8. Maï

Iwaizumi décrocha en ralentissant le pas pour que Maï lui passe devant. Au final, Nash voulait seulement savoir ce qu'il devait faire pour le repas du soir et ils s'entendirent qu'ils mangeraient chacun de leurs cotés. Le reste de la journée se déroula calmement. Suite au repas, ils reprirent leurs révisions et ne s'arrêtèrent que dix minutes pour prendre le goûter.

A suivre...

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 Le fait qu'Iwaizumi mente à son frère aîné ne m'a pas spécialement choqué. Après tout, nous mentons tous pour une raison x ou y. Que le mensonge m'implique ne me dérange pas vraiment. Bien que je n'ai jamais eu besoin d'utiliser ce subterfuge, je sais ce que c'est d'avoir un membre de la famille trop envahissant. Non, ce qui m'a mis mal à l'aise, c'est la facilité avec laquelle elle a trouvé une excuse. Pour l'instant, ce n'est qu'une intuition, un petit nœud dans l'estomac, mais je sens que quelque chose se cache derrière cette facilité qu'elle a à dissimuler la vérité. Personne ne ment naturellement. Ce n'est pas une fonction nécessaire à notre survie de base.
Iwaizumi part la première, Nash vient la chercher directement devant la maison de Kochi. Nash est un bon garçon. Il est gentil, poli et il a le sens de l'humour. Il se souci également de ses amis et, chose étonnante, arrive à canaliser Iwaizumi. Elle est vraiment fascinante en temps que sujet d'observation. J'aime beaucoup noter, mentalement, ses réactions et son comportement. En soi, Iwaizumi est une jeune fille qui a énormément d'énergie et un besoin pressant de la dépenser. Personnellement, je n'arrive pas à la garder calme comme le fait Nash. Bien sûr, elle ne saute pas partout comme une enfant. Seulement tout dans ses mouvements, dans la façon dont ses muscles ressortent , dans ses paroles et même dans ses yeux, trahit qu'elle aimerait aller plus vite. Quand elle rejoint Nash en trottinant, elle me donne l'impression de pouvoir piquer un sprint a tout moment.
Nash arrive a la canaliser malgré elle. Son frère n'y arrive pas. C'est ce que je constate en le voyant la rejoindre devant la boutique Sakanoshita. Koshi est chez lui, en train de préparer le repas, je suis juste venu acheter un pack d'eau. Sa maison est desservie par une source particulièrement riche en calcaire, ce qui donne un goût désagréable à l'eau du robinet. Ils achètent donc leur eau en bouteille. Quand Iwaizumi m'a appelé, je partais à peine. Je ne pensais pas que j'allais la croiser. Comme j'arrive par une petite ruelle adjacente, je reste dans l'ombre pour ne pas qu'elle se fasse cramer. Je vois Nash non loin qui les observe également depuis une petite ruelle.

– Tu nous as fait peur. Commente l'ami de son frère après avoir serré la brune dans ses bras.
– Je vois ça. Répond Iwaizumi, dont je peux vois les yeux briller et les lèvres se colorés. Vous savez, je n'étais pas en danger. Mon téléphone était sur silencieux et nous étions en pleine discussion. Je suis désolé de vous avoir inquiété.
– Tout va bien, tu n'as rien, c'est le principal. Souris le grand frère en passant un bras sur ses épaules. Rentrons, le repas doit être froid maintenant.
– On mange quoi!?
– Haricots verts à la sauce tomate.

