2| Le beau et la bête ✔

Si j'avais une corde, je me pendrais. Si j'avais un pistolet, je me descendrais. Si j'avais une pelle, je m'enterrerais. Mais je n'ai rien de tout ça, alors je vais simplement assumer les conséquences de mes actes et te laisser m'humilier devant tout le lycée.

C'est exagéré ? Moi, je ne trouve pas. C'est d'ailleurs la parfaite citation pour décrire mes émotions en ce moment. C'est comme si une petite flamme avait répandu du feu dans mon cerveau, brûlant ce dernier et l'obligeant à être non fonctionnel. Je suis donc dans l'obligation de garder mes pieds collés sur terre, à attendre que mon bourreau m'abaisse six pieds sous terre et me fasse enfin disparaître . La honte que je ressens n'aurait d'égal à aucun autre sentiment déjà ressenti auparavant.

Je relève doucement la tête et comme par magie, les larmes qui obstruaient ma vue ont soudainement disparu. Il faut avouer que la peur évacue beaucoup d'émotions telles que la colère ou la tristesse. Mais ce n'est ni le moment ni l'endroit pour jouer à l'intellectuelle qui expose ses découvertes sur la peur. Car, en ce moment, j'ai beaucoup plus urgent. À savoir, une personne qui s'apprête à me ridiculiser en public.

J'ai l'impression d'être dans un coma artificiel alors que je suis encore debout et que mes yeux sont bel et bien  ouverts. Je ne suis même plus sûre que mon cœur batte encore. C'est dans ce genre de moment que l'on souhaite être une petite souris pour pouvoir passer inaperçue. Malheureusement, tous ces regards sur moi me disent que je suis toujours Mélanie, l'humaine.

— La belle au bois dormant ne s'est toujours pas bien réveillée ?  Je suis flatté d'être celui qui la sort de son sommeil.

Je cligne les paupières plusieurs fois. J'imagine, l'espace d'un instant, que je dors encore et que cette journée pourrie n'a pas eu lieu. Mais je crois que non, je ne rêve pas. Chose qui se confirme lorsque le bel Apollon blond sourit. Un sourire digne d'une publicité de dentifrice.

Je fonds. Telle la neige quand le soleil se lève.

Ses paroles et son sourire me sont adressés. À moi, la petite Mélanie — ou Sun selon certains. Je reste stupéfaite, incapable de parler. Que dire devant de si beaux yeux bleus ? Il faut même avouer que du début de la journée, c'est la phrase la plus gentille qu'il m'ait été donnée d'entendre. Côtoyer Erwan, c'est dire au revoir aux mots doux.

Seulement, je me reprends vit. Enfin,moins vite que je ne suis tombée sous le charme du beau blond et plus vite que le départ de ma tristesse. Une fois que les garçons ont votre cœur dans leurs paumes, ils n'hésitent pas à le briser, et j'en suis la preuve vivante. Je trouve que c'est une belle phrase et qu'elle résume plutôt bien la situation.

— Je... suis... C'était un accident, je m'excuse, bafouillé-je.

Je me sens de plus en plus mal à l'aise et ma gorge se serre. De plus, ces petits morveux d'adolescents fans de péripéties et fanatiques du malheurs des autres, suivent la scène comme si c'était la saison trois de la casa de Papel. Quels idiots ! J'aimerais bien les voir à ma place, dans cette situation, voir s'ils trouveraient ça toujours aussi drôle.

— Ce n'est rien, il marque une pause. Sun, c'est ça ?

Comme une adolescente de douze ans qui vient de parler pour la première fois à son amoureux qui ne lui a jamais adressé un regard, je hoche la tête doucement, hypnotisée par ses yeux océans. Pitié qu'il détourne le regard. Qu'il détourne le regard. Qu'il détourne le regard. Qu'il détourne le...

— Tu es aussi lumineuse que le soleil.

Je souris maladroitement. Mon cerveau efface le fait que je suis en public et ne se concentre que sur l'essentiel, inventant un monde à nous. Moi, Lui, et l'espace aux mille étoiles. Trop fantaisiste. Il lève la main et élargit son sourire.

