43. Aï
Il n'y a personne à la gare quand j'arrive. Ceux que je prenais pour Koutarou et Keiji ne sont en fait que des gosses lambda. En vérifiant les messages pour savoir où je dois les retrouver, je me rends compte que je leur ai donné le mauvais nom de gare. En soupirant de lassitude, je leur envoie donc le bon en m'excusant. Je vois Kuroo arrivé avec Kenma. Il me sourit d'un air moqueur et j'ai alors la certitude qu'il sait.
- Salut. Bokuto n'est pas là?
- Pourquoi tu poses la question alors que tu connais déjà la réponse? Je soupire encore une fois.
- Touché. Se contente de commenter Kenma. Content que tu sois de retour à Tokyo.
- Contente d'être de retour. L'air de Tokyo est bien plus pollué que celui de Miyagi mais j'ai quand même l'impression de prendre un grand bol d'air frais.
- Sans ton frère sur le dos.
- Touché! Je ris. Tiens, voilà la cavalerie.
Un bus s'arrête devant la gare. Nous éclatons de rire en voyant Koutarou essayer d'ouvrir les portes à mains nues. Derrière, Keiji se tient l'arrête du nez pendant que les autres sont pris du même fou rire que nous. Le conducteur finit par avoir pitié de la chouette et ouvre les portes. C'est si brusque que le gris en tombe. Il se redresse presque aussitôt et vient m'étouffer avec un câlin. Entre mon rire et son étreinte, je suis sur le point de mourir. Keiji me sauve avant de me prendre à son tour dans ses bras. Puis c'est le défilé. Après que tout le monde m'ai souhaité la bienvenue, nous montons dans le bus. Les 2K, Kuroo et Kenma, montent avec nous. Le bus nous conduit au parc Narita. Les parents de Keiji viennent me voir, me prennent dans leurs bras, avant de prendre ma valise.
- Ce n'était pas ce qui était prévu, m'avoue Keiji avec un sourire désolé, mais tu as un peu tout chamboulé.
- Désolé. Par contre...
Je me tourne vers Koutarou et le fixe. Il pense a une bataille de regard et soutient donc le mien. Il perd. Je continue quand même de le regarder. Bon, j'ai un oeil qui pleure, mais j'ai gagné. Koutrou se rend finalement compte que quelque chose cloche.
- Quoi?
- Tu te rappelles du jour où j'ai appris que je revenais à Fukurodani?
- Bien sur.
- J'avais dit de ne le dire à personne. Vrai?
- Et?
- Que font Kenma et Kuroo ici? Non que vous dérangez, mais je crains pour les autres.
- Ne t'inquiète pas. Assure un jeune homme aux cheveux blancs comme neige. Je me suis assuré que ma soeur aînée adorée ne l'apprenne pas.
- Oui, et je me demande si je dois en être vexé! Intervient une voix féminine dans notre dos.
- Raté pour la surprise! Je grommelle en me retournant. Cookie-chan!
- Alors?
- Non, ne te vexe! Je comptais te faire la surprise en venant t'attendre sous ta fenêtre lundi matin. Je vois que c'est compromis.
- Tu sais que je déteste les surprises.
- Moi aussi, mais ce genre de surprise, je ne dirai pas non. Et je sais que toi non plus.
- Bon d'accord! J'aurais quand même aimé être mise dans la confidence.
- Si tu le sais, où est la surprise?
Nous rigolons et elle me serre contre elle. Contrairement à son cadet, elle n'a pas les cheveux blancs. Ils sont teintés d'un dégradé allant du blond éclatant au rouge écarlate. Elle est une capacitaire. Elle sent les présences et les aura. C'est étrange à expliquer. Elle peut sentir une présence à environ un kilomètre et demi à la ronde. Elle a grandi dans un manoir gigantesque, en Italie, avant que sa mère ne fuit ses parents pour venir au Japon. Le manoir se trouvait à trente kilomètres de la moindre civilisation. Peu de personnes connaissait son existence. Son grand-père ne voulais pas d'une fille pour aînée dans sa lignée. Son plan était donc de la cacher jusqu'à ce que son frère soit assez grand pour se faire passer pour l'aîné. Le doyen de la famille n'acceptait pas non plus la couleur de cheveux inhabituel de son petit-fils. Ainsi, le garçon dut se les teindres dès qu'il eut l'âge pour.
La jeune fille aux yeux bleu ciel jette un regard noir à son frère.
- Quand je te dis que j'aurais dû venir en classe sportive avec vous.
- Même pas en rêve. S'alarme le blanc. T'aurais fini par envoyer voler ton arc. Non non! La classe psycho te va très bien.
- C'est fou comme cette classe porte bien son nom. Je commente en me dirigeant vers les nappes.
- Pourquoi?
- Un pique nique nocturne? Quelle bonne idée! J'adore le concept. Alors on mange quoi?
- Moi aussi je veux savoir! Lance Koutarou en se laissant tomber sur mon dos.
- Vous et vos estomacs! Rigole Haruki.
Nous ignorons son commentaire et nous jetons sur le premier plat qu'on nous passe. Des ramens fait maison. Qu'est-ce que c'est bon!!!!
