40| Espoir et désespoir ✔| Partie 2
ERWAN
🎵 comment oublier ton doux sourire
quand tu me regardes
je ne réponds plus de moi 🎵
" Il est grand temps de rallumer les étoiles " .
/!\ n'hésitez pas à me laisser vos avis au fil de votre lecture :) /!\
Le trajet se fait assez rapidement. Mes doigts tremblent, l'idée de voir la tombe sur laquelle le nom de maman est gravé dessus m'angoisse terriblement. Je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs. Après tout, j'arrive petit à petit à me faire à son absence, je devrais pouvoir surmonter cette épreuve. Du moins, je l'espère.
Quoi qu'il en soit, je ne vais pas tarder à le découvrir, puisque on arrive devant ce sinistre endroit. C'est désert, il y fait très chaud et les multiples tombes me donnent la migraine. Je serre les dents tout en observant à travers la fenêtre.
- Si tu veux, je peux venir avec toi, propose gentiment Soleil.
Je voudrais bien accepter, mais je pense que j'ai réellement besoin de me recueillir tout seul. Je secoue dès lors la tête, ouvre la portière et erre entre les tombes, sans prêter attention où je pose les pieds. Mes yeux, de leur propre initiative, naviguent en observant photo par photo. Enfant, adolescent, adulte, vieillard, tous y passent.
Finalement, au bout de quelques pas, je repère celle où ma mère loge. Je regarde la croix où il y est inscrit son nom, sa date de naissance ainsi que celle de sa mort. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar. À cet instant, la peine me dévorant le cœur, je comprends qu'il y a une grande différence entre savoir que maman est morte, et le constater de mes propres yeux.
Mes pieds ne supportant plus mon poids, je tombe à genoux, pose mon front sur la croix et ferme les yeux. J'ai tellement de choses à lui dire, tellement de choses qui me brûlent les lèvres, mais rien ne sort de ma bouche. J'ai envie de crier. De crier ce que j'ai sur le cœur.
Soudain, mes épaules s'affaissent et des larmes se mettent à couler. Je me suis retenu pendant des mois, car mon père disait qu'il fallait aller de l'avant, que la vie continuait. Dans son cas, il ne s'en cachait pas du tout. À peine deux mois plus tard, il était fiancé à ma belle-mère ; et quatre mois après, marié.
Sans oublier son argument préféré. « Un vrai homme ne pleure pas, fils ». J'ai dès lors opté pour un autre moyen, afin de mettre fin à cette douleur qui me rongeait. La mutilation. Les premiers jours, j'hésitais. Je me regardais longuement dans un miroir, en me demandant si ça en valait la peine. Ce n'est qu'après la tragédie qui est arrivée à Zoée, que je me suis vraiment laissé aller.
Je jouais le parfait petit enfant garçon, qui ne manquait de rien le matin et le soir, répondais à l'appel de ma lame. Un cycle vicieux. Des fois, je pensais à ce qu'aurait souhaité maman. Je me disais que je faisais tout le contraire, qu'elle serait loin d'être fière. Je me promettais d'arrêter, sans jamais y parvenir.
Jusqu'à il y a un mois. Lorsque j'ai commencé à me rapprocher de Soleil, à devenir dépendante d'elle. Je n'ai cédé à mes pulsions qu'une seule fois. Ce n'est pas louable, mais après les onze mois passés à marquer ma peau, c'est plus que suffisant.
Deux mains se posent sur mes épaules et je sens une présence à ma droite. L'odeur de cacao des cheveux de Soleil titille mes narines. J'ai peur de relever la tête et qu'elle ajoute à sa liste de défauts, non seulement la psychopathie mais également le fait que je suis un pleurnichard.
Ses mains entourent mon dos et je sens ses cheveux collés à mon crâne. Je retiens mon souffle.
- Je me suis dit que tu avais besoin d'aide, ça fait une demi-heure que tu es ici, déclare-t-elle d'une voix douce.
Je peine à ouvrir la bouche pour m'excuser, sauf que j'ai toujours ce problème de mots. Qu'est-ce que je donnerai pour avoir mon sweat-shirt et me cacher dedans ! À la place, j'essuie mes joues à l'aide de mes mains et trouve le courage nécessaire pour la regarder en face.