C'est quelque chose que j'ai remarqué rapidement chez elle, c'est que peu importe ses émotions, son visage reste dépourvue de couleurs. C'est par ses lèvres que passent les signaux. Un tressaillement de la pommette m'indique qu'elle n'est pas fan de ce plat. En même temps, j'ai beaucoup de mal à l'imaginer. Le châtain aussi le remarque et fronce les sourcils. Oikawa Tooru. D'après mes volleyeur préférés, il est particulièrement doué pour observer ses camarades. Je me demande ce qu'il sait d'elle. Il a remarqué la couleur de ses lèvres? Et la façon dont la profondeur de son regard change selon ses humeur? Ou encore les étranges reflets bleu dans ses cheveux?
Elle a beau être entouré par deux grand jeunes hommes d'un mètre quatre vingt chacun - environ - cela n'empêche pas un petit vieux de lui rentrer dedans. Là, c'est à moi de tiquer. Même s'il a simplement perdu l'équilibre, Oikawa et le grand Iwaizumi ont sûrement plus de force que la cadette, alors pourquoi s'arranger pour la percuter? La malaise de son mensonge revient quand je remarque le petit bout de papier qu'ils échangent. Le trio repart après s'être assurer que le senior tient bien sur ses jambes. Je n'ai pas le temps de m'approcher pour l'interroger que Nash me devance en lui proposant de l'aider à finir son chemin. Malgré le fait qu'il ai bien faillis finir sur le bitume quelques minutes plus tôt, le vieux s'entête à refuser l'aide de Nash. Le nœud dans mon estomac grossis. J'hésite a le suivre. Cet homme, malgré son âge apparent, est peut être dangereux. Quelque chose me dit qu'il n'est pas aussi fébrile qu'il n'y paraît.
J'achète le pack d'eau et, feignant la coïncidence, j'apostrophe Nash en sortant de la supérette. Avec sa gentillesse habituelle, il me propose de porter mon fardeau. J'accepte. Non: je ne l'ai pas interpellé pour me servir de lui. Seulement j'ai quelques sujets à aborder avec lui et s'il fait réellement de la musculation, il vaut mieux que ce soit lui qui porte le pack d'eau plus tôt que moi, qui ai la force d'une mouche anorexique. Le début du trajet se fait en silence. Je ne sais pas comment amener la conversation et c'est finalement lui qui commence.

– Le p'tit vieux, il était louche n'est-ce pas? Demande-t-il sans me regarder.
– Je suis d'accord.
– Tu as vu l'échange?
– Oui.
– J'ai un peu suivis la vieux après ton entrée dans la supérette. Quand il a été sûre de ne pas pouvoir être vu depuis la supérette, il s'est redressé et a arrêter de se servir de sa canne.

C'est bien ce que je pensais. Cette après-midi, Iwaizumi m'a prise au dépourvu en disant à son frère que nous passerions la soirée ensemble. Après coup, elle m'a révélé que non, elle passera la soirée et une partie de la nuit avec toi mais qu'elle voulait te protéger de son frère. Ou inversement, je ne sais pas trop.

– En effet, elle me l'a dit.
– Donc c'est vrai.
– Bien sûr. Tu doutes d'elle? Releva-t-il après un petit blanc.
– Quand elle a sorti cette excuse à son frère, elle a exposé le mensonge avec un tel naturel, que moi-même j'y ai cru. Si elle est capable de mentir aussi facilement à son frère, qu'est-ce qui nous dit qu'elle ne fait pas la même chose avec nous?
– Tu lui poses des questions parfois telles que "que faisais-tu?" ou encore "où étais-tu a ce moment là"?
– Non bien évidemment! Je ne suis pas là pour la fliquer.
– Vois-tu, sa mère, habitué à ce qu'elle soit à Tokyo, lui laisse carte blanche absolument tout le temps. Pas son frère. Hajime Iwaizumi est extrêmement protecteur. Je ne parle même pas de son meilleur ami qui est carrément possessif avec elle. Les deux me haïssent parce que je suis un garçon qui, d'après eux, s'approche trop près d'elle.
– Jusque là, je te suis. Je dit en lui prenant le paquet comme nous sommes dans la porte de Kochi. Mais où veux-tu en venir?
– Oikawa est le garçon le plus populaire de l'école. De ce fait, toutes les filles vouent une haine viscérale à Aï. Elle ne cherche pas à éviter les filles, elle cherche à éviter le harcèlement que son amitié avec Oikawa lui apporte. De ce fait, les seuls amis qu'elle peut se faire sont des garçons.
– Oui... C'est logique...
– Si elle ment aussi facilement c'est que durant toute son enfance, ils refusaient tous les deux qu'elle ai des amis garçons, donc qu'elle ai des amis tout court par extension. Encore aujourd'hui, ils continuent sans se rendre compte qu'ils isolent Aï. Pour sa propre santé mentale, elle a forgé une toile de mensonge dont toi et moi somme les clefs de voûtes. T'acceptes de lui servir d'excuse? – Je comprendrai que tu ne veuille pas et...
– Non non, il n'y a pas de problèmes. Je veux bien lui servir d'alibi. Seulement... et ce papier échanger avec le vieux?
– Je ne sais pas, mais je lui poserai la question. Je te tiens au courant. Oh! Sempaï.
– Kochi? Je m'étonne ne me retournant.
– Euh... tu es Nash n'est-ce pas? Demanda le gris. Tu veux rentrer?
– Je ne vais pas vous déranger, mais merci. J'aidais seulement...
– Sasaki Maï. Appelle moi Sasaki.
– Sasaki-sempaï a porter le pack d'eau. Je vais vous laisser.
– Attends, donne moi ton numéro.
– Ton numéro? Demande Kochi en fronçant les sourcils.
– Nous nous inquiétons de la cage dans laquelle Iwaizumi, la petite, est enfermé à cause de son frère. Alors nous allons essayer d'espacer un peu les barreaux si l'on peut dire. Merci Nash. Je vais t'expliquer, viens.

