27|Sombres pensées ✔
Musique : It's alright
"Nous n'avons pas besoin de magie pour changer les choses. Nous avons déjà ce pouvoir à l'intérieur de nous, parce que nous avons la capacité de nous imaginer le meilleur"
Lorsque le chauffeur revient enfin, je me glisse directement dans la voiture, lâchant par la même occasion la main froide de Erwan. Je me promets intérieurement de ne pas penser aux paroles de Élodie et surtout pas à ma discussion du mercredi avec ma mère, sinon, les larmes vont couler.
Si j'ai appris à me faire à la présence du brun, cela ne signifie pas pour autant que je vais pleurnicher devant lui. Il y a des limites à ne pas franchir.
Je joue avec mon pull longues manches et fuis le regard sûrement inquisiteur de Erwan. Si seulement j'avais été plus forte, je ne lui aurais pas gâché son activité et il aurait pleinement pu profiter de son samedi. Surtout, j'aurais pu parler à Justin a propos de la lettre. Je ne tiens plus en place à l'idée de ne pas être au courant. Je ne suis vraiment qu'une grosse boulette.
- Ça va ?
Je hoche la tête automatiquement. C'est devenue une habitude de mentir pour cette question banale. Je crois que de toute ma vie, je n'ai jamais pu y répondre honnêtement. Je passe une mèche derrière mon oreille.
- Tu ne peux pas me tromper, Soleil. Je lis en toi comme dans un livre ouvert.
Je n'ai même pas la force de lever les yeux au ciel. Quand il veut, il peut-être intelligent. Toutefois, je me fais encore plus petite et secoue la tête. Je n'ai pas spécialement envie d'en parler. Je souhaite juste rentrer chez moi et discuter avec ma mère. Si la dernière fois, elle s'était renfermée sur elle-même, aujourd'hui, elle me dira tout.
Sans oublier que l'après-midi, je dois me rendre à la bibliothèque pour la préparation de l'exposé avec Mérida. Honnêtement, cette fille me fait flipper. Elle m'a quand même promis une guerre si je m'en rappelle bien. Même si je l'ai légèrement provoquée, je ne connais aucun technique de combat. Je me suis clairement jetée dans la gueule du loup.
- C'est à cause de Élodie ? La Soleil que je connais ne se laisserait pas abattre aussi facilement.
J'affiche une grimace. Suis-je vraiment aussi transparente ? Je croise les bras et le fusille du regard.
- Tu sais c'est ce que c'est une vie privée, Erwan ?
Je ne suis pas que de mauvaise humeur. Je suis aussi attristée. De voir à quel point de simples paroles de Élodie peuvent me détruire. Je l'ai trop longtemps écoutée, trop longtemps crue. Normalement, à ce moment de ma vie, je devrais être capable de ne plus me laisser faire si facilement. Mais plus facile à dire qu'à faire.
- Je croyais qu'on avait dépassé ce stade de renfermement.
Je me retiens de lui rappeler que non. Mes problèmes de l'instant sont très personnels. Je ne compte pas en parler au premier venu. Et encore, il n'est pas le mieux placé pour me juger. Erwan ne m'a rien dit à propos de lui et de son étrange comportement. Pourtant, je suis certaine qu'il en cache bien des secrets.
- Je ne veux pas en parler, c'est tout.
Tout à coup, il acquiesce simplement. À mon plus grand étonnement, il n'insiste pas. Tant mieux. Je sors mon portable qui affiche onze heures passées. Je ne crois pas que j'aurais le temps de faire ne serait-ce qu'une sieste. Je râle bruyamment, et heureusement, Erwan ne fait aucun commentaire là-dessus.
La voiture se gare enfin, et je n'attends pas que le chauffeur vienne jouer de sa galanterie. Je sors de la voiture assez rapidement. Quand je m'apprête à fermer la portière, je regarde une dernière fois Erwan.
- Désolée d'avoir été aussi sèche. J'ai tendance à être dans cet état lorsque je discute avec Élodie.
Il étire ses lèvres, de façon à sourire, sans pour autant le vouloir. Je le comprends parfaitement. Je me suis montrée colérique et désagréable, alors que lui, il essayait de m'aider. C'est tout moi, ça. Blesser les gens sans m'en rendre compte. Finalement, je le quitte sur cette discussion des moins plaisantes et rentre chez moi.
À la seconde même où je pose un pied chez moi, Sarah accourt dans ma direction, plus excitée qu'une puce. Elle me tombe littéralement dessus.
- Devine qui va se faire une jolie teinture rose sur les pointes des cheveux !
Elle agite devant moi, plusieurs clichés de célébrités dont je connais à peine les visages et qui ont des looks à en faire pâlir plus d'un. Ennuyée, j'attends qu'elle ait terminé son monologue, puis m'adresse à elle :
- Où est maman ?
