23| Toi, les étoiles et moi ✔
"J'adore les plaisirs simples. Ils forment le dernier refuge des âmes complexes "
La surprise mêlée à la confusion se fraie aussitôt un chemin jusqu'à mon esprit engourdi. Si je résume bien la situation, Erwan est devant chez moi, à attendre que je daigne sortir, pour me présenter ses fameuses excuses. Finalement, je commence à regretter de l'avoir forcée à avouer qu'il avait eu un comportement de connard.
Je déglutis, tout en l'observant d'en haut. Une main dans sa poche, l'autre tenant le téléphone contre son oreille, il fait de même. Il ne cille pas, ne rigole pas. Je comprends dès lors qu'il est on ne peut plus sérieux.
— Tu veux que je sortes de chez moi à vingt-et-une heure pour aller dans un lieu qui m'est inconnu et encore plus, avec toi ?
Je le vois hausser les épaules et afficher un sourire en coin.
— Techniquement, il n'est encore que vingt heures quarante sept, le lieu ne t'ai pas totalement inconnu et si je peux me permettre, de quoi as-tu peur avec moi ?
Et voilà monsieur j'ai réponse à tout. Cependant, je ne peux d'être intriguée par ses mots ainsi que d'avoir l'esprit tourmenté par sa question. De quoi ai-je peur, après tout ? Il ne m'a jamais fait de mal quelconque — mis à part ses réflexions un peu trop poussée et je suis quasiment certaine de ne pas réussir à trouver sommeil, suite à cette conversation. S'il s'est donné tant de peine pour de simples excuse, c'est que ça en vaut le prix.
Écoutant mon cœur plutôt que ma raison, je mets aussitôt une tenue adaptée à cette petite virée et enfile les baskets. Je ne sais pas dans quoi je me plonge, mais tant pis. Si je dois regretter après, ce sera le destin. À l'aide de ma lampe torche, je gagne l'extérieur de la maison, où tout le monde dort déjà.
Le ciel est nuageux, noirci et parsemé de plus d'étoiles qu'hier. Je n'ai pas le temps de contempler ce spectacle une seconde de plus. Mes pieds me mènent furtivement et d'eux-mêmes vers le brun. Il a l'air totalement décontracté, comme si il allait simplement se rendre au marché du coin.
— Où est-ce qu'on va ?
— Je vais sûrement te demander l'impossible, mais si tu pouvais juste m'accorder le bénéfice du doute, pour que je te prouve que je suis réellement désolé, je t'en serais vraiment reconnaissant.
Ses yeux aigue-marine inspirent automatiquement confiance. Je hoche alors la tête, lui confirmant que nous pouvons y aller. C'est ainsi que nous nous mettons en route, dans un silence digne d'une église. Après quelques minutes de marche, je reconnais le quartier de mon père. Étant venu à la fête de dimanche, cela m'a mis la puce à l'oreille que c'était sûrement un voisin environnant.
Et effectivement, Erwan s'arrête devant une immense demeure de deux étages, semblables à celles que je ne vois que dans les séries. Le garde devant la porte, à moitié endormi, me confirme que le brun est réellement un gosse de riche. Il annonce son prénom à l'interphone accroché au mur et la porte s'ouvre dans un bruit sourd.
Nous pénétrons côte à côte à l'intérieur. Le jardin de devant est bordé de jolies fleurs de toute sorte. Sans s'attarder plus longtemps, Erwan entre dans la maison. Aussi belle à l'extérieur qu'à l'intérieur, celle-ci brille grâce à de nombreux lampadaires. Je reste stupéfaite, sous le choc.
— C'est vraiment chez toi ? Tu es sûr que tu ne m'as pas kidnappée pour me tuer ?
Il roule des yeux. Puis s'approche de ma personne, me surplombant de par sa taille. Il n'est pas très grand, en revanche, il a bien une tête de plus que moi.
— Soleil, si je voulais te tuer, j'aurais choisi un endroit plus discret.
Je déglutis. Très rassurant tout ça.
— Mes parents ne sont pas encore rentrés, le dîner c'est pour tout à l'heure. Il n'y a que mon soi-disant frère.
Aussitôt dit, il se dirige dans les grands escaliers, me laissant seule dans le salon. Chaleureux, l'accueil. Je regarde alors les alentours. Aucune photo de famille, pas de télévision. Juste des lustres en cristal. Il me semble si vide, que je comprends pourquoi Erwan ne semble pas apprécier sa famille.
— Jolies formes, ma belle.
Je sursaute et me retourne vers le nouveau arrivant de la pièce. Et dans l'immédiat, je reconnais Marcus, le frère de Erwan. La peau bronzée, les cheveux noirs, les yeux de cette même couleur. Il se lèche les lèvres et a un air de con collé au visage. Le total opposé de son frère par alliance.
— On s'est déjà croisé, non ?
Je me souviens dès lors de lui. Il était en pleine séance de séduction — ou plutôt de roulage de pelle — avec une certaine Stella, si ma mémoire est bonne.
— Tu me connais déjà, je suppose, déclare-t-il.