Nash nous souhaite la bonne nuit et part de son côté. Nous rentrons et j'explique à mon copain ce que nous avons vu et notre conversation. Il me propose d'en parler à Kageyama, qui est apparemment le cadet d'Iwaizumi. Après réflexion, je refuse. De ce que j'ai vu, Oikawa et Kageyama ne s'apprécient pas beaucoup, pour une raison qui m'est inconnue et que je ne veux pas connaître. Ce doit quand même être dur pour Iwaizumi d'être prise entre deux feux croisés. Nous clôturons le sujet en passant à table.
Le lendemain, un lundi, nous nous rendons très tôt au lycée puisqu'il a entraînement. J'aime bien le voir s'investir autant dans un domaine. Et puis il est super mignon quand il joue. Le soir, nous croisons encore une fois Iwaizumi à la supérette Sakanoshita. Cette fois, ce n'est pas elle qui se dispute avec Nash, c'est le triplé blond. Un frisson la parcourt quand son frère débarque d'on ne sait où pour lui reprocher de mettre du temps à rentrer. Elle lui lance un regard désabusé alors qu'il lui ordonne de le suivre. Elle soupire avant de se tourner vers Nash et de lui donner un petit paquet enrobé. Elle lui demande de me le donner avant de rejoindre son frère en courant quand il l'appelle une deuxième fois.
Elle n'a pas encore disparu au coin de la rue que Nash me voit et que des cris venant des deux bruns se font entendre. En grimaçant, Nash me tend le paquet.

– Je crois qu'ils sont en désaccord.
– A qui le dis-tu! Qu'est-ce que c'est?
– Un cadeau pour toi et ton copain qu'elle a dit.
– Oh mon dieu ton japonais Nash.
– Désolé. En fait, nous avons juste fait le détour pour ça car ce n'est pas sur notre chemin. Aï voulait le faire seule mais après ce qui s'est passé mardi dernier, nous ne la laissons plus se balader toute seule.
– Mardi dernier? Je demande.
– Oui, Slyom et Ulmyre ont aidé une jeune fille de notre lycée qui a failli se faire violer.
– Non?
– Si. Aï serait une "proie" de choix alors on garde un œil sur elle.
– Je comprend. Tu vois, ça me donne une raison de plus pour rentrer avec vous, même si l'entraînement finis tard.

Je souris à Kochi qui me le rend. Nash se présente en bonne et due forme a l'équipe. Les quatre autres garçons se contentent d'un geste de tête. Ils n'ont apparemment pas envie de se mettre sur le devant de la scène. Je suppose donc que c'est le rôle de Nash. Kageyama s'avance pour se présenter et le visage de Nash s'illumine.

– C'est toi son cadet préféré?
– Son cadet préféré? Relève Tanaka en avançant la tête.
– Ouais, elle parle de toi comme ça et elle se désole tout le temps qu'Oikawa lui interdise de parler de toi quand il est là. Elle aime bien te voir, elle dit que ça lui rappelle l'école primaire. De ce qu'elle dit, elle a tendance à mieux s'entendre avec ceux de son âge mais vous êtes deux à être plus jeune qu'elle. Bon le deuxième est à Tokyo.
– Ouah t'as trop de chances!!!! S'exclame Tanaka. T'es le cadet préféré d'une fille super belle!!
– Oui bah en même temps ça veut rien dire. Rigole Nash. Un cadet d'elle ça sert à rien. A la rigueur tu peux avoir des câlins vu qu'elle est hyper tactile mais ça s'arrête là.

La dernière phrase finit d'achever Tanaka qui se retrouve par terre, face au sol, sous les rires de Daichi et Kochi. Je laisse échapper un petit sourire. Kageyama n'a pas le temps d'ajouter quelque chose. Nash se retourne vers les autres garçons avant de nous saluer et de partir avec eux pour une séance de musculation. Je lance un regard à mon copain. On se met d'accord pour qu'il vienne chez moi. Je ne tiens pas à ouvrir le cadeau devant tout le monde.

A suivre... 

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