière. Ce dont je suis sûr c'est que l'Oubli se trouve là-bas.
En entendant ce mot, Tristan pensa à Corbyn. Ils avaient enfin un espoir de le retrouver et de sauver les mondes da l'approche d'une guerre imminente. L'image de Lina lui revint en mémoire. Peut-être qu'elle aussi, je peux la sauver...
- Elle est en vie ? demanda une douce voix féminine.
- J'espère que oui, comment allons-nous faire sans elle ? reprit une autre voix de femme plus agressive.
Blanche peina à ouvrir les yeux. Elle se sentit faible comme si une force invisible la retenait contre sa volonté. Ne pouvant bouger, elle laissa traîner ses oreilles sur ce qui se trouvait autour d'elle. Elle crut reconnaître la voix rassurante d'Edelyn et celle, peu appréciable de Romyta. Une vague de chaleur vint envahir tout son être. Sa force, l'ayant quitté depuis... elle ne sut plus depuis combien de temps elle était dans cette position, revint embraser son esprit. Ses persiennes essayèrent de s'entrouvrir, une intense lumière vint lui brûler les yeux. La jeune fille tenta de se relever mais une effroyable douleur la saisit aux tripes. Soudain, plusieurs bribes de souvenirs lui revinrent en tête. Les démons, la terreur, le chaos... pendant un moment, elle s'était crue partie vers d'autres cieux.
- Ne bouges pas, intervint une voix.
Blanche releva la tête et aperçut l'Enchanteresse, postée sur le pas d'une grande porte en bois. Elle n'avait eu le temps d'analyser les lieux dans lesquels elle se trouvait. Enfin si toutes les Sorcières furent ici, elle ne pouvait se trouver qu'à Heksen. Elle caressa du bout des doigts ses lèvres sèches et le souvenir de son dernier baiser avec Andrew la mit mal à l'aise.
- Où sont-ils ? s'exclama-t-elle.
Elle avait perdu de vue son frère et Andrew durant la bataille. Elle espérait qu'ils ne soient pas... non ! elle chassa cette horrible idée de son esprit. Ces deux jeunes hommes étaient courageux, ils sauraient s'en sortir quoiqu'il arrive !
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Nous avons perdu ? Nous avons gagné ?
- Nous n'avons ni perdu, commença Edelyn, ni gagné.
Blanche redoutait le pire. Cette histoire n'avait plus de sens depuis le jour où Lina s'en est allée, où Brittany n'avait plus été la même... D'ailleurs, elle se demanda bien où elle avait bien pu passer. Elle se souvint encore de l'avoir vu lui crier quelque chose avant qu'elle ne sombre totalement.
- Nous approchons à l'aube d'une guerre, déclara l'Enchanteresse, je me demande s'Ils seront avec nous.
La jeune femme rayonnait par toute cette aura d'or qui la caractérisait mais Blanche sentait que malgré tout, elle ne pouvait se résoudre à réprimer son angoisse et son désespoir.
- Qu'est-ce qu'on fait pour mon frère et Andrew ? s'inquiéta-t-elle.
- Pour le moment, le plus important est de les trouver, lui répondit Edelyn.
- Comment ça, les trouver ?
Blanche se toucha le front comme pour sentir si elle avait de la fièvre. Une forte migraine la saisit, elle voulut se recoucher immédiatement. Jamais, elle n'accepterait qu'il soit arrivé quelque chose à Tristan ou même à Andrew. Ce dernier prenait trop d'importance dans son cœur, elle ne pouvait plus le nier.
- Tu l'aimes, donc ?
Cette voix... Blanche la reconnaissait entre mille. Sa présence lui avait tant manqué. Elle ne sut que répondre. Sa bouche ne mimait aucun son. La jeune fille lança des regards autour d'elle. Les Sorcières la fixaient d'un air inquiet.
- Je pense que nous devrions laisser notre Gardienne se reposer, déclara l'Enchanteresse.
Blanche voulut la serrer dans ses bras pour avoir dit cela, cela l'arrangeait. Elle savait que Corbyn lui parlait par la pensée. Elle croyait au fond d'elle obtenir une relation privilégiée avec lui. Blanche laissa Romyta fermer l'immense porte en pierre soigneusement.
- Corbyn ? apela-t-elle.
Elle ferma les yeux, se rallongea lentement dans les épaisses couvertures et pensa de tout son cœur à Corbyn. Etrangement, la vision d'Andrew apparût à quelques endroits de ses souvenirs. Elle chassa le jeune homme du mieux qu'elle put.
- Tu vois, tu penses à lui... je peux le comprendre...
La voix de Corbyn devint de plus en plus agressive et triste.
- Tu ne comprends pas... Je peux t'expliquer...
Blanche essaya de trouver une réponse convaincante pour se justifier. Mais devrait-elle donner une quelconque raison sur ce que ressentait son cœur ? Elle imagina les yeux bleus de Corbyn la regardant intensément avec cette lueur de désespoir. Mais pour le moment, l'heure n'était pas aux pensées amoureuses plutôt à celles de savoir ce que les Sorcières allaient faire pour chercher son frère et Andrew.
- Je ne comprends vraiment pas comment nous allons trouver l'Oubli ou des potentiels vampires, ronchonna Tristan en suivant un long couloir sombre et triste.
Lui et Andrew suivaient Dazerad dans le manoir (se doutaient-ils) des Sorciers. Les tableaux où s'affichaient plusieurs générations de Sorciers faisaient froid dans le dos.
- Vous n'avez rien de plus gai comme décoration ? ironisa Andrew.
Dazerad fit comme s'il n'avait rien entendu et les amena à présent vers un gigantesque escalier en fer.