Le parc Narita est ouvert a toute heure du jour ou de la nuit, peu importe le jour. Il est près d'un aéroport alors vraiment très fréquenté. Ceci dit, ils ont réussis à trouver un endroit peu fréquenté, et qui est désert a cette heure-ci. Nous mangeons en riant, une faible musique en fond sonor nous accompagne. Le chanson de Chamallow passe et il s'approche de moi.
- Can I have this dance?
- Bien sur!
Une piste de danse est improvisée et plusieurs personnes nous suivent. Pendant que nous enchainons les pas, sa main droite sur ma hanche, il me fait un grand sourire.
- Tu es toujours aussi belle.
- Et toi tu es de plus en plus séduisant. Je répond en lui faisant un clin d'oeil. Tu as encore travailler tes abdos?
- Comme tu me l'as dit.
- Ça te rend très appétissant!
- Tu n'est pas en reste. Ceci dit, Miyagi ne t'as pas fait du bien. Tu as une tête à faire fuir les morts. Ces cernes me donnent l'impression que tu vas t'effondrer à tout moment. Je sens ta peau tirer en dessous du T-shirt, tu es bléssé?
- Tu comptes entrer dans la police judiciaire? C'est quoi cet interrogatoire?
- Ta relation avec ton frère s'est encore dégradé?
- Décidément, il est de notoriété publique que je ne m'entends pas avec lui.
- Aï...
- Ne commence pas tes discours sur la fraternité. Je m'en carre comme de mon premier biberon, et en plus c'est le rôle de ta soeur.
- D'accord! Répond au moins à cette question: tu es blessé?
- Une mission qui a mal tourné. Je n'étais pas la pire, ceci dit. Nash a failli y rester, dans cette histoire.
- Nash?
- Tu le rencontreras.
- Tu as ce que je t'ai demandé?
- Bien sur, si tu as la contrepartie!
- Évidemment.
Il me sourit et nous revenons nous asseoirs. Je sors mon téléphone et lui montre les photos qu'il m'a demandé. D'un air appréciateur, il les examine une par une avant de me demander de les lui envoyer. En revanche, mon cadeau devra attendre que nous soyons en privé. Je lui ai demandé quelque chose de techniquement impossible. Je suis curieuse de savoir comment il s'est débrouiller. La soirée est animée. Je m'endors sur les genoux de Keiji. Le lendemain, découvre avec stupeur l'appartement, en me réveillant. Il est magnifique. Heureusement que les garçons sont réveillés parce que j'aurais sans aucun doute paniqué si j'avais été seule.
La semaine se déroule si vite que j'ai du mal a me rendre compte du temps qui passe. Un jour je fête mon retour, le lendemain je suis devant le champs de tir du concours, en train de contrôler tant bien que mal mon stress. J'ai l'impression de ne pas m'être assez entraîné. Ma concurrente fait les cents pas en se rongeant les ongles. Rien que la regarder me fait paniquer, en plus de mon propre état mental. Je pense que si l'on m'annonçait la fin du monde là tout de suite, je ne serais pas plus affolé. Remarque, je saurais relativiser. Si la fin du monde est dû à une personne et ses mauvais choix, nous pourrions l'arrêter. Si c'est dû à un astre, et bien qu'il en soit ainsi. Même lors de ma nuit avec Tooru, je n'ai pas été aussi angoissé. Aller, calme toi Aï. Tu vas gagner.
- Que les tireuses s'avancent sur le pas de tir.
- Que la meilleure gagne. Me dit la jeune fille en me tendant la main.
Je la serre en ouvrant la bouche. Aucun son ne sort. J'ai envie de pleurer. Elle me sourit fébrilement et me prend dans ses bras.
- Oui je sais. Moi aussi. Ne pleure pas, tu ne pourras pas viser. Concentre toi. Je ne veux pas me battre contre une loque. Tu as mérité ta place ici. Si tu gagnes, c'est que tu sera la meilleure. Respire. Ton entraînement ne te trahira pas.
Elle s'écarte et me prend par les épaules. Elle est plus grande que moi d'un ou deux centimètres et doit avoir un an ou deux de plus.
- Sans rancune, sans revanche! D'accord?
- Ok. Ok! Je me calme. Merci.
- Avec plaisir.
- Sans rancune, sans revanche? Je dis finalement en lui tendant la main.
- Sans rancune, sans revanche.
Nous nous préparons et je repense à ce qu'elle m'a dit. Elle a un pouvoir incroyable, je me sens bizarrement calme. Mes mains ne tremblent plus. C'est un défi. Un défi.... J'en relève tous les jours, des défis. Comprendre Koutarou, répondre aux attentes des autres, remplir les missions du maître, assimiler et analyser les informations que Nash m'envoi, aider Keiji en math, être la jeune fille parfaite que tout le monde veut voir en moi, être la Reine que j'ai autoproclamé être... Des défis, j'en relève tous les jours, et j'en relèverai encore longtemps. Ce n'en est qu'un de plus. Il me suffit juste de respirer et de me concentrer sur l'objectif: Gagner.
A suivre....
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top