Tristan était, encore, frustré par ce qu'il venait de se produire. Un petit garçon-loup qui lui demandait de les aider ? Il ne savait quoi répondre. Sa mère, sans doute, aurait su comment s'y prendre. Elle lui manquait, un peu, par moment. Les yeux du jeune homme allait et venait sur ce monde si différent. Oui, Wilkow était extrêmement différent du royaume des Elfes. La belle lumière du soleil caressait les montagnes au loin, quel paysage splendide... Santiago monta la dizaine de marches pour rejoindre sa cabane. Elle paraissait petite vue d'en bas mais avait l'air si grande vue de si près. Elle était simple comme l'avait prévenu le nouveau venu, quelques fenêtres vitrées par-ci, par-là, une porte extérieure à battant et une large terrasse au deuxième étage. Le jeune homme-loup les invita à entrer. Les jumeaux, pour une fois, entrèrent les premiers. La pièce principale, le salon, semblait terne, sans réelle couleur vive. Il n'y avait que quelques fauteuils en piteux état, et des livres éparpillés ; la cuisine au fond du salon était presque invisible.

- Enfin Santiago, intervint Brittany, pourquoi tu vis dans cet...

- Ce taudis ? répondit l'intéressé à sa place.

Il s'avança dans son salon pour se diriger vers une fenêtre. Il l'ouvrit et la lumière naturelle de l'extérieur faisait ressortir la pièce. Cela était déjà ça...

- En fait, c'est ma réalité d'être comme ça, enfin, c'était, reprit-il en s'asseyant sur sa pile de livres au sol.

- Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ? demanda Tristan, il avait de la peine pour lui.

- Ces démons m'ont enlevé la seule raison de vivre dans ce monde, ma famille.

Physiquement, il semblait fort et puissant mais mentalement, il était désespéré et meurtri.

- Ce soir-là, je suis allé faire un tour sur terre, raconta-t-il en jouant avec ses doigts, nous avons le droit de nous rendre sur terre mais seulement en tant qu'humains et pour prendre ce dont nous avons besoin pour vivre et évoluer sinon nous chassons. Nous vivions paisiblement, nos terres s'étendaient jusque derrière les Monts Silny. Notre ancien chef était pacifique, trop même.

Les jumeaux écoutèrent attentivement ce qu'il dit. Tous prirent un fauteuil assez convenable pour l'écouter.

- Il était pour la paix de tous les mondes. Il avait même conclu un pacte avec les Elfes : d'offrir à toutes les générations la vitesse, la force et l'agilité d'un Loup et une chevalière magique, de la part d'Elven, aux Gardiens.

Tristan et Lina se regardèrent. Ils comprirent que c'était grâce à leur générosité et leur vœu de maintenir la paix qu'ils avaient reçu ces dons précieux. Tristan caressa sa chevalière et promit de rester fidèle, tant qu'il le pouvait, à leur mission de Gardiens. Il sentit la main de Lina trembler, elle sembla surprise. Il s'approcha d'elle et elle ne le rejeta pas. Au contraire, elle sourit en sa présence.

- Les autres mondes n'ont pas voulu faire don de leur pouvoir. Après maintes années à essayer de les convaincre. Notre ancien chef et celui des Elfes, ont réussi à persuader Heksen. Les Sorcières offrirent à leur future vraie Gardienne une baguette très puissante.

- Tu sais, si elles l'ont toujours ? coupa Blanche, curieuse.

Elle voulut en savoir plus sur cette baguette et connaître la vérité, sur elle et la puissance de ses pouvoirs.

- Je regrette, répondit Santiago en haussant les épaules, nous ne connaissons pas le procédé des Sorcières. Il faudrait que tu leur demandes, toi-même.

Blanche devait aller voir les Sorcières mais elle n'était pas prête à rencontrer ses « semblables ». Elle s'imagina ressembler à ces sorcières volant sur un balai avec un nez crochu. Elle se renfrogna et réécouta la suite du récit de Santiago.

- Le seul monde à ne pas voir fait cadeau de leur don, sont ses monstres qui pensent être au-dessus de tout le monde. Je suis sûr que ce sont eux qui font venir ces créatures de l'Enfer, ça leur ressemble bien.