— On se voit plus tard, Sun.

J'entends le brouhaha se dissiper et laisser place à des chuchotements. Bande d'amateurs de potins ! Je les ignore toutefois, préférant me concentrer sur l'Apollon qui s'en va, de l'autre côté de la cafétéria.

— Sunny !

Je reconnais la voix de Narva et ma bulle imaginaire éclate. Je retrouve mes sentiments moroses et retrouve brusquement la capacité de marcher. Mon but premier me revient et je verse le contenu du plat dans la poubelle.

— C'est un mec de ta classe ? demande aussitôt Cassie.

Je ne réponds pas aussitôt, occupée à me remémorer les deux phrases contradictoires de la journée.

Pour un soleil tu n'es pas si radieux que ça.

Tu es aussi lumineuse que le soleil.

Deux phrases qui ont bouleversées en un claquement de doigts mes sentiments. Mes larmes ont complètement disparus et mes poumons peuvent enfin souffler. Pourvu que je ne rencontre pas Erwan une troisième fois et qu'il ne vienne chambouler mes émotions.

— Eh Oh, Mel, ici la terre ! crie Cassie près de mon oreille.

Je sursaute.

— Je n'en sais rien, mais--

Je m'arrête. J'observe mes deux amies debout devant moi. Je déglutis lorsque je retrouve les composants de mon cerveau en entier. Et je ferme les yeux. Je me suis laissée berner l'année dernière. Trop de naïveté en surpoids. Il faut également ajouter le fait que je n'avais que quinze ans à l'époque.

— Un incident. Je ne le connais pas et lui non plus ( je m'arrête une deuxième fois, me rappelant qu'il s'est souvenu de mon prénom), enfin je crois qu'on est dans la même classe de Français.

Narva — conseillère de notre groupe en amour — hausse plusieurs fois les sourcils en direction de Cassie. Je devine immédiatement les multiples scènes qui doivent se jouer dans sa tête en ce moment.

— On est pas dans un roman ! Et de toute façon, c'est un gamin !

Narva croise les bras au niveau de sa poitrine.

— D'accord, je te crois, déclare la métisse, la voix pleine de sous-entendus.

Je soupire en même temps que la sonnerie retentit. Mes amies et moi, nous dirigeons vers nos places où siège encore Élodie, dans la position exacte où on l'a laissée. Je récupère mon sac et le met sur une épaule.

— Je dois y aller. À plus.

Narva et Cassie me sourient et rien à signaler chez la blonde. Je me contente de me diriger vers ma classe, le cœur plus apaisé mais tout de même préoccupée. Cependant, je m'accroche à une phrase. Cette année ne doit pas être vaine. Je dois réussir et ne pas me laisser faire.

Je suis devant la porte d'entrée bleue, me dirigeant vers une place inoccupée alors que la cloche retentit pour la deuxième fois. Mes nouveaux camarades entrent un à un, alors que moi, je marche lentement, traînant les pieds. Je remarque un corps devant moi et passe de l'autre côté. Mais monsieur sweat shirt noir ne veut pas me laisser partir, puisqu'il se plante devant moi.

Je relève la tête, lassée.

— Dégage de là, Erwan, soufflé-je.

Il n'obtempère pas, alors je lui passe à côté et m'installe sur les rares chaises vides. Je vois Erwan me rejoindre. Mais il n'a pas plus intéressant à faire dans sa vie ? Je plonge mon regard vert dehors, préférant regarder de par la fenêtre, la verdure du lycée que le brun idiot.

— Je t'ai vu avec Justin, à la cafétéria. Tu le connais ?

Je roule des yeux. Sa voix est étonnamment posée et aucun signe de moquerie à l'horizon. Alors, il faisait lui aussi parti de cette bande d'amateurs ? Je ne le regarde pas mais lui répond vaguement :

— Non, t'es aveugle ou quoi ? C'était un accident.

— Mes yeux sont en parfait état, mais apparemment, ce n'est pas le cas des tiens.

