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Une jeune chatte au poil gris tigré et au ventre énorme se coinça la patte blanche entre deux pavés de la vieille route délabrée. Elle s'étala de tout son long en poussant un gémissement épuisé malgré elle.

- Allez, Amy, relève-toi ! miaula un chat roux en se pressant contre elle pour la soutenir et l'aider à se relever. On doit continuer, ne serait-ce que pour tes petits !

Rassemblant ses forces, la dénommée Amy se redressa et reprit sa route.

- Je le sais bien, soupira elle. Nous devons trouver un chez nous. C'est ce que Braise voudrait.

Le groupe de chats, que l'on peut estimer au nombre d'une bonne quinzaine en comptant les chatons, se remit en marche dans un silence qui voulait tout dire. Après avoir fui leur ville en flammes, à cause d'un incendie venant de la forêt d'à côté, ces chats domestiques et errants s'étaient retrouvés et avaient désespérément cherché d'autres survivants, bipèdes ou félins. Mais, après 24 heures d'un feu rapide et les évacuations, c'était vain.

Et, désormais, ils cherchaient un nouveau chez eux.

Un chaton miaula de terreur lorsqu'ils arrivèrent à une Route grouillante de Bêtes de Fer grondantes.

- Ze veux rentrer à la maison ! Z'ai faim !

- Je sais, Sucre d'Orge, murmura sa mère en lui pressant le museau contre le front. Mais je n'ai plus de lait.

Alors qu'ils traversèrent le plus rapidement que leurs corps fatigués et affamés ne le purent, supervisés par Amy, la jeune maman porta du mieux qu'elle pût ses petits, aidée des autres. Mais elle était à la traîne, et une Bête arrivait. La grise et blanche hurla :

- Dépêche-toi !

- Sucre d'Orge ne bouge plus ! s'écria elle d'une voix larmoyante.

Son amie regarda instinctivement son ventre rond, avant de répondre à contrecoeur :

- Lâche-le, alors, tu ne peux plus rien pour lui !

- Non ! pleura la mère, alors que la Bête s'approchait dangereusement.

Désespérée, Amy accourut vers elle et la poussa, elle et son fils défunt, jusqu'au bord de la Route. Le gros être de Fer passa, tandis que tout le monde se rassemblait autour du corps sans vie du petit malheureux, mort de faim.

Sa mère poussa une longue plainte déchirante, qui serra le cœur de ses camarades.

- Mon petit ! Mon cher petit ! sanglota elle.

Tout le monde était bouleversé et effrayé.

- Pauvre Sucre d'Orge...

- Il n'aurait pas dû mourrir, on n'aurait pas dû partir !

- On serait mort, Tête de Croquette !

- Mais on ne survivra pas très longtemps ici...

Alors que les lamentations fusaient de toute part, Amy poussa un long feulement qui couvrit leurs plantes et elle obtint le silence. Sous les regards surpris de ses amis et voisins, la chatte aux yeux bleus tenta de remotiver les troupes.

- On s'en sortira, les amis, ayez confiance. On survivra. Alors, oui, Sucre d'Orge nous a quitté, aujourd'hui. Mais je suis persuadée qu'il existe un monde meilleur où il pourra aller, un lieu où nous irons tous nous reposer après la mort. Et, croyez-moi, il n'est pas mort en vain. On va trouver un nouveau chez nous, et je m'assurerai qu'AUCUN de vous ne mourra demain. Je vous le promets.

Son ton était si assuré, sa voix si convaincante et sûre, son regard si combattif, que tous, du plus petit chaton au plus vieux des chats, se remirent en marche, les yeux pleins d'espoir. On porta la dépouille du pauvre chaton, on soutint sa mère, on rassura ses frères.

Deux levers de soleil plus tard, ils arrivèrent à un territoire vaste et giboyeux, bien qu'inconnu et mystérieux.

Et, maintenant, la question que l'on entendait dans toutes les gueules était : que faire ?

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❝𝐎𝐧 𝐚 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐩𝐞𝐫𝐝𝐮 : 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐚𝐢𝐬𝐨𝐧, 𝐧𝐨𝐬 𝐦𝐚î𝐭𝐫𝐞𝐬, 𝐧𝐨𝐬 𝐚𝐦𝐢𝐬, 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐟𝐚𝐦𝐢𝐥𝐥𝐞... 𝐐𝐮'𝐚𝐥𝐥𝐨𝐧𝐬-𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐦𝐚𝐢𝐧𝐭𝐞𝐧𝐚𝐧𝐭 ? 𝐎ù 𝐚𝐥𝐥𝐨𝐧𝐬-𝐧𝐨𝐮𝐬 𝐚𝐥𝐥𝐞𝐫 ?❞