22|Nouvelle amie ✔

"À toutes les personnes qui m'apportent du bonheur, merci de faire partie de ma vie ! "

Je n'ai clairement jamais passé une journée aussi haut en couleur qu'aujourd'hui. La surprise est officiellement devenue mon troisième prénom. D'une oreille distraite, j'écoute la professeur de SVT - mon dernier cours, enfin ! -, tout en griffonnant quelques mots par-ci par-là.

Je suis pour la plupart des fois, très inspirée en cours, ce qui justifie alors, le port de mon carnet fétiche au lycée. Bien que, généralement, j'écris avec de la musique ; pour le moment, je fais avec les moyens du bord. À droite, la brune assise près de moi, ne me prête aucunement l'attention. Tant mieux. Plutôt qu'avoir un Erwan envahissant, je préfère de loin cette situation.

- Mademoiselle Becker, expliquez pourquoi les terres riches en humus abritent beaucoup de micro-organismes ? retentit la voix de la professeur.

Hein ? Quoi ? C'est à moi que cette femme de la cinquantaine s'adresse ? Je constate qu'effectivement, elle me regarde à travers ses lunettes. J'ouvre grand les yeux. Depuis l'an dernier, c'est une leçon de la SVT que je n'ai jamais réussi à maîtriser comme il faut. Elle le sait, mais choisi tout de même de m'humilier. Et après la bonté humaine existe !

- Consultez donc vos notes, réagit-elle suite à mon mutisme. J'ai vu que vous notez toutes mes explications.

Je me convaincs dans ma tête, que le meurtre est puni par la loi, pour ne pas la défigurer à l'aide d'un de mes compas. Je forme une réponse dans ma tête - qui consiste à inventer ma propre théorie -, et lorsque j'ouvre la bouche pour l'articuler, je suis devancée par une personne, que la professeur a elle-même choisie.

- L'humus est la décomposition des débris végétaux. Et ces derniers participent à leur alimentation, donc à la prolifération des espèces micro faunes.

- Très bien, Erwan. Au moins, je sais que je n'ai pas que des fainéants qui ont redoublés dans ma classe.

Sa remarque me touche en plein cœur. Je suis la seule qui étudie la seconde une deuxième fois dans cette classe. Bien évidemment, cette femme célibataire depuis l'âge des glaces ne peut que passer sa hargne sur moi. Honnêtement, je la plains.

Sur ce, la cloche retentit pour le plus grand bonheur de mon cerveau. La professeur marchant telle une tortue, la plupart des élèves n'ont pas la patience d'attendre sa sortie. La classe est dès lors quasiment vide, lorsque je termine de ranger mes affaires.

En passant devant la table de la professeur, je remarque que cette dernière n'est pas seule. Erwan est en train de lui dire quelque chose. Curieuse que je suis, je fais semblant de refaire mes lacets et écoute attentivement leur conversation.

- Sans vouloir vous offenser madame, je trouve que le fait qu'elle ait participé est déjà grand chose. La ridiculiser n'arrange rien.

Derrière moi, j'entends la vieille peau soupirer.

- Erwan, tu es parmi l'un de mes élèves les plus assidus en classe et c'est bien. Mais ne crois pas que cela te donner un quelconque avantage. Notamment, tu n'as nullement le droit de critiquer ma méthodologie de travail.

- Je n'ai rien fait de tel. Je vous conseille juste d'être plus douce la prochaine fois.

- Je fais ce métier depuis vingt-deux ans. Et ce n'est pas un gamin de quinze ans qui va m'apprendre de quelle manière je dois m'y prendre. Sur ce, bonne fin d'après-midi.

Elle passe devant moi, quitte la salle, tandis que moi, je suis toujours accroupie. Erwan également, ne tarde pas à la suivre. On dirait que personne n'a remarqué mon petit stratagème. Je ne mets pas alors longtemps à me relever.

