5 septembre 2017

C'est la rentrée. Une nouvelle. Encore. J'espérais de tout mon cœur qu'elle se passerait mieux que la dernière, mais il s'avère que mes prières (bien que je ne sois pas croyante) n'aient pas été exhaussées. J'ai eu les larmes aux yeux quand j'ai découvert ma classe et les membres qui la composent, mais je ne les ai pas laissées couler. Ça leur aurait bien trop fait plaisir, eux qui semblaient amusés de me voir à leurs côtés une année de plus. N'est-ce pas drôle ? Je les fuis sans jamais m'arrêter, et je me retrouve avec eux à nouveau, là où on m'avait promis que plus jamais je n'aurai affaire à eux. Alors en rentrant à la maison, la première chose que je me suis promise c'est que jamais je ne les laisserai m'influencer comme l'année dernière. J'ai besoin de prendre mes distances, et de me laisser vivre et respirer. Je ne peux pas sombrer à nouveau. Pas maintenant que je vais un peu mieux, après les magnifiques vacances que je viens de passer. Je dois leur montrer, dès le début de l'année, que je ne suis plus aussi faible que l'année dernière, que je suis capable de me défendre, que je vais mieux, et que je ne me laisserai pas me faire détruire comme l'année passée.

J'ai été en Espagne, comme convenu. Je ne suis pas certaine de m'être vraiment améliorée, mais j'ai adoré ce séjour. J'ai rencontré de nouvelles personnes, notamment Ana, une jeune fille australienne aux cheveux verts, qui a dix-sept ans, là où moi j'en ai douze. C'était un peu comme la grande-sœur que je n'ai jamais eu, pendant tout le long du voyage. On est devenu proche, et on a passé la plus grande partie de notre temps ensemble. C'était drôle de me retrouver avec elle et ses amis, alors que j'ai cinq ans voire plus de décalage avec eux. Mais malgré ce qu'on aurait pu croire, moi la première, je ne me suis absolument pas sentie à l'écart, ou mal à l'aise. C'était génial. J'ai toujours aimé traîner avec des gens plus grands, parce que plus matures, que moi. Je suis bien trop différente des gens de mon âge. Mais bon, quand t'es dans une classe en 5e, t'a pas trop le choix de traîner avec tes camarades. Enfin je veux dire que j'ai pas vraiment la possibilité de rester avec des gens presque majeurs !

En tout cas, j'ai quand même hâte de commencer cette année scolaire, parce que je débute des cours d'espagnol, des cours de latin, et même d'anglais euro ! J'ai hâte de voir ce que ça va donner, et surtout de découvrir ces nouvelles matières !

Ma prof principale est une prof de français, Mme Dupont. C'était déjà ma prof de français l'année dernière, et elle est adorable. Elle n'aime pas le désordre, et est particulièrement stricte, mais elle est vraiment gentille, et j'adore les cours avec elle ! Je suis contente qu'elle soit aussi ma prof principale, parce que je suis sûre qu'elle va nous apporter plein de connaissances !

Sinon hormis le prof d'art, Mr Gustave, et le prof de techno, je ne connais pratiquement aucun prof. De nom ou de vue, mais je ne les ai jamais eus.

Dans ma classe, à part ceux qui ne m'aiment pas, j'ai pas mal d'amis que j'ai rencontré l'année dernière, donc je suis contente, parce que je ne vais pas être toute seule. En plus, Myrtille est avec moi, tout comme Maya et ses amies. Je crois que je vais pouvoir me rapprocher un peu d'elles, et me former (enfin) un groupe d'amis ! On est pas toujours sur la même longueur d'onde, et j'ai l'impression d'être toujours un peu à l'écart, probablement parce que je suis plus mature, et que je n'aime pas leurs jeux débiles ou leur manière de penser, mais je ne vais pas faire la difficile. C'est toujours mieux que rien. Avec Myrtille, j'ai vraiment la sensation d'être comprise et écoutée, et ça fait un bien fou ! Je suis allée quelques fois chez elle l'année dernière, et on a fêté mon anniversaire ensemble en juillet. C'était très chouette.