Sourcils froncés, elle me répond :
- Dans sa chambre. Mais, s'il te plaît, Sun, sort de ton début de dépression à la fin !
Je cligne des yeux plusieurs fois de suite.
- De quoi est-ce que tu parles ?
Elle balance sa longue chevelure brune derrière elle.
- Mais tu le sais très bien ! Tu n'es plus aussi drôle qu'avant. Je te qualifie même désormais de coincée.
Cette fois, c'est la douche froide. Je n'arrive pas à croire que ma sœur me dise une telle chose. C'en est presque désolant. Je pose mes mains sur ses épaules.
- Arrête de plaisanter ! Je suis toujours la même, et ce n'est pas prêt de changer.
- Vraiment ?
Bon, finalement, à bien y réfléchir, Sarah n'a peut-être pas tort tant que ça. Avant, j'étais vraiment plus enjouée. J'avais goût à la vie. Comme on dit, je vivais. Aujourd'hui, je survis.
Je ne l'ai pas remarqué - ou j'ai tout simplement voulu ignorer la réalité -, mais cette fille que j'étais avant me manque terriblement. Je n'avais peur de rien, j'étais une vraie joueuse. Légèrement une peste, mais clairement, cette confiance en moi me plaisait énormément et me permettait de me protéger de toutes sortes de danger. Mais ça, c'était avant Loïc.
- Je ne suis pas dupe, Sun. Depuis le début, tu travailles pour le côté obscur de la force ! Tu as dû changer de caractère car ta couverture allait être grillée et que ton boulot d'espionne n'aurait plus fonctionné !
Je mets un moment à comprendre. Si je pensais avoir une conversation mature avec ma petite sœur, je me fourrais le doigt dans l'œil. La brune éclate de rire, se moquant bien de ma gueule. Je suis tombée dans le panneau d'une adolescente qui ne sait plus quoi faire de son argent, qu'elle le gaspille en teinture. Très drôle !
Agacée, je quitte le hall pour la chambre de ma mère. Comme je sais qu'elle ne va pas répondre, j'entre aussitôt, sans avoir pris la peine de frapper. Elle est entrain de faire sa valise, ce qui m'étonne.
- Maman ? Qu'est-ce que tu fabriques ?
Depuis la conversation de mercredi, même si mes rapports avec ma mère se sont améliorés, j'ai rarement eu l'occasion de lui parler, elle qui est souvent à son travail. Je ne sais pas si elle le fait exprès pour éviter mes questions, mais une chose est sûre, je vais découvrir la vérité sur cette histoire de soi-disant frère. Je lui ai laissé du temps pour s'en remettre, pas pour essayer d'effacer ses paroles.
- Je pars en voyage, pour quelques jours. Il y aura une nounou pour s'occuper de vous pendant mon absence.
Si je croyais être la plus grande lâche en matière de fuite de problèmes, c'est que je ne savais pas pour ma mère. Va-t-elle sérieusement quitter la maison familiale pour échapper à cet inévitable conversation ?
- Tu pars parce que tu ne veux pas parler à propos de mon frère ?
- Mélanie, c'est pour mon travail. Et je te le répète, ne parle plus de lui. J'ai fais une erreur en te parlant de lui.
Je ricane et croise les bras.
- Et pourquoi donc ? Je méritais de le savoir et je veux comprendre. Qui il est, où il est, son âge, je veux savoir maman.
Elle secoue aussitôt la tête, vigoureusement.
- Non, et n'insiste pas.
Je hausse un sourcil.
- Très bien. Dans ce cas, je demanderai à papa.
Elle me stoppe d'une main qu'elle met devant elle.
- Surtout pas. Ton père n'est pas au courant.
Je manque de m'étrangler. Cet enfant est né hors mariage ? Ou ma mère a trompée mon père ? Mon esprit est assailli par des tas de questions et des scénarios plus farfelues les unes que les autres se créent un espace. Je commence à être de plus en plus perdue avec cette histoire.
Ma mère attrape sa valise brusquement et la traîne dans les escaliers jusqu'à sa voiture. Je la suis. Toujours aussi affolée, elle la range dans le coffre et s'installe dans sa voiture, claquant la portière derrière elle. Prête à démarrer, je pose mes mains sur la vitre :
- Tu ne peux pas fuir éternellement, maman. Reste, on doit parler !
Elle me regarde un long moment et je perçois une larme s'échapper de son œil gauche. Elle ne la retient pas, se contentant de murmurer un simple "désolée". Pour la énième fois, elle ne prend pas son rôle de mère au sérieux. J'aurais voulu qu'elle change définitivement. Qu'elle devienne une mère parfaite. Mais, apparemment, c'est trop lui demander.
