49. Sab
Je suis Aï pour aller voir l'équipe. Les garçons m'épuisent plus que je ne le pensais. Je me fiche un peu de la suivre ou de simplement m'éloigner pour retrouver un petit peu de calme. S'approcher d'Iwaizumi et Oikawa n'était peut être pas une bonne idée. Iwaizumi est en train de se frotter la tête en râlant.
– Fais chier! Pourquoi tu ris? Demande-t-il à Oikawa, qui ricane. Je vais t'en mettre une!
– Pourquoi tu as toujours recours à la violence, Iwa-chan?
– T'inquiète, je ne frappe que toi!
– Normalement, il aurait été mieux que je fasse une courte au centre.
– Quoi?
– Mais je suis sûr que Tobio avait compris que j'allais l'envoyer à un ailier. Tu sais ce que ça veut dire? Il ne réfléchit plus machinalement comme jusqu'ici, il a pris en compte le fait qu'on était désavantagés sur la fin du set, ainsi que la relation de confiance absolue entre nous deux.
– Je ne crois pas, non.
– Pour qu'il ait jugé ainsi de la situation dans sa globalité... Je me demande bien ce que l'éloquent lui a appris. Le roi tyrannique tente de devenir un roi honnête. J'hallucine, il m'agace sérieusement, et pourtant... Vite! Je veux vite le faire, ce dernier set.
Ils retournent sur le terrain. Aï les regarde partir d'un air indéchiffrable avant de se retourner et de sursauter en me voyant. Il faut qu'elle fasse plus attention. Dans un endroit aussi exposé, elle peut se faire accoster n'importe où. Elle a la tête ailleurs et c'est pas bon. Elle me sourit et repart vers Maï. Elle est bizarre. Le match reprend mais elle est ailleurs. Aïka et elle regardent le terrain sans vraiment le voir. Maï est à fond par contre. Elle a les yeux qui brillent et si elle ne réagit pas autant que les autres au premier set, elle suit beaucoup plus les évènements. Surtout sur la durée, d'ailleurs. Aï se contente simplement de regarder tour à tour Oikawa et son frère. Elle souris quand ils marquent, soupire quand ils prennent des points et regarde le déroulé du match d'un œil las. La passe à une main de Kageyama lui fait lever un sourcil. Elle se redresse soudainement quand Oikawa feinte au service. Elle retient son souffle au moment où Kindaichi attaque au-dessus de Hinata. Nishinoya rattrape la balle. Elle remonte. Hinata se précipite à l'attaque, Kageyama est parfaitement placé sous le ballon. Il fléchit les bras, les tends, Hinata ferme les yeux, le contre saute, l'attaquant frappe la balle... et cette dernière touche le sol. Aïka reste pétrifié, Maï laisse ses épaules retomber et Aï saute de joie en hurlant. Elle se met à rire hystériquement en sautant. Elle se calme rapidement, pourtant. Sa joie retombe et son silence sonne comme un claquement de fouet. Aussi soudain que percutant. Elle se tourne vers Maï, qui a une expression douloureuse sur le visage. Elle la prend dans ses bras. Aïka baisse la tête mais ne montre pas ce qu'elle ressent. Aï lui propose un câlin mais elle refuse en secouant simplement la tête. La brune lui tapote l'épaule.
– Je suis désolé pour Karasuno.
– Va voir ton frère. L'encourage Maï.
– Tu es sûr?
– Oui. Ta relation avec lui est plus importante que notre déception. J'ai un copain à aller consoler et Aïka doit aller remonter le moral de son meilleur ami.
– D'accord. Je repars demain après-midi pour Tokyo, après le match de demi-finale. On se voit demain matin?
– D'accord. A demain.
– A demain. Nash, Tyse, vous restez avec elles. Raccompagnez les ce soir.
– Non. Intervient Aïka. Je rentre avec Ryu ce soir. Je dois le retrouver devant le lycée.
