29.Receuillie

 Il pleuvait fort ce soir là. Vraiment très fort. Et la jeune fille aux cheveux d'ébène courait seule, comme si sa vie en dépendait. Sa veste de sport toute simple était loin d'être suffisante pour la protégé et elle était déjà trempée. Elle se mit à tourner dans des ruelles aux hasards, les larmes se mêlant aux sillons d'eau qui lui dégoulinaient sur le visage. La vue brouillé, elle tomba violemment sur le sol alors qu'elle entrait dans une grande avenue. Quelques passants se retournèrent alors qu'elle se redressait lentement. Elle s'essuya le nez avec sa manche trempée. De toute façon, elle n'aurait pas été plus mouillé en sautant dans une piscine toute habillée. Elle se releva et recommença à marcher, la tête baissé, toujours sans regarder où elle allait. Quand elle trouva une ruelle assez large pour y passer, elle reprit sa course. Elle n'allait nulle part. Elle voulait juste courir, se vider la tête. Tout oublier. Elle serait bien aller tirer, mais son frère avait maintenant connaissance de l'entrepôt. Elle ne voulait plus le voir. Pas ce soir. Elle rentrerait tard. Peut être à deux heures du matin, pour ne pas le croiser.

Elle tomba une deuxième fois, en percutant une personne cette fois. La victime de sa maladresse lui avait servis de coussin. La jeune fille se releva d'un bond et ramassa le parapluie sans regarder qui elle avait percuté. Quand elle se retourna, elle se figea. Elle rendit son bien au jeune homme châtain, qui la fixait comme s'il voyait un dinosaure. Elle allait repartir mais il la retint.

– Viens.
– Non.
– Tu es trempée et toute rouge. Je pourrais parier que tu es malade. Viens.
– Non.
– Ma mère me tuera si je te laisse seule dans les rues, la nuit, alors qu'il pleut et que tu ne compte pas rentrer chez toi.
– Que...
– Je ne suis pas idiot, Aï. Quand tu te dispute trop violemment avec Iwa-chan, tu choisis toujours la fuite. D'habitude tu venais chez moi. Là, je ne sais pas où tu allais.
– Je ne sais pas. Je pense que j'aurais traîner en ville jusqu'à tard et que j'aurais invoquer la maladie pour ne pas aller au lycée demain.
– Tu pourras rester chez moi demain, si tu ne veux pas venir au lycée. Aller. De toute façon, tu n'as pas le choix.

Il la traîna. Elle se laissa faire. Il avait plus de force qu'elle, dans tous les cas. Bien sûr, elle aurait pu le mettre K.O en deux coups. Cependant elle refusait de frapper le meilleur ami de son frère. Et puis, il avait toujours été là pour elle, dans la mesure de ses moyens. Combien de fois avait-elle trouvé refuge chez lui? D'ailleurs, Hajime ne savait toujours pas où elle allait quand elle fuguait. Tooru avait toujours garder le silence à ce propos. Elle eut un petit sourire en se rappelant la fois où Hajime avait appelé chez lui car il n'était pas venu a l'école, comme elle était tombé gravement malade. Tooru avait eu du mal à l'expliquer au brun par la suite. Elle avait rigolé en l'entendant paniquer au bout du téléphone. Il avait finalement prétexter qu'il attendait un colis important.

Elle ne se rendit pas compte du trajet parcouru. Elle reprit ses esprits quand la mère de Tooru vint les accueillir dans l'entrée. La femme aux longs cheveux châtains la prit dans ses bras en la félicitant de sa beauté et en ressassant le bon vieux temps. Elle fit asseoir Aï à sa table et ordonna à Tooru d'aller chercher un de ses T-Shirt. Il avait toujours été plus grand et plus carré qu'elle, ses vêtements étaient donc suffisant pour cacher... ce qu'il fallait cacher. Aï n'était pas pudique de nature mais se présenter ainsi devant l'homme pour lequel elle avait un faible la fit rougir. Elle dut pourtant sortir de la salle de bain dans cette tenue. Heureusement, elle put aller s'asseoir avant que le fils n'arrive pour manger. Le repas se passa dans la bonne humeur. L'adulte, tellement heureuse de recevoir à nouveau Aï chez elle, lui racontait des anecdotes de toutes sortes.

Après le repas, le châtain laissa l'adolescente le temps d'aller chercher des draps propres. Elle se permit de s'asseoir sur le lit. Elle détailla la pièce, repérant instinctivement où étaient les fenêtres, la porte, et leurs modes de fermeture. Un cadre attira son oeil. Elle sourit en s'approchant de son bureau. A côté de son ordinateur, le châtain arborait une photo d'eux deux. Il l'avait prise sur son dos et les deux faisaient un V de la victoire. Aï, pour sa taille, avait toujours été plus légère que la moyenne. Si cela avait inquiéter ses parents, le médecin les avait rassuré. Son poids devait se régulé simplement avec l'arrivé des hormones. Au contraire, son écart avec la moyenne s'était creusé. Pourtant, elle ne pouvait pas être considéré comme anorexique. Elle mangeait comme quatre, même si elle évitait de grignoter et de manger gras. Tooru n'avait donc jamais eu de mal pour la soulever.

Il revint dans la minute et sourit en se penchant sur la photo à son tour. Il ne fit aucun commentaire et se contenta d'aller mettre les draps sur le matelas posé par terre. La brune le regarda faire avant de faire un pas dans sa direction quand il se releva.

