61. Aï
Les jours se ressemblent tous. J'ouvre les yeux,quelqu'un vient changer ma perfusion. Un membre de la sécurité est à la porte et surveille. Au bout de trois jours, j'en avais tellement marre de l'hôpital que je me suis servi de la fourchette du plateau pour menacer tous ceux qui ne voulaient pas me laisser sortir. Peine perdue. Avec mon corps faible, j'ai déjà eu du mal à aller au bout du couloir. L'homme de la sécurité a juste eu à me ceuillir. Koutarou et Keiji viennent, me parlent et repartent. Audrey et Ilyas viennent, un jour sur deux, à tour de rôle. Audrey dort souvent dans le fauteuil, roulée en boule.
Les volleyeurs ont toujours le sourire aux lèvres. Ils me parlent de Leïa et Azhure. Elles sont à Tokyo depuis une semaine à peu près. Leïa s'est faite percuter par un camion. Elle est dans le coma, deux chambres plus loin. Je ne sais pas si je dois être triste pour elle, pour Azhure qui se retrouve "seule" dans Tokyo ou pour Kuroo qui semble nourrir de profonds sentiments à son égard. Lui aussi vient me voir de temps en temps. D'après ce qu'il raconte, entendre la rousse pleurer toutes les nuits est insupportable. Koutarou vante les prouesses d'Azhure au skate. La fugace douleur qui m'enserre le cœur, je la mets dans ma muraille. Non. Pas question de souffrir. Plus jamais. Peu importe ce qu'il lui trouve. Audrey, qui est derrière les garçons, me fixe. Elle essaie de décrypter mon visage. Qu'elle s'amuse.
Le 2 Aout, je suis enfin autorisé à me balader dans l'hôpital, pourvu que je sois accompagné. Le plus souvent, c'est Ilyas qui se tient à mes côtés. Il me tient la main comme un enfant agrippe celle de sa mère. Il a l'air d'avoir du mal à croire que je suis debout. Il n'est pas le seul à me traiter comme si j'allais me briser au moindre faux pas. Ce comportement m'agace. Nous nous baladons dans le parc quand j'ai l'énergie de le lui dire.
– Pourquoi est-ce que je ne peux pas rester seule?
– Parce que nous ne voulons pas que tu te fasse du mal.
– Je ne suis pas en sucre.
– Ne fais pas semblant.
Il a changé de ton. A ce moment-là, je ne parle plus au chamallow. J'ai à côté de moi, une main dans le dos, droit comme un "i", ce cher Ilyas Machia. Ses yeux gris se posent sur moi et j'y vois mon reflet. Comme une évidence qui me frappe. Depuis combien de temps suis-je absente?
– A savoir, je t'aurais parlé plus tôt. Sourit Ilyas en me lâchant la main.
– J'ai laissé les garçons sans protection.
Ce constat me terrifie. Plus que je ne voudrais l'admettre.
– Tu me prends pour un débutant?
– Quoi?
– Réfléchis aux événements, Sab viendra te faire un rapport ce soir.
– Sab?
– Tu préfères que ce soit Tyse?
– Pardon?
– Je te pardonne. Ironise-t-il.
– Arrêtes-toi.
Il se retourne pour me faire face. Nous nous regardons quelques secondes. Inutile de m'énerver contre lui, il s'en contre-fiche. Il est pire que les jumeaux Miya. Je prends deux grandes inspirations. Je remets mes souvenirs en ordre. La honte revient me poignarder en plein cœur.
– Dis donc, depuis quand es tu devenu une trouillarde? N'as-tu pas toujours dit à Audrey que le meilleur moyen de régler les problèmes, c'était les affrontés? Demande-t-il en levant les sourcils dans une expression méprisante. Si tu deviens une lâche, nous changerons d'inter...
– Tu te crois tout permis?
– Possible. Répond-il en un roucoulement qui me tape sur les nerfs. Qu'est-ce qui pourrait m'en empêcher?
