9| Début de mission ✔
— Tu as révisé ton cours de géographie ? me demande Narva.
Je hoche nonchalamment la tête, accaparée par le rendez vous avec Justin de vendredi soir. Si j'ai été un peu distraite lors de sa proposition, ce n'est pas pour autant, qu'avec du recul, je trouve sa demande alléchante.
Malheureusement, je n'ai pas encore trouvé la tenue parfaite et il faut avouer, qu'avec mon premier contrôle de cette année, je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Le pire reste cette petite voix intérieure qui me répète que je vais amèrement le regretter. Mais le goût de l'expérience primant, je l'ignore royalement.
— Mel, tu es sûr ? N'oublie pas la question piège qu'il met toujours, d'accord ? insiste Narva.
Toujours première de classe, toujours déléguée et toujours la parfaite bonne élève, Narva veut absolument que pour ce premier contrôle, j'aie le maximum de point possible. Elle a envoyé sur le portable de ma sœur, plusieurs photos des interrogations des années précédentes. Je n'ose pas imaginer pour les maths ou encore la chimie.
— Je connais les deux leçons par cœur, la question piège et les contrôles que tu m'as envoyé. Il n'y a aucun soucis, ne t'inquiète pas.
Elle hoche la tête, souriante et sors son portable pour envoyer un message à quelqu'un. Je m'adosse à son casier, mon cahier, livre et ma trousse en main. Vu l'heure matinale à laquelle la mère de Narva est venue me chercher — sous l'ordre de ma mère, pour ne pas que je fasse des " bêtises "—, il n'y a que quelque lycéens qui circulent dans le couloir.
Mon cerveau est en ébullition à force de réfléchir sur mon premier rendez-vous de l'année, quand Narva râle et souffle :
— Kevin ne répond pas.
Je retiens mon souffle. En rentrant de la soirée, ma première action a été de me coucher directement. Et mon dimanche, à faire du jogging et à réviser mes cours de la semaine. Je n'ai même pas penser à contacter Narva par le biais de ma soeur pour lui prendre de ses nouvelles à propos de son couple. Toutefois, ce n'est pas le moment d'affronter ce genre de problèmes. Je lui en parlerai à la fin de la journée.
— Peut-être, il dort encore. Ta mère est venue très tôt ce matin.
Je change de sujet, espérant qu'elle tombe dans le panneau. Je me mords la lèvre inférieure, le regard rivé dans le vide.
— C'est son nouveau passe temps ! Depuis qu'elle croit que mon père a une maitresse, elle le suit de partout et comme il commence assez tôt, bah, elle nous réveille tôt également.
Satané destin ! Encore des problèmes de couples ! Même quand j'essaie de changer de sujet, il fait toujours que ça revienne. C'est décidé, quoi qu'il arrive, je vais lui dire la vérité cette après-midi. Je dois lui dire la vérité. Je ne vais pas permettre que ce gars détruise mon amie.
Soudain, Erwan apparaît de l'autre côté des casiers, un cahier à la main. Je hausse un sourcil. Puis, je me relève et accours dans sa direction. La nuit dernière s'est avérée particulièrement inspirante, car j'ai eu une idée de génie.
— Erwan ! Arrête toi !
Le brun s'arrête dans sa lancée.
— Salut Er !
Ce dernier détourne le regard de son cahier et plonge ses yeux bleus aiguës marines sur moi, sceptique.
— Non, ne compte pas sur moi pour te donner des réponses au contrôle.
Je roule des yeux. Si j'ai déjà commis les pires péchés du, je n'ai cependant jamais triché. J'ai toujours préféré faire mon propre travail, quitte à avoir une mauvaise note.
— Bien sûr que non ! Et de toute manière, je ne serai pas assise à côté de toi, révélé-je avec un sourire malicieux.
Je peux clairement lire dans ses yeux des tas d'interrogations, mais je ne lui laisse pas le temps d'en placer une, et le devance :
— En revanche, je voulais te prévenir que demain si possible, on pourrait débuter notre révision de chimie. Dis-moi juste l'heure et l'adresse.
Erwan semble étonné, mais ne rétorque pas. Il laisse quelque minutes s'écouler et je me demande bien pourquoi. Ce n'est pas la mer quand même.
