25|Confidences ✔

Êtes-vous sûr d'avoir lu les chapitres précédents ?

J'aurais besoin de connaître toutes vos réactions sur le chapitre, spécialement celui-ci, s'il vous plaît. Il me tient très à cœur, vraiment, même les lecteurs fantômes faites juste un effort pour aujourd'hui. N'hésitez pas à voter aussi et à répondre aux questions de fin de chapitre. Et surtout, bon courage pour le lire, vous en aurez bien besoin 😂

Bonne lecture 😏.

"Les larmes les plus amères que l'on verse viennent des mots que l'on n'a pas dits, des choses que l'on n'a pas faites."

— Vous voulez quelque chose à boire ? je lance.

Cassie passe une mèche rebelle derrière son oreille et regarde nerveusement le roux. J'ai l'étrange impression que mes deux amis trament quelque chose. La brune secoue négativement la tête.

— Non, merci.

— Un verre d'eau, ça ira.

Ils disent cela en même temps, d'une voix étonnamment étrange. Ma curiosité attisée, je me précipite dans la cuisine, remplis un verre d'eau et reviens dans le salon, où mes deux amis siègent côte à côte. Une fois la commande de mon ami dans ses mains, je m'installe sur le canapé à leur droite, tandis que j'attends qu'ils se décident à parler.

Jonathan sirote tranquillement sa boisson. On entend plus que le bruit de l'horloge collé au mur. Je stresse, n'ayant jamais été vraiment friande de suspens. Et mes deux amis ne m'aident en rien.

Je hausse un sourcil à leur égard.

— Alors, qu'y-a-t-il de si urgent ?

Cassie noue ses doigts entre eux. Bizarre de sa part. Habituellement, elle est la spontanéité réincarnée.

— D'abord, je veux que tu saches que ça ne se contrôle pas, d'accord ?

Je fronce les sourcils. Cette fois, elle attise toute mon attention.

— De quoi tu parles, au juste ?

Jonathan prend les devants.

— Écoute Mel, ça n'a rien à voir avec toi, tu sais bien qu'on t'aime, non ?

En tant normal, j'aurais presque fondue en larmes. Une telle déclaration de personnes aussi détachées n'est pas chose fréquente. Cependant,très  anxieuse, j'y prête à peine attention.

— Allez droit au but, nous ne sommes pas dans un roman d'Agatha Christie !

Le roux fronce un sourcil.

— C'est qui encore celle-là ?

— Une auteure anglaise qui a écrit plein de romans...

— Jonathan, si tu veux une biographie d'Agatha Christie, il y a Wikipedia et ce n'est pas le moment. J'ai d'abord besoin de savoir ce que vous me cachez.

Cassie et Jonathan prennent une grande bouffée d'air en même temps et se regardent longuement. Je sens presque les battements de mon pauvre cœur qui angoisse à mort. Des sueurs froides coulent le long de mon dos, alors que j'attends avec une peur effroyable leurs paroles.

Je cesse illico presto de cligner des yeux quand je vois les lèvres de Cassie s'ouvrir, pour ne pas  rater quelque chose.

— Nous sommes en couples.

Le choc et la surprise prenant le dessus, ma réponse ne tarde pas.

— Hein ?

— Putain, lâche aussitôt Cassie. Je t'avais dit qu'elle allait mal le prendre !

Je reste abasourdie, me contentant de les observer tour à tour. Le regard paniqué, ils attendent le reste de mon verdict. Mais en réalité, je n'ai rien d'autre à ajouter. Dans notre petite bande, Cassie et Jonathan n'ont jamais montré un quelconque soupçon d'attirance. C'est plutôt étonnant.

— Les autres sont... au courant ?

Jonathan secoue la tête.

— Non, on a d'abord voulu t'en parler car tu es la proche de nous deux et surtout... pour que tu ne le prenne pas mal si un jour tu ne voyais ensemble.

Confuse, je les sonde chacun.

— Et pourquoi je le prendrai aussi mal ? Je veux dire, vous êtes libre de faire ce que vous voulez, non ?

Face à leur perplexité, des questions naissent dans ma tête. Ils sont libres de s'aimer. Je ne suis pas Élodie pour les juger.

— Tu es déjà sortie avec Jon, tu t'en souviens ?