Tristan se demanda de qui il parlait ?! Qui étaient ses monstres, dresseurs de démons ? Une autre question s'offrit à lui.

- D'où viennent les autres armes que nous possédons ? demanda Andrew, pour son propre cas.

Santiago sembla réfléchir à une réponse.

- Je crois que toutes les armes et dons que les Gardiens reçoivent viennent de là-haut.

Il pointa son doigt vers son plafond mangé par les mites. Andrew devait se contenter de cette réponse.

- Notre chef n'a pas vu venir la bataille, reprit-il en allant vers sa seule fenêtre ouverte, nous aurions dû être épargnés mais ce Destin en a décidé autrement. Ils ont pénétré Wilkow alors que les gardes de nuit et moi étions partis. Ils ont tout détruit, massacré... même elles... nous sommes revenus le lendemain. Nous n'avons trouvé personne. Notre chef est mort sur le coup. Ces créatures avaient coupé sa tête pour la mettre sur la place principale. Nous faisant nous ressentir maudits. Nous avons retrouvé quelques loups, encore en vie, cachés vers le Mont Silny, sauf ma femme et ma fille. Elles avaient été torturées, réduites en cendres. Le successeur du chef était plus combattif, nous devions nous entraîner, chaque jour, afin de pouvoir battre ses démons.

Blanche ressentit que Santiago n'arrivait pas, encore, à se faire à l'idée de la perte de ses êtres chers. Il vivait le deuil plus durement qu'elle et son frère.

- Mais maintenant vous êtes là, tous les deux, dit-il en désignant les jumeaux, vous allez nous sauver tous et nous pourrons reconstruire notre monde.

Un sourire minime réapparut sur son visage. Blanche et Tristan ne savaient pas comment, avec l'aide de leurs amis, ils allaient pouvoir les aider. Mais tous les deux connaissaient le deuil, alors ils feront tout pour les aider tous, pour l'aider lui.

- Santiago, coupa une voix dans leur dos.

Tous se retournèrent. Dans l'entrée se trouvait un jeune homme. Il semblait plus jeune que Santiago, il avait le visage doux. L'inconnu entra dans la pièce. Il était musclé, bruns aux yeux bleus. Il afficha un sourire aux adolescents. Il s'approcha plus près de Brittany.

- Salut toi, lui fit-il en l'embrassant tendrement.

Elle répondit à son baiser en douceur pour le saluer.

- On a loupé un épisode, intervint Andrew en les lorgnant du regard.

- Ce sont eux tes amis Gardiens, dit l'inconnu en levant la main pour les saluer tous.

- Moi aussi j'ai dû louper quelques chose, continua Santiago en laissant des « mamamia » à tout va.

- T'es con, répondit simplement le nouveau venu.

Brittany se dégagea de l'étreinte de son petit ami, semblait-il être. Elle devint rouge comme une tomate. Blanche émit un rire et n'aurait jamais cru que Brittany pouvait ressentir d'autres émotions comme cela.

- C'est Ashton, mon...hésita-t-elle à le dire.

- Ton petit amoureux, on a compris, répondit Lina.

Elle était contente pour sa sœur et cela se lut sur son visage. Elle retira sa mèche mauve de ses yeux comme pour analyser son nouveau « beau-frère ».

- C'est ma sœur, enchaîna Brittany en désignant Lina du doigt.

- Donc, c'est elle, ta sœur, Gardienne des Loups.

Il s'approcha de cette dernière, (trop près au goût de Tristan même s'il ne savait pas pourquoi il pensait ça), et lui serra gentiment la main.

- Je suis content de te rencontrer, enfin !, s'exclama-t-il avec le sourire de ses lèvres parfaitement dessinées.

Lina hocha la tête et remit sa mèche mauve devant ses yeux.

- Pourquoi tu es venu ? demanda Santiago reprenant son air sérieux.

- Le chef sent qu'il y a des intrus, ici, chuchota-t-il.

- Vous devriez le rencontrer.