Espèce d'idiot ! Il recommence et ça a l'air de l'enchanter. Comment lui dire qu'il est le fautif de ma vue brouillée, donc de l'incident ? De toute façon, je doute qu'il comprenne avec son quotient intellectuel, inférieur à la moyenne.

— Sun, je veux juste savoir d'où tu le connais et...
— Ah, tu as abandonné le vieux Soleil ! répliqué-je en me retournant.

Il souffle et passe une main dans ses cheveux bruns. C'est tellement bien et si amusant quand les rôles sont inversés. Quand c'est lui qui subit les affreuses réparties et que moi, j'en suis l'auteure. Et bien que ça soit de courte durée, autant en profiter.

— Ce n'est pas le moment !

— Sir, please, be quiet  ! ( Jeune homme, taisez vous, s'il vous plaît)! ordonne la voix grave de notre professeur d'anglais.

Erwan grogne et je soupire. Le terme « Sauvée par le gong » tombe à pic. Mon voisin se retourne et regarde devant lui, mais me lance un : On en reparle après. Parler de quoi ? Me pourrir la vie ne lui est pas suffisant ? Faut-il vraiment qu'il en rajoute plus dans ma vie privée ? Et de toute manière, moi et l'Apollon, on n'aura plus jamais à se croiser.

J'en profite pour suivre ce cours, désespérée à l'idée que toutes mes résolutions de l'année soient tombées à l'eau.

***

Les yeux rivés sur ma montre rouge sang, j'observe les dix sept heures passées et la cloche retentir. Je ne tiens pas compte des protestations de Erwan et quitte la salle, devançant même le professeur.

J'arrive devant la porte du lycée et sors mon portable, quand j'aperçois que j'ai un nouveau message de Cassie. Le surnom horrible dont je lui ai affublé, trois ans plus tôt, m'arrache une grimace.

De Cassie la choupinette

Ce soir à 19 h au QG, tu nous explique tout !

Je souris, sans pour autant afficher mes dents. Toujours à raffoler de toutes sortes d'histoires et à vouloir savoir tous les détails ! Je range mon vieux Samsung à l'écran brisé et me mets en route vers mon chez moi, avec la hâte de retrouver mon lit d'amour.

Une main se pose sur mon épaule. Je sursaute et me retourne pour insulter de tous les noms d'oiseaux que je connaisse la personne en question. Ne pouvait-elle pas m'interpeller de loin tout simplement ?

L'inconnu diplômé pour faire peur aux passants arrive à ma hauteur et je remarque que c'est le mec de la cafétéria. Si l'autre con de Erwan a dit vrai, il s'appelle Justin. Et ça lui va bien avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Pas que je sois fan de Justin Bieber, seulement, les blonds ont leurs petites touches à eux. Je dis bien les blonds, pas les blondes.

— Quand tu auras fini de me mater, on pourra continuer le chemin, petite Sun.

Je plonge mes mains dans les poches de mon tee-shirt et sourit nerveusement.

—  Euh..., je commence.

Bordel, pourquoi je perds ma contenance ? Mel, ne sois pas idiote, les garçons comme lui s'intéressent aux filles grandes, blondes et surtout qui ont confiance en elles. De toute façon, il ne m'intéresse pas. Un garçon dans ma vie, que ce soit dans un cadre amoureux ou amical, ne me convient vraiment pas. Je me racle alors la gorge, prête à répliquer et surtout à changer de sujet.

— Tu vas où ? Moi, je vais à l'angle de l'ancienne hôpital.

— T'inquiète, je passe là-bas également, me sourit-il en me faisant un clin d'œil.

Respire, Mel. C'est qu'un simple clin d'œil.

Inconsciemment, je lui rends son sourire. Puis, nous nous mettons en route. Notre démarche n'est pas lente, mais n'est pas rapide pour autant. Les mains dans mon gros sweat shirt noir et le regard sur les passants, je ne me préoccupe pas de ce que Justin fait. C'est mieux ainsi. Il est préférable qu'on garde nos distances.

Cependant, ma manie à détester repousser les gens sans raison valable, intervient et je lui demande sans lui adresser un regard - peureuse que je suis :

— Tu ne m'avais pas dit qu'on allait se retrouver en classe ? Je ne crois pas t'avoir vu.

