I. Rien qu'un regard

- Mérildée! N'oublie pas ce que je t'ai dit, tu vas tout cartonner ma belle!

Ainsi furent les derniers mots qu'Aurélie, 26ans lança à sa jolie colocataire en guise d'encouragement pour sa première journée à l'Université de Lettres de Paris, Elles vivaient ensemble depuis un peu plus d'une semaine dans un appartement  en plein centre de la capitale. Les deux jeunes femmes s'entendirent tout de suite bien, et une belle complicité naquît rapidement entre les deux facilitant la quotidien de chacune.
Contrairement à Aurélie, Mérildée, dix-huit ans, à la mine sage et aux cheveux châtains, avait une manière organisée et romanesque de mener sa vie, mêlée de stress, de sérieux, de rires exagérés comme de rêveries.
Cette dernière rêvait d'aventure, d'histoires d'amour passionnelles alimentées par une philosophie du corps pure et vrai, de sentiment de bien-être couplé d'un spleen constant et d'une mélancolie naturelle accepté par un cœur gorgée de douces paroles et de fantasmes inassouvis.
Marchant avec empressement du haut de ses un mètre cinquante-six, les lunettes posées sur le bout du nez et l'air déterminé, Mérildée paraissait sans qu'elle le veuilles vraiment, d'une intelligence profonde et mature accentué par un style vestimentaire, vintage classique et sophistiqué.
Ses pas toujours plus rapide en direction de la station de métro la plus proche suivaient la cadence d'une musique entraînante et bilingue, entre un coréen métaphorique et un anglais simpliste, le tout donnant un air doux et rythmé faisant naître un léger sourire sur le visage de la future étudiante.

Trois minutes. Plus que trois satanées minutes à devoir attendre devant ce quai. Évidemment le souterrain grouillait de monde, c'était la rentrée, forcément.
8h11, le métro s'arrêta, les portes s'ouvrirent, une foule descendit tandis qu'une autre montait à la hâte.
Mérildée ne fit guère attention dans quel compartiment elle s'aventurait, ceci dit ça n'avait guère de l'importance, puisqu'elle le quitterait dans trois station seulement.

Ses yeux vagabondant dans ce métro en marche, tombèrent rapidement sur une figure qu'elle ne connaissait que trop bien.

Ce corps.
Qu'elle avait autrefois tellement désiré comme envié. De part la sensualité de ses gestes, la prestance de ses actions et sa beauté pourtant si pure quand il se courbait sous la luxure.

Ce visage.
Enchanté, ensorcelant par ses charmes les plus dures colères du passé, donnant son harmonie au monde tout en reflétant trait pour trait le portrait d'une âme vagabonde.

Ces fausettes.
Puits d'amour sucrée auxquels on voudrait goûter, disposé ici et là sur une peau immaculée, digne de la plus grande des majestés.

Cette bouche.
Parsemée de deux quarts de chairs roses et pulpeux, aussi juteux que la plus acide des agrumes et aussi douce que le la plus tendre des guimauves. Oh oui, elle voulait plus que tout les re-embrassées ces lèvres, encore juste une fois ressentir leur puissance sur les siennes.

Ce sourire.
Ce magnifique sourire, blanc et scintillant. Qui faisait chavirer son cœur à chaque étincelle de blancheur.

Ces yeux.
Profonds et sincères, dans lesquels on pourrait se plonger. Tel une mer de chocolat onctueux, reflétant l'accalmie autant que la tempête.

Première station. Le métro s'arrête. C'est alors que la jeune brunette la reconnaît, Mérildée, la bouche ouverte la regarde aussi, contemplant ses boucles brunes coupées à la garçonne, la rendant irrésistible.

Leurs regards indéchiffrables, se cherchent, se questionnent.
"Qu'est ce que tu fait là ?"
"Tu m'a fait mal."
"Tu vas bien?"
"Contente de te revoir."
"Pardon"
"Je suis désolé"
"Tu es belle"
"Toi aussi."
"Tu m'a manqué"
"Va te faire foutre."
Voilà, ce que leurs yeux inspiraient, des paroles qu'on pense et qu'on ne dit pas, des expressions qu'on se lancent. De la douleur, de l'affection, du regret.

Et puis cette main.
Cette main enlassant, épousant celle de jolie brune. Cette main révélatrice, dévastatrice. Cette main qui fit si mal à la petite tête châtain, lui rappelant la page tournée, la bonheur révolu depuis un ans et finalement l'amour bafoué qu'elle continuait de cacher.

Deuxième Station. Les portes s'ouvrent.

Un dernier regard et l'oiseau quitte le nid, poussé par l'aile d'une autre, l'amour d'une autre.

Finalement, plus rien.
Mérildée reste seule dans cette rame de métro.

Azur, l'amour de ses seize ans lui était encore passer sous le nez, laissant derrière elle une mélancolie amère dans la bouche de Mérildée.
Toujours et encore du regret.

Troisième station. Les portes s'ouvrent, la journée commence, une nouvelle aventure l'attends, le monde des études supérieures lui tend les bras.

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