Santiago repartit vers sa porte d'entrée pour indiquer aux autres de le suivre. Ils sortirent tous de la cabane, avec Ashton. Il tenait Brittany par la taille et ne la lâchait pas de ses mains puissantes.

- Je ne pense pas que quelqu'un lui volera sa Brittany, se moqua Andrew.

Les jumeaux pouffèrent de rire, Lina se joint à eux d'accord avec Andrew. Elle adorait sa sœur mais il fallait savoir la supporter tous les jours.

- Je lui souhaite bon courage, rajouta-t-elle en chuchotant.

- Je vous entends, déclara la voix grave d'Ashton.

Tous ne se retournèrent pas pour le défier du regard, ils se contentèrent de continuer de pouffer tels des poules.

- C'est tout de même bizarre, ils paraissent tous si jeunes, remarqua Blanche analysant tous les habitants de ce monde.

Même s'il y avait quelques enfants-loups, les adultes restaient assez jeunes comme eux en fait.

- C'est normal, lui répondit Lina, les loups vieillissent vraiment très lentement.

- Comme toi alors ? répliqua-t-elle.

Lina sourit en hochant la tête.

- Donc, j'aurai quatre-vingts ans, t'en feras cinquante, rigola Blanche en faisant mine de réfléchir.

Au loin, le Mont Silny se montrait si proche d'eux. Ils arrivèrent à la hauteur d'une cabane aussi grande que celle de Santiago, peut-être même, un peu plus grande avec ses trois balcons à chaque étage.

- Je vous laisse y aller avec Ashton, dit Santiago.

Ashton prit les devants, la main de Brittany dans la sienne. Les autres les suivirent en saluant une dernière fois Santiago. Blanche le regarda repartir en direction de sa cabane, elle voulait réellement l'aider. Au moins, pour qu'il puisse reprendre une vie décente et ne pas déprimer éternellement. Ils entrèrent dans l'immense cabane. Tristan comprit que se devait être celle du nouveau chef. Elle dominait celles des autres, comme à Elven, étant composée de ce même salon principal mais plus rangée et soignée. Les canapés disposés en parfait carré, des fenêtres ouvertes de tous les côtés laissant traverser la lumière du soleil. La vie semblait plus active ici.

- Je vais vous emmener le voir, dit Ashton en montant à l'escalier en colimaçon.

Brittany emprunta le même chemin que lui, avec ses amis à sa suite. Blanche trouva, au fur et à mesure des fines marches en bois, que la tête lui tournait. Elle compta une vingtaine de marches au moins. Enfin, ils atteignirent le bout de cet escalier. Ashton disparût un moment en leur disant de se mettre à l'aise en attendant. Blanche s'assit à côté de Lina sur un des canapés présents, recouvert de laine, il était si doux comme de la laine de mouton bien travaillé au toucher qu'elle pourrait s'endormir dedans. Andrew se joignit à elles en s'asseyant sur l'accoudoir. Tristan fit quelques allés et venus dans la grande pièce. Il n'y avait pas de lit, mais une grande bibliothèque remplie d'énormément de livres. Le jeune homme s'en approcha et examina la rangée de livres à sa hauteur. La plupart des livres regroupaient l'histoire des loups et des hommes. Il effleura quelques couvertures, les reliures abîmées montrant que ces livres avaient traversé le temps.

- Si cela vous intéresse tant que ça, je peux vous en donner un.

Tristan se tourna vers la voix, à la fois grave et suave, qu'il lui avait dit cela. Ashton était revenu accompagné d'un loup géant à la couleur mélangeant le blanc-crème et le marron, avec des yeux bleus transperçant ses visiteurs. Il était beaucoup plus grand que Santiago et Lina réunis.

- Je ne m'attendais pas à vous voir si tôt Gardiens, dit-il en s'avançant dans la pièce.

Son pas était si lent, qu'on ne l'entendait pas marcher. Quelques longs poils blanc, dépassant de sa moustache, montraient son âge avancé.

- Nous sommes enchantés de faire votre connaissance, Alpha, salua Brittany en se levant.

Les autres firent de même, seul Tristan resta près de la bibliothèque.

- Vous devez être Brittany, mon fils m'a, tant, parlé de vous.

