24. Maï
– Il lui est arrivé quoi?
Elle lève vers moi des yeux fatigués. Elle semble mettre quelques instants à comprendre ce que je lui dis. Elle me désigne sa chaise de bureau et je comprend qu'elle m'invite a m'asseoir. Je m'exécute et elle prend une grande inspiration.
A suivre...
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Aï termine son récit et j'ai la désagréable sensation que je lui en ai demandé trop dans son état. Mon amie est à la limite de perdre connaissance. Je réfléchis rapidement à une solution à sa situation de fatigue extrême. J'allais lui proposer qu'elle aille dormir dans le lit de son frère mais elle secoue la tête au moment où j'ouvre la bouche. Elle relève son haut pour que je puisse voir sa plaie, qui est bandée tant bien que mal.
– Elle s'est encore rouverte. Je pisse le sang toutes les dix minutes, je ne veux pas pourrir le lit de mon frère.
– Ok. Tu ne bouge pas de là, et tu fais tout pour rester éveiller. Je reviens dans quelques minutes.
– Mais...
– Je ne veux rien entendre. Tu restes là et tu ne bouges pas.
Je me lève en catastrophe et tente de contacter le médecin de la famille. Aucunes réponses. J'appelle donc mon père. Il me dit que le médecin sera indisponible indéfiniment et me renvoie sur un autre numéro, que j'appelle immédiatement. C'est une femme qui me répond. Quand je lui explique, elle répond qu'effectivement, elle sera le nouveau médecin de la famille. Je lui donnes donc l'adresse d'Aï en lui disant que c'est une urgence. Je raccroche et retourne auprès de la brune, qui est toujours assise en tailleur à côté de son lit. Elle me fixe d'un air absent. Je n'ai pas le temps de lui demander si elle a un matelas gonflable ou un futon de rechange que la sonnerie retenti. Déjà? Aï se lève et nous nous dirigeons vers la porte. Elle assure son équilibre en gardant une main sur le mur, même si ce n'est pas forcément nécessaire.
Quand elle ouvre la porte, elle arrête un poignard et le retourne contre son propriétaire. Sans changer d'expressions bien sur. Elle s'écarte ensuite pour laisser Sab et Tyse entrer. Elle ferme la porte et les toises en croisant les bras.
– Ma blessure ne m'empêchera pas de te mettre une raclée si tu la mérite Sab.
– Mais la fatigue, oui.
– Pas avec ton manque d'expérience.
– Je sais me battre. S'indigne le brun.
– Oui, mais tu ne sais pas tuer. Venez, Nash est en haut. Demain, c'est dimanche. Toute ma famille sera ici. Il faut que l'un de vous acceuille Nash. Je ne tient pas à expliquer pourquoi j'ai un mourant dans mon pieu.
– La question que je me pose surtout, c'est où tu dormiras si on ne le prends pas?
– Par terre, quelle question. Je saigne trop pour dormir sur le canapé.
– Tu saignes? Relève Tyse.
– Ma plaie se rouvre toutes les dix minutes. Soupire Aï en ouvrant la porte de sa chambre. Naaaaash. Grogne-t-elle alors qu'il tente de se relever.
– Je vais bien.
– Bah bien sur! Allonge toi ou je t'assomme.
– Mais....
– Il n'y a pas de "mais" qui tienne. Qu'est-ce que vous avez tous aujourd'hui? Je ne parles pas japonais ou quoi? Demande-t-elle en levant les yeux au ciel. Pour en revenir a ce que nous disions, Sab serait le meilleur candidat.
– Pourquoi? S'étonne ce dernier en relevant la tête de sa console.
– Tu te vois expliquer à Ulmyre et Slyom pourquoi Nash est aux portes de la mort? Intervient Tyse.
– Pas faux. Admet Sab en baissant à nouveau les yeux sur son écran. Laissez moi cinq minutes pour appeler ma mère.
Il sort de la chambre, Aï lui ayant indiqué qu'il capterais mieux au salon. Elle est assise sur son lit, sur le bord, les jambes tendues, la tête en arrière. Soudain, son ordinateur se met à sonner nous faisant sursauter. Elle se jette en avant pour décrocher. Un grand sourire élargi son visage malgré son air maladif. Elle s'asseois sur sa chaise, une jambe replié sous elle. Son interlocuteur ne semble pas être devant sa caméra. Il parle vite et sans vraiment articuler. Soudain, il s'arrête et sa tête apparaît à l'écran. Aï lève un sourcil, se demandant surement pourquoi il a arrêter de parler.
– Qu'est-ce que c'est que cette tête? Demande-t-il en s'asseyant à son tour.
– La fatigue. Un de mes amis est malade et j'ai dû m'occuper de lui toute la nuit.
– C'est pas sérieux ça, Aï. Soupire le brun.
– Tu disais quoi à propos des cours de math?
– Il parlait de maths? Je chuchote à Tyse.
– Apparemment. Me répond-il sur le même ton. Je n'ai pas compris ce qu'il disait non plus.
– Oui. Répond le brun. Tu as déjà vu ce chapitre, tu vas pouvoir m'aider. Je ne comprends rien à la leçon du prof. J'ai monsieur Honokaya cette année.
– Dur. Avec lui je vais souvent devoir faire la prof de math. Ses cours sont bien mais ses explications orales sont difficiles à comprendre et ses exercices sont souvent de niveau supérieur à ton propre niveau. J'aurai préféré que tu ai du mal en histoire, mais bon.
– Tu savais qu'il avait une fille à Miyagi?