À ces mots, je fonds en un rire incontrôlable. Pire que quand j'écoutais Erwan et ses particularités —  quand même, un végétarien qui ne mange pas de chou ! Je me plie en deux, tenant mon ventre et m'accrochant au bord du canapé, pour éviter de tomber.

— Mel, ça va ?

Je n'ai pas le temps de répondre à la brune, que la porte claque dans un bruit qui ne se produit que dans un moment que je connais par cœur. Quand la furie enfouie au fond de ma mère se réveille. Je cesse de rire.

— Jeune fille, maintenant, il est  temps qu'on discute !

Ma mère apparaît au salon. Elle porte une robe bleu foncée, une écharpe blanche au pois bleuté autour de son cou. Ses longs talons font d'elle une femme plus que menaçante. La tenue typique qu'elle met toujours pour aller travailler dans son salon de coiffure privé.

— Bonsoir Cassie, bonsoir l'autre, salue-t-elle en remarquant mes amis.

Je roule des yeux en constatant que en trois ans d'amitié, ma mère n'a jamais pris la peine de retenir le prénom de mon meilleur ami. Ce qui est assez dommage, vu que Jonathan est le genre de personne qu'apprécie bien en général ma génitrice.

— Je dois parler avec ma fille, une minute. Vous pourriez l'attendre dehors ?

Ayant trop peur de ce dont ma maternelle est capable — et je les comprends parfaitement —, mes deux amis quittent la pièce en direction de la sortie. La politesse n'a jamais été son pont fort. Elle aurait tout simplement pu me demander de la rejoindre dans son bureau. Ça aurait paru plus courtois.

Cependant, je reste assise, attendant le verdict. Je sais très bien qu'elle a rendu visite à nos voisins. Et même si je n'ai jamais rencontré les parents des jumeaux, je sais que aucun des deux ne les porte spécialement dans leur cœur. La seule fois où je me suis rendue chez eux, Justin avait l'air paniqué à l'idée que je viennes sans avoir prévenu. Je ne vois pas quel parent pourrait refuser qu'un camarade de classe rende visite à son enfant. Enfin, à part ma mère.

Cette dernière s'installe à la place qu'occupait Cassie et croise les jambes. Dans cette position, personne ne pourrait croire que cette femme était tombée dans les vices de la vie, quelques années auparavant.

— Je suis allée rendre visite aux parents de tes camarades.

Je déglutis.

— Ils n'étaient pas au courant des sorties de leur fille. Ce pourquoi, ils nous ont invité ce soir chez eux pour clarifier les choses.

Je m'attendais à tout. Sauf à ça.

— Pardon ?

— Tu m'as très bien entendu. Il ne te reste plus qu'une demi-heure pour te préparer.

Ma génitrice se lève et se place devant la glace à côté de la porte. Elle retouche son maquillage, tranquillement, comme si elle ne venait pas de m'annoncer que sans mon accord, elle avait déjà confirmé ma présence chez la famille de Justin et Jessica.

Toujours sonnée, je me dirige vers ma chambre. Le pire, c'est que Narva n'est même pas là pour me venir en aide. Je soupire. J'ouvre ma penderie, en sors la première robe mauve que je trouve et me dirige vers la salle de bain. Une fois la douche prise, je sèche mes cheveux. Avec leur longueur et leur épaisseur, ce n'est pas chose facile. Je mets ensuite ma robe, enfile des sandales et fais quelques boucles avec mes cheveux.

— Mélanie, c'est l'heure ! crie ma mère depuis le hall.

Merci pour la patience, maman. Je termine de mettre mon rouge à lèvre, le seul maquillage sur mon visage. J'ajoute la dernière touche, qui n'est autre que les boucles d'oreilles offert par ma grand-mère pour Noël dernier.

Je constate que ma mère est déjà sortie grâce à la porte grande ouverte. Je la suis sur ses pas, la peur au ventre. Décidément, ma mère est vraiment douée pour mettre mal à l'aise.

— Mel, où tu vas ?

Je me retourne. Au milieu de tout ça, j'avais totalement oublié la présence de ces deux-là. Ils n'ont certainement l'habitude de me voir sur mon trente-un depuis quelques mois, ce qui est tout à fait normal. N'ayant que Narva qui connaît toute l'histoire, et pas de temps pour l'expliquer, je me contente de rester brève.

— J'accompagne juste ma mère chez les voisins.

