20 septembre 2016

20 septembre 2016

Depuis que j'ai commencé ce journal, j'ai l'impression que les jours s'allongent, et que pourtant, je n'ai jamais le temps de me poser et d'écrire ce que je souhaite vous livrer.

Ça fait dix jours que je n'ai pas écrit un mot. Dix jours que j'attends ce moment, que j'y pense tout le temps, mais que je redoute de me poser devant ce carnet, sur mon bureau, de prendre mon stylo, et d'écrire. Écrire mes pensées. Raconter mes journées.

Il s'en est passé des choses depuis la dernière fois...

J'ai essayé de garder la tête haute. J'étais courageuse et déterminée. J'étais persuadée que j'allais y arriver. Rien ne pourrait m'en empêcher. J'étais Iris, cette fille qui m'avait toujours rendue fière, malgré son excentricité. Cette fille que j'avais toujours aimée être, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, qui s'imposait, se faisait respecter...

Comment les choses ont-elles pu déraper si vite ? Comment en si peu de temps je suis devenue celle que je suis aujourd'hui ? Une fille effacée, qui pleure dans son coin la nuit.

Comment en suis-je arrivée là ? Moi qui avais toujours tenu à rester forte... Comment ai-je pu me laisser faire ainsi ?

Je n'ai aucune réponse à ces questions. Tout est allé bien trop vite pour que je puisse comprendre quoi que ce soit. Tout s'est enchaîné et j'ai perdu les pédales. J'ai fait de mon mieux, bien sûr, pour garder la tête haute, pour sourire, pour que tout aille bien. J'y croyais. J'étais persuadée que tout allait finir par redevenir comme avant. Mais la triste réalité m'a bien vite rattrapée. Comment ai-je pu être aussi utopiste ? Pourquoi ai-je cru en ces belles paroles que je me dictais pour ne pas chuter.

Le temps a filé entre mes doigts, tout comme ma dignité, mon estime de moi, ma confiance, mon courage et bien d'autres choses encore. Ils m'ont tout volé. Je n'ai plus rien.

Je n'avais jamais rien ressenti de tel avant. Mais malgré Estelle, qui est à mes côtés, tous sont contre-moi, et il me semble inimaginable que les choses s'améliorent. Pourtant, ce constat m'attriste particulièrement.

Alors, j'essaie d'éviter de les croiser, pour échapper à leurs remarques cinglantes et leurs insultes. Ça ne les empêche pas de me suivre, ou de m'attendre à la sortie du collège pour me dénigrer, mais au moins, mes journées sont, de temps en temps, un peu moins pénibles. Tout n'est qu'une question de stratégie. Il faut réfléchir à quand partir, où aller, où se cacher même parfois, pour ne pas croiser leurs chemins. Le problème reste malgré tout que ces gens sont populaires, et que même les gens en dehors de ma classe se mettent à soutenir leurs idées.

Personne n'est au courant.

Enfin, les élèves le sont. Les élèves le voient.

Mais en dehors de ceux qui participent, les autres ne réagissent jamais. Ils ont peur peut-être. Ils préfèrent sûrement se protéger avant de me protéger. Instinct de survie ?

Quoi qu'il en soit, il me semble que je suis seule face au collège entier. Mais qu'est-ce qui me dit que je suis incapable de surmonter tout ça ? Si ça se trouve, il s'agit d'une épreuve mise sur mon chemin par l'Univers pour calculer et évaluer ma capacité à rebondir, à m'adapter, ma capacité de résilience ?

Je n'en suis pas certaine, mais au moins, voir les choses sous cet angle me permet de ne pas trop me laisser envahir par de sombres pensées. Ça me permet de garder la tête haute et de continuer à espérer voir la belle lumière au bout du tunnel, comme autrefois.

J'ai eu la chance d'avoir une enfance formidable, des parents merveilleux et des frères et sœurs géniaux. Tout a toujours très bien été dans ma vie. Alors il n'est pas évident pour moi d'être ainsi, en moins d'un mois, confronté à la méchanceté de certains et certaines. Mais je suis là. Et je resterai là. La tête haute. Toujours. Quels que soient mes combats. Il le faut. Pour raconter mon histoire. Pour partager mon parcours. Pour expliquer. Je le dois. C'est pour ça que je suis là. Sinon, à quoi est-ce que je sers ? Pourquoi suis-je née si ce n'est pas pour servir la Terre, et l'agrémenter de mon histoire, lui permettre de s'en inspirer, d'en tirer des leçons ?

Je sais qu'il y a pire dans le monde : chaque jour, à la radio, on entend parler de nouveaux attentats, de famines ou bien de guerres. Je ne suis pas à plaindre. Je ne peux pas me plaindre. Je dois rester forte.

J'ai lu un livre la semaine dernière, offert par ma mère. Le cri de la mouette d'Emmanuelle Laborit. Peut-être en avez-vous entendu parler. Il est connu. Enfin, c'est surtout son autrice qui a fait parler d'elle, mais son livre l'est tout autant. Il est merveilleux. C'est une autobiographie dans laquelle elle raconte son parcours de sourde-muette dans notre société, ainsi que les difficultés qu'elle a rencontrées, et comment elle les a surmontées. C'est un beau message de résilience. Il est inspirant. Il m'a beaucoup plu, et m'a beaucoup touché. C'était formidable.

J'ai l'impression que je peux, moi aussi, à mon échelle, surmonter mes épreuves. J'espère en tout cas.


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