– Ah ouais?
– Ouais, il a divorcé avec sa femme et c'est elle qui a obtenue la garde de la gamine.
– Je ne sais pas si je dois être triste pour lui ou soulagé pour la gamine. Au fait! Dit elle soudainement en reculant sa chaise. J'ai des invités. Approchez, il ne va pas vous mordre.
– Enchanté. Je suis Sasaki Maï.
– Tyse.
– Enchanté également. Je suis Akaashi Keiji.
– Alors, montre moi ce chapitre de math qui te donne du mal. Lance Aï au moment où Sab entre dans la chambre. Ah! Je te présente Sab. Sab et Tyse sont des amis de Nash.
– Je me rappelle de Nash. C'est lui qui t'as amené la lettre de Fukurodani.
– Oui. C'est lui qui est malade.
– Y a du mouvement derrière toi.
Aï fait pivoter sa chaise et jette un regard blasé à Nash. Apparemment, il est bien décidé à bouger. La sonnerie nous rappelle à son bon souvenir et Aï soupire avant de se lever. Elle passe la main dans la nuque de Nash et il s'écroule dans la seconde. Elle sort ensuite de sa chambre en ordonnant que Nash soit surveillé. Je la suit. Elle attends d'être dans le couloir pour grimacer. Elle me lance un regard fiévreux. Non mais c'est quoi cette capacité à jouer la comédie? Je n'ai absolument rien vu. Nous descendons ouvrir la porte et Kita entre avec une femme aux courts cheveux blonds.
– Je ne me suis pas présenté hier soir. Je suis Sabi Honokaya.
– Honokaya? Relève Aï, le regard dans le vide. Ce n'est pas le moment ma fille. Venez, vous avez ce qu'il faut?
– Oui. Je ne connais pas encore la nature du poison mais j'ai le nécessaire pour l'identifier et faire baisser la fièvre.
– Je vais faire le gaie, préviens moi quand il se réveille.
– Se réveiller? Reprend Aï avec un rictus. Oh le réveiller est loin d'être un problème. En revanche le garder allonger et calme, ça a été plus compliqué. Ce gosse est totalement inconscient. Pour sa prochaine leçon, je suggère la patience comme sujet. Non?
– Je vois. Soupire Kita. Je vais rester finalement. Il est vrai que c'est pratique d'avoir deux apprentis. Vous pouvez vous veillez l'un l'autre. Cependant, tu as besoin de te reposer.
– Je me reposerai quand j'aurai le temps. Et ce n'est pas d'actualité. On monte.
Elle nous tourne le dos et commence a monter les escaliers en zigzag. Elle est surhumaine cette fille. Dans la pièce, Tyse semble tout content de pouvoir aider Akaashi pour ses maths, bien que j'ai plus l'impression qu'ils parlent de physique. Sab, lui, profite pour zieuter les dossiers d'Aï et faire diverses manoeuvres sur l'ordinateur. Les pages de code qui s'affichent n'ont pas l'air d'inquiéter la maîtresse de maison, qui leur jette à peine un regard. Elle se dirige vers Nash. Elle se met à genoux à côté de sa tête pendant que Honokaya explique comment elle va procéder et les effets des produits qu'elle va injecter à Nash. Aï se retourne brièvement pour s'assurer qu'elle n'est pas visible par Akaashi avant de faire un court geste en sa direction et de faire ensuite une croix avec ses deux indexs, indiquant que le brun n'est pas au courant de ses activités.
Le bruit ambiant monte encore d'un cran quelques temps après. Honokaya lève la voix pour passer par dessus celles des garçons, mais les garçons augmentent également le niveau de sorte à passer dessus - excepté Sab, qui se contente de grogner sans se soucier de son entourage. Les jacassement finissent par agacer Aï, tournée vers Nash. Elle se relève soudainement et se retourne pour tous nous fixer. Un silence de plomb s'est installé sur la pièce, tout le monde la regarde, en attente d'une quelconque réaction.
– Là, ça va pas le faire. Trop de monde, trop de bruit. Tyse, j'ai un ordinateur portable. Je vais te brancher avec Kei et vous discuterez en bas. Sab, peu importe ce qui se passe, je ne veux plus t'entendre. Sinon tu descends avec eux.
– Bien. Répondent les garçons en hochant la tête.
Elle fixe ensuite son maître, il est appuyé contre un mur, perdu dans ses pensées. Elle ne lui dit rien, sort un ordinateur de son bureau et demande à Tyse de la suivre. Tyse raccroche et ils sortent. Elle revient quelques instants plus tards avec une chaise. Elle la pose à côté de moi avant d'aller se planter devant l'assassin.
– Vous aussi vous avez besoin d'un coup de pied au cul?
– Quoi? S'étrangle Sab en se retournant, la fixant comme si elle était folle. D'où tu parles à ton maître sur ce ton? T'es pas bien?
– Non, merci. Répond simplement Kita en se redressant. Je vais sécurisé l'appartement de Nash et parler à Stella. Sab, tu restes ici jusqu'à nouvel ordre.
– D'accords.
– Aï, tu veilles sur Nash mais surtout, et c'est ta priorité, tu te reposes. Honokaya, appelez moi quand vous aurez fini de soigner Nash.
– Pas de problèmes! Sourit la blonde. Aller, au boulot. L'une de vous veut me seconder?
Aï dort à moitié debout et j'avoue que la médecine ne m'intéresse pas du tout. Honokaya semble le comprendre, car elle commence les soins sans insister, et sans se départir de son sourire.
A suivre...
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