Le vert de ses yeux parvient à réguler les battements frénétiques de mon cœur. Ils sont si beaux que j'en viens à me demander comment j'ai pu vivre toutes ces années sans les admirer. Alors comme si elle était ma bouée de sauvetage, je m'accroche à ses bras et enfouit ma tête dans son épaule. En retour, je sens qu'elle resserre son emprise dans mon dos, et de son autre main, caresse mes cheveux.
Elle embrasse mon front, créant un véritable chamboulement dans mon esprit et dans mon corps.
- Ça va aller, murmure-t-elle.
Si seulement ça pouvait être le cas...
***
La fenêtre ouverte, je laisse le vent malmener ma chevelure brune. Je sens un goût amer remonter le long de ma gorge, effet du long moment que je viens de passer enfermée dans un espace aussi confiné, autrement dit, la voiture.
Après ce moment de réconfort venant de la part de Soleil, elle s'est légèrement éloignée et m'a attendu quelques pas plus loin. J'ai pu dire au revoir à maman et nous sommes partis quelques minutes après.
Comme auparavant, elle n'a rien voulu me dire à propos de la troisième destination. Elle est concentrée sur son téléphone et envoie des messages. Toutes les trois secondes, j'entends le bruit de l'entrée d'une nouvelle notification. De temps à autre, elle lâche son sourire agréable à l'oreille.
C'est alors que je me mets à ressentir un poids lourd à l'intérieur. Et si c'était Justin qui la met de si bonne humeur ? Il a l'air de bien s'entendre avec elle et si ma mémoire est bonne, Soleil est intéressé par le blond. Je lie mes doigts entre eux.
Ma réaction est illégitime. Soleil ne me doit rien. Après tout, ce n'est pas parce que j'ai le moral plombé que ça doit être le cas pour elle. Elle mérite d'être heureuse.
Soleil relève la tête et mets une mèche derrière son oreille. Furtivement, ses yeux se posent sur moi et son visage prend une mine inquiète.
- Tu... tu te sens mieux ?
Je ne réfléchis pas avant d'acquiescer. Elle a sacrifié sa journée pour être près de moi, une journée durant laquelle elle aurait pu faire des tas d'autres choses ; mais surtout une journée qu'elle aurait pu passer avec Justin. Ce pourquoi je me dois de la rassurer le plus possible.
- N'hésite pas à me le dire si tu as un quelconque soucis, Erwan. Je n'ai pas perdu de parents, mais l'éloignement de ma mère ces dernières années m'a refroidi. Alors peut-être que ma douleur est exagérée, mais je crois te comprends un minimum.
J'étire les lèvres dans l'espoir de lui rendre son sourire chaleureux et la remercie de ma voix rauque et enrouée par rapport à d'habitude. Soleil échange un nouveau message puis me reporte son attention.
- Maintenant, tu as libre arbitre, mon cher chimiste.
Je déglutis et sens une vague chaleur m'envahir, comme à chaque fois qu'elle me surnomme ainsi. Je hausse un sourcil pour l'inciter à développer.
- Tu choisis n'importe quel endroit que tu veux visiter et on y va.
Je réfléchis un petit moment et déclare :
- Je souhaite aller à Jérusalem.
Soleil me regarde incrédule un moment, avant d'éclater de rire. Comme à chaque fois, mon sourire est automatique. J'aime tellement son sourire, son rire, ses cheveux, ses yeux, ses mains, ses lèvres, je pourrais citer tout ce que j'aime, mais je n'en finirai pas ; car j'aime tout chez elle.
- Tu es sérieux ? Tu veux pas découvrir la Palestine ou le Vatican tant que tu y es ? questionne-t-elle, un brin de sarcasme dans la voix.
Je hausse les épaules.
- Le Vatican aussi, ça ne me pose pas de problème.
- Tu n'es pas possible ! déduit-elle.
Je croise les bras et fixe la fille à ma droite qui semble toujours en attente de ma réponse. Mes doigts bougent frénétiquement sur ma jambe et avec mon autre main, je me gratte la nuque. Mes réflexions me mènent à maman et ma réponse m'apparaît comme une évidence.
- Au Parc du paradis Aquatique.
Soleil penche la tête, une lueur d'interrogation dans les yeux.
- Jamais entendu parler. C'est où exactement ?
Après s'être amusé autant avec mon cerveau, en essayant de chercher où elle pouvait bien m'emmener et ce qu'elle me réservait, il est peut-être temps que je prenne ma revanche.
- Mike connaît très bien le lieu. Tu verras.