Alerte rouge ! Pourquoi faut-il toujours que je lance ce genre de truc sur un coup de tête et que je regrette juste après ? Je sens mes joues chauffer légèrement. Maintenant, il va me prendre pour ce genre de fille à flirter avec n'importe quel garçon.

En attente d'une réponse, je me retourne et le vois jouer nerveusement avec ses doigts. Il est anxieux ? Peut-être que la question est un peu trop personnelle après tout ou que ce n'est pas encore le moment de poser ce genre de question à notre stade de connaissance.

— Je t'ai manqué, petite Sun ? J'ai dû renter plus tôt. Mais pour le dernier cours, le proviseur m'a ordonné de venir.

Je fronce les sourcils. Pourquoi a-t-il dû rentrer plus tôt ? Je garde cette question pour moi, préférant ne pas trop éveiller la curiosité et entrer dans sa vie privée. Je me concentre sur le chemin et quand on arrive devant ma maison, je m'empresse de l'arrêter.

— C'est ici que j'habite.

Il écarquille les yeux.

— Sérieux ? On habite juste l'un à côté de l'autre ! s'exclame-t-il.

C'est sûrement un rêve. Voilà, c'est une création de mon imagination. Je savais que la vieille mamie allait déménager, mais pas pour laisser un voisin de mon âge plein de charme.

— Sun, tu m'écoutes ?

— Oui, oui, mens-je.

Justin ne semble pas se préoccuper de mon mensonge et sourit une nouvelle fois. Non mais, ce gars rien qu'avec un sourire, tu tombes raide dingue de lui. Enfin, pour la plupart des filles.

Je constate que l'on est devant ma porte et quand je m'apprête à rentrer, il m'attrape par le poignet.

Ses lèvres viennent se déposer sur ma joue et je sens tout mon poids se réduire à néant. Mon cœur bat à la chamade et mon cerveau est en ébullition. Je cligne plusieurs fois les paupières et quand j'arrive enfin à reprendre le contrôle de mon esprit, je lui fais un signe de la main et entre immédiatement chez moi.

Quelle conne ! Quelle réaction puérile ! Je lui claque la porte au nez et m'affalle sur le canapé, les mains couvrant mon visage. Je me sens rougir et je sais déjà que j'ai l'air d'une idiote. Qu'est-ce qu'il doit penser de moi en ce moment ? Une attardée mentale pudique ?

Et puis on s'en fiche après tout ! Les garçons ça ne sert qu'à briser les amitiés et les cœurs. Et j'en suis l'expérience vivante.

Je monte dans ma chambre où je balance mon sac. Je me déshabille, prend une douche rapide et met des vêtements qui me mettent à l'aise - un simple tee-shirt gris et un short. Accaparée par ce premier jour - beaucoup plus par Justin -, je m'assois sur le comptoir de la cuisine puis me sert un verre de lait.

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir et Sara - ma petite sœur de quatorze ans pénètre dans la pièce, accompagnée de ma mère. Cette dernière me salue vaguement et monte dans sa chambre.

Sara se positionne à mes côtés, sors son portable et se connecte sur Instagram. Elle affiche un sourire quand elle répond à un certain Michael_ 003.

— Tes amis viennent ce soir ? me demande-t-elle.

Je termine ma boisson et lui réponds :

— Ouais. Mais pas sûr que Jonathan vienne.

— Hmm, lâche-t-elle. Maman a refusé que je participe au concours de Miss du collège.

Même si j'ai deux ans de plus que ma petite sœur, elle est beaucoup plus grande que moi. De ce fait, elle vise une carrière de mannequinat et est beaucoup attirée par la mode.

— Elle ne s'est pas encore bien remise tu sais, je pourrais essayer de la convaincre lors du dîner.

Elle soupire pas convaincue et monte dans sa chambre. Ma mère descend les escaliers lentement et commence à préparer le dîner. Généralement, elle aime cuisiner dans le calme et seule. Malheureusement pour elle, je ne peux pas la laisser briser les rêves de Sara, seulement parce que sa dépression est trop profonde.