Brittany se vit rougir un minimum en entendant cela. Son fils, Ashton, baissa la tête souriant, gêné lui aussi. Si elle n'était pas en présence de ce loup imposant, Blanche aurait, déjà, éclaté de rire en voyant la mine des deux tourtereaux. Le loup Alpha se plaça au milieu de la pièce et s'affala sur le sol.

- Je suis désolé, je me suis un peu raffermi depuis quelques temps, expliqua-t-il en croisant ses larges pattes les unes sur les autres.

Tristan ne comprit pas pourquoi ils pouvaient tous entendre parler ce loup, les autres, ils ne semblaient pas les entendre.

- Je suis ravi de rencontrer notre Gardienne.

Il pointa son regard en direction de Lina, cachée derrière sa mèche mauve, elle ne savait pas quoi répondre.

- Et vous, vous êtes ? demanda-t-il en direction de Blanche et Andrew.

- Je suis Andrew, Gardien de l'Excalibur.

- Le Gardien de l'épée défenseure envers et contre tout, continua l'Alpha en le regardant.

- Je m'appelle Blanche, Gardienne de la Baguette d'Heksen.

Blanche se vit prononcer cette phrase instinctivement alors qu'elle n'avait ni baguette, ni rencontrer ses Sorcières. Le loup la salua de la tête et la jeune fille crut apercevoir un sourire sur ses lèvres montrant de grandes canines. Puis l'Alpha se tourna vers Tristan, ne l'ayant, pas, encore demandé de se présenter. Il attarda son regard sur lui.

- Je vous ai déjà vu quelque part, fit-il remarquer, simplement.

- Je ne pense pas, avoua le jeune homme en levant un sourcil.

- Vous faîtes la même expression que lui, vous avez l'air d'aimer les livres comme lui.

L'Alpha analysa Tristan, de la tête au pied pensif.

- Il m'avait dit qu'il avait deux enfants, des jumeaux, continua-t-il en fouettant sa longue queue tachetée de blanc sur le sol.

- J'ai une sœur oui, confessa Tristan en pointant Blanche du doigt.

Le loup jeta des coups d'œil rapide aux jumeaux comme si quelque chose lui revenait en mémoire, de vieux souvenirs.

- Vous connaissiez William ? dit-il, enfin, après quelques minutes.

Les jumeaux ne purent en revenir. Se pouvait-il que ce loup ait connu leur père ? Ils se questionnèrent intérieurement, encore et encore, en observant l'Alpha et son fils près de lui.

- Vous voulez parler de William Spencer ? L'écrivain ? questionna Tristan pour vérifier qu'il ne se trompait pas.

- Il s'appelait William Spencer, effectivement, cette passion de découvrir le monde par l'écriture le hantait.

- Vous le connaissiez bien ? s'empressa de demander Blanche.

- Je le connaissais, oui, la dernière fois que je l'ai vu remonte à deux ans de cela. Je ne l'ai plus revu, depuis, car je m'étais appliqué à devenir le chef qu'on attendait de moi.

Blanche et Tristan découvrirent leur père sous un autre angle. L'existence de ces mondes ne lui était pas inconnu !

- Comment l'avez-vous rencontré ? demanda Blanche en s'asseyant de nouveau.

Brittany et les autres laissèrent les jumeaux. Ils sortirent de la pièce, pour qu'ils puissent discuter seuls avec l'Alpha. Ashton les accompagna aussi.

- Il était un Gardien bien sûr, répondit-il.

- Quoi ?! s'exclamèrent-ils en même temps.

Le loup émit un rire, ces jumeaux lui faisaient réellement penser à son ami, curieux comme lui.

- Il avait été choisi pour cette mission, de maintenir la paix dans les mondes. Il était vaillant et je combattais à ses côtés. Nous étions inséparables.

Les jumeaux se souvinrent que leur père ne parlait jamais de son enfance. Il racontait simplement qu'il vivait à la campagne, lisait et étudiait comme tout enfant de son âge.

- Et puis, il tomba amoureux, reprit-il, il était follement amoureux de cette femme sans pouvoir et avec aucune connaissance de nos univers.