– Ils t'accompagneront jusqu'au lycée, au moins. Je ne suis pas rassurée de te savoir seule dans les rues.
– Pourquoi?
– Crois moi, il n'y a pas que des bons côtés à ma présence à tes côtés.
– Quoi?
– Je dois y aller, bonne soirée.
Elle part. Ses cheveux suivent le mouvement de ses épaules. Elle s'arrête un peu pour applaudir Karasuno avant d'aller aux côtés des spectateurs de Seijô.
– Qu'est-ce que tu attends? Me demande soudainement Nash.
– Quoi?
– Suis la.
Il me lance un regard étrange. Comme si elle m'avait choisie pour une tâche et que je la refusais. Comme si j'avais osé refuser un cadeau de Noël. Je trottine pour la rattraper. Quand elle s'en rend compte, elle s'arrête pour m'attendre. Elle s'assure ensuite d'être à côté de moi en marchant. A ma grande surprise, nous sortons des gradins alors que Seijô reste sur le terrain. Où va-t-on? Je n'ose pas lui demander. Elle observe un visage neutre et se tait. Nous ne sortons pas du bâtiment. Elle s'arrête dans le hall et tourne dans le couloir. Elle se met en face des toilettes des hommes. Elle s'assoit sur un banc. Je reste debout.
– Qu'est-ce qu'on fait là?
– On attend.
J'abandonne l'idée de lui poser des questions. La porte des toilettes s'ouvre et le jeune homme qui en sort semble surpris de la trouver là. Il s'avance en souriant. Elle se lève et le prend dans ses bras. Il a les cheveux rouges en piques. Il est suivi d'un autre adolescents, aux cheveux gris cette fois. Ils ont la veste de Shiratorizawa.
– Coucou mon petit monstre. Salut le rouge. Comment tu vas?
– Bien. Soupire Aï. C'est une bonne journée, mais je suis fatigué. Ça va vous?
– Comme tous les ans. Répond le gris en haussant les épaules, la faisant rire. Tu as l'air lasse. Qui est-il?
– Lui? C'est Sab, un ami. Nous sommes venus avec quelques autres. Dont deux qui sont à Karasuno.
– Verdict?
– Encore une fois, bleu et violet. Ces couleurs ne vont vraiment pas ensemble.
– Nous ne sommes pas là pour un défilé de mode.
– Pas faux! Rigole Aï. Le prochain match de Seijô va commencer mais j'avais besoin de faire une pause.
– Courage. S'ils gagnent, nous nous battrons demain. En demi-finale.
– Je vous averti, je serais du côté de Seijô.
– Évidemment! Répondent-ils en chœur.
– Tendô-san, Semi-san! Appelle un autre joueur aux cheveux noirs. Le coach vous demande.
– On arrive Tsutomu! Réponds le gris.
– On doit y aller.
– Bonne journée! Et passez le bonjour à Leon et Ushijima.
– Si ton frère l'apprend, ça ne lui plaira pas.
– Pourquoi est-ce qu'il l'apprendrai?
– A demain!! Répond-il en riant.
Ils se séparent et nous repartons dans les gradins. Par la porte vitrée, je peux voir l'équipe de Karasuno, dehors. Maï est à l'écart, avec le passeur aux cheveux gris. Nash a retenu leurs noms, pas moi. Je n'en ai pas envie, surtout que ce n'est pas nécessaire. Ça me prends déjà la tête de devoir me rappeler les noms de l'entourage de la princesse, je ne compte pas m'encombrer de ceux qui n'en font pas partie. Nous allons nous asseoir au dernier rang des gradins. Les supporters de Seijô prennent tout le bas. Le match est ennuyant.