Elle nous a suffisamment fait souffrir.

— Maman...

Elle se retourne. Ses cheveux roux sont rassemblés en une queue de cheval négligée. Elle porte une simple robe verte, trop large pour elle.

Je ne me souviens plus du jour où elle a sourit pour la dernière fois. Du jour où ses yeux ont présenté des étoiles dans ses iris, représentant la joie. Et ça me manque. Énormément.

— Non, Mélanie, ton ami garçon ne peut pas dormir ici, dit-elle en épluchant des carottes.

Je lève les yeux au ciel. Depuis la sixième, je lui ai toujours posé cette question, mais elle répond effectivement à chaque fois par la négative.

Et ça ne concerne pas que le sujet " Soirée entre amis ". Depuis mon entrée dans l'adolescence, elle n'a jamais accepté qu'un quelconque type qui se présente sous le genre d'un garçon pénètre dans la maison. Enfin, à une exception près, qu'elle n'accorde qu'à Jonathan.

— Ce n'est pas ça, m'man. Il s'agit de Sara. Tu sais, elle a travaillé si dure pour ce projet et--

— Je ne veux pas verser de somme inutile. J'en fait déjà beaucoup pour votre minerval. Qu'elle pense d'abord aux études et après, elle se lancera toute seule.

Je ne supporte les avis trop renfermés de ma mère. Surtout quand elle n'écoute pas celui des autres. Déjà, l'événement est organisé par le lycée. Ensuite, elle exagère en se faisant passer pour le parent parfait.

Même si ce n'est pas mon père qui a obtenu notre garde, il s'occupe bien plus mieux de nous qu'elle.

— Elle a son propre argent de poche, et si ça ne suffit pas, je lui donnerais mon argent. Il manque seulement ton accord, tenté-je de la convaincre.

— C'est un non catégorique Mélanie, rétorque-t-elle, le ton dur.

Je soupire. Mais je n'abandonne pas pour autant. C'est le rêve de Sara et je compte l'aider à l'atteindre.

— Mais--

— La conversation est close. Maintenant monte dans ta chambre et laisse moi cuisiner en paix !

Ses excès de colère qui partaient en crise me reviennent en tête. Et je ne crois pas que je sois prête à l'oublier. Alors j'obtempère. Le cœur lourd et peiné, je toque trois fois de suite sur la porte de Sara et quand elle me répond d'un simple " entre ", j'ouvre la porte.

Elle est assise en tailleur, devant son ordinateur. Cheveux châtains attachés et en pyjama Hello Kitty, ma sœur serre fortement son oreiller. Je la rejoins et la prends dans mes bras.

— Arrête, Mel.

Bien que je sais qu'elle va mal — et que même elle le sait —, ma petite sœur se voile souvent la face, préférant se plonger sur les réseaux sociaux et faire semblant de ne pas souffrir.

Ce pourquoi, même si je déteste les marques d'affection, Sara est la seule qui en bénéficie. Les liens qui unissent deux frères ou sœurs sont si forts et si puissants que rien ne peut les séparer.

— Elle a refusé, annoncé-je, toujours dans ses bras.

— Je m'en doutais, réplique-t-elle aussitôt.

Elle se dégage de mes bras et se dirige vers son bureau, s'y installe, prends une feuille et commence à gribouiller. Bornée est réellement l'adjectif qui lui convient.

—  Rien n'est perdu. On peut toujours demander à papa.

— Pourquoi ? De toute façon, il faut l'autorisation du titulaire. Pas de n'importe quel parent.

Et pessimiste, également.

— Il peut expliquer à ton proviseur que maman traverse une mauvaise période et que --

Elle se retourne.

— Une mauvaise période ? Une mauvaise passe qui dure six ans, tu es sérieuse ?

Je soupire. Je ne veux pas dire que c'est perdu d'avance, mais je crois que c'est le cas. Je me lève, passe une main dans ses cheveux et remarque que la fenêtre est ouverte.

J'avance lentement vers celle-ci, m'apprête à la fermer quand je vois une silhouette masculine plongée dans la pénombre. Cette dernière s'avance et me fait un sourire. Je le reconnais immédiatement.