Blanche comprit qu'il parlait de sa mère, Catherine. Leur père leur disait souvent qu'il n'avait connu qu'un seul véritable amour, leur mère. Elle considérait l'acte de son père comme une preuve d'amour sincère. Elle ne croyait, sans doute pas, à l'existence des loups, des elfes et autres créatures jusqu'à peu de temps mais elle avait toujours cru à ce sentiment le plus formidable sur terre : l'Amour.

- Qu'est ce qu'il a fait ensuite ? insista Tristan captivé par le récit.

- Il a renoncé, répondit l'Alpha en changeant de position ses pattes avant.

- Notre père n'aurait jamais renoncé ! s'écria Tristan incompréhensif.

Blanche se douta pourquoi il l'avait fait, elle l'admira encore plus.

- Je ne comprends pas, poursuivit Tristan en croisant les bras.

- Il n'y a pas besoin de comprendre Tristan. Chacun décide de celui qu'il veut être. William a choisi. Son Destin l'a conduit à votre mère.

- Vous connaissez mon nom ?

- Votre père me disait toujours qu'il appellerait son fils Tristan et sa fille Blanche. A cause de ce livre.

Il indiqua de sa large tête, un livre non rangé dans la bibliothèque. Tristan alla le chercher, la reliure comme toutes les autres avait connu de l'âge. Il examina la couverture du livre, l'écriture était difficile à lire :

Tristan et Iseult

Il n'avait pas forcément entendu parler de cette histoire de Joseph Bédier. Il n'écoutait pas franchement en cours de français. Blanche prit le livre dans ses mains à son tour et relit plusieurs fois le titre. Elle avait déjà entendu parler de cette histoire. Mais oui ! Au collège, ils avaient organisé une pièce de théâtre avec toute leur classe de troisième. Son frère et elle n'avaient pas voulu participer, ils n'étaient pas du genre à s'afficher comme leur mère, sur le devant de la scène à l'époque. Blanche appréciait beaucoup cette histoire d'amour entre les deux héros, une passion si intense.

- C'est pour ça qu'il nous appelé comme ça ? demanda Blanche en effleurant les pages du livre.

- Il adorait ce livre représentant pour lui l'amour, prêt à braver tout les interdits, qu'il portait à votre mère. Je ne connais pas tous les romans des hommes mais celui-là m'a bien plu. Et tous les jours, il me rappelait qu'il appellerait ses enfants comme ces personnages : Tristan et Blanche comme le surnom d'Iseult. C'est d'ailleurs le seul cadeau qu'il m'ait fait, avant sa disparition.

Une pointe de tristesse traversa ses grands yeux bleus.

- Je suis désolé, dit-il en mettant sa large patte sur les mains de Blanche qui tenaient, toujours, le livre.

- Je me sens mieux à présent, répondit fermement la jeune fille, notre père a accompli le Destin qui lui était offert et je me sens fière d'être sa fille.

Une larme perla le long de sa joue pour atterrir sur le titre du livre. Cette petite voix dans son subconscient lui dit de ne pas abandonner.

- Je savais que vous alliez réagir comme ça, vous lui ressemblez.

Tristan approuvait la réponse de sa sœur. Mais le jeune homme aurait aimé qu'il l'ait dit lui-même. Pour lui, cette révélation changeait toute sa vision de ces mondes. Son père transmettait, à travers ses écrits, ses périples sous plusieurs formes. Tout ce dont il avait rêvé, durant toute son enfance, s'avérait réel de A à Z. Il serra son poing où se trouvait sa chevalière, fier d'être le fils du grand William Spencer. Ce qui le dérangeait, était que son père est tout laissé tomber par amour... Jamais je ne laisserai l'Amour prendre le dessus sur ma mission ! se dit-il comme une promesse.

- Merci Alpha, dit Blanche en se levant.

Elle remit le livre à sa place et se dirigea vers la sortie avec son frère.

- Je suis sûr que vous ferez de grandes choses, ajouta le loup.

Ils sortirent et partirent retrouver leurs amis. Ils étaient toujours accompagnés d'Ashton. Il y avait du monde devant la maison de l'Alpha. Blanche reconnut le profil de Lina.