Toutefois, ma tête est assaillie de mille et une questions. Je ne comprends pas pourquoi il a pris ma défense. Premièrement, on est pas amis. Deuxièmement, personne ne l'y obligeait. Il l'a fait de sa propre volonté. Simplement pour m'aider. Je me dis dès lors, que je devrais le rejoindre pour le remercier. Mais mon entêtement n'est pas du même avis.

Par habitude de voir le brun me faire, je plonge mes deux mains dans la poche ventrale de mon pull. Et ça fait agréablement du bien. Je crois que finalement, je pourrais un jour le comprendre si je me laissais aller dans sa peau plus souvent.

La cour est vide, tous les élèves étant déjà rentrés chez eux. Mon téléphone vibre, et je ne prends pas la peine de le déverrouiller. Certainement ma mère, agacée de ne pas me voir à l'heure. En passant devant le laboratoire de physique, je me souviens du rendez-vous - voire de l'ordre - de Erwan.

Directement, j'établis un compromis avec mon cerveau. Je m'y rends et ça sera en guise de remerciement. J'ouvre la porte, et entre dans le laboratoire, rempli de lavabos et d'armoires contenant du matériel à l'apparence douteuse.

- Je ne pensais pas que tu viendrais.

Je sursaute. Erwan se trouve derrière moi, les mains tripotant un bracelet que je ne peux pas distinguer de là où je suis. Il est assis sur une des nombreuses chaises, le regard dans le vide.

- Bah, pourquoi tu m'as demandé de venir ici, alors ? Parce que tu sais, j'ai d'autres choses à faire.

Il roule négligemment ses yeux aigue-marine. Et comme je m'y attendais, soupire. Tellement prévisible !

- Tu étais sérieuse quand tu as dit que les cours particuliers, c'est terminé ? demande-t-il.

Je ne peux pas distinguer à l'intonation de sa voix, si il est triste, déçu ou énervé. Il sait parfois très bien cacher ses sentiments. Je passe la langue lentement sur mes lèvres. J'étais sérieuse ? Franchement, je n'en sais trop rien. Ces cours auraient été d'une grande utilité dans l'amélioration de mes notes.

- Très. Je peux partir maintenant ?

Une lueur traverse ses yeux. Je cligne des miens et lorsque je les ouvre, je me demande si je n'ai pas halluciné l'espace d'une seconde.

- Je ne vais pas te retenir plus longtemps. Je voulais juste te demander si tu étais libre cet après-midi. Pour me racheter de ma conduite de...

Il fuit mon regard.

- Connard, conclut-il.

Il l'a enfin admis. Et bien que je l'ai traité ainsi par manque d'idée et par précipitation, je ne m'attendais pas à ce qu'il réutilise ce terme. C'est tout simplement inespéré ! Mes yeux s'illuminent à l'instant même. Je serais prête à mettre de côté ma rancune, mais je me contiens. Je ne sais même pas de quelle manière il veut se faire pardonner. Je m'apprête à répondre par l'affirmative, quand mon téléphone se met à vibrer une seconde fois. Maman !

Me rappelant soudainement de notre discussion matinale, je reviens sur le droit chemin.

- Je ne peux pas. Je dois faire profil bas pour l'instant et sortir n'est pas une option envisageable.

Il acquiesce d'un mouvement de tête, place ses mains dans la poche ventrale de son sweat-shirt, et se lève.

- Aucun soucis, Soleil.

Je hoche à mon tour la tête. Nous quittons le laboratoire en même temps. Une fois devant la porte du lycée, chacun part de son côté. Je l'observe un moment s'en aller et je ne peux me dire que je rate quelque chose. Original qu'il est, je suis quasiment certaine qu'il m'en aurait fait voir de toutes les couleurs.

- C'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

Je l'avais complètement oubliée. Garée à quelques pas de l'entrée, je la rejoins rapidement, m'installe côté passager et boucle ma ceinture de sécurité. Ma mère ne dit rien, se tenant probablement à ma promesse. C'est un petit pas pour l'homme, mais un grand pas pour l'humanité.