Ils hochent la tête et Cassie se mord l'intérieur de la joue. J'ai conscience que notre conversation a été interrompue. Et je n'ai pas vraiment donné de mot final. S'ils partent comme ça, ils vont croire que je ne suis pas du tout pour leur couple. Alors que c'est totalement faux.

Je prends dès lors les mains de mes meilleurs amis — la gauche pour Jon et la droite pour Cassie.

— Vous avez toute mon approbation. J'ai été une petite adolescente capricieuse qui ne pensait qu'à la gloire et dans mon périple, j'ai emporté avec moi un innocent. Cette relation avec Jonathan n'a duré que deux mois, Cassie. Et je te jure qu'elle ne signifiait rien du tout pour moi. Alors, ne vous privez pas à cause de ça. Et puis, qui suis-je pour juger ? Je ne suis pas Élodie.

La dernière phrase m'échappe. Heureusement, ils la prennent plutôt bien, éclatant de rire. Puis, Cassie me prend dans ses bras, ne cessant de me remercier. Jon fait de même. De la part de la brunette, c'est plus qu'une surprise qu'elle donne un câlin, ce qui me rapporte un peu de confiance en moi.

Je les quitte alors, rejoignant ma mère qui est déjà sur le perron. Une fois à sa hauteur, elle appuie sur la sonnette, tandis que j'anticipe cette rencontre. Jessica va devoir avouer qu'elle n'est pas la coupable pour ces deux soirées de suite, et je n'aurais d'autre choix que de passer pour une menteuse, aux yeux de mes futurs beaux-parents et de mon potentiel mari.

Je secoue la tête. Je délire complètement. Mon téléphone entre mes mains, je me mords la lèvre inférieure. Allez, ce n'est pas comme si j'allais chez un dentiste ! La porte s'ouvre sur une femme blonde, avec des tâches de rousseur autour et sur le nez. Elle porte des habits plutôt simples, et je me demande pourquoi moi et ma mère on s'est autant bien habillé.

— Ah, madame Meyer, vous êtes venue !

En femme entièrement indépendante, ma mère a donné son propre nom de famille. Après avoir fait la bise à ma génitrice, elle se tourne vers moi.

— Mélanie, j'imagine ?

Je souris et hoche la tête. Toujours faire bonne impression la première fois.

— Entrez, donc. Toute la famille vous attend.

Je déglutis. On s'exécute, et je constate que la mère de famille n'a pas menti. Jessica a le regard rivé sur son portable rose, son père est affalé sur le canapé, la télécommande en main et le regard rivé sur le journaliste et de l'autre côté, Justin tenant une balle de la taille de celles utilisées pour le tennis, la fixant étrangement.

— Les enfants, Thomas, nos invités sont là.

Dans un geste nonchalant, ils relèvent leurs yeux bleus sur nous — exceptés pour le père, toujours captivé par la télévision. J'ai l'impression qu'ils ne sont pas comme d'habitude. Non, en fait, je crois que c'est au lycée qu'ils ne sont pas eux-mêmes. Il n'y a aucune trace de confiance en soi dans les actions de Justin, aucune trace de la parfaite petite fille dans celles de Jessica.

— Soyez polis, les enfants et saluez Mélanie. C'est votre camarade, j'imagine que vous la connaissez ?

Justin se lève et se place à la hauteur de sa mère.

— Quand tu dis "les enfants", je suis vraiment inclus ?

Les joues de la concernée chauffent.

— Justin, pas devant nos invités !

Le blond hausse un sourcil. Il a la mâchoire contractée et son poing se referme méchamment autour de la balle.

— Pourquoi ? Parce que tu as peur qu'elles découvrent ta méchanceté ? Ton égoïsme ? Ta cruauté...

— Justin, dans ta chambre, et tout de suite !

Sa mère crie tellement fort, qu'elle me fait sursauter. Je n'ai jamais vu autant d'animosité dans le regard océan du blond. Depuis le premier jour, il n'avait fait que me montrer ses meilleures facettes. Sourire, sortir de belles phrases, traîner avec des personnes populaires. Mais quand il a mentionné ses parents, je n'ai jamais pensé que c'était aussi grave.

Justin s'exécute et quitte le hall. Quelques secondes après, un claquement de porte nous signale qu'il a suivi l'ordre de sa mère. Cette dernière se tourne vers nous, souriant de manière fausse.

— Je m'excuse pour la scène à laquelle vous venez d'assister. Les adolescents, vous savez à quel point leur humeur change tout le temps.