- Qu'est ce qui se passe ? demanda-t-elle en arrivant vers cette dernière.

- Andrew a provoqué un des loups, dit-elle en souriant.

Cela ne l'étonnait pas d'Andrew. Il était si débile, parfois. Tristan s'approcha de plus près. Il se posta derrière une immense masse bleu-nuit pour observer la scène. Il entendait plusieurs mélanges de discussions autour de lui.

- Pablo va en faire qu'une bouchée de ce minable.

- Je parie qu'il ne tiendra pas dix secondes.

Mais que pouvait-il bien se tramer ? Il passa entre les quelques animaux géants postés devant lui. Il voyait au centre un loup noir ébène prêt à bondir sur son adversaire. Il s'approcha de plus près et reconnut Andrew !

- Mais qu'est-ce qu'il fout ? chuchota-t-il.

Devant lui, Andrew trépigna des pieds, l'épée dégainée.

- Ils vont vraiment se battre ? questionna-t-il.

Il reçut en retour quelques grognements de loups qui semblant signifier : oui. Il se dit alors qu'il n'y avait que l'Alpha pouvant communiquer, sous forme de loup. Brittany et Ashton se trouvèrent de l'autre côté du cercle formé par les loups. Il lança un regard à Brittany lui demandant d'arrêter Andrew, la jeune fille lui répondit, simplement, d'un signe d'attente de la main.

- Je n'ai pas peur de toi, articula Andrew.

Le loup grogna, tourna et vira dans tous les sens. Andrew était paré à recevoir son attaque. Le dénommé Pablo, comme avait entendu Tristan, ne perdit pas une seconde et bondit sur Andrew. Il esquiva d'un mouvement de recul et passa sous le ventre de l'animal. Il lui asséna un coup de d'épée à la patte. L'animal lança un cri strident, revint à l'attaque. Andrew tourna le dos quelques secondes. Trop tard ! Le loup l'écrasa au sol. Il grogna, prêt à le manger. Sa salive dégoulina de sa gueule, montrant ses longues canines acérés. Andrew le retint par son épée. Il gesticula dans tous les sens. Après quelques secondes, le loup se sépara du jeune homme. Il se métamorphosa en jeune homme bien bâti, la peau mate et les cheveux bouclés.

- La prochaine fois, je te défonce ! cracha-t-il avant de repartir.

D'autres loups le suivirent, ce devait être ses amis. Tristan s'approcha d'Andrew, tandis que les autres loups s'en allèrent, aussi. Pablo le poussa d'un coup d'épaule.

- Barre-toi de mon chemin, tapette !

Il venait réellement de se faire traiter de "tapette" ? Tristan n'aimait pas du tout ce loup mal élevé.

- Mais mec, tu voulais te faire tuer ou quoi ? lança-t-il en relevant son ami par le coude.

Brittany et Ashton s'avancèrent avec Blanche et Lina. Les filles semblèrent encore, regarder partir ce Pablo.

- Il est pas mal, tu ne trouves pas ? questionna Blanche à Lina.

Sa sœur était vraiment incorrigible. Elle n'en avait pas suffisamment avec Corbyn ? Il fallait qu'elle rajoute cette espèce de loup des cavernes. Il espérait que Lina ne réponde pas la même chose.

- Ce serait mentir de te dire qu'il n'a pas de charme, répliqua Lina en dégageant sa mèche.

Le monde tournait à l'envers, c'était officiel, pensa-t-il.

- Je suis désolé Andrew, expliqua Ashton, Pablo est comment dire : sûr de lui. il ne supporte pas qu'on le provoque. Il se voit déjà être le futur chef de Wilkow.

- Ce n'est qu'un con, ajouta Andrew en rangeant son épée.

- J'suis d'accord, rigola Ashton, venez ! nous allons vous trouver de quoi manger.

Blanche n'en attendait pas mieux. Toutes ces aventures lui donnaient plus faim qu'à l'accoutumée. Elle repensa encore aux révélations sur son père et son amour inconditionnel pour sa mère. Cela lui fit songer à Corbyn, ressentait-elle la même chose pour lui au point de vouloir le sauver sans s'en rendre compte ?