— À 16 h, chez Monet. Ça te va ?
Je hoche la tête et sans un mot, il s'en va. Il est vraiment bipolaire, à passer d'un état à un autre. Mais qui suis-je pour le juger ? Je ne suis pas non plus très cohérente avec moi-même. Et si j'ai appris une leçon il y n'y a pas si longtemps, c'est bien que les préjugés peuvent détruire.
Il a peut-être ses problèmes à lui et ses soucis. J'ai toujours tendance à croire que le monde tourne autour de ma petite personne seulement. Quoi qu'il en soit, je ne vais pas débattre avec mon subconscient à cause du brun.
Je souffle alors qu'une masse de gens pénètre dans le hall du lycée. Je retourne alors près de Narva, qui n'a même pas remarqué mon absence — si je retrouve cet idiot de Kévin, je jure de lui lancer un ballon de rugby en pleine face. J'attends impatiemment que les cours commencent, anticipant déjà mon contrôle.
***
La journée a été plutôt longue, dans le sens où j'ai eu affaire aux deux premiers contrôles de mon année. Côté anglais — fan de cette langue —, je n'ai pas vraiment eu de problèmes. En revanche, comme l'avait prédit Narva, les questions sur la matière de la géographie n'étaient pas de l'eau à boire.
Heureusement, grâce à mes révisions soutenues, et surtout à mes résolutions solides, j'ai pu m'en sortir. C'est donc victoire, après bataille sans relâche. Je range mollement mes dernières affaires, alors que la plupart des élèves sortent déjà de la classe. Il ne reste plus que Jessica, qui discute avec le professeur d'histoire.
Quand elle clos sa discussion active avec le vieil homme barbu, je me relève en même temps et me positionne devant l'entrée de la salle. Le professeur sort en premier, avec son air toujours renfrogné, puis Jessica suit ses traces. Lorsqu'elle passe devant moi, je ne peux que constater son air las.
— Euh... Salut, Jessica. Ça va ?
Évidemment que ça va pas ! Pourquoi ce ne sont que les mots les plus irréfléchis qui sortent de ma bouche dans ce genre de moment ? Je me gratte le crâne mal à l'aise.
— Ah, c'est toi.
Si ça avait été une autre personne, j'avoue que j'aurais été blessée. Mais dans cette situation, je ne peux que la comprendre. J'ai été particulièrement méchante la dernière fois, bien que ça n'ait pas été mon intention première.
Quand elle s'arrête et qu'elle pose ses yeux bleus semblables à ceux de son frère, Justin, je crois y discerner des larmes. Je brûle d'envie de lui poser une question du style "Pourquoi t'as des larmes dans les yeux ? " mais je range de cette stupide curiosité au fond de moi et me contente d'aller droit au but.
— Je voulais juste m'excuser pour la fois dernière. Je sais que je me suis montrée un peu désagréable et ce n'était pas ce que je voulais. Je me sentais mal à l'aise et j'étais surtout en colère, prononcé-je.
— Ne t'en fais pas, répond-elle d'une voix basse, Loïc m'a expliqué certaines choses et je te comprends, crois-moi.
J'ai l'étrange impression que cette simple phrase cache un lourd sens mais je balaie vite cette sensation de mon esprit. Car ce qui me préoccupe, c'est la version des faits que lui a donné Loïc. Car oui, il y a plusieurs rumeurs, mais le verdict reste le même : Une seule version est vérité. Et bien que je ne prétends pas la détenir, je peux tout de même déclarer en connaître une bonne partie. Du moins plus grande que la plupart.
— D'accord. Bon ben, à bientôt alors.
Je suis plutôt déçue. Je pensais pouvoir discuter avec Jessica, et peut-être faire avancer les choses du côté de Erwan. Mais sa mauvaise humeur ne m'aide pas. Je tourne alors le talon en remettant une mèche châtain derrière mon oreille.
— Mel, attends !
Elle court jusqu'à ma hauteur et je suis immédiatement marquée par la différence de taille. Certes je ne suis pas très grande, mais Jessica me dépasse d'au moins une bonne tête.
— Je ne suis pas dans mon assiette aujourd'hui. Si je t'ai mal parlé, je m'en excuse.
Gêné, je rigole nerveusement.