Il avance vers moi, lentement, se délectant de ma perplexité. En me tendant la main, il continue :
— Mais pour rappel, je ne suis rien d'autre qu'un beau gosse répondant au nom de Marcus.
Toujours perturbée par tant d'arrogance et de confiance en soi, je serre sa poigne, ferme. J'essaie de retirer ma main quelques secondes après, mais monsieur n'est pas du même avis. Il me retient fermement.
— Et ton nom, ma belle, c'est quoi ?
Sa technique de drague est la pire de toutes. Je pourrais même dire que je m'en sors beaucoup mieux avec Justin. C'est dire à quel point c'est catastrophique.
— Mélanie.
Au même moment, un petit animal de la taille d'un lapin dévale les escaliers à une vitesse ahurissante. Il s'arrête au pied de Marcus. Celui-ci lâche alors ma main et se tourne vers les marches.
— Erwan ! Débarrasse-moi tout de suite ce sale insecte de ma vue ou je le brûle vif.
Quelle brutalité ! J'en profite pour m'éloigner de lui. Erwan débarque dans le salon aussitôt, un cage dans les mains.
— C'est un rongeur, et non un insecte.
— Épargne moi tes sottises, le génie.
Marcus ébouriffe ses cheveux, comme si c'était un caniche. Erwan, ennuyé, prend dans ses mains le pauvre animal et le remet dans la cage. Je n'arrive pas à déterminer sa race d'un simple œil. Tout ce que je remarque, c'est combien il est mignon. Il faut être aveugle pour ne pas l'apprécier.
— Bon, ma belle, reprenons où nous en étions. Ma chambre est juste au premier étage.
Je roule des yeux. Il est vraiment aussi bête ou il fait exprès ? Ne sachant quoi répondre, je pose mon regard sur la table basse en verre.
— Marcus, Soleil n'est pas une de tes copines que tu traînes dans ton lit.
Je retiens de justesse un rire. Marcus pose une main sur l'épaule de son frère et ricane.
— Ne me dis pas que c'est ton plan c...
— Arrête avec tes sottises, et s'il te plaît, enlève ta main de mon épaule.
La porte s'ouvre, se renfermant dans un claquement.
— Tu n'imagine pas ce que ce Morrison m'a sorti. Si ce n'était pas un si grand associé, je lui aurais déjà balancé ses quatre vérités à la figure ! Je n'aurai pas mâché mes...
L'homme, qui je suppose est le père de Erwan, arrête son monologue. À ses côtés, se tient une sublime jeune femme. Les deux me toisent un long moment. Je sens mon cœur battre fort dans ma cage thoracique, la peur me tordant le ventre.
— Marcus, ne me dit pas que c'est encore une de tes diversions ? grogne le monsieur.
Le visage refermé, les traits tirés au niveau des yeux, il ne me quitte pas du regard. Sa mâchoire serrée ne me dit rien qui vaille.
— Non, c'est mon amie, lui réponds Erwan.
Aussitôt, le visage de son père s'illumine suivi de près de celui de sa belle-mère. Les deux viennent à ma rencontre.
— Enfin, une copine ! Depuis le temps que j'attends mon cher fils m'en présente une.
— Ravi de faire ta connaissance,..., poursuis la jeune femme.
— Mélanie.
— Oh, quel magnifique prénom ! Viens, passons à table avec notre nouvelle invitée.
La belle-mère me traîne jusqu'à la salle à manger. Je n'ai même pas le temps de lancer un regard au brun. Mon malaise s'intensifie. J'ai l'impression d'être de trop. Et leur extase me semble être débordante. Tous installés autour de l'immense table, les événements s'enchaînent sans que je n'y prête réellement attention.
Le repas se passe dans un silence religieux, avec quelques sourires de la part des deux parents. Une fois le dîner terminé, Erwan m'invite à sortir de table.
— Tu pourrais peut-être lui présenter ta collection de livre classique, mon chéri, propose sa belle-mère.
Le concerné roule des yeux.
— Ou bien lui montrer ton carnet d'idées, ajoute son père.
Mal à l'aise, je me dandine sur place. Je me mords la lèvre inférieure, tandis que Erwan ne répond toujours pas. Puis, il m'attrape par la main, m'emmenant en dehors de la maison. Le jardin de l'extérieur est plus vaste et ne regorge que d'une simple cabane.
Nous restons un moment dans le silence, alors qu'il lâche ma main. Je sens aussitôt un frisson. Erwan se dirige vers la cabane. Il grimpe l'échelle jusqu'en haut puis je fais de même. C'est vide, mis à part un coffre qui jonche au fond de la
— Je ne savais pas qu'à ton âge, on avait encore ce genre de truc.
Erwan ouvre la grande fenêtre qui permet d'avoir accès à l'extérieur. Il s'assoit près du coffre, et comme à son habitude, mets ses mains dans sa poche ventrale.
— Je l'ai construit avec ma mère, sept mois avant sa mort.
Je déglutis. OK, je n'aurais pas dû me moquer à ce sujet. Je m'assois à ses côtés, instaurant quand même une certaine distance entre lui et moi.
— Désolée.
— Non, tu n'as pas à le faire. D'ailleurs, excuse mes parents. Ils en font tout un plat.