J'ai aussi croisé Mr Rousseau, le CPE. Il m'a demandé comment se passait ma rentrée, et je crois bien qu'il a failli s'étouffer quand je lui ai dit que ça allait si ce n'est le fait que j'étais dans la classe de Jade et de ses potes. Il s'est confondu en excuses, et au fond, ça m'a fait du bien et m'a un peu réchauffé le cœur, parce qu'au final, il n'est de loin pas aussi effrayant et froid que ce que je pouvais penser il y a un an encore.

Il m'a dit de le dire à mes parents en rentrant, et m'a demandé de venir me voir tous les lundis, une fois par semaine, pour faire le point sur comment les choses se passent et évoluent. C'est gentil, et même si ça ne m'enchante pas, ça me rassure, je crois, parce que je me dis que cette fois-ci, je parlerai... du moins, j'espère. J'en doute, mais il faut absolument que je me fasse violence, et que j'essaie de jouer le jeu si jamais les choses dérapent.

Mme Dupont nous a parlé de l'élection des délégués de classe, et elle nous a demandé de réfléchir à qui voulait se présenter. Je ne sais absolument pas pourquoi je me suis mis ça en tête, mais je crois que ça me plairait bien d'être déléguée. Je sais que la probabilité pour que je sois élue est nulle, mais bon, j'ai rien à perdre... à part ma dignité... Cela dit, au point où j'en suis, je crois que je ne suis plus à ça près.

Quand j'ai dit à mes parents pour Jade, ils m'ont demandé de leur parler si les choses dégénéraient, et j'ai dit que je le ferai. Je ne crois pas que je respecterai ma parole, mais ça ne changera pas de d'habitude... J'ai l'impression que depuis que je suis rentrée au collège, je fais que leur mentir, mais bon, tant qu'ils ne le savent pas, ça me pose pas de réel problème. J'ai juste besoin de maîtriser leurs connaissances, et de pas les inquiéter. Je suis la plus grande de la famille, dans les enfants, et je veux être forte, pour mes frères et sœurs et mes parents. Du moins, je veux renvoyer cette image de la fille forte et courageuse. Je ne le suis pas réellement, bien sûr, mais je crois qu'au fond, créer cette carapace, cette image, ce masque, me permet d'y croire moi-même, et de me perdre dans mes propres rêves et espoirs. J'ai envie d'être cette fille. Je l'admire intérieurement, je rêve de l'être, et pourtant j'ai la conviction intime que je ne la serai jamais, comme si je n'avais pas les bons gènes.

Bref, aujourd'hui j'ai essayé de réfléchir un peu à ce que je pourrai dire pour défendre ma candidature en tant que déléguée. Je sais pas pourquoi, ça me tient vraiment à cœur. Je crois que j'ai espoir que si je parviens à obtenir ce poste, je serai tranquille et même, avec un peu de chance, respectée, écoutée et pourquoi pas admirée. Je ne dis pas que j'ai de quoi inspirer mes camarades, mais peut-être que mon ouverture d'esprit et l'importance que j'accorde au respect peut leur être transmis au travers de ce poste de délégué que je prendrai, si je suis élue, très à cœur. En plus, j'adore aider les gens, et si je peux leur éviter de vivre des choses aussi négatives et sombres que moi, ça sera avec un plaisir immense et une joie sans nom. J'ai la conviction intime que personne ne mérite de vivre ce que je vis, de ressentir ce que je ressens. Personne sauf moi. Après tout, pourquoi continueraient-ils s'ils avaient tort ? Enfin je veux dire, ils n'ont aucun intérêt à me pourrir la vie comme ils l'ont fait et le feront probablement, sauf s'ils savent au fond d'eux qu'ils le font pour la bonne cause, qu'ils ont raison. Alors au final, ils doivent voir juste sur toute la ligne. Je suis simplement trop bornée et aveugle pour le voir. Mais ça c'est mon problème, pas le leur...