Le lendemain, je ne peux pas aller au match opposant Shiratori Zawa et Aoba Josai. J'ai un rendez-vous pédagogique avec un professeur de Nohebi. Je suis de retour à Miyagi dans la journée. J'ai croisé Aï à la gare. Son train est arrivé à Tokyo, de Miyagi, juste avant le mien, qui fait le trajet inverse. Elle semblait fatiguée. Elle m'a annoncé la défaite de Seijô. Je ne suis pas plus affecté que ça, contrairement à elle. J'ai hâte d'être définitivement à Tokyo, pour pouvoir prendre soin d'elle et suivre son état de santé. Tyse m'attends à Miyagi. Il me propose une bière. Nash a décidé de parler de notre monde à Aïka, avec l'aval d'Aï. Nash ne répond que par Aï, du moment que ça ne concerne pas leur formation. Lui et son maître aimeraient tenter une petite expérience. Aï, selon les résultats, aimerait s'en servir plus tard, apparemment. Ils ont refusé de donner les détails à Tyse et la princesse. En parlant de lui, il va passer la prochaine semaine à faire des aller-retour entre Nekoma et Aoba Josai. Il y a eu un problème avec son dossier. L'administration du lycée privée a perdu certains formulaires importants. Un émissaire de Nekoma s'est donc déplacé après moult appels téléphoniques. Il a rencontré Tyse, qui l'a convaincu. Ils ont donc passé tout un après-midi à rassembler tous les papiers nécessaires, pour finir par un rendez-vous avec les parents du jeune homme.. Son père est aux anges que son fils ait enfin trouvé ce qu'il veut faire. Sa mère s'en fiche, elle préfère Ulmyre et se fiche bien de l'avancée dans les études de ses deux autres fils. Elle est un peu spéciale. Elle a une vision du monde très inhabituelle.
Du 15 au 21 Juillet, Aï part en vacances avec sa famille. Elle était toute excitée à l'idée de ce petit voyage dans un camping. Elle disait qu'elle avait hâte d'aller pêcher à l'épuisette avec son frère aîné. Apparemment, c'est la seule activité durant laquelle ils ne se disputent jamais. Les quelques jours précédents, Maï et moi sommes allés la voir. Elle faisait sa valise quand nous sommes arrivés, son frère était à ses entraînements de volley. Elle nous a fait tout un exposé sur le planning des vacances et les vagues regrets qu'elle ne puisse pas y caler une ou deux heures de tir à l'arc. Remords bien vite balayé à l'idée d'aller se baigner. Ils partaient dans un petit village de pêcheurs dans lequel ils allaient tous les ans ou tous les deux ans. Elle n'avait pas vraiment d'amis là-bas mais ce séjour était toujours une bouffée d'air frais dans l'année. Elle oubliait tout pour s'amuser. Elle retrouvait son grand-frère comme elle l'aimait. Il n'y a jamais eu de dispute durant cette semaine, nous apprend sa mère.
Le 21 Juillet, nous allons voir Aï. Nous lui avons préparé une surprise pour son anniversaire. Maï doit attirer Aï pendant que je met au courant ses parents et son frère. Nous arrivons au moment où ils déchargent les valises. Maï a reçu une nouvelle caméra, alors elle la teste avant le moment important de la journée, pour s'assurer qu'elle marche. Elle va la présenter à Aï, ce sera sa diversion. Elle me filme brièvement puis prend en souriant la scène qui se passe devant nous. Voir Aï aussi heureuse fait vraiment du bien. J'ai envie de la voir tout le temps comme ça, et pas uniquement une semaine par an. Iwaizumi tire une tronche de deux pieds de longs, son père fronce les sourcils mais les deux femmes rient de bon cœur en évoquant des événements de leurs vacances. Aï se retourne vers son frère pour lui demander quelque chose, sans se départir de son sourire. Nous sommes encore trop loin pour comprendre correctement ce qu'ils disent. Sa réaction provoque un sourire chez leur père et un ricanement chez leur mère. Elle lui attrape le bras pour éviter qu'il ne lui tourne le dos. Résultat, il se retourne violemment vers elle et hausse la voix.
– TU N'ES PAS MA SOEUR!!!
A suivre...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top