Ma mère hoche la tête, et fais le contraire de ce à quoi je m'attendais. Elle n'essaie pas de dire qu'elle vit la même chose avec moi. Elle n'essaie pas de gagner la confiance des voisins en leur montrant qu'elle comprend. Elle semble d'ailleurs attristée par la situation.

La mère de Justin nous indique les sièges et on s'installe côte à côte.

— Jessica, dépose ton téléphone pour qu'on puisse discuter.

La jeune blonde souffle et balance négligemment son téléphone sur le canapé. Croissant les bras, elle me lance un regard. J'émets un petit sourire qu'elle ne me rend pas. Décidément, quelque chose cloche.

J'ai pas votre temps. Alors, pour faire vite, oui, c'était moi la première nuit. Pour le reste, je n'en sais rien.

Bon, pour être la franchise, on ne peut rien lui reprocher. Les deux femmes me regardent en attente d'un argument.

— Je...

Piégée, je me rends compte que quoi que je dises, je suis coincée. Je ne peux pas demander à Jessica de se sacrifier pour moi. Et de toute façon, il est trop tard.

— J'ai menti. J'ai paniquée, j'étais avec quelqu'un d'autre.

Je me tourne vers ma mère, en attente de sa crise. Mes paroles n'ont pas vraiment l'air de choquer grand monde. Le père continue sur sa lancée, c'est-à-dire, regarder la télévision, Jessica fronce les sourcils, se demandant sûrement pourquoi j'ai menti et ma mère fixe un point invisible devant elle.

La seule personne qui réagit réellement, est la mère de famille. Celle-ci me fusille du regard.

— Tu devrais avoir honte, jeune fille. Tu as menti au nom de ma petite Jessica. C'est inadmissible. Présente tes excuses...

— Maman ! hurle Jessica.

Tous les quatre — surprise, le père n'est pas paraplégique ! — observons la blonde. Elle se relève, son portable en main et lorsqu'elle s'apprête à partir de la pièce toise sa mère.

— Tu sais, maman, je suis rarement d'accord avec Justin. Mais, il a raison sur un point. Tu n'es qu'une hypocrite qui ne pense qu'à son image, de ce que les gens vont dire de toi. Ne fais pas semblant de vouloir me défendre, tout le monde voit clair dans ton jeu.

Sa mère lève le doigt, le visage refermé.

— Et punis moi autant que tu voudras, ça ne m'empêchera pas de crier la vérité haut et fort ! J'ai honte de ce que tu as fais de nous, maman. D'ailleurs, je ne sais même pas pourquoi je persiste à t'appeler ainsi. Tu ne le mérite pas. Et inutile de me dire d'aller dans ma chambre, je m'en occupe !

Et Jessica disparaît. Ces paroles me font frissonner. Je n'ai jamais vraiment eu une relation forte avec ma mère. Mais nous ne sommes jamais arrivées à un tel niveau de haine. Les rares fois où je me suis disputée avec elle, c'était parce que on était toutes les deux énervées. Et ça n'allait jamais aussi loin. Je n'ai jamais pensée à lui retirer son titre de mère.

— Madame Meyer, écoutez...

Ma mère se lève brusquement, m'attrape par le poignet et se dirige d'un pas pressé vers la porte. Je tiens à peine la cadence. Ma mère fait la sourde oreille quant aux appels de celle des jumeaux, et m'entraîne dehors. Nous rentrons chez nous, elle me lâche la main et s'en va dans sa chambre.

Dans la cuisine, je réfléchis à la réaction de ma mère. Elle m'a l'air bien bouleversée, ce qui m'étonne. Certes, elle a grandie dans une famille aisée et dans ses bonnes conditions, m'a raconté que ses parents ne l'avaient jamais maltraité. Elle avait toujours eu de bonnes relations avec eux.

Assise dans le noir, un verre de jus frais dans les mains, perdue dans cette histoire haut en couleur, le retour brusque de la lumière me fait plisser les yeux. Sarah, les yeux scotchés sur l'écran de son portable, baille.

— Pourquoi tu es toute seule dans le noir ?

Je ne réponds rien, préférant fixer le jaune que renvoie mon verre.

— Au fait, ne réponds pas. Je sais à quel point tu peux être flippant quand tu veux. Tu sais où est maman, elle tarde à faire le dîner ce soir.