***

Les cours s'étant terminée deux heures plus tôt plus que d'habitude, il n'est actuellement que dix sept heures. J'essaie depuis une demi-heure de terminer mon devoir de maths, sans succès. Ma tête est accaparée par d'autres choses.

La soirée dans moins deux semaines de Justin est principalement une des grandes raisons. Allumant mon portable, je regarde notre dernière conversation, remontant à la première semaine des cours. J'aurais aimé que ça aille plus loin, mais je ne dois pas me faire plus d'illusions que ça. Cette fête sera une bonne occasion pour renouer.

Le gadget me notifie un nouveau message, que j'ouvre légèrement paumée, avec tous ces numéros inconnus.

Numéro inconnu : Sunshine, il est temps de choisir l'heure et la date du rendez-vous.

Je repousse une mèche rebelle derrière mon oreille à l'aide de mes doigts. Mérida a peut-être le mérite d'être casse-pieds, mais pour l'originalité, je n'ai rien à lui reprocher. C'est la première fois qu'on me fait le coup du Sun...

De moi à Mérida

Je préfère Sun. Et je te laisse également l'honneur de choisir l'heure et la date pour le projet.

Je le déverrouille aussitôt et me frotte le front. Bon sang de bonsoir, je ne vais pas y arriver de si tôt.

- Mélanie, tu as de la visite ! crie ma génitrice.

Je fronce les sourcils. Je ne crois pas avoir reçu un message d'une de mes amies. Je descends quand même, sans prendre le temps de m'habiller plus élégamment. Je découvre étonnée, ma mère aux fourneaux, à côté d'elle, se trouvant Jessica, assise sur d'une chaise du plan de travail, qui coupe des oignons. Les deux femmes rigolent quand je pénètre dans la cuisine.

- Jessica ?

La concernée se retourne et me sourit.

- Ah, Sun !

Je vais à sa rencontre et la blonde me fait la bise.

- Désolée, je peux pas te serrer la main, elle est déjà occupée.

Ma mère ricane.

- Tu n'as pas à t'excuser Jessica. Tu m'aides, Mélanie comprend.

Apparemment, elles ont eu le temps de faire ami-ami. Lorsque Jessica termine le travail qu'elle fait généreusement puis vient à ma rencontre. Je l'emmène alors dans le salon, pour plus d'intimité. Une fois bien installée, je lance :

- Désolée, elle abuse parfois.

- C'était avec plaisir. Si ma mère pouvait s'appliquer autant pour les tâches de ce genre, je me porterais volontaire pour l'aider !

Je rougis instantanément. Tout le contraire de ce que je fais. Cette fille est vraiment talentueuse.

- Alors, tu faisais quoi ? J'espère que je ne t'ai pas trop dérangé.

Je chasse cette réplique d'un geste de main.

- Des devoirs. J'étais épuisée, tu m'as vraiment sauvée.

- Je peux te donner un coup de main, si tu veux.

Je ne peux pas me permettre de refuser. Si je ne le fais pas maintenant, je vais regretter après et ne rien faire. Je l'invite aussitôt à monter dans ma chambre. Celle-ci est pourtant en piteuse état. En repensant à celle de son frère, j'imagine que celle de sa jumelle est sûrement aussi rangée.

Mettant fin au gêne qui règne, je la laisse s'asseoir sur l'une des chaises et je me mets sur l'autre. À deux, nous commençons le premier exercice.

Une heure plus tard, je balance négligemment mon stylo Sur le lit et soupire. Je ne pensais pas que Jessica était si bonne professeur. Mieux que Erwan avec ses multiples questions de curieux.

- Merci beaucoup ! Sans toi, je ne m'en serais pas si bien sortie !

Jessica joue avec une mèche de sa chevelure, puis me fait un clin d'œil. À cet instant, mon portable annonce un nouveau message. En me le tendant, Jessica s'immobilise.