J'emploie ses propres mots contre elle. Et le rictus contrarié sur son visage me révèle que ça ne lui plaît pas du tout. Je détourne le regard, et elle ne tarde pas à faire de même et se remet à écrire, sûrement pour noyer sa curiosité.
La route est plus longue, mais je ne me laisse pas de ce paysage que je connais par cœur et qui a fait mon bonheur pendant de nombreuses années. Je revois maman me tenant dans ses bras et moi chantant à tue-tête, ravi à l'idée découvrir de nouveau l'endroit paradisiaque qui accueillait des animaux de toutes sortes.
Malheureusement, cela a touché à sa fin l'année dernière.
- Monsieur, on est arrivé, me prévient Mike.
Je sursaute. Soleil semble plus réactive puisqu'elle est déjà sortie. Je la rejoins et admire également le parc. Le bâtiment aux trois ailes, avec chacun deux étages est d'une splendeur époustouflante. Le parking est à moitié rempli et mis à part les gardes, il n'y a personne d'autres. Soleil a la bouche en forme de O et les yeux écarquillés, face aux immenses immeubles devant elle.
- C'est beau. Comment as-tu découvert cet endroit ?
Je souris tristement et entre dans le lieu. Il y a beaucoup de touristes même si l'entrée n'est pas bondée. Cependant, connaissant très bien l'endroit, j'arrive à passer entre eux. Ce qui n'est pas le cas de Soleil, qui a du mal à avancer.
Je lui tends la main et elle me regarde un petit moment, avant de la saisir. Sa paume me fait frémir, mais je me contiens et avance dans le hall.
J'arrive devant le réceptionniste. Il doit être nouveau car sa tête ne me dit rien. C'est un homme d'environ une trentaine d'années, blond et barbu. Il me jette un œil avant de retourner au téléphone et de poursuivre sa discussion.
J'essaie d'attirer son attention en l'interpellant sauf qu'il fait la sourde oreille. Soleil se décale légèrement et humecte ses lèvres avant d'annoncer :
- Excusez-moi, monsieur.
- Vous ne pouvez pas patienter quelques minutes ?
Soleil lâche un soupir et tapote à un rythme régulier, de sa main libre, les ongles contre le comptoir en verre. L'homme prend tout son temps tandis que mon amie fait tout son possible pour se retenir. Ce n'est qu'une dizaine de minutes plus tard, qu'il daigne nous prêter son attention. D'une voix blasé, il demande :
- Alors, que désirez-vous ?
Soleil me lance un coup d'œil.
- Une visite ainsi qu'une chambre.
Soleil ouvre grand les yeux. Elle ne s'attendait sûrement pas à ce que je demande une chambre. Ou peut-être est-ce le fait qu'il y ait des logements ici qui la choquent.
- Je l'enregistre sous quel nom ?
- Jensen. Erwan Jensen.
C'est au tour du réceptionniste d'être surpris.
- Oh, vous êtes le fils de monsieur Jensen. Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt, je suis extrêmement désolé de vous avoir fait attendre.
Il s'empresse de se mettre devant son ordinateur, en se fondant dans des excuses sans queue ni tête. Puis, il me tend nos billets, les clés de la chambre et une carte de visite, en me donnant d'autres informations supplémentaires, dont je n'ai pas besoin, connaissant par cœur cet endroit. Je paie rapidement, avant que Soleil n'ait le temps de prendre l'initiative.
- Avez-vous besoin d'un guide ?
Je secoue la tête, le remercie et tenant toujours ma camarade de classe par la main, je longe le couloir.
- Ton père est vraiment connu par ici, commente Soleil.
Je serre le poing, à l'entente de la mention de mon père.
- C'est son parc. Enfin, il se l'est approprié. Avant, il appartenait à maman.
Je tourne à droite et ne détourne pas le regard de mon chemin.
- Quand je t'ai dis qu'elle aimait la nature, c'était littéralement de l'adoration. Elle a construit cet endroit pour des animaux blessés, maltraités ou abandonnés. À sa mort, mon père en a fait une affaire. Il ajouté une aile hôtel, et a rajouté des animaux en voie de disparition à sa collection. Enfin, c'est l'une des seules choses qu'il fait de bien dans sa vie. Même si il en fait une affaire commerciale, il les traite bien. C'est l'essentiel.
- Ta mère était chouette, Erwan. Peut-être devrais-tu parler avec ton père, il est probable que lui aussi souffre.
Je roule des yeux tandis qu'un rire amer sort de mes cordes vocales.
- J'en doute.
Soleil prend ma main.
