19 juillet 2022
19 juillet 2022
La sonnerie nous réveille, ma mère et moi.
Lorsqu'elle m'appelle du bas des escaliers, je lui réponds :
— Dis-lui de partir, je veux pas le voir.
Je sais très bien ce qui l'amène ici, et je ne veux pas le voir. Il est hors de question que je continue à fréquenter ce gars après ce qu'il m'a dit hier.
J'ai passé la soirée en boule dans mon lit à pleurer. C'est jamais simple de s'éloigner des personnes à qui l'on tient. Je lui en veux énormément d'avoir dit une chose pareille. C'est sûrement con de ma part, mais j'ai déjà beaucoup de mal avec ça, je n'ai pas besoin de ses remarques désobligeantes.
Ma mère m'a sérieusement engueulé après être partie de la soirée sans la prévenir, mais quand je lui ai dit pour Oskar et moi, elle a compris, et on en a parlé pendant un sacré bout de temps. Pour la première fois depuis plus de dix ans, elle s'est posée, et on a parlé, pendant des heures, des problèmes que je rencontrais. Tout ce que j'avais toujours rêvé en tant qu'enfant était réuni. Elle était à mes côtés, dans mon lit, m'enlaçant et caressant mes cheveux, me partageant ses réflexions les plus philosophiques, me livrant des mots d'amour. Je n'ai aucun souvenir d'une scène similaire. Pourtant, rien que pour ce moment partagé entre Elle et moi, je suis presque heureuse de ce qu'il s'est passé hier. Enfin, c'est ce que je me disais... Avant de me rendre compte que la réalité était bien plus dure à accepter que je ne le croyais. Jamais je n'aurais pu imaginer souffrir autant. C'est là où j'ai compris que le dicton qui dit que l'on ne se rend compte combien on aime quelqu'un que lorsque l'on perd cette personne est vrai.
— Prune, ma chérie, il faut que vous parliez, me dit ma mère, sur le seuil de ma porte.
Je ne réponds rien, et me contente de lâcher un drôle de grognement.
Elle hausse les sourcils, comme si elle essayait de comprendre son sens, et finit par dire :
— Il t'attend en bas. Il s'en veut énormément. Rejoins-le. Fais-moi confiance. Il t'a préparé quelque chose de très beau.
Ça ne sent pas bon... je suis sûre qu'il m'a organisé un truc chelou, pour se faire pardonner. Mais je sais aussi que ça ne marchera pas. Je lui en veux trop pour ça.
D'un côté, j'essaie de relativiser : je l'ai poussé à bout aussi, et j'ai tout sauf été aimable et bienveillante dans mes propos. La différence entre nos paroles ne se trouve pas dans leur dureté, mais dans leur finalité. Il cherchait à me faire mal, là où je cherchais à lui faire ouvrir les yeux. À lui faire comprendre qu'il pouvait aller mieux s'il le voulait vraiment. Que ça ne dépendait que de lui.
— S'il te plaît, Prune, arrête de bouder et va le voir.
À contrecœur, alors que ma mère continue ses paroles qui se veulent encourageantes, je me lève, m'habille et me coiffe.
Une fois devant lui, je lui lâche un regard noir et lui dis :
— Crois pas que je suis là pour toi. Je veux juste que ma mère arrête d'être sur mon dos.
Il se contente de me sourire.
Ma mère m'apporte un sac avec des vêtements, et les choses indispensables à avoir pour un voyage. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe, mais je le prends, et suis Oskar.
— On va où ?
— À la gare.
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