Partie 44

Emily arrive devant une maison moderne à la façade beige et au toit gris anthracite, où des arbustes soigneusement taillés ornent un jardin de pierres, apportant une touche de sérénité à l'endroit. Les fenêtres de la voiture sont ouvertes, laissant la brise caresser doucement ses cheveux. Elle inspire profondément, espérant que l'air frais dissipe ses angoisses.

Le véhicule se gare devant la maison, sur un chemin parfaitement aménagé. Thomas coupe le contact, fermant les fenêtres avant d'en sortir. Il contourne la voiture pour rejoindre Emily, qui observe silencieusement la maison, absorbant chaque détail. Ensemble, ils se dirigent vers l'entrée de la dépendance et sonnent à la porte.

Quelques instants plus tard, la porte s'ouvre sur une petite femme blonde, au visage illuminé par un sourire chaleureux.

— Bonjour ! Vous devez être Monsieur Benson et Emily ? lance-t-elle avec une voix accueillante.

— Bonjour, oui c'est ça, répond Thomas avec un entrain rassurant.

— Entrez, je vous en prie, ajoute la psychologue en s'effaçant pour les laisser entrer.

La porte se referme doucement derrière eux, enveloppant Emily dans une atmosphère à la fois inconnue et rassurante.

Emily franchit le seuil de la porte, entrant dans une entrée lumineuse et accueillante. Le sol en bois clair donne immédiatement une sensation de chaleur, et un doux parfum de fleurs fraîches flotte dans l'air. Devant elle, un escalier moderne aux marches flottantes conduit à l'étage supérieur, tandis qu'une large peinture murale ornée de motifs floraux embellit l'un des murs du couloir. Des orchidées blanches en pot ajoutent une touche de pureté et de calme à l'espace.

L'éclairage tamisé crée une ambiance apaisante, contrastant agréablement avec les murs bleu pastel au fond du couloir. Emily observe en silence, absorbant chaque détail, chaque sensation, comme si elle essayait de trouver un ancrage dans cet environnement nouveau. L'atmosphère est sereine, presque protectrice, et elle sent une légère tension se dissiper, même si son cœur bat encore à un rythme rapide.

La psychologue les guide avec douceur vers un petit salon d'attente, où des fauteuils confortables y sont installés.

— Je vous invite à vous asseoir monsieur, avec votre fille, nous allons monter.

Emily suit la femme jusqu'à l'étage supérieur, où se trouve une pièce avec un fauteuil, une table basse en bois contenant une boite de mouchoir et un canapé gris comportant plusieurs oreillers de même couleur. À côté du fauteuil, près du mur, se trouve un meuble en ferraille avec des livres, des jeux.

— Je vous invite à vous asseoir, monsieur, dit la psychologue en désignant les fauteuils confortables du petit salon d'attente. Avec votre fille, nous allons monter.

Emily observe son père s'installer, un léger sourire d'encouragement sur les lèvres, avant de suivre la psychologue à l'étage supérieur. À chaque marche gravie, elle sent la nervosité s'intensifier en elle, comme un poids qui alourdit ses pas. Le silence, uniquement rompu par le bruit léger de leurs chaussures sur les marches, semble rendre l'air plus dense, accentuant le sentiment d'appréhension d'Emily.

Arrivées en haut, elle se retrouve face à une pièce baignée par une lumière douce et naturelle, filtrée par la grande fenêtre de toit. La première chose qu'Emily remarque est le calme apaisant de la pièce, un contraste frappant avec les émotions tumultueuses qu'elle ressent à l'intérieur. Les murs sont peints d'une teinte apaisante de bleu clair, ornés d'un motif floral délicat, qui semble presque inviter la tranquillité. Les rayons du soleil jouent sur la surface d'une table basse en bois, qui trône au centre de la pièce, offrant un espace simple mais accueillant.

Un canapé gris, parsemé de coussins moelleux assortis, est placé près du mur, créant un coin intime Emily observe attentivement chaque détail, ses yeux s'attardant sur la boîte de mouchoirs posée avec soin sur la table basse, comme un rappel discret que les émotions seront les bienvenues ici. À côté du fauteuil en face du canapé, un meuble en fer noir contient des livres soigneusement rangés, des jeux de société colorés, et quelques objets de décoration minimalistes, témoignant d'une touche personnelle et d'un soin particulier pour créer une atmosphère de réconfort.

La psychologue se tourne alors vers Emily avec un sourire bienveillant et s'installe sur le fauteuil.

— Tu peux t'asseoir sur le canapé, Emily, dit-elle avec une douceur naturelle. Je m'appelle Solenn. Je sais que ce premier rendez-vous peut sembler intimidant, mais je veux que tu saches que cet espace est pour toi. Ici, tu pourras t'exprimer librement, sans crainte ni jugement. Mon rôle est de t'accompagner, à ton rythme, pour que tu te sentes mieux.