- Il y a quelques jours, j'ai discuté avec ma mère. Certes, deux jours après elle a fuit ; mais ça m'a quand même beaucoup aidé et ça a permis de renforcer nos liens et de mettre les points sur les i. Essaie au moins.
Elle caresse le dos de ma main de son pouce. Je ne réponds rien et nous continuons d'avancer. Arrivés devant la chambre, je déverrouille la porte et nous pénétrons à l'intérieur. C'est juste un lit, une salle de bain et un placard.
- Si tu veux déposer ton sac, ou si tu veux prendre un déjeuner complet.
Elle enlève son sac, retirant sa main de mon emprise au passage. Une sensation de vide m'envahit.
- Je propose de visiter cet endroit et de manger après.
Pour ne pas l'inquiéter de plus bel, je hoche la tête et indique la sortie.
- On va visiter l'aile Est ? C'est là que se trouve l'animalerie.
- Je te suis ! déclare-t-elle, enthousiaste.
Je retourne sur mes pas, suivi de près par Soleil. Le trajet se fait en silence. Une fois dans l'animalerie, la première chose qui se présente à nous est l'aquarium des crustacés. Je plonge les mains dans mes poches et observe ces spécimens.
- C'étaient les préférés de maman, même si elle aimait dire qu'elle ne faisait aucun distinction. Moi aussi je les aime bien.
Soleil se mord la lèvre inférieure.
- En faite, j'ai peur des animaux. Enfin, pas tous. Si je me familiarise avec eux, il n'y a pas de problème. Mais en dehors de ceux que je fréquente, je ne suis pas très alaise.
Je glisse de nouveau ma main dans la sienne, commençant à aimer le contact de nos deux peaux.
- La plupart sont inoffensifs mais si il y a un danger quelconque, je te protégerai.
Ma réplique a beau être nulle, elle fait effet puisque nous poursuivons notre visite, main dans la main, et je lui partage toutes mes connaissances à propos des animaux résidants ici. On enchaîne avec le déjeuner - avec plusieurs heures de retard - et contrairement à moi, Soleil ne se prive pas. Et comme au parc, elle consomme son plat avec vivacité.
J'aimerais pouvoir faire certaines choses avec autant de facilité, telle qu'elle le fait. Que ce soit communiquer avec les autres, vivre librement malgré l'avis des gens et s'assumer naturellement. Elle a beau le nier, mais moi je remarque sa force. Même à des kilomètres loin d'elle.
- J'ai un ventre rond, on dirait qu'il contient deux poulets crus, elle s'esclaffe.
Je fronce un sourcil, en même temps que mon téléphone m'alerte un nouveau message. Ma camarade de classe chasse mes questions d'une main, me faisant signe de ne pas y prêter attention. Je clique sur la notification. C'est mon père qui demande où je suis.
Les paroles de Soleil me reviennent en tête. Pourtant, je doute que je puisse arriver à les appliquer. J'ai envie d'essayer, de faire un pas, en répondant à ce message, mais mes doigts refusent d'écrire ces mots qui me coûtent tant.
J'éteins alors mon portable, les mains tremblantes, comme à mon habitude. Debout près de la porte, je regarde Soleil assise sur le lit et essaie d'occuper mon esprit en faisant autre chose.
- C'est quoi la prochaine étape ? À moins qu'on rentre, il va bientôt faire vingt heures.
Avec un sourire malicieux et un visage rayonnant, Soleil croise les jambes, noue ses doigts qu'elle enroule autour de ses jambes et me fixe. Elle fait durer le suspense, et avec tout ce que j'ai vécu aujourd'hui, j'imagine que je ne vais pas être étonné. Même si j'ai appris une chose, avec elle, il faut toujours s'attendre à tout. C'est ce qui fait tout son charme.
Si je croyais en avoir vu de toutes les couleurs, c'était avant ça. Sous mon air ébahi, elle déclare :
- Nous allons en boîte de nuit.
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HEY !
dire que je suis essoufflée après avoir relu le chapitre serait un euphémisme. je l'ai à peine retouché, trop stressée par la course contre la montre. s'il reste des coquilles ou qu'il manque quelques descriptions, c'est tout à fait normal, excusez moi.
-comment avez-vous trouvé ce chapitre ?
-que pensez-vous qu'il va se passer dans cette fameuse boîte ?
-pensez-vous que Erwan va pardonner à son père ?
question de la semaine : Quelle est ta plus grande phobie ?
plein de bisous,
Laureen
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