- Tu es amie avec Mérida ? demande-t-elle.

Je ne prends pas la peine de répondre au message, mon cerveau se demandant pourquoi une telle question.

- Je suis en binôme avec elle. Mais nous ne sommes pas spécialement amies. Pourquoi ?

Pour la première fois depuis que je la connais, le visage de Jessica s'assombrit. J'ai l'impression que c'est ce que elle connaît à propos de cette fille n'est pas bonne à entendre. Je déglutis, attendant le moment de vérité.

- C'est le diable incarné. L'an dernier, je me suis disputée avec elle pour des raisons absolument bêtes. J'ai refusé de lui montrer mes réponses, détestant la tricherie plus que tout au monde. Elle m'en a énormément en voulu. C'est ainsi que notre haine est née. Depuis, on se déteste comme chien et chat.

Je retiens un rire. Comme l'a si bien dit Jessica, c'est une raison plus que absurde. Mais étonnement, ça ne me choque pas venant d'elle. Je lui raconte dès lors notre première rencontre et celle d'aujourd'hui. Et c'est ainsi que nous dérivons sur un autre sujet.

- Mélanie, le dîner est prêt.

J'ouvre grand les yeux. Nous nous sommes certainement égarées en parlant de tout et de rien. Nous descendons en bas, tout en riant toujours.

- Jessica, tu peux rester avec nous si tu le souhaites.

Poliment, la blonde décline l'offre.

- Je n'ai prévenu personne chez moi. Une prochaine fois, peut-être ?

- Tu seras la bienvenue.

Je la raccompagne jusqu'à la porte. Et une fois dehors, elle me tend une enveloppe. Et sans demander son reste, s'en va. Stupéfaite, je retourne chez moi. À trois, nous dînons tranquillement et quelques minutes plus tard, je me retrouve en pyjama, dans ma chambre.

J'inspire profondément. Je m'apprête à ouvrir l'enveloppe, lorsque je reçois un appel. Je décroche aussitôt, sans prendre la peine de découvrir le destinataire.

- Descends.

Hein ?

- Quoi ?

Un silence s'installe à l'autre bout du fil.

- C'est Erwan. J'ai quelque chose à te montrer.

Toujours étonnée, je me lève de mon lit et me penche vers la fenêtre, là où monsieur sweat-shirt m'attend.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ?

Je le vois hausser les épaules.

- Tu m'as dit que tu étais privée de sortie l'après-midi. Maintenant, il fait nuit. Alors tu n'as aucune excuse.

Je roule des yeux. Décidément, il ne cessera jamais de m'étonner !

❇❇❇

Hello ! Oui, j'ai finalement adopté la publication de deux fois par semaine 🎉 ! Pour vous, mais aussi car j'ai hâte que vous lisez le chapitre suivant, le chapitre 26 et le 30! Très croustillant, je vous dis ☆!

-Le chapitre vous a plu ?

-La mère de Mel aime bien Jessica. Étonné ? Content ?

Je voulais aussi vous prévenir que pour la FAQ, vous avez évidemment droit de poser des questions à moi à propos des personnages. Par exemple, ne posez pas :

-Justin, tu aimes Mel ? ( 😏 )

Mais plutôt

-Justin est-il attiré par Mel ?

Genre, comme si vous posez la question à moi. Alors n'hésitez pas :)! Évitez tout de même les questions spoil 😇.

AUSSI ( j'ai plein de choses à dire), des personnes sont intéressées pour faire les comptes Instagram des personnages ? Merci de vous manifester.

Sinon, je m'arrête ici, j'en ai déjà trop dit 😂. À dimanche pour LE chapitre qui va (j'espère) plaire à pas mal d'entre vous.

Question de la semaine : Quels sont vos auteurs préférés de la plateforme ?

Plein de bisous au chocolat, Laureen 💫💜🍫

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