Je me redresse. Je suis parfaitement consciente que la tenue de l'hôpital ne me met pas en valeur. J'ai parfaitement conscience de ma maigreur et de ma faiblesse. Je sais aussi qu'il me faudra du temps avant que le muscle que j'ai perdu en une semaine veuille bien se refaire. Je reste silencieuse, le temps d'examiner intérieurement mes défenses et les pertes engendrés par mon stupide comportement. Quelle idiote! Comme si c'était le moment de flancher!! Depuis quand est-ce que je laisse mon moral déteindre sur mon physique?
– Aï!
Je me retourne brusquement, juste à temps pour voir une touffe blonde me prendre dans ses bras. Derrière elle arrive un capitaine de volley que je connait presque aussi bien que son bro.
– Yo. Me salue-t-il avant de me prendre dans ses bras.
Est-ce qu'il a toujours été aussi grand et musclé? J'ai l'impression qu'il pourrait me briser d'une pression. Je lui rends faiblement son étreinte. J'entends les Machia murmurer derrière moi. Kuroo finit par me lâcher.
– Eh bah! Je raille. Tu t'es inquiété pour moi mon bébé? Je demande en lui tapotant la tête.
– "Mon bébé"? Relève une voix féminine alors que le grand grimace.
Il s'écarte pour me laisse voir une jeune fille un peu plus petite que moi. Elle a de longs cheveux bruns et des yeux chocolat absolument magnifique. Elle est bien proportionnée et je note des cuisses et des bras puissants.
– Bonjour... ?
– Aï, je te présente Leïa Nishinoya. Leïa...
– Je la connais. Le coupe-t-elle alors que je lève un sourcil circonspect. Aï Iwaizumi.
– En effet. Nous nous sommes déjà rencontrés?
– Non. Sourie-t-elle. Ma meilleure amie est une très grande fan. Je ne savais pas que tu étais hospitalisé.
– C'est normal. Et je te prierais de garder le secret.
– Je comprends.
– Nishinoya... Tu es la petite sœur du libéro de Karasuno ou c'est juste un homonyme?
Son sourire s'élargit. Elle s'approche de moi et me tend sa main.
– Permets moi de me présenter dans les formes. Je m'appelle Leïa Nishinoya. Je suis l'une des manager du club de volley masculin de Karasuno.
– Enchanté. Je réponds en lui serrant la main, amusée. Je suis Aï Iwaizumi. Je suis à l'Académie Fukurodani dont je suis la fierté.
– Tu n'es pas à Aoba Josai? S'étonne-t-elle en remettant ses mains dans ses poches.
– J'y étais. Je suis retourné à Fukurodani.
– Pourquoi?
– Parce qu'il n'y a qu'en famille que l'on se sent bien, voyons.
J'ai senti les présences des deux italiens dans mon dos. Ils se tapent dans les mains et me proposent de les imiter. Ce que je fais. Quel plaisir d'être de nouveau moi-même. J'ai envie de voir Koutarou et Keiji. Mon sourire s'élargit en y pensant.
– On doit y aller. Annonce Kuroo. Sa meilleure amie la croit encore dans le coma. Bokuto tente de lui remonter le moral mais...
– Tu étais dans le coma?
En réalité, ce n'est pas ça qui me préoccupe, mais je ne leur montrerai pas. Pourtant, Leïa éclate de rire, à notre surprise.
– Ne t'inquiète pas. Elle est folle de mon frère aîné. Elle n'a d'yeux que pour lui.
– Je ne vois pas en quoi ça répond à ma question. Je bougonne.
– Je me suis fait percuté par un camion.
Un "aouch" nous échappe à tous les trois. Elle rigole encore.
– Aller, on y va.
– Ciao! Crient les deux étrangers.
– Ciao!!! Répond-elle en suivant le chat.
Quelque chose me saute aux yeux quand je les vois s'éloigner. Je la rappelle et me précipite à sa rencontre. Elle penche légèrement la tête sur le côté. C'est vrai qu'elle est très mignonne. Je glisse les bras autour de son cou et l'attire à moi. Je mets ma tête à l'opposé de Kuroo.
– Prends soin de lui. Je murmure. Il le mérite... Est-ce que toi tu le mérites?
– A ton avis?
Je me contente de m'écarter et de lui sourire en lui faisant mon pire regard. Je sens ses épaules se tendre. Elle a compris. C'est bien. Nous leur faisons signe et ils s'en vont pour de bon, cette fois.
A suivre...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top