Je jette un œil sur mon portable. Dix neuf heures passées. Elle est rarement en retard. Et je suis prête à parier que ce n'est pas pour commander une pizza, ma mère préférant cuisiner tous ses repas. Je me lève du tabouret et monte dans sa chambre. Je frappe deux fois, sans succès.

Prenant les devants, j'ouvre la porte sans son accord et pénètre dans sa chambre. Elle est décorée parfaitement à sa manière. Comme les chambres des années nonante des duchesses françaises. Ma mère est de dos, les cheveux cachés par une perruque brune, coupe carrée, avec une frange. Je la connais, et je suis plutôt étonnée car elle ne la mettais que dans ses "mauvaises passes". Elle porte également un peignoir et je la vois tenir quelque chose dans ses mains.

— Maman...

Elle se retourne. Et je constate que c'est un verre d'alcool. Sous ses yeux, le mascara coule. Son bras droit est croisé sous sa poitrine et soutient le gauche qui tient ce verre.

— Maman... Pourquoi tu t'es remise à boire ?

Entant que fille parfaite, je devrais d'abord lui demander pourquoi elle pleure. Mais ça me fait énormément du mal de la voir tomber dans ses erreurs du passé. Elle boit un bon coup.

— C'était une vieille bouteille que j'ai trouvé dans mon placard, il ne fallait pas la gâcher.

Je me précipite vers elle, et le lui arrache des mains.

— Ne fais pas deux fois la même erreur, maman.

— Mais j'ai déjà gâché ma vie, Mélanie. Tu sais, même si je n'ai jamais été bonne en maths, je peux t'affirmer que je regrette la moitié de mes choix.

Des larmes jaillissent aussitôt de ses yeux verts. Elle se laisse tomber sur son lit baldaquin, le regard vide.

— J'ai épousé ton père, en pensant que c'était l'homme de ma vie. Je me suis lancée dans le mannequinat avec l'idée que ce monde brut pourrait me combler. J'ai été psychologue pour voir si les problèmes des autres pour soulager les miens. J'ai tout essayé, Mélanie ! Tu comprends ? Et j'ai essuyé erreur après erreur. Même quand mon premier enfant est venu au monde, je n'ai pas su m'occuper de lui !

Je m'assois près d'elle et lui prend ses mains froides. Il n'y a plus de place pour de femme parfaite. Plus de masques. Elle se révèle à moi et laisse libre à court à sa tristesse. Je ressens toute sa peine.

— Ne dis pas ça, maman. Tu n'as peut-être pas été parfaite, mais tu as essayée, c'est déjà ça.

J'essaie de la rassurer du mieux que je peux. Elle fond en larmes encore plus.

— Non, ma petite étoile. J'ai raté toute mon existence. Que ce soit ma vie privée ou professionnelle.

Je secoue la tête et attire sa tête sur mon épaule.

— Tu as tort, maman. Tu sais que je t'admire ? Tout le monde n'a pas la chance de pouvoir faire des plats aussi délicieux. Tu as un véritable don.

Elle secoue encore plus la tête. J'ai l'impression qu'elle ne va pas bien. Peut-être a-t-elle bu plus qu'elle ne devait. Et alors que je croyais avoir eu ma dose de choses surprenantes, ma mère enfonce le clou, assénant le peu d'esprit qu'il me restait.

— Ce n'était pas de toi dont je parlais.

J'écarquille mes billes vertes. Je tremble et une boule se forme dans ma gorge.

— Tu es bourrée, tu n'as pas les idées claires, ne dis pas n'importe quoi.

Que je saches, je suis le premier enfant de la famille. Je suis même sûre. On est deux et Sarah a deux ans de moins que moi. Il est impossible qu'il y ait quelqu'un d'autre.

C'est de ton frère, Mélanie.

— Quoi ? Comment est-ce...

Ma mère se relève et secoue de nouveau la tête. Elle m'arrache son verre, le termine d'une traite et balaie d'une main l'air.

— Oublie ça. Quand on est allé chez les voisins, j'ai eu une prise de conscience. Cette relation dégradée entre ces enfants et leurs parents m'a blessée. Elle a réveillé de vieux souvenirs. Je ne veux pas commettre de nouvelles erreurs. Je ne veux pas me réveiller un matin et constater que nous sommes devenue comme eux. Non, Mel, ça je ne le supporterai pas. Alors là, non.