– Merci.
– Tu sais, même si je déteste quand vous vous disputez, j'aimais bien que tu viennes dormir à la maison.
– Tu aimais me voir déprimé? Souri Aï.
– Certes, tu arrivais toujours en pleure et en colère, mais on passait une soirée tranquille, devant un dessin animé, avec un bon chocolat chaud. Et puis, tu te rappelle qu'on discutait jusque tard dans la nuit.
– Dans ces moment là, je m'endormais toujours sur toi.

Un petit silence s'installa. Il n'était pas gênant ou oppressant. Il était... apaisant. Aï se sentit en paix pour la première fois depuis son retour. Ce constat lui fit monter les larmes aux yeux.

– Tu veux un chocolat? Demanda Oikawa.
– Oui, merci. Articula difficilement l'invitée en hochant la tête.
– Reste ici. Lui dit il en sortant. Fais moi confiance. Ajouta-t-il en lui faisant un clin d'oeil.

Elle eut à nouveau un petit sourire et alla s'asseoir sur son lit de fortune en l'attendant. La maîtresse de maison entra en souriant. Elle lui présenta une culotte en lui expliquant qu'elle n'avait jamais trouvé le temps de ramener les affaires qu'Aï avait laissé chez eux. Elle les avait donc lavé et pensait aller les jetés, comme la jeune fille ne devait plus faire la même taille. Pourtant, à la surprise générale, l'élastique s'était détendue et Aï rentrait le sous-vêtement. La situation provoqua un fou rire chez les deux femmes. Tooru entra à ce moment là dans la chambre, portant un plateau où étaient posés deux tasses fumantes et des cookies.

– Tooru... Commença la femme en le foudroyant du regard.
– C'est un cas de force majeure. S'empressa d'expliquer le fils en faisant un signe de main en direction de la brune.
– Bon. Mais évitez d'en mettre partout.
– Oui maman. Répondirent les deux adolescents avant de rire.

Une fois que la porte fut refermé, Tooru transféra le plateau de son bureau à son lit.

– Bah qu'est-ce que tu fais aussi bas? Demanda-t-il en la voyant s'asseoir sur le matelas. Monte, assieds toi en face. Tiens, ta tasse.
– Merci. Murmura-t-elle.
– C'était pour quoi cette fois?
– Je retourne à Tokyo bientôt, et Haj' n'est pas d'accord.
– Je sais. Je peux le comprendre. Tu nous as manqué tu sais.
– Seulement, je pratiquait ma passion à temps plein la-bas. Et puis j'avais plus de libertés. Surtout que toutes mes amies étaient près de moi. Trois étaient dans ma chambre et les trois autres étaient dans la chambre d'à côté. Il y avait toujours de l'animation à l'internat.
– Je peux te comprendre. Moi aussi, je pense que je choisirai mon coeur. Il n'en reste pas moins que... Je n'ai aucune envie que tu repartes.
– Je sais.
– Tu sais, je suis souvent traiter d'égoïste. Ne me regarde pas comme ça, sourit-il alors qu'elle levait des yeux étonnés vers lui, je n'ai pas que des amis.
– On éliminera du lot tes exs. Si elles te connaissent assez...
– Non, tu peux les y laisser. Dit il en hochant la tête. En fait, je crois même que ce sont elles qui ont fait connaître ce côté de moi. Mais reprenons: je suis souvent traiter d'égoïste. Et quand je te regarde, je ne peux m'empêcher de me demander... Qu'est-ce qui se passerais si je ne l'étais pas ? Est-ce que je te pousserai à partir? Ou est-ce que je te ferai un exposé sur les raisons objectives qui pourraient te donner envie de rester?
– Et tu vas faire l'une de ces deux?
– Non. Parce que je ne vois pas pourquoi tu devrais rester ici, si tu y es malheureuse. Sauf que je ne peux pas tout à fait te pousser à partir, parce que je n'ai pas envie que tu t'en ailles. Mais je ne suis qu'un égoïste.
– Avant d'être un égoïste, tu es d'abord mon ami. Et...
– Je refuse que tu reste enfermé dans ton malheur par ma faute. Tu as compris? Je ne peux pas te pousser en avant, mais je peux t'empêcher de faire machine arrière.
– Tu sais... Oublie, je ne pense pas que tu sois...
– Dis moi. Maintenant, tu as éveillé ma curiosité.
– Quand je suis revenu ici, j'étais vraiment contente d'être de retour à la maison. D'accords, j'ai passé une semaine enfermé, le temps de m'y retrouver dans mes affaires et de finir mon inscription au lycée. Mais j'étais vraiment excité de te revoir, et j'étais nostalgique des rues de ma jeunesse. A chaque parc, je nous revoyait enfant. Dans chaque boutique, j'avais l'impression de vous entendre faire des plans foireux pour piquer des caramels à un yen. Et puis... je suis arrivé au lycée. Kindaichi m'a reconnu... et pas moi. J'étais mal à l'aise. Quand je suis arrivé dans le gymnase, ils m'ont tous salués comme si j'étais une vieille amie. La vérité, c'est que je n'en connaissais pas un seul. Même Makki et Mattsun. J'ai... vraiment une très mauvaise mémoire des visages et des noms. Ironique, quand on sait que j'ai une mémoire d'éléphant pour tout le reste. Et puis, j'ai commencé des tests de connaissances, avec Nash. Nash, le premier qui ne me donnait pas l'impression de venir d'une autre galaxie. Peut être parce qu'il vient d'une galaxie plus lointaine encore. (elle eut un petit rire) Et tout à dégénéré le soir-même.

A suivre...

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