Emily acquiesce timidement, prenant place sur le canapé. Ses mains sont légèrement tremblantes alors qu'elle s'installe, et elle laisse ses doigts effleurer la texture douce d'un des coussins, cherchant un ancrage dans ce nouvel environnement. Elle peut sentir dans la voix de Solenn une chaleur sincère, un accueil qui va au-delà des mots. Solenn continue de la regarder avec un regard doux et attentif, créant un climat de confiance qui commence à apaiser les peurs d'Emily.

— Je suis là pour toi, reprend Solenn d'une voix apaisante. Si tu préfères commencer par quelque chose de léger ou si tu veux simplement t'asseoir en silence, c'est tout à fait d'accord. C'est ton espace, ton temps. Tu es libre de l'utiliser comme tu le souhaites.

Le cœur d'Emily ralentit légèrement, et pour la première fois depuis longtemps, elle sent que peut-être, tout pourrait bien se passer ici. Chaque mot de Solenn, chaque geste, contribue à faire de cette pièce un refuge, un endroit où Emily pourrait enfin commencer à se libérer de ses démons intérieurs.

— Merci beaucoup, répond Emily d'une voix qui se veut discrète.

Emily prit une profonde inspiration, sentant un léger tremblement parcourir ses mains. Ses yeux se fixèrent un instant sur le sol, comme si elle cherchait les mots parmi les nervures du bois. Lorsqu'elle reprit la parole, sa voix était empreinte d'une vulnérabilité douloureuse, comme si chaque mot qu'elle prononçait la rapprochait un peu plus d'une vérité qu'elle avait longtemps gardée enfouie.

— Il y a tant de choses qui m'ont poussée à venir ici, dit-elle, sa voix à peine audible, presque un murmure. J'ai déjà essayé de voir quelques psys ces derniers mois... mais je ne me sentais jamais vraiment à l'aise. C'était comme si quelque chose en moi se bloquait, comme si je portais une armure invisible, impossible à enlever. J'avais du mal à être vraiment honnête... avec eux, mais surtout avec moi-même.

Elle s'arrêta, la gorge serrée par l'émotion, et releva légèrement la tête, cherchant à capter le regard compréhensif de Solenn. Il y avait une douleur visible dans ses yeux, un mélange d'espoir et de résignation, comme si elle avait déjà abandonné l'idée que quelqu'un puisse réellement comprendre.

— Ce qui me rendait encore plus mal à l'aise, c'était le silence, continua-t-elle, sa voix se brisant un peu plus à chaque mot. Quand je finissais de parler, ils restaient silencieux, et ce silence... il devenait presque insupportable. C'était lourd, oppressant. J'avais l'impression que ce que je disais n'avait aucun sens, que mes mots se perdaient dans l'air sans jamais atteindre personne. Comme si... comme si ce que je racontais n'était pas assez important pour mériter une réponse.

Une larme roula doucement sur sa joue, qu'elle essuya rapidement d'un geste tremblant. Elle sentit son cœur se serrer alors qu'elle se remémorait ces moments de solitude, ces consultations qui se terminaient trop tôt, laissant un goût amer dans sa bouche.

— Les rendez-vous finissaient souvent bien avant l'heure prévue, parfois trente minutes plus tôt, avoua-t-elle, une tristesse palpable dans sa voix. Dès que je ne savais plus quoi dire, le silence s'installait, et avec lui, cette sensation d'être seule sur une scène, sous les projecteurs, avec tout le monde qui attendait que je parle, qui me fixait... C'était terrifiant. Je ne veux plus de ça. Ce que je veux vraiment, c'est quelqu'un avec qui je puisse échanger, quelqu'un qui me pose des questions, qui me guide, qui parle aussi... Pour ne plus avoir cette impression d'être toujours en train de monologuer, seule face à moi-même.

Emily sentit un poids énorme quitter ses épaules, comme si ces mots, ces confessions, l'avaient enfin libérée d'un fardeau qu'elle portait depuis trop longtemps. Le regard qu'elle posa sur Solenn était rempli d'espoir, un espoir fragile, mais bien réel, celui de trouver enfin une oreille attentive, une voix réconfortante dans ce labyrinthe de pensées et d'émotions qui la submergeaient.

Solenn écoute chaque mot d'Emily avec une attention bienveillante, son regard ancré sur le visage de la jeune fille. Il n'y a aucune trace de jugement dans ses yeux, seulement une douce compréhension qui invite Emily à s'ouvrir encore plus. Elle laisse un silence s'installer après la confession d'Emily, mais ce silence est loin d'être celui qu'elle redoutait—il est rempli de chaleur, de présence, une sorte de promesse que ce qu'elle vient de dire a de l'importance, que ses sentiments sont valides.