Je sens mes joues commencer à chauffer - faudrait les enlever d'ailleurs, elles me tapent la honte partout - et je ferme brusquement cette satanée fenêtre. Sara me regarde interloquée.

— Il y avait un moustique. Je ne voulais pas qu'elle te pique dans ton sommeil, m'explique-je.

— D'accord...

Je lui souris nerveusement et vais dans ma chambre, le cœur battant à tout bout de champ. Mes doigts tremblent et je lâche un souffle en m'installant sur mon bureau.

Seule ma première résolution a été tenue aujourd'hui. Toutes les autres sont tombées à l'eau. Même celle de ne pas me laisser tomber sous le charme d'un garçon. Surtout ceux du genre de Justin. Mais je ne compte pas me laisser manipuler encore. Je vais lui résister et quand il verra que je ne veux rien de lui, il lâchera l'affaire.

Sacrée journée pourrie !

***

— Mel, tes amis sont là ! Crie Sara d'en bas.

Je termine de ranger mes cahiers de poésie - vu que Cassie et Narva en raffolent -, puis attache mes longs cheveux châtains.

— J'arrive !

Vêtue de mon inséparable long et large tee-shirt My little Pony et d'un bas blanc-rouge, je descends les escaliers trois à trois. Ma mère est à table avec Sara, qui est toujours sur son téléphone.

Ma colère envers ma génitrice s'est légèrement estompée. Surtout que ce soir, c'est le seul moment où je pourrais m'amuser, avant que je ne sois engloutie par des tonnes de devoirs.

Je pivote légèrement et découvre Cassie, Narva, Élodie et...

— Jon ! crié-je en courant vers lui.

On se fait un top là, comme des gamins et mon sourire réapparaît à la vitesse de la lumière. Jonathan est mon meilleur ami depuis la sixième. Ayant redoublé cette année aussi — mais pour des raisons totalement différentes de miennes —, il a malheureusement changé d'école à mon plus grand désarroi.

— Mélanie, un peu de tenue, on est à table. Viens d'abord manger, puis tes amis, tu les reverras après, ordonne sèchement ma mère.

Résignée, je fais un petit signe à mes amis pour qu'ils montent dans ma chambre et m'installe à table. Je dévore mon repas assez rapidement - je sais déjà que Narva a apporté des cochonneries -, et débarrasse mon plat.

— Bonne nuit ! lancé-je en quittant la salle à manger.

— Le garçon rentre avant vingt une heure, compris, Mélanie ?

Je soupire devant ma porte.

— Oui, maman !

J'entre et saute sur mon lit qui est déjà occupé par Jonathan et Cassie. Narva fait les cent pas dans ma chambre et Élodie est sur ma chaise de bureau, appliquant une couche de vernis.

— Et la reine des baleines apparut, taquine Jonathan.

Je souris. Normalement, ce genre de réplique de la part des autres me blesse. Mais je sais parfaitement que mes amis n'ont jamais l'intention de me blesser avec ce genre de remarque.

— Qu'est-ce que fabrique Narva ?

Cassie éclate de rire et passe une main dans ses cheveux.

— Elle a été élue déléguée, elle réfléchit sûrement à comment améliorer la classe cette année ! plaisante-t-elle.

— T'es sérieuse Cassie ? Kevin m'a demandé de faire une soit disant " pause " dans notre relation. Tu crois qu'il va rompre ? panique -t-elle.

Kevin est son petit ami depuis trois ans. Et comme chaque nouveau couple, ils étaient très mignons au début. Puis Kevin a commencé à devenir de plus en plus étrange et mes doutes envers lui ont augmenté. Et je ne suis pas la seule. Cassie également se doute de quelque chose. Seulement, aucune de nous deux ne veut briser ce couple à cause de simples suppositions.

Je m'apprête à la rassurer avec mes faibles conseils en amour, quand Cassie me devance :

— D'ailleurs, tu nous a encore rien dit sur le blond du midi !

Non, pas maintenant !

— Bah, y a rien à dire...