Voyant que mes efforts ne serviront à rien, je me détache de la vitre et l'observe s'en aller. La voiture disparaît de mon champ de vision, tandis que je reste là, à espérer qu'elle revienne.
●●●
Roulée en boule, j'écoute Chasing cars en boucle depuis plus d'une demi-heure. Allongée sur mon lit, les doigts croisés sur mon ventre, je commence à songer à mon ancienne vie, réfléchissant réellement aux paroles de Sarah.
Je me souviens de comment je faisais languir Loïc. Je lui avais promis que notre premier baiser n'aurait lieu qu'après trois mois de relation et uniquement s'il me prouvait par des gestes héroïques qu'il m'aimait vraiment. Stupide !
En décembre, alors que nous en étions à notre deuxième mois de relation, il m'a emmené dans une soirée privée. Elle était organisée par les amis de son grand frère qui à l'époque était déjà à l'Université. Je me sentais mal à l'aise pour la première fois de ma vie. Me retrouver avec des adultes d'une vingtaine d'années pour l'adolescente de quinze ans que j'étais semblait irréel.
Bourrée - le seul moyen de distraction que j'avais -, je m'étais rendue aux toilettes et malheureusement, m'étais totalement trompée de portes. J'étais désormais, dans les cabinets masculins.
À cet instant, tout était arrivé trop vite. Un gars plus défoncé que moi m'avait accosté. J'avais refusée ses avances, proclamant que j'étais en couple, mais il était très costaud et mes tentatives pour le repousser ne donnaient rien.
J'étais à deux doigts de me faire agresser par un inconnu, en pleine fête d'universitaires. Heureusement, à mon plus grand soulagement, Loïc était intervenu. Ils n'en étaient pas venu aux mains, mais Loïc l'avait quand même mis en garde, bien qu'il ait eu cinq de plus que lui.
À mes yeux, il avait réussi sa première épreuve. L'acte de bravoure que j'attendais de sa part m'avait été donné sur un plateau d'argent. Il ne manquait plus qu'un mois, et notre histoire d'amour allait enfin pouvoir être parfaite.
Je frémis lorsque les promesses que j'avais faites à Loïc me reviennent en tête. J'avais été jusqu'à lui promettre au-delà un simple baiser... Et cela fut mon plus grand regret.
- Hé, Sun, Nana est là ! Apparemment, c'est maman qui l'a appelée pour nous garder car elle part une semaine.
Je reviens brutalement à la réalité. Ces pensées ont fait naître en moi de sombres souvenirs. Je me redresse, prenant soin de retirer mes écouteurs et balbutie des choses sans queue ni tête.
- Maman est... Elle est partie. C'est Nana qui nous garde pendant ce temps.
Sarah hausse les sourcils et je la comprends parfaitement. Notre mère n'avait pas eu ce genre de réactions depuis à peu près cinq mois. La pauvre ne sait même pas pourquoi elle est partie aussi précipitamment. Elle sort dans l'immédiat tandis que je me dirige vers la salle de bain.
Après une bonne douche, je me sens propre et nouvelle. C'est bête, dit ainsi, mais je me sens vraiment bien, une fois la toilette faite. Et je veux éviter au maximum qu'une autre personne du même genre que Erwan me fasse remarquer mon odeur corporelle peu raffinée.
Je me dépêche de faire une queue de cheval, attrape mon sac où je fourre plusieurs notes, mon cahier de poèmes ainsi que mes écouteurs et mon portable. Une fois ceci fait, je l'enfile et me dirige vers la porte de sortie.
- Sun, tu n'allais tout de même pas partir sans me saluer !
La voix aiguë de Nana m'arrête en plein élan. J'ai toujours aimée cette dame âgée de part sa gentillesse débordante. Bien que ce soit son travail, elle a toujours témoignée un amour inconditionnel envers moi et ma sœur, que même lorsque ma mère a perdu le contrôle de sa vie, elle était toujours prête à nous venir en aide.
- Évidemment que non, Nana !
L'Asiatique vient dans mes bras et me serre fort un long moment, manquant de m'étouffer. Lorsqu'elle me relâche enfin, je respire de nouveau de l'air frais.
- Tu as tellement grandie, ma petite chérie. D'ailleurs, j'ai préparé ton plat préféré, viens !
Je me vois dans l'obligation de refuser son offre.
- Je dois partir, j'ai rendez-vous avec une camarade de classe. Je mangerai à mon retour.
Nana étant une personne très obstinée, je me dégage rapidement de son emprise et quitte le domaine familial. sans qu'elle n'ait le temps de répliquer. C'était le seul moyen que j'avais pour réussir à m'en aller sans avoir pris mon déjeuner, même si honnêtement, je meurs de faim.