Ma mère croise les bras et renifle. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état. Aussi perdue, aussi vulnérable. J'ai envie de la prendre dans mes bras et lui montrer tout mon soutien. Je comprends pourquoi elle a peur. C'est vrai que si nous continuons sur cette lancée, si nous ne communiquons pas, elle risque facilement de se transformer.

— Maman... je sais pas quoi dire...

— Non, ne dis rien. C'est moi l'adulte, c'est moi la mère. Je dois endosser plusieurs rôles que j'ai jusqu'à présent ignorés. Il est temps de me reprendre en main. Mélanie, je n'ai jamais été présente pour toi. Quand tu as eu tes premières règles, ta première soirée, tes premiers amours. Et je  regrette amèrement le temps perdu.

Elle parle d'une voix faible, prête à éclater de nouveau en sanglots. Je tremble à l'idée d'imaginer où elle veut en venir avec "les premiers amours". C'est vrai que ma mère n'a rien su à propos de l'an dernier. À cette époque, ma génitrice était le centre du monde. Elle ne se souciait que de ses propres problèmes.

Ma mère s'allonge sur le dos et m'invite à prendre place de l'autre côté. Je m'exécute et toutes deux, nous fixons le plafond. Elle prend ma main dans la sienne.

— Que s'est-il passé avec Loïc ?

Je tremble et inévitablement, les premières gouttes d'eau salées quittent mes prunelles vertes. Je les laisse couler. Puis, quand je m'apprête à lui dire que rien ne s'est passé, je me retiens. Au fond, cela me pèse de ne pas pouvoir en parler. Mis à part les quelques rumeurs qui ont circulé, la vérité n'a pas éclatée. Je n'ai rien dit à mes amies ou encore à ma sœur qui fait quelques fois office de confidente.

Il est temps que je laisse tout sortir, que je me libère.

Alors, j'ouvre la bouche, prête à parler à propos de cette soirée. Moi, qui étais aux premières loges. Je raconte chaque détail, chaque souvenir qui me revient, quitte à me blesser encore plus. En réalité, je me lâche . Ma mère m'écoute attentivement. Même lorsque je fais mention des scènes que je préférerais oublier, elle ne dit rien. Je m'ouvre, comme j'aurais dû des mois avant. Je libère la bête en moi. La rage en moi éclate.

Dans les bras de ma mère, à la fin de mon récit, je me sens étrangement bien. Comme si on m'enlevait un poids des épaules.

Je suis agréablement soulagée.

***

Deux jours se sont écoulés. Deux jours durant lesquels je ne suis pas sortie. En jean, tee-shirt de trois fois ma taille, cheveux coiffés en chignon, je sors en ce matin ensoleillé de samedi récupérer le courrier. La lumière du jour me fait grimacer.

J'ouvre la boîte à mail, et en sors des tas d'enveloppes destinées certainement à ma mère. Je souffle quand l'une d'entre elles chute. Lorsque je me penche pour la prendre, on me devance et une peau pâle que je reconnaîtrai entre mille me la tend.

En me relevant, je croise l'aigue-marine de mon professeur particulier de chimie.

— Erwan ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

J'accepte l'enveloppe qu'il me tend et replace correctement une mèche qui s'est échappée de mon chignon. Je ne dois pas être au meilleur de ma forme. Avant de descendre, j'ai pu me contempler dans la glace. J'ai d'horribles cernes sous les yeux, des lèvres séchées et une peau plus blanche que Dracula. Pas du tout agréable à regarder.

— On s'était convenu d'aller faire du bénévolat, aujourd'hui.

Je me frappe le front.

— Ah oui, c'est vrai.

Ma voix enrouée n'arrange rien. Me voyant mal lui dire de retourner d'où il vient car madame est en pleine chute, je lui fais signe de m'attendre.

— Je reviens. Ne bouge pas.

Je me précipite à l'intérieur de ma maison — enfin, précipitée est un bien grand mot. Ma mère et Sarah dormant encore, je laisse un papier sur la table de cuisine. Je me brosse les dents, avale un chewing-gum que je recrache aussitôt et enfile des baskets. Ça devrait être rapide, inutile que je me mettes sur mon trente-un.

Je retourne dehors et fais signe à Erwan que je suis prête. Tout à coup, le voyant se diriger vers une grande limousine noire, je fronce les sourcils.