Je me tais et triture nerveusement la bague que je porte sur l'index. Je me mords la lèvre inférieure, sentant la tension augmenter d'intensité.

Élodie ferme son vernis violet puis s'humidifie les lèvres. Et pour la première fois de la journée, elle m'adresse la parole :

— Tu ne devrais pas te préoccuper autant des garçons, Mélanie. Tu n'as pas retenu la leçon la dernière fois ?

Je ne sais pas si le sourire sadique qui surplomb ses lèvres est réelle, en tout cas, je le vois.

— Élodie, t'en as pas marre de juger sur les actions du passées ? s'emporte Jonathan.

Si Narva et Cassie ont réussi à supporter plus ou moins le caractère en feu de la blonde, ce n'est pas le cas de Jonathan. Ces deux là se détestent comme chien et chat.

— Je t'ai sonné ? rétorque-t-elle froidement. Mêle toi de tes affaires, espèce de roux !

Je me suis toujours demandée si par hasard, Élodie ne serait pas raciste. Critiquer les gens sur la couleur de leurs cheveux, c'est une chose. Mais je me souviens qu'un jour, en sortie au centre commercial, elle avait insulté une vieille dame de " salle terroriste ", simplement parce qu'elle était noire et musulmane. J'ai tout de suite effacée ces mots de ma tête, me disant qu'elle les a sûrement sorti sans le penser réellement.

— Ne te montre pas aussi désagréable, Él. Jonathan exprimait juste son avis, le défend Narva.

— Et quelqu'un le lui a demandé ? Qu'il la boucle, c'est tout.

Cassie grogne. Avant notre rencontre avec Narva, Cassie, moi et Élodie, on s'entendait bien. Très bien même. Mais ça a vite dégénéré, à la fin de la précédente année.

— Tes réactions ne sont pas un peu exagérées, Élodie ? Toi même tu es blonde, quelqu'un t'a-t-il déjà traitée de conne ou de fille sans cervelle ?

Élodie ouvre furieusement son vernis et se remet sur sa tâche. Énervée, elle dépasse même les mesures.

— Et toi, Mélanie ? Tu te mets aussi de leur côté ? s'agace-t-elle.

J'élabore une réponse dans mon cerveau, de façon à ce que je ne favorise personne - même si Élodie a tort -, et quand j'ouvre la bouche pour lui répondre mon téléphone vibre sur mon bureau.

Je me lève, ouvre dans la partie messagerie et trouve un message d'un numéro inconnu.

Numéro inconnu

Alors, la miss ? Une flèche de Cupidon t'a atteinte ?

❇❇❇❇❇❇❇❇

4200 mots, c'est beaucoup ? Moi, je trouve pas. Je rigole ! Mais je voulais pas le séparer en deux, enfin, je sais pas trop :/.

Pour votre aimable bonté ( coucou miana450 et Phanou67 ), gentillesse et pour vos beaux commentaires ; le deuxième chapitre apparaît plus tôt ! *Si un jour j'ai du retard sur les chapitres, ne vous en prenez pas à moi *

La relation que Mel entretient avec ses amis ( Narva, Cassie, Élodie et Jonathan)? Qui préférez vous ?

Le nouveau personnage ? Je vous assure, il semble cliché au premier abord, mais il ne l'est pas du tout ! Au fur et à mesure, vous apprendrez à connaître Justin.

Sinon, que pensez-vous que le petit Justin cache ? ( CE N'EST PAS UNE HISTOIRE DE GANG. CE N'EST PAS UNE HISTOIRE DE GANG. IL N'A QUE 15 ANS).

Comme dit dans l'avant propos, mes chapitres sont beaucoup trop longs et nombreux, les découper donnerait une moyenne de septante chapitres et ça ne me tente pas X).

Je me suis dit que ça serait sympa de poser des questions habituelles donc, voilà, je me lance : Pain au chocolat ou chocolatine ?

Merci beaucoup pour vos conseils au premier chapitre, globalement positifs !

Bonne fête du nouvel an à tous !

Je vous dis à très bientôt pour les aventures de Mel et compagnie <3 *-* ♥

Plein de bisous à la menthe, Laureen 😘 ♥ X)

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