- Arrivés en bas, nous sortirons à l'extérieur du manoir, reprit le Sorcier, je pense que je peux trouver un moyen de sortir d'ici sans que mes supérieurs ne l'apprennent.
- Et si jamais ils l'apprennent ? s'inquiéta Tristan.
- Eh bien, nous ferons de vous un bon rôti, répondit sèchement Dazerad.
Les mines déconfites des deux garçons firent comprendre au jeune sorcier qu'ils n'avaient pas compris sa tentative de plaisanterie.
- Nous ne sommes pas cannibales, je vous rassure, reprit-il avec un sourire qui se voulait aimable.
- Nous voilà ravis ! marmonna Andrew.
Un silence de plomb s'installa quand les trois jeunes hommes empruntèrent le grand escalier de fer. Tristan aperçut une lumière quand ils atteignirent la dernière marche. Il marcha rapidement jusqu'à la grande porte, soudain il s'arrêta net et se retourna vers Dazerad.
- Pourquoi nous n'avons pas encore croisé de sorciers comme toi ? Normalement, dans une grande maison comme celle-ci on devrait se croiser, non ?
Dazerad ne répondit rien. Il resta planté comme une fleur au milieu du jardin.
- Tu peux arrêter avec tes questions idiotes deux secondes ! rouspéta Andrew.
Il s'apprêta à ouvrir la porte quand Tristan le lui interdit d'un coup de main.
- Non, c'est trop bizarre je te dis ! s'exclama Tristan en examinant les lieux.
Le manoir avait une atmosphère si sombre et peu accueillante comparée à l'ambiance chez les Sorcières. Une aura lui indiquait que quelque chose clochait. Il n'eut le temps de reprendre son souffle qu'Andrew avait déjà entrouvert la porte.
- Andrew ! non ! cria Tristan.
Trop tard ! à l'ouverture de la grande porte en bois, une force jaillit de l'extérieur comme si un passage voulut s'ouvrir. Andrew sortit son épée et la planta dans le sol pour s'accrocher. Tristan tenta de courir jusqu'à l'escalier pour se tenir à la rambarde. Mais ce pouvoir virulent était trop puissant. Il tint encore quelques secondes et lâcha sa prise. Il se fit emporter dans le tourbillon de lumière bleu nuit. Il n'aperçut plus Andrew. Mais Tristan entendit son ami crier son nom. Le jeune homme sentit comme un coup de marteau sur son crâne. Il ferma les yeux instantanément.
Blanche ouvrit de nouveau les yeux. Elle ne pouvait se reposer. Elle se décida à sortir du doux lit et à entamer une petite balade dans le château. Les trois Sorcières l'avaient laissé dormir donc elle ne risquerait pas de les croiser de sitôt. Edelyn, Falona et Romyta devaient s'occuper d'affaires plus importantes. Les couloirs étaient longs, la chaleur du sol la portait chaleureusement. Elle ne pensait rien. Enfin, Blanche évita de penser. Son cœur ne savait plus où il en était. Comment pouvait-elle choisir ? le choix paraissait pourtant évident. Andrew, lui, était là depuis le début. Mais Corbyn représente... Il représentait quoi pour elle, d'ailleurs ? Elle n'avait aucune réponse à cette question. Elle se sentit simplement admirée, désirée... Était-ce une raison suffisante pour ignorer Andrew ?
Je vois que tu penses tout de même à moi, dit cette voix qu'elle aimait tant entendre.
- Arrête de partir et revenir comme ça, répondit-elle machinalement.
- Blanche ? A qui tu parles ?
Cette dernière se retourna et découvrit Falona qui la regardait d'un air perplexe. Elle devait la prendre pour une folle. Enfin, ce n'était pas elle qui avait les cheveux colorés, se rassura-t-elle.
- Nous avons eu un écho de la part de nos confrères, les Sorciers.
- Il y a aussi des Sorciers, comprit Blanche en haussant un sourcil, ils savent où sont mon frère et Andrew ?
- Non, ils n'ont vu personne depuis la veille, répondit-elle tristement.
Blanche lui lança un fin sourire pour la remercier tout de même. Soudain, elle sentit une onde étrange l'entourer. Elle fut envahie d'un sentiment de douleur.
- Blanche, commença Falona en levant les yeux au ciel, cours !
Ni une, ni deux ! la jeune fille se faufila à travers le couloir. Elle avait mal dans tous le corps mais elle devait continuer. La voix de Falona se faisait entendre. Blanche comprit qu'elle devait se battre contre quelque chose qui avait pénétré l'enceinte du château. Comment était-ce possible ?
- Par ici, entendit-elle.
Elle ne chercha pas à comprendre de qui cette indication provenait. Elle tourna à gauche, à la première intersection qu'elle vit et s'arrêta quelques secondes pour respirer. Elle leva la tête et fut surprise de voir qui était en face d'elle.
- Toi ! mais... ?
Plusieurs questions lui venaient en tête. Pourquoi Corbyn se trouvait devant elle ? Elle lui avait parlé, il y avait à peine cinq minutes. Elle voulut ouvrir la bouche ou lui sauter au cou mais elle n'arrivait pas à faire le moindre geste. Elle se sentit lourde et endolorie. Elle s'assit sur le sol, la tête entre les jambes. Elle grimaça en pensant à sa blessure de la veille qui avait dû se rouvrir. Elle s'allongea sur le sol. Elle ignora Corbyn. Elle n'avait plus de force. Blanche devait se relever pour aider Falona. Elle tenta de se maintenir la tête d'une main mais elle retomba sur le sol, à moitié évanouie. Elle huma l'odeur de Corbyn qui flottait dans les airs. Elle rejoignit le néant.
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