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve déjà à la bibliothèque du coin. Confortablement installée, ma montre indique que Mérida n'arrivera que dans quatre heures. Ce qui me laisse largement le temps de faire mes révisions personnelles.
J'ai dernièrement négligée ma scolarité, et il est temps de me reprendre en main. Non seulement je veux réussir, mais je veux aussi réussir avec de très bonnes notes. C'est ainsi que je passe un sixième de la journée, tête plongée dans mes cahiers et livres, et quelques fois, je m'autorise à écrire de petits poèmes qui me traversent l'esprit.
- Très assidue, Becker.
Mérida, en parfaite petite fille, débarque dans la bibliothèque, vêtue comme si elle se rendait en boite de nuit. Un gobelet de milkshake en main, elle s'assoit sur la banquette en face et sors de son sac à main Gucci, un simple morceau de papier et un stylo.
- Mettons un point sur les heures de rencontres, Becker. D'ailleurs, c'est ce nom ci que je préfère finalement.
Je l'arrête d'un geste de main.
- Nous n'allons pas travailler aujourd'hui ?
La rousse secoue la tête.
- Pas du tout. J'aime quand les choses sont bien planifiées, voilà pourquoi je compte d'abord faire un plan de tous les jours de travail et ensuite, on se mettra au boulot.
Je la fusille du regard. Elle m'a peut-être fait la faveur d'être mon binôme, mais je ne vais pas pour autant permettre ses manières de princesse.
- Il reste deux semaines seulement avant l'exposé, et tu veux gaspiller une journée aussi aisément !
Elle hausse les épaules et d'une manière théâtrale, déguste sa boisson à l'aide d'une paille. Je constate, lassée, que je ne vais rien obtenir d'elle. Le pire, c'est que je ne peux pas me permettre de négliger cet exposé car il est comptabilisé sur de nombreux points. Points dont j'ai énormément besoin.
Je me plie alors aux règles de madame et l'écouter déblatérer ses plans à la noix. Elle dérive souvent du sujet, parlant des fois de sa famille, de ses ex, ou encore de son poisson rouge. Je n'ai même pas de quoi m'occuper les mains. Vers dix-huit heures, elle me libère enfin de mon châtiment, et je rentre chez moi, presque en courant, la faim me tordant le ventre.
Une fois à la maison, Nana est sagement assise sur le canapé, aux côtés de Sarah, à regarder une série Japonaise dont j'ignore le nom. Avant de les rejoindre, je me sers une assiette qui contient deux fois mon ration habituelle.
Regard rivé sur la télévision, je déguste tranquillement mon plat qui a un peu refroidi. Lorsque à un moment, l'actrice principale - qui était battue par son mari par le passé - décide de se venger, cela enclenche en moi une intelligence que j'ignorais détenir. Mes neurones ont l'air de servir à quelque chose, car une idée de génie titille mon cerveau.
Discrètement, avec un sourire sadique et maléfique sur le visage, j'attrape mon téléphone et rédige un message que j'envoie aussitôt.
✉ De moi à le chimiste : Tu avais raison tout à l'heure, mon petit Erwan. Je ne compte pas lâcher l'affaire aussi facilement.
Fière de moi et de mon idée plus que fantastique, je suis le reste de la série, l'esprit brouillé par des méthodes de revanche plus diaboliques les unes que les autres.
À nous deux, Élodie !
❇❇❇
Hey !
Comment ça va ?
Ce chapitre a été plus facile à écrire grâce au point de vue de Sun ! Petite information, je me suis mise au défi de terminer l'histoire avant fin août. Défi très ambitieux, mais pourquoi pas ╮(╯▽╰)╭.
Ce chapitre est un peu un chapitre de transition pour les trois derniers de la deuxième partie ! Voilà, j'ai hâte d'être à la troisième *-*!
N'hésitez pas à mettre une petite étoile si vous avez aimé et votre avis en commentaire.
-Mélanie a-t-elle raison de se renfermer sur elle-même ?
-La réaction de sa maman, justifiée ?
-L'idée de Mélanie, hâte de la voir en exécution ?
Merci mille fois d'être toujours présents, vous et votre amabilité, c'est pas donné à tout le monde et j'ai conscience d'avoir un lectorat chouette 💛
Question de la semaine : Que pensez-vous de wattpad Paid stories et wattpad premium ?
Personnellement, sachez que je ne souhaite pas rendre mes histoires payantes. Elles ne sont pas parfaites, pourquoi payer pour ça ? Et nous sommes ici pour partager gratuitement, non ?
Instagram : ada_laureen5
_melaniebecker_
Voilà, je vous fait plein de bisous en arc-en-ciel 💜
Laureen 💚
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