— C'est ta voiture ?

Un garde lui ouvre la portière et on s'installe à l'intérieur, face à face.

— Non, elle est à ma belle-mère. C'est elle qui organise l'événement en général, mais elle n'a pas pu venir, alors je suis un peu comme son représentant.

Je hoche la tête suite à ses explications. Je ne suis jamais montée dans une voiture aussi luxueuse. Et mes mains baladeuses doivent me trahir, vu que je touche tout et n'importe quoi. Remarquant une pochette, je l'ouvre sans la permission de qui que ce soit, et en sors des bonbons et des chocolats.

— Attends, tu te déplaces dans une voiture remplie de bouffes et tu n'y touches pas ?

Il hausse les épaules, alors que moi, j'attaque déjà. Je fourre le tout dans la bouche, oubliant mes bonnes manières et ma mauvaise haleine qui risque de revenir. Une fois rassasiée et surtout, une fois que mes dents commencent à me démanger, je m'arrête. En relevant la tête, je constate que Erwan me fixe étrangement.

— Soleil, pourquoi tu n'es pas venu au lycée, depuis deux jours ?

Je n'ai pas beaucoup de cours en commun avec le brun. Ce qui est étonnant vu qu'il a remarqué mon absence. Je me mords la lèvre inférieure et fuis son regard. Ma discussion avec ma mère m'a bien chamboulée et je ne suis pas prête à en reparler.

— Malade. J'étais malade.

Il semble ne pas y croire, mais ne rétorque pas. Puis, il se penche vers moi, réduisant la distance entre nous deux. Je frissonne. Je sens son souffle s'ecrasser contre mon cou et yeux dans les yeux, il me sort :

— Excuse mon indiscrétion, mais, ça fait combien de jours que tu n'as pas pris de douche ?

J'écarquille les yeux. Comment il ose dire une telle chose sans être gêné ? Je rougis automatiquement et fixe mes doigts aux ongles plus longs que mon avenir. Il faudrait vraiment que je prenne plus soin de moi.

Heureusement, le trajet touche à sa fin et je sors en trombe, fuyant le plus possible le brun. Je reconnais l'endroit. C'est une vieille église blanche, qui fait parfois peur la nuit. Devant, sont entreposées des tables qui supportent le poids de plusieurs cartons. Apparemment, à en juger par le nombre de personnes présentes, les activités n'ont pas encore commencées.

Cependant, au loin, je reconnais deux silhouettes blondes qui semblent assez proches. Une fille et un garçon. Je plisse les yeux pour pouvoir mieux les apercevoir. Mais je ne me trompe pas. C'est bien eux. Élodie et Justin.

Mais qu'est-ce que ces deux-là fichent ici ?

❇❇❇

Alors ? Non, je suis pas sadique 😈😂 pour ceux qui avaient trouvé que le chapitre précédent terminait Sur du suspens, là vous n'allez pas tenir ! Ah, qu'est-ce que je m'amuse ! Les choses sérieuses ont enfin commencées.

-Le couple Jonathan/Cassie,vous approuvez ? 😍 ( un nom pour eux ?)

-Les comportement des jumeaux ? Qu'y a-t-il derrière tout ça, selon vous ? 😏

-Mélanie se confie enfin ! Même si vous n'avez rien su ( Niark Niark 😈😂). J'ai voulu changer un peu avec les filles qui se confient toujours à leurs potentiels petit ami. Mel avait des affaires à régler d'abord avec sa maman et cette confession les a beaucoup rapproché, vous verrez 😍😍

-Le supposé frère de Sun, ça vous a choqué ? 😱

-Et la fin ? Élodie qui se rapproche de Justin, un mot à dire là-dessus ? 😇😅

Donnez-moi vos avis, je veux TOUT savoir ! Voilà, c'était un très long chapitre ( 4219 mots) que j'ai adoré écrire 👌 et qui j'espère vous a plu. Merci pour les 4K de vues, c'est magnifique 💛!

Question de la semaine : avez-vous déjà été trahi par quelqu'un avec lequel vous étiez proche ? Ou le contraire ?

PS : J'ai pas oublié la FAQ, elle suivra ce chapitre !

Petit renseignement : y-a-t-il une chanson qui vous fait penser à l'un de mes personnages où à mon histoire ?

À très bientôt pour la suite !

Plein de bisous pailletés, mes étoiles en or, Laureen 💚





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