— On peut dire que tu me rends la monnaie de ma pièce !
OK, c'est très mal choisi et c'est surtout désastreux. Certains sont doués pour faire de l'humour, d'autres non. C'est ainsi. La blonde hausse un sourcil, confuse.
— Non, pas du tout. Écoute, je dois rentrer alors excuse-moi, dit-elle poliment.
Je la regarde s'éloigner puis décide de m'en aller à mon tour, la suivant de près. Ses pas sont précipités, mais je la rattrape assez vite.
— On peut rentrer ensemble, si tu veux. J'habite juste à côté de chez toi.
Tout en continuant son chemin, elle me répond :
— Justin m'en a parlé. Et oui, un peu de compagnie n'est pas de refus.
Justin lui a parlé de moi ? Est-ce un bon signe ? De toute manière, notre premier rendez-vous me permettra de mieux le cerner. On sort alors à deux du lycée. Le chemin de fait dans un silence durant une bonne dizaine de minutes, puis elle prend soudain la parole.
— Dis, tu sais garder un secret ?
Je suis étonnée qu'elle pose cette question, mais je ne laisse rien transparaître. Si elle a enfin décidée de parler, je ne vais pas prendre le risque de tout gâcher.
— Ouais, enfin je crois.
Elle prend une profonde inspiration, la tête baissée et les mains liées entre elles.
— Je suis en pleine phase de rupture avec Loïc. C'est pas sa faute, c'est même la mienne à vrai dire. J'ai de plus en plus de problèmes ces derniers temps. Tu ne pourrais pas comprendre même si je t'en parle alors, te préoccupe pas de ça.
Son monologue terminée, je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Je sais ce que c'est. Ce sentiment d'étouffer, comme si le monde entier voulait se liguer contre toi. Comme si tous les problèmes te tombaient dessus en même temps. Ce pourquoi je compatis.
— Tu trouves ça bizarre peut-être que je t'en parle, mais j'ai besoin de me livrer à quelqu'un qui ne va pas me juger. Et surtout, parce que tu as déjà eu une liaison avec Loïc.
Je déglutis. Puis, brusquement, je décide de laisser mon cœur s'exprimer comme bon lui semble.
— Je n'ai pas vraiment de conseils à te donner car Loïc et moi, ça s'est vraiment mal terminé. Désolée d'être aussi franche, mais je ne pense pas que ce mec te mérite. Il a été un vrai connard avec moi et je ne doute pas qu'il puisse recommencer avec une fille aussi innocente que toi.
Je remarque que nous sommes déjà arrivée devant chez elle. Elle ne laisse aucune émotion trahir ses pensées, suite à mes mots durs et secs. Puis alors qu'elle ouvre la porte de sa maison, elle me lance :
— Qui te dit que je suis si innocente que ça ?
J
e souris. Jessica est comme moi. En l'apparence, calme et introvertie, mais cache bien de lourds secrets. Alors qu'elle disparaît derrière la porte blanche, un petit déclic survient dans mon esprit.
Je me décideenfin à rentrer chez moi, plus excitée que jamais. Je cours dans les escaliers deux à deux, comme une gamine de sept ans, balance mon sac sur mon lit et rejoins la chambre de Sarah. Celle-ci est installée sur son lit, affalée comme une fainéante.
— Devine quoi, Sarah !
Elle fronce les sourcils et je lui accorde un indice.
— Ça fait déjà deux semaines.
Elle écarquille les yeux. Puis, elle saute sur son lit. De mon côté, tout ce que je réussis à penser ce ne sont que des paroles de chansons.
Libérée, délivrée !
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Mesdames et messieurs, je vous présente mon premier retard 😂 😂! Pas d'excuse qui tienne, j'ai oublié et j'avais un peu la flemme 😅.
-Que pensez-vous de cette fin de chapitre ? Des hypothèses ?
-Vos premières impressions sur Jessica ?
-Que cache Mathieu a votre avis ?
N'oubliez surtout pas de voter et de commenter que vous ayez aimé ou non. Vos avis m'intéressent beaucoup alors lâchez vous !
C'est tout pour ce dimanche, à très vite pour un nouveau chapitre riche en nouveautés 💛!
Plein de bisous à l'orange, Laureen ❤
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