Je souris, amusée. Si ma mère pouvait être comme eux. Mon amitié avec les filles durent depuis des années et pourtant, elle ne les a jamais apprécié ne serait-ce qu'un minimum. Je prends un grand bol d'air.
— La dernière fois que l'on s'était parlé normalement, tu m'as dit que tu aimais les étoiles. Alors, je t'ai obtenu ceci.
Erwan ouvre le coffre et en sort un télescope. Je le regarde, ahuri. Il l'installe face à la fenêtre, tandis que je ne me remets toujours pas de ce choc.
— Tu l'as acheté... pour moi ?
Il hausse les épaules.
— Je n'ai rien d'autre à faire avec l'argent de mon géniteur, alors.
Il se tourne vers moi, scrutant mon regard vert.
— Et je voulais aussi m'excuser. Si je me suis éloignée de toi, c'était pour ne pas te blesser. Je suis un vrai poison, Soleil. Je ne souhaitais pas que tu sois détruite par ma faute.
Un vrai poison. Je n'ai jamais entendu des mots aussi crus de la part de quelqu'un a son égard. Et pas un seul instant, il n'a hésité en me disant de telles choses.
— Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
Il esquisse un sourire en coin.
— Je me suis rendu compte que tu en vaut la peine.
Mon cœur rate un battement. Je m'attendais à tout sauf à ça. Erwan, quant à lui, détourne le regard et termine d'installer le télescope. Il me fait un signe la main et sans cacher ma joie, je le rejoins. Je passe mon œil droit à travers le petit miroir et effectue les réglages grâce au brun.
Les secondes passent, les minutes s'écoulent. Je contemple mille et une étoile que regorgent le ciel nocturne. C'est un spectacle ahurissant ! Je m'y croirais presque. Une fois épuisée, je me tourne vers mon hôte. Sans que je ne contrôle quoi que ce soit, je me jette dans ses bras. Il ne répond pas à mon étreinte, encore paumé.
— Merci ! J'ai toujours rêvé d'en avoir un et tu as réalisé ce rêve sans même être au courant !
Je l'étouffe presque avec mon câlin. Les émotions prenant le dessus, les larmes ne tardent pas à jaillir. Je tache sans le vouloir le sweat-shirt de Erwan. Ça a toujours été un rêve d'enfant. Mes parents ont pris cela pour un caprice et non rien voulu entendre. J'ai alors tenté de l'oublier. Jusqu'à aujourd'hui.
Je me détache de lui, les joues toujours humides.
— Si j'avais su que tu allais réagir ainsi, je me serais abstenu.
Il tente de détendre l'atmosphère, mais cela ne fait qu'accentuer ma joie exprimée à l'aide de larmes. Nous retournons alors à nos places initiales, moi, toujours émue.
— Erwan ?
Il se tourne vers moi.
— On pourrait reprendre les cours ? Genre, si ça te pose pas problème, évidemment.
Je joue nerveusement avec mes doigts. J'ai conscience que je l'ai traité comme un moins que rien depuis ce matin. Non pas qu'il ne le méritait pas, mais, j'ai également laissé la colère qui vivait en moins sortir en même temps. Et bien que ma fierté ne veuille pas s'excuser, je souhaite tout de même faire les choses comme avant.
— Bien sûr. Dimanche, comme c'était prévu ?
Je hoche la tête, en souriant. Après un long moment dans un silence qui me paraît éternel, je me rends compte qu'il se fait de plus en plus tard. Nous descendons alors de la cabane. À deux, on traverse le salon qui se révèle vide. Et bien évidemment, je n'insiste pas pour dire au revoir à ses parents. Ils m'ont fichu la trouille de ma vie.
Erwan — en parfait gentleman — me raccompagne jusqu'à chez moi. Il fait froid. Lorsque je lâche un râle à cause du temps, il propose gentiment de me donner son sweat-shirt fétiche. Je l'accepte. Quand je l'enfile, je ne peux m'empêcher de le renifler. Il sent le Erwan.
Ce n'est peut-être qu'un simple geste, mais pour moi, il représente le début d'une longue amitié.
❇❇❇
AAAAAH ! JE L'AI ENFIN TERMINÉ ! DEPUIS UNE SEMAINE ET DEUX JOURS QUE J'Y TRAVAILLE ! ( OK, j'arrête)
Le pire dans tout ça, c'est que je ne suis pas fière. Rassurez-moi et dites-moi qu'il est au moins lisible 😭😭😭
Bon, je rappelle juste que chaque phrase qui a pu vous faire penser à quelque chose d'autre, ne reflète QUE DE L'AMITIÉ ( elles se reconnaîtront)
— Votre avis sur Marcus ?
— Les parents ?
—Le cadeau de Erwan ? Leur amitié naissante ?
Voilà, n'hésitez pas à tout le dire ! Merci de me lire encore, moi et mes idioties, ça signifie beaucoup pour moi.
Question de la semaine : Le métier qui vous donne envie pour plus tard ?
PS : La FAQ est toujours ouverte au chapitre 21.
Plein de bisous pailletés, Laureen 💚
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