— Merci, Emily, pour ta sincérité, commence Solenn, sa voix veloutée traversant l'air avec une douceur qui réchauffe. Je sais à quel point cela peut être difficile de parler de ce qui te pèse, surtout quand tu as déjà traversé des expériences qui t'ont laissé un sentiment d'inconfort et de solitude. Ce que tu ressens, ce que tu as vécu lors de tes précédentes consultations, c'est légitime. Ici, tu n'es pas obligée de porter ce fardeau seul.

Solenn fait une pause, laissant ses paroles imprégner l'esprit d'Emily, tout en lui offrant un sourire empreint de bienveillance. Elle observe les épaules d'Emily, tendues comme des cordes, se relâcher à peine, et elle sait que c'est le signe d'une confiance naissante, fragile mais précieuse.

— Mon rôle n'est pas seulement de t'écouter, mais de t'accompagner, continue-t-elle avec douceur. Ce que nous allons construire ici, c'est un espace où tu te sentiras entendue, où tu n'auras pas à porter seule le poids de tes pensées. C'est un dialogue, un échange où je serai présente, à chaque instant, pour te guider, pour t'offrir des perspectives, pour t'aider à naviguer à travers cette tempête qui agite ton cœur.

La lumière douce du jour qui traverse la fenêtre semble s'attarder sur Solenn, accentuant l'aura rassurante qu'elle dégage. Elle se penche légèrement en avant, réduisant la distance qui les sépare sans pour autant empiéter sur l'espace personnel d'Emily, respectant cette fine barrière qui demande encore à être abaissée.

— Ce chemin, nous allons le parcourir ensemble, à ton rythme, poursuit-elle avec une conviction paisible. Si jamais tu ressens le besoin que je sois plus active dans nos échanges, si tu veux que je te pose plus de questions ou que je partage plus avec toi, n'hésite pas à me le dire. Ce que tu as vécu ne doit plus jamais te faire sentir seule, et ici, dans cette pièce, je veux que tu te sentes en sécurité, capable de tout dire, même ce qui te semble le plus difficile. Nous trouverons des réponses ensemble, Emily.

Les mots de Solenn, teintés de sincérité et de chaleur, résonnent dans l'esprit d'Emily. Elle ne regarde plus un point invisible dans la pièce, mais laisse ses yeux se poser brièvement sur Solenn, captant cette lumière bienveillante dans son regard. Pour la première fois depuis longtemps, Emily sent une infime lueur d'espoir se glisser dans les fissures de son cœur, là où résidaient autrefois la peur et la méfiance.

— Merci, Solenn, murmure Emily, avec une douceur qu'elle ne se savait plus capable d'exprimer.

Ce simple mot, chargé d'émotion, est le début d'une nouvelle étape, celle où elle n'aura plus à marcher seule dans l'obscurité, où une main bienveillante sera toujours tendue pour l'aider à se relever.

L'heure qui suit s'écoule à une vitesse fulgurante, emportant avec elle les premiers éclats de la timidité et de la réticence d'Emily. Peu à peu, l'adolescente se laisse gagner par une sensation de confort inhabituelle, comme si le poids des derniers mois s'était momentanément allégé. Ses épaules se détendent, sa respiration se fait plus calme, et elle commence à parler, non plus par nécessité, mais avec une sincérité qui surprend même ses propres pensées.

Ses mains s'animent, accompagnant son récit de gestes spontanés, presque enfantins, tandis qu'elle évoque des souvenirs de son enfance, des moments où tout semblait encore simple, encore heureux. Sa voix s'adoucit en parlant de ces instants révolus, un sourire timide se dessine parfois sur ses lèvres lorsqu'elle se rappelle des détails qui, autrefois, la faisaient rire.

Solenn, de son côté, écoute avec une attention bienveillante, ses yeux pétillants d'intérêt. Elle ne se contente pas d'entendre ; elle accueille chaque mot, chaque émotion avec une chaleur palpable, offrant à Emily un espace où elle se sent réellement entendue pour la première fois depuis longtemps. Cela la touche profondément, bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé.

Pour la première fois, Emily ressent l'impression d'être en terrain sûr, un lieu où elle n'a pas à se cacher, où chaque silence n'est pas un vide oppressant, mais un moment de réflexion partagée. Il y a quelque chose dans la manière dont Solenn réagit, dans les petites questions qu'elle pose, dans les sourires qu'elle offre en réponse, qui fait comprendre à Emily qu'elle est enfin face à quelqu'un qui comprend, qui veut vraiment l'aider à avancer.

Une vague de reconnaissance monte en elle, accompagnée d'un espoir naissant, fragile mais bien réel. Pour la première fois depuis longtemps, Emily se permet d'envisager un avenir différent, un avenir où elle pourra avancer, où elle ne sera plus seule avec ses peurs et ses doutes. Et tandis que la séance touche à sa fin, elle sent au fond d'elle-même qu'avec Solenn, elle pourra aller plus loin que jamais auparavant, trouver une voie vers la guérison qu'elle n'avait pas cru possible jusqu'à maintenant.

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