24 octobre 2017

24 octobre 2017

Les jours s'enchaînent, identiques, similaires, longs, barbants, froids, redondants...

J'ai l'impression que jamais je ne verrai le bout. Chaque journée est plus dure, plus complexe, plus étouffante. Et je n'arrive pas à trouver de solution pour que les choses soient plus... viables.

Cette semaine, j'ai été confronté à ma première grande difficulté en tant que déléguée. Et pour une raison que je ne m'explique guère, je suis absolument persuadée que ce n'est que le début...

Enfin, en vrai, il s'est passé plusieurs choses, mais toutes sont liées.

Max, un très bon ami que j'ai eu l'occasion de rencontrer cette année, notamment parce qu'il est ami avec Rose, Maya et Alice, mes meilleures amies, m'a... au cours d'une discussion effrénée, expliqué les comportements violents et inappropriés de son père, alcoolique et drogué. Il m'a décrit son enfance, m'a raconté toutes les difficultés qu'il avait rencontrées, comment ses parents se sont séparés, pour qu'au final son père revienne, et que sa mère l'accepte, plus par pitié qu'autre chose, étant donné qu'il n'avait nulle part où aller.

Il m'a tellement expliqué en détail la situation, les coups qu'il reçoit et les excès de colère de son père que j'en ai presque pleuré. Et pourtant, ce n'est pas à mon habitude de laisser les larmes couler sur mes joues, notamment en présence de personnes. C'est un drôle de réflexe que j'ai depuis petite, je sais pas trop pourquoi, mais en tout cas, c'est bien ancré en moi !

Bref, j'étais pas sereine du tout, notamment parce que je savais pas trop quoi faire... Tous les jours je lui ai demandé comment il allait, comment ça s'était passé la veille chez lui. Sauf qu'il n'a fait que me dire que ça allait, alors que je voyais bien les bleus et les plaies... Je sais pas trop quoi faire pour être honnête... J'hésite à aller en parler à un adulte, mais j'ai peur que les choses ne s'aggravent pour Max. En plus, je crois qu'au fond, sa mère aime toujours son père, et je pense qu'elle le vivrait super mal... Mais d'un autre côté, je me sens responsable. Imaginez qu'un jour, son père lui porte un coup fatal ! Je n'espère vraiment pas, mais si jamais ça arrive, je m'en voudrais toute ma vie, parce que je savais et je n'ai rien fait pour stopper ça ! J'ai parlé avec Max du fait que je voulais aller voir le CPE, mais il est pas trop OK. Il m'a dit que pour le moment, ça va, qu'il n'a pas besoin d'aide, qu'il s'est toujours démerdé solo et qu'il y a pas de raisons que ça change.

Rose, Maya et Alice sont persuadées que je drague Max, ou qu'il me drague. En tout cas, elles trouvent ça bizarre qu'on parle autant, et qu'on soit aussi proche. Mais en vrai, je me sens beaucoup plus comprise et écoutée par Max que par elles. On est super différents tous les deux : il a des propos absolument obscènes h24, fait des blagues tout le temps, a un humour claqué au sol, mais drôle quand même, ne bosse pas beaucoup, traîne avec des gens... peu recommandables... Et pourtant, je l'adore. On est vraiment sur la même longueur d'onde. Il est le genre de gars ami avec tout le monde. Par contre, le truc c'est que du coup, il joue vachement un rôle pour plaire à tout le monde. J'ai l'impression qu'au fond, personne ne connaît vraiment (à part moi, peut-être) le vrai Max. Je sais pas s'il en a honte ou s'il cherche juste à être approuvé et à satisfaire tout le monde, mais en tout cas, il n'est jamais très présent... Il est ami aussi avec Myrtille et Estelle, mais elles, elles traînent de moi en moins avec moi. Elles restent surtout avec le groupe de gens populaires, dont Jade. Je dois bien reconnaître que ça m'a fait un sacré coup, mais j'ai fini par me résoudre au fait que je ne peux rien y changer. Myrtille m'a dit que j'étais trop jalouse quand elle allait voir d'autres gens, et que ça la saoulait. Et elle m'a surtout dit que j'allais trop mal, et qu'on est tellement proche que ça lui bousille la vie de me voir aller si mal sans pouvoir y changer quoi que ce soit. Elle a aussi souligné à quel point c'était dur de soutenir la victime. Que c'était pas simple d'être de ce côté-là. Qu'elle préférait ne rien faire mais rester avec les gens populaires qu'avec celle qui se fait emmerder. Mardi, elle m'a même laissé en plan, solo, alors qu'on devait manger ensemble.

J'ai beaucoup beaucoup pleuré en rentrant chez moi. J'ai l'impression qu'avec Myrtille, tout était plus simple. J'ai l'impression qu'on m'a enlevé un bout de moi, de ma personnalité et de ma raison de vivre. J'adore cette fille. On est super proche, hyper fusionnelles... bref, c'est dur. Elle aussi, elle a pleuré, je crois.

Tout le monde dans la classe a eu vent de notre « séparation ». Mais la plupart des gens ont défendu Myrtille. Tous la comprennent. Et j'ai beau avoir eu extrêmement mal, je les ai laissés me pourrir et m'insulter pour lui avoir bousillé la vie comme ça, même si des fois, on m'a accusé de trucs que j'avais pas fait, parce que je savais très bien que de toute façon, je ne pourrais pas changer leurs avis. Et puis surtout, au fond, j'arrive pas à en vouloir à Myrtille, parce que d'une je sais pas ce que j'aurai fait dans son cas, et de deux, je sais que c'est tout sauf simple d'être mon amie, et de supporter mes états d'âmes, mes douleurs, mes larmes, mon mal-être... Elle a fait de son mieux, et rien que pour ça, je lui suis extrêmement reconnaissante. Je sais très bien qu'elle sera plus heureuse avec ses nouveaux amis, plus libre et joyeuse, et pour rien au monde je pourrais être assez égoïste pour lui demander de rester alors qu'elle sera mieux ailleurs. Alors oui, ça fait mal, parce que c'était ma sœur, c'était... ma vie, mon oxygène, ma joie, et que les meilleurs moments de ces dernières années, je les ai passés à ses côtés. Mais il va bien falloir que je me résigne à la laisser partir. Pour son bien...

Je pensais qu'il était impossible que j'ai plus mal. Que je souffre autant. Encore plus qu'avant. Eh bien, j'avais tort. Je me rends compte aujourd'hui que ma douleur précédente n'était que dérisoire face à celle qui m'anime en ce moment même. J'ai perdu très probablement celle que j'aimais le plus, hormis ma famille. Celle que je chérissais, et surtout que j'admirais. Mais par-dessus tout, je souffre parce que je sais que j'ai été la cause de son malheur, de sa propre douleur, de son propre mal-être. Et je crois qu'au fond, jamais je ne pourrais vraiment me pardonner de l'avoir fait souffrir ainsi.

Bref, cette semaine n'a pas